Chapitre 13: Loup

-Loup, votre père demande à ce que vous soyez dans vos appartements dans cinq minutes.
-Et bien dites- lui que j'ai mieux à faire, répliqua sèchement le jeune homme concerné.
-Vous devez vous préparer pour la fête organisée en votre honneur, tenta timidement la servante.

Un regard furibond se tourna vers elle et la fit baisser la tête.

-Je n'ai pas d'ordres à recevoir d'une servante ! Et j'aimerai que vous ne m'appeliez plus par mon prénom, cela semble trop familier. Sieur ou messire voir vôtre grâce, dois-je vous rappeler que je suis déjà seigneur de plusieurs terres ? Et que je suis le deuxième fils du duc Orderic ConDwold, troisième duc du comté de ConDwold, général des armées royales de sa Majesté le roi Aelius ConDritcyn et héritier présomptif au trône d'Eurlana.
-Je suis désolée Votre Altesse, bégaya la pauvre femme.

Loup soupira, puis leva une main et lui fit signe de partir.
-Partez maintenant Viviane, j'aimerai pouvoir observer tranquillement l'arène sans être dérangé sans cesse par des domestiques impertinantes.
-Très bien messire je vais faire part de votre réponse à votre père.

Viviane s'éloigna avec précipitation du prince. Loup la regarda avec dédain et se promit de faire renvoyer cette servante. Il reporta ensuite son attention sur les soldats. N'étant pas fils aîné, Loup ne deviendrait pas duc. Ce serait son frère Lyam qui aurait cet honneur. Loup n'était pas jaloux de son frère, au moins il pourrait devenir un guerrier. Son avenir était déjà sûr : aucun maître d'arme n'oserait refuser un prince dans son école. De plus Loup était un combattant chevronné, c'était le troisième meilleur du château après son père et le maître d'armes.

Loup commentait chaque attaque des apprentis. Il voyait leurs fautes avant même que Fannon le maître des guerriers ne rappelle les apprentis à l'ordre. Oui, c'était sûr il serait pris et deviendrait le meilleur. En plus, l'école d'Eurlana n'avait toujours pas choisi d'apprenti cette année.

Le garçon n'avait pas très envie d'assister à la fête organisée par son père pour ses quinze ans. Il savait que ce n'était pas vraiment son anniversaire. Ici dans le comté, tous le garçon né après la saison chaude atteignaient cet âge le même jour : celui avant l'Épreuve. Pareil pour ceux né avant et ceux pendant tous les anniversaires tombaient le jour avant l'Épreuve.

Tous les garçons du comté avaient ainsi leurs anniversaires répartis sur trois jours. Et cette règle horripilait le prince cadet du seigneur de ConDwold. Il aurait aimé que son anniversaire- l'anniversaire d'un prince- soit un jour unique.

« Ces garçons de ferme ne méritent pas que la date de leur jour d'anniversaire soit connue grâce à moi. » répétait-il sans cesse. De plus il était en réalité né avant la saison chaude, mais son père voulant lui donner plus de temps pour s'entraîner avant le jour de l'Épreuve avait fait changer sa date de naissance. Vexé, le jeune homme avait d'abord protesté, il était le meilleur il n'avait pas besoin de plus de temps. Le seigneur lui avait alors dit qu'un prêtre avait eu une vision : l'école d'Eurlana ne passerait qu'à la troisième sélection. Cet argument avait convaincu loup de laisser son père trafiquer la date.

Finalement, las de voir les apprentis commettre des fautes de débutants, le jeune prince se dirigea vers le château. En marchant il entendit les trompettes sonner ; les gardes venaient d'apercevoir Loup. Il vit des soldats accourir pour venir se placer de part et d'autre du pont du château pour former une haie d'honneur. Le chef des gardes siffla et tous se mirent au garde à vous, leur lance pointée vers le ciel.

Loup les regarda avec admiration, bien qu'il ait droit à ce spectacle tous les jours. Les soldats de la garde du château étaient presque les seules personne à qui le prince ne parlait pas avec dédain. Il s'était même lié d'amitié avec certains d'entre eux. Remarquant que Tristan, un de ses amis commençait à trembler sous le poids de la lance, Loup fit signe aux soldats de se mettre au repos.

