Vendredi 30 Juin
La veille, au moment des confessions de chacun, j'avais prétendu avoir été victime de harcèlement, comme marqué dans ce foutu dossier.
C'est le cas, c'est vrai.
C'est ce que j'ai dit à mes parents quand ils m'ont vu rentrer en larmes à la maison.
Seulement je n'aurais pas pensé que j'en serais vraiment victime un jour !
Je sais bien que vous ne comprenez pas de quoi je parle.
Je vous expliquerais, le moment venu.
Aujourd'hui, il fait beau, encore.
Les présentations faites hier m'ont permis de cerner les différentes personnes présentes ici. On est très peu, pour se sentir en "famille" apparemment.
Mouais.
Tout le monde décide de partir de balader dans la forêt. J'y vais aussi, tant qu'à faire.
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La promenade est très calme.
J'observe les gens. Surtout Léo.
Il est vraiment pas mal. Des cheveux bruns, des yeux profonds, plutôt musclé. C'est la première fois que je regarde un garçon avec autant d'intérêt. Nathan ? Je sais pas, c'est pas pareil.
Léo me surprend à le fixer. Il s'approche de moi avec son petit sourire charmant.
"-Tu regardes quoi comme ça ?
-La lumière....elle est... très belle.
-T'es toujours aussi étrange ?
-Je te retourne la question. Depuis tout à l'heure t'observe les arbres avec beaucoup d'attention.
-Et comment t'as remarqué ça ?"
Je rougis.
***
Rentrés de la balade. Sympa. J'ai beaucoup parlé à Léo.
Je regarde le paysage par la fenêtre. Tout est beau ici.
Je repense à tout ce qu'il s'est passé. Cet hôpital, ces regards, ces menaces de poursuite, ce regard inquiet que m'ont lancé mes parents, cette l'arme sur la joue, ces nuits blanches à souffrir sous le poids de la culpabilité. Jamais je n'oublierai. J'ai déçu tout le monde ce jour là. Mes parents m'ont regardé avec peur pendant des jours et des jours.
Même les professeurs n'osaient plus me regarder dans les yeux.
Ces yeux si Strange.
Nathan, le seul à m'avoir soutenue. Il a passé ses après midi à rester assis dans ma chambre sans rien dire.
Moi non plus je ne disais rien, je n'avais pas les mots.
Il me manque. Je sors une photo de lui que j'ai toujours dans mon sac à dos.
Son bonnet gris, comme collé sur sa tête depuis la naissance.
Ses fossettes quand il sourit.
Ses cheveux châtains mal coiffés.
Ses yeux remplis de douceur.
***
On m'appelle pour dîner.
***
On est dehors.
Oh non...
Mes yeux...
Ça recommence.
Des éclairs violets apparaissent de tous les côtés. La lumière tamisée devient électrique.
Tout le monde est calme, je dois être la seule à les voir.
Léo me fixe.
"-T'es sûre que ça va ? Tes yeux... ils étaient pas verts avant ?"
Je cours vers ma salle de bain, le coeur me sortant presque de la poitrine.
***
Mon visage dans le miroir m'effraie.
Mes yeux ne sont plus vert.
Ils sont gris, gris électrique.
Les éclairs continuent de scintiller. Ma tête me tue de douleur. Je tombe à terre.
Puis plus rien.
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