Chapitre 7: Mission Impossible
-Alloa! Revenez ici tout de suite ! hurla le commandant Tajt, rouge de colère.
La fée ne prit pas la peine de se retourner et avec un sourire en coin continua sa route indifférente.
-Alloa ! Si vous n'êtes pas ici dans cinq secondes, vous êtes virée ! vociféra à nouveau l'elfe, furieux.
Alloa soupira et se retourna, un sourcil haussé et une mine indifférente sur le visage. Elle hocha la tête, écarta les bras pour signifier qu'elle n'avait rien à ajouter et reprit sa route.
-Je vais vous retirer votre mission et votre travail ! Revenez capitaine Bakker ! Revenez immédiatement !
Alloa fit volte-face brusquement, les mains posées sur les hanches. L'autre avait enfin réussi à la faire réagir.
-Vous n'avez pas le droit de faire ça, articula-t-elle en insistant sur chaque mot, un à un.
-J'ai tous les droits, rugit-il.
Avec un regard meurtrier, la fée s'avança, ses yeux noisettes plissés, ses lèvres pulpeuses pincées, dans une moue mécontente.
-Nous... Nous n'en avions pas fini, bégaya le commandant, pris au dépourvu par l'attitude de la fée.
Il ne l'avait jamais aimée, son assurance bien trop insolente le faisait sortir hors de ses gonds. Son air indifférent en toute situation avait le don de l'exaspérer. Et cette tête, ce visage d'ange et de sainte effarouchée qu'elle avait l'habitude d'afficher quand il lui reprochait son comportement... Ça, c'était le pire !
Puis ses formes dont elle jouait pour se faire tout pardonner !
Il la détestait. Il avait horreur de tous ses succès, toutes ses manies, toutes... Tout ! Cette fée était insupportable !
Il se promit de lui résister ce jour-là, de lui refuser sa mission si elle ne s'excusait pas. Mais comme si elle lisait en lui, elle lui offrit son plus beau sourire innocent, ce sourire à faire tomber tous les hommes par terre. Notamment tous les mâles dont il avait le commandemant, les forces armées d'Okitio, les respectés patrouilleurs de la garde royale et les forces de l'ordre au service du pays...et il savait pertinemment que lui aussi faisait partie de ces personnes folles du charme de la fée, la seule femelle à faire partie des forces de l'ordre.
Il ne pouvait détacher son regard des fossettes qui se creusaient dans les joues roses de la fée. De ses dents blanches parfaitement alignées, de ses lèvres rouges généreuses. Elle recommence ! Arrête de la fixer comme ça !
-Cessez capitaine !
-Quoi donc ? demanda-t-elle en mimant l'étonnement.
-Ça ! hurla Tajt. Nous devons parler de votre mission !
-Il n'y a rien à ajouter.
-Vous n'avez pas répondu à la question que je vous avais posée en dernier lieu. Promettez-vous de ne pas vous joindre aux combats ? D'uniquement amener les garçons à destination sans passer par le champ de bataille ?
La fée haussa les épaules.
-Je ne peux rien promettre, lâcha-t-elle crispée.
-Capitaine ! Je ne peux pas vous promettre de vous accorder la mission... répondit-il du tac au tac.
-OK. C'est d'accord, concéda-t-elle. Je peux y aller maintenant, chef ?
-Oui...
Elle secoua la tête en soupirant et repartit, pestant contre Tajt. Son commandant ne la portait pas dans son cœur, elle le savait pertinemment. Elle avait rapidement compris, dès son arrivée au sein de son équipe en réalité, qu'il la haïssait. La fée avait ensuite très vite pointé du doigt la raison de cette hostilité : elle était une femme. La seule femme, la première femme a avoir intégré l'équipe...
Et ça, il ne lui pardonnait pas. Son minable ego de mâle n'avait pas accepté cette nouvelle recrue, il avait craint pour sa réputation, l'image que les forces de l'ordre du pays pourrait encore offrir en acceptant un membre considéré comme aussi... Faible.
Elle en avait conscience. Et elle entretenait pour cette raison une profonde aversion envers son chef. Alloa voulait lui prouver qu'elle était meilleure que toutes les autres brutes, les autres membres idiots de sa patrouille.
Les trois unités que dirigeait le commandant assuraient l'ordre et la prospérité du pays. Durant de longues années, Okitio avait été gouverné par un roi uniquement, sans forces qui représentaient l'ordre. Ce fut une époque de misère pour les commerçants, les marchants n'osaient plus approcher les grandes villes. Les contrebandiers imposaient leurs règles, les mercenaires détenaient le réel pouvoir.