-Bienvenue prince Loup ConDwold, salua le commandant de la garde.

-Merci, répondit distraitement le garçon.

Loup se fit la réflexion que son prénom ne faisait pas très royal. Il se sentait gêné à chaque fois qu'un héraut l'annonçait. Tant pis, se dit il comme à chaque fois, après tout l'avis de mes gens sur mon prénom ne m'importe guère.

Viviane l'attendait près de la porte. Loup passa devant elle sans lui jeter un regard.

-Prince, l'interpella-t-elle.
-Laissez moi tranquille Viviane vous me mettez de mauvaise humeur. Je vais voir mon père, je n'ai pas besoin de vous. Rendez-vous utile pour une fois, faites quelque chose.
-Messire, j'ai l'ordre de vous accompagner à vos appartement pour vous aider à vous préparer.
-J'en ai que faire, je suis un prince vous m'obéissez à moi. Si vous tenez tant à vous rendre dans mes appartements, vous n'avez qu'à y passez la serpillière. Et c'est un ordre Viviane.

La servante s'en alla précipitamment. Lyam surgit au milieu de la cour. Il regarda son frère d'un air désapprobateur.

-Tu devrais traiter tes servantes avec un peu plus de gentillesse Loup, père a de plus en plus de mal de trouver des employés qui acceptent de devenir ta gouvernante.

-Je n'ai pas besoin d'une gouvernante, ce que je veux c'est être tranquille et pouvoir au besoin faire quérir une servante. De toute façon, qu'importe ? Je serai bientôt un guerrier la question ne se posera plus.

-Tu ne changeras donc jamais, lui dit Lyam en feignant l'exaspération. Allez viens allons voir père avant la fête.

Loup eut un faible sourire. Lyam était un des seuls à savoir faire rire son frère. Ils traversèrent de nombreuses salles du château avant d'arriver aux appartements de leur père. Les soldats se trouvant devant les portes leur ouvrirent les portes et leur firent signe d'avancer. Lyam les remercia d'un signe de tête et Loup s'empressa de l'imiter. Son ainé avait toujours eu des bonnes manières et le cadet tentait de l'imiter lorsqu'ils étaient tous les deux afin de ne pas paraître ridicule. Lyam avait une très bonne influence sur son frère : quand Loup était seul, il ne saluait ni ne remerciait personne sauf les soldats et son père. En compagnie de Lyam il avait déjà même présenté des excuses à une servante.

-Ah, Loup te voilà! lança Orderic à l'arrivée de ses fils.
-Vous m'avez fait quérir père ?
-Oh, il y a plus d'une demi heure mais oui.
-Je suis désolé, murmura piteusement Loup. J'observais les apprentis guerriers.
-En critiquant chacun de leurs gestes ? se moqua gentiment le seigneur.

Le prince regarda timidement ses chaussures.

-Loup, je sais bien que tu n'es pas un mauvais garçon. Le fait que tu te sentes coupable de critiquer les apprentis en est une preuve parmi tant d'autres. Mais il faut parfois que tu arrêtes de traiter tes servantes comme tu le faits avec Viviane. Ce sont nos sujets. Chaque baron et duc doit avoir à cœur le bien-être de ses sujets, tu comprends ?

-Oui.
-Si un jour tu viens à gouverner, il faut savoir te faire apprécier de tes sujets.
-Je ne gouvernerai pas, voyons père Lyam prendra votre place lorsque le moment sera venu pour vous de vous retirer.

-On n'est jamais à l'abri d'un accident Loup. Mais ce que je veux te dire c'est qu'il n'y a pas qu'un seul moyen de se faire respecter. Certes l'habilité au combat est une technique utilisée couramment. Mais crois-tu que des fermiers ou des travailleurs prêtes beaucoup d'attention à cette qualité ? Non. Pour gagner le respect de quelqu'un il faut savoir aussi être bon et attentionné. Savoir se montrer compatissant et comprendre que c'est une chance de faire partie de la noblesse. Savoir écouter les fermiers venus te parler de leur problème, de la faim dehors.

-Mais je n'y arrive pas ! J'essaie mais c'est plus fort que moi, ces gens me dégouttent. Quand un fermier s'approche de moi avec ses habits crasseux, son vocabulaire qui laisse à désirer et son odeur désagréable, je ne puis m'empêcher de lui refuser mon aide.

