Chapitre 3

   La balle en mousse atterrit dans sa gueule, sans qu'elle n'ait eu besoin de bondir. Comme le répète sis souvent Maman, Papa a toujours eu le don pour bien viser, atteignant presque toujours sa simple, peu importe la distance. A l'inverse de lui, je n'ai jamais réussi à lancer correctement une balle à Wendy, ce qui fait qu'elle doit toujours courir ou sauter. Je me sens coupable, lorsque je la vois, essoufflée, la langue pendante, me rendre la balle, après être allée chercher l'un de mes nombreux lancers ratés.

   Étant myope, il m'est difficile, malgré mes lunettes rondes, d'être précis, ce qui n'a jamais semblé gêner Wen'. N'importe où, n'importe quand, elle semble toujours avoir envie de jouer, malgré son manque de souffle et ses vieux muscles endoloris. C'est d'ailleurs une raison, pour laquelle je pense que Wendy n'est pas âgée ; elle est toujours frétillante, pleine d'énergie !

   A notre plus grand malheur à tous les deux, je fatigue vite, ce qui nous empêche de jouer longtemps, ou de faire de longues promenades. C'est pour cela que je me couche tôt et me lève plutôt tard, plus tard en tout cas que les autres enfants qui, eux, vont à ce qui est appelé école. De mon côté, Papa et Maman n'ont jamais voulu que j'y aille, soit disant car ça ne me sera pas utile dans ma vie, et ils me font donc école à la maison, de temps en temps ; c'est toujours ennuyant, et je n'ai qu'une hâte, que ça se finisse.

   Ils disent qu'on ne peut pas voyager dans une salle, enfermé entre quatre murs ; que jamais photos et vidéos n'égaleront les grandes balades en air libre, les plongeons sous les vagues, l'escalade en montagnes. Jamais je n'ai fait l'une de ses activités, à cause de ma fatigue prématurée, mais nous quittons notre petite demeure, tous les trois, au moins trois fois par an. Enfin, tous les quatre, avec Wendy.

   C'est d'ailleurs en rentrant d'un merveilleux séjour dans un pays d'Europe – l'Italie je crois -, que je l'ai rencontré.

   Cela faisait un moment que nous roulions, discutant, et écoutant parfois chansons et émissions passant à la radio. Il n'y avait pas grande monde sur la route en longue ligne droite ; tous étant au travail ou à l'école. Le moment que nous avions passé en famille au fond de ce bois italien, avait été merveilleux ; un tête-à-tête entre nous et la verdoyante nature luxuriante. Ce fut l'un de mes favoris séjours.

   Nous en discutions encore, savourant les détails de cette expérience, lorsque Maman s'écria :

   « Gaëttan, à droite ! Tourne à droite !

   - Quoi ? Pourquoi ? demanda Papa, alarmé par le ton pressé de Maman.

   - Tourne à droite, c'est tout !! »

   L'écoutant, il donna un grand coup de volant, et la voiture s'engagea dans un étroit chemin caillouteux. A peine le moteur coupé, Maman se précipitait déjà à l'extérieur, pour rejoindre quelque chose, dont Papa et moi n'avions pas encore connaissance. Marchant à ma vitesse, il m'attendait, patient face à mon incapacité à courir.

   Depuis petit, on m'interdisait de courir, ou même d'effectuer de gros efforts, car, apparemment, j'avais un problème au cœur qui m'empêchait de correctement respirer. Mais, comme aimait me le répéter Doc, ça passerait avec le temps. J'avais des doutes, mais je passais outre, m'interdisant d'y penser.

   Maman était accroupie auprès d'un lampadaire, et semblait s'entretenir avec quelqu'un d'un ton tendre ; Papa, lorsque je tournais la tête ver lui, avait l'air tout aussi confus que moi. Serait-elle devenue folle ? Toutes interrogations disparurent de mon esprit quand je les croisais. De magnifiques yeux bleus, dont la couleur ressemblait aux lacs d'eau pure en haute montagne. La détresse que j'y lus s'envola, comme par enchantement, alors que je m'approchais.

   « Quel magnifique berger australien, murmura ma mère, qui, comme je le savais, avait des étoiles dans les yeux. »

   La chienne tenta de me rejoindre, mais la corde la liant au lampadaire, se tendit pour la retenir ; nous étions attirés l'un vers l'autre, tels deux aimants, âmes sœurs. Comblant la distance qui nous séparait, je sautai à son cou, couvert de doux poils blancs soyeux, comme les nuages.

   « Oliver éloigne-toi ! m'enjoignit mon père, affolé. »

   Il accourut vers moi, prêt à se battre avec ses mains et ses pieds, contre des crocs et griffes ; mais la chienne se contentait de lécher tendrement mon visage, de sa rose langue rappeuse.

   La sensation du souvenir se fait réel, l'humidité de sa bave sur ma peau devient réalité. Mes yeux bleus se fixent dans le regard clair de Wendy, qui pousse, du bout des pattes, sa balle vers mes mains, souhaitant que je la lui lance.

   Je la regarde s'éloigner en courant, poursuivant la boule jaune filant dans l'air.

***
Heyyy oui je sais que je devais publier la semaine prochaine, mais je n'ai pas eu le temps de finir d'ecrire le chapitre de mon autre histoire, du coup pour me faire pardonner je publie ici...
Voilà

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