Sous le règne de Hamrick le Superbe fut instaurée l'organisation des patrouilleurs de la garde royale, afin de protéger ce dernier. Mais ils ne suffisaient pas à calmer les braquages, vols, combats de rue qui avaient lieu dans les quatre coins du pays.
Alors son successeur, le roi Egon le Sage, fit exécuter tous les pirates et hors-la-loi renommés avec l'aide de quelques hommes qui lui étaient fidèles. Pour leur donner le pouvoir de le faire, il leur avait attribué le nom de forces de l'ordre.
Les siècles qui suivirent la création de cette organisation d'hommes sous les ordres du roi mais assurant la sécurité d'Okitio dans son entièreté, avaient été prospères. Mais Rasquin le Fou refusait que tout le mérite de la richesse de son pays, soit attribué à Egon, son prédécesseur. Ainsi, il donna un nouveau nom à son groupe de soldats : les forces armées. Un groupe qui effectuait la même tâche que les forces de l'ordre.
Les trois unités effectuant presque le même rôle avaient toutes été conservées et se trouvaient à présent, non pas sous les ordres d'un roi, mais sous le commandement de Tajt, un elfe. Il avait su faire ses preuves au combat, en menant ses troupes d'une main de maître. Il était plutôt grand pour quelqu'un de son peuple, dépassant de quelques trois centimètres la moyenne. Ses un mètre trois faisaient sa fierté. Son statut aussi. Ses nombreuses médailles aussi. Sa réussite même était une grande fierté.
Inutile de préciser que son égo aussi insuportait Alloa.
Et au plus grand malheur d'Alloa, se trouvait un autre égo surdimensionné
dans la tente. Et la voix criarde du propriétaire du second, résonna dans les oreilles de la fée au moment où elle voulut quitter l'endroit.
-Non tu ne peux pas y aller Alloa ! l'arrêta-t-elle.
L'intéressée se retourna.
-Owen ! s'écria la fée.
Elle se rua sur son ami. Il l'étreignit avec force, la collant contre son torse, l'emplissant de son odeur rassurante.
-Tu n'allais quand même pas partir sans dire au revoir à ton partenaire préféré ? Le meilleur tacticien de tous les temps, le grand et magnifique...
Elle lui administra une petite tape sur la tête en se hissant sur la pointe des pieds. Owen mesurait un peu plus qu'elle, la dominant de cinq précieux centimètres.
-Tu vas me manquer, lui souffla-t-elle.
-Je sais ! Évidemment que je vais te manquer !
Alloa le foudroya du regard.
-Oui euh... Toi aussi tu vas me manquer, se rattrapa-t-il.
-Tu n'as qu'à venir avec moi !
-En voilà une sacré bonne idée, elle aurait carrément pu venir de moi !
Le commandant se retourna et fixa les deux amis. Il décida d'intervenir :
-Il n'est pas question que vous ralentissiez l'agent Bakker. Elle partira seule. Et échouera seule, termina-t-il trop bas pour être entendu.
-Je n'ai pas l'intention de la ralentir, répliqua Owen.
-Ce n'est pas discutable, répondit Tajt du tac au tac.
-Ce n'était pas une question, enchaîna l'autre. Je pars avec elle.
-Et ceci est un ordre : vous restez ici.
-Owen ! s'écria la fée, le commandant a raison, ils ont besoin de toi ici !
Owen se figea, la bouche déjà ouverte pour protester, mais se ravisa.
-Tu ne veux pas de moi ? demanda-t-il suspicieux.
-Ce n'est pas la question...
Alloa, un sourire aux lèvres se décida à flatter l'égo du tacticien pour qu'il laisse tomber l'affaire.
-Ils ont besoin du meilleur tacticien d'Okitio ici, pour aider au mieux le sauveur. Ils ont besoin que toi, Owen, Okitien respecté, reste ici pour apaiser les tensions entre les peuples. Ils ont réellement besoin de toi Owen, crois moi !
Tout sourire l'intéressé hocha la tête :
-Tu as raison. Je vais aider le sauveur a exterminer les monstres et nous pourrons enfin rentrer chez nous !
Allez, file, et... Je ne sais pas en quoi consiste ta mission mais je crois en toi !
-Merci, lâcha Alloa.
Puis elle se retourna et sortit de la tente, sans un mot de plus. Elle arriva dehors et fronça les sourcils quand l'infecte odeur de la mort emplit ses narines.
Elle sentit ses épaules s'affaisser lorsque ses yeux tombèrent sur un des corps, ramené au campement pour ne pas le laisser sur le champs de bataille, mais pas incinéré. Le corps d'un enfant, envoyé au combat comme on envoie un condamné à mort vers son bourreau. Il n'avait aucune chance face à eux ! La fée serra les poings et continua à avancer à travers le campement.