Le baron eut l'air triste. Le seigneur ConDwold était quelqu'un de bon. Il était si désolé pour tous les pauvres gens que son fils cadet traitait si mal. Il aimait Loup, mais ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il avait raté dans son éducation. Lyam était pourtant si bon !

-Je suis content que tu prennes la peine d'essayer Loup, dit tout de même le duc.

Son fils sourit faiblement.

-Allons, ne gâchons pas notre dernière soirée ensemble ! C'est ton anniversaire Loup aujourd'hui. Une fête sera organisée ici même en ton honneur. Nous en profiterons pour fêter ton admission à l'école des guerriers car demain nous n'aurons pas le temps.

-Père, intervint Lyam, les premiers invités arrivent.
-Dépêchons dans ce cas ! Allez vous apprêtez dans vos appartement et rejoignez-moi ici au plus vite. Lyam, fais entrer Roland je te prie.

Les portes s'ouvrirent et la princesse Anthéa fit son entrée accompagné de l'intendant : Roland.

-Je vois que tu es déjà prête pour la fête de ce soir Anthéa, remarqua le duc. Cette robe turquoise te va à merveille.

Anthéa sourit.

-Je l'ai trouvée dans les affaires de mère.

Tout le monde se tut dans la salle. La femme du duc, Astrid, était morte cinq ans auparavant.

-Elle était belle, déclara lentement le duc. Et tu es aussi belle qu'elle Anthéa, je suis ravi que tu ais trouvé cette robe. Elle est magnifique.
-Père, je vais m'apprêter, s'éclipsa Lyam.

En passant près de sa sœur, il s'arrêta, s'inclina et complimenta la robe de leur défunte mère puis franchit les portes.

-Roland, tu tombes bien ! s'exclama le baron. Les premiers invités arrivent. Assure toi que la garde est à sa place prête à accueillir nos invités les plus prestigieux. Il faut aussi que des serviteurs soient à l'entrée pour les débarrasser de leurs valises et leur indiquer les appartements qui leur sont attribués. C'est Grisélidis qui possède la liste des invités ainsi que leur appartements. Va la trouver.

Roland s'inclina devant son seigneur, il ne l'avait pas encore salué, et s'en alla accomplir les diverses tâches qui lui avaient été données.

-Loup, bon sang que fais-tu encore ici ? Tu dois t'apprêter, tous le monde ne verra que toi cette fête t'es dédiée !

Loup fit rapidement un signe de tête à son père, s'inclina devant sa sœur et lui baisa la main puis s'en alla.

Le discours de son père toujours en tête quand il arriva dans ses appartements, Loup s'excusa auprès de Viviane. Celle-ci étonnée en lâcha sa serpillière. Le prince se retint de justesse de la traiter de bonne à rien.

-Viviane, quelle tenue dois-je mettre pour ce soir ? questionna le prince.
-J'arrive messire, je vais ranger la serpillière et je vous envoie Gudule elle détient votre tenue.

-Bien.

Viviane allait sortir de la pièce lorsque le prince termina :

-Euh et merci, je veux dire de m'envoyer quelqu'un ; fin non, d'avoir passé la serpillière et de... je...

Loup s'embrouillait. Il ne remerciait jamais ses serviteurs, c'était leur travail pourquoi les aurait-il complimenter ? Mais là il voulait faire des efforts pour son père. Il perdait ses mots et s'arrêta gêné.

Le servante, amusée par le malaise du prince sourit et s'en alla. Pour la première fois, Loup remarqua à quel point Viviane était jolie. Son petit sourire timide, sa façon de marcher,... elle n'avait certes pas la grâce d'une dame de la cour, mais c'est aussi ce qui faisait son charme. Le prince, confus, secoua la tête pour s'éclaircir les idées.

Gudule fit son entrée à peine Viviane fut elle partie. Loup n'aimait pas cette servante, mais ses bonnes résolutions toujours en tête, il s'efforça de ne rien laisser paraître de son dégoût. À plusieurs reprises, agacé par la lenteur de Gudule, le prince s'était emporté contre la pauvre servante, ralentissant encore plus son habillage.

Finalement, enfin prêt il retourna dans les appartements de son père.