Sur sa gauche, se dressait le lieu où avaient lieu les combats. Il ne ressemblait pas à l'image qu'elle avait pu s'en faire jusqu'à présent. Les hommes, poussaient des cris de joie. Les elfes s'étaient rassemblés et semblaient intrigués par la situation, débattant de ce qui devait être fait. Les Okitiens, un peu à l'écart, designaient les monstres qui se jetaient sans relâche contre un mur invisible.
Ils couraient, couraient en prenant de plus en plus de vitesse, puis sans prévenir tombaient, sonnés. Et tous étaient arrêtés exactement au même endroit. Ils frappaient sans résultat un mur invisible. Pour sûr, ils ne comprenaient pas ce qu'il se passait.
Bien fait pour eux, les sales bêtes ! Songea Alloa. Elle jeta un dernier coup d'œil aux fées restées à l'écart, sous une large tente verte, aux motifs de camouflage, invisible aux yeux des autres espèces, sous laquelle étaient soignés par magie les blessés.
Alloa leur lança un regard méprisant. Elle ne comprenait pas comment tout son peuple pouvait préférer se terrer et soigner plutôt que de combattre ! Cela était bien plus grisant. L'adrénaline s'emparait de ses membres et elle laissait ses réflexes de guerrière lui dicter les mouvements à adopter. Elle se sentait libre sur le champ de bataille, elle avait pouvoir de vie ou de mort sur les monstres qui envahissaient son pays et ça, ça elle l'adorait. Planter sa dague dans le cœur des gobelins lui offrait une joie intense dont elle se délectait chaque jour.
Pourtant, tuer chaque jour n'avait pas suffit. Aider ses compatriotes à repousser vaillamment les adversaires chaque jour n'était pas assez. Se battre, avec bravoure face aux gobelins ne convenait pas encore au commandant. Il avait exigé plus d'elle. Beaucoup plus.
Il lui avait confié une mission presque impossible. Et si elle échouait, s'en était fini d'elle, de sa carrière, de son titre. Elle devrait alors rejoindre les autres fées sous la tente, soigner des blessés à longueur de journée, les veiller la nuit. Alors, coûte que coûte, elle réussirait.
Elle retrouverait les nains avec l'aide de quatre garçons encore inconnus.
-Quatre garçons ! répéta-t-elle pour elle-même.
Des humains. Des maudits humains vivant de l'autre côté de la barrière, des humains qui n'aimaient pas les créatures magiques. Qui haissaient les autres espèces tout court. Qui avaient essayé d'exterminer toutes les fées, les elfes, les Okitiens.
Elle devrait leur expliquer la création de la barrière, leur faire comprendre qu'en réalité ce qu'ils pensaient être leur pays n'était qu'une minime fraction de sa vraie taille ! Et surtout, elle devrait prier pour qu'ils ne la tuent pas.
Charmant comme mission, vraiment super. Une sympathique petite balade de santé ! Non franchement, c'est pas comme si après avoir retrouvé les garçons et survécu, je devrais rechercher un peuple disparu depuis plusieurs siècles.
Elle soupira et fixa son regard sur la droite. L'opposé du champ de bataille. Direction la voie des déserteurs, comme elle se plaisait à la nommer.
Direction l'autre moitié d'Okitio. Direction la mort, comme ce pauvre garçon envoyé au combat, tel un condamné à mort vers son bourreau.
Au fond, elle aurait vraiment voulu qu'Owen l'accompagne. Elle ne voulait pas être seule, elle ne voulait pas échouer. Elle avait peur. Terriblement peur que l'autre côté soit trop dangereux. Qu'elle n'en sorte pas indemne.
Alors, une larme se permit de dévaler ses joues. Elle n'osa plus regarder le campement et les guerriers. Il fallait que personne ne voit qu'elle pleure !
Elle s'enfuit en courant, essuyant prestement ses larmes avec sa manche.
*********
Hey!
voilà un sixième chapitre, je sais que certains n'aiment pas changer de point du vue dans un livre, on me l'a reproché sur le chapitre avec Will...
Mais je n'ai pas le choix, j'ai vraiment besoin de vous présenter d'autres personnages !
Alors, ces nouveaux personnages là, qu'en pensez vous pour l'instant ?
J'attends vos avis, aussi bien positifs que négatifs, pour pouvoir les améliorer et les rendre crédibles.
( MiladyCoulter je te dédie la retour d'Alloa dans cette histoire !😘)
Bref, j'espère que ça vous a plu !
Bisous,
Dream
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top