-Nous voilà enfin au grand complet, déclara le baron en observant ses enfants. Bien, faisons notre entrée dans ce cas. Roland, tous les invités sont-il dans la salle de réception ?

-Oui, Votre Grâce.
-Parfait.

La famille se dirigea vers la grande salle. Un héraut annonça leur arrivée aux invités qui se turent et les gardes ouvrirent les grandes portes. Le baron et ses enfants restèrent debout sur le pas de la porte en contemplant la foule quelques instants.

Le duc fit quelques pas avant de s'immobiliser à nouveau, attendant que sa fille lui prenne le bras. Loup se tenait à la gauche de son père. Il se sentait petit à côté de lui et de son frère. Son père, était un des commandant les plus respecté de pays. Il dirigeait ses troupes avec assurance et intelligence, d'une main de maître. Son âge se trouvait aussi être un avantage : il était assez âgé pour pouvoir se vanter d'avoir de l'expérience, cependant il était encore assez jeune pour pouvoir se battre. À quarante cinq ans, le duc du comté de ConDwold se déplaçait avec une démarche imposante et assurée d'un combattant-né car c'était ce qu'il était. De très grande taille, le duc avait une stature impressionnante. Malgré les quelques rides qui parsemaient son visage, il semblait avoir dix ans de moins que son âge. Il était habillé de noir des pieds à la tête, comme toujours depuis six ans, car il refusait de s'habiller avec des couleurs depuis la mort d'Astrid, sa défunte épouse. Dans la force de l'âge, il commençait à s'inquiéter de sa mort et de l'héritage laissé derrière lui, néanmoins il tentait de ne rien laisser paraître. Il conservait son air fier et bon sur son visage élégant.

Une épée majestueuse pendait contre sa jambe gauche, retenue par un fourreau noir. Sa main était crispée dessus et cela trahissait son inquiétude qu'il camouflait par un grand sourire.

Lyam, l'aîné, se tenait à la droite de son père. Il portait une tunique rouge de très bonne qualité et des jambière noires. Il avait tendance à être d'une bonne humeur contagieuse et l'on voyait souvent un large sourire fendre son visage. Sa peau bronzée rendait son sourire encore plus éclatant. Ses cheveux bruns et bouclés formaient autour de sa tête une sorte d'aura, et le jeune homme, bien bâti, semblait être un ange. Aussi bien grâce à son physique que son caractère.

Loup était presque banal comparé à la prestance que dégageait son frère. Il était presque aussi grand que Lyam et son père, mais il lui manquait les quelques centimètres qui rendaient les deux autres aussi imposants. De plus il était extrêmement mince et cela n'aidait en rien son besoin de se sentir respecté. Il portait une tunique noires et seuls ses jambières bleues nuit apportait de la couleur dans sa tenue et son attitude. Il avait les cheveux sombres et le visage rasé de près. Il était réputé pour son tempérament sec et cassant, blessant et méchant avec ses servants, mais une vivacité d'esprit impressionnante et un humour rarement compris. Si Lyam était le favori du peuple de par sa gentillesse, son frère était ouvertement détesté. Seuls ses capacités impressionnantes lui valaient un minimum de respect.

Les deux jeunes gens avait chacun hérité d'une partie du caractère de leur père. Ce dernier était autant apprécié que Lyam et était capable de beaucoup d'humour, mais d'un autre côté, il était aussi souvent sombre et renfermé. Il aimait chacun de ses deux fils, mais s'inquiétait fortement sur les conséquences du caractère du plus jeune pourraient avoir. À l'école des guerriers, il ne pourrait plus se permettre ses piques froides. Même si le duc savait que c'était une forme d'humour pour son fils qui pratiquait sans modération l'humour noir, l'ironie et le sarcasme, il n'était pas sûr que beaucoup le prendrait bien.

Et évidemment il aimait aussi sa fille. Cette dernière, mince et gracieuse lui rappelait Astrid. Elle était encore jeune, avec un an de moins que Loup et pourtant sa beauté n'avait d'égale dans le comté, que ce soit parmi les jeunes femmes de son âge ou d'autres un peu plus âgées qui auraient normalement dû avoir l'avantage des courbes féminines déjà dévelopées. La fillette avait la grâce des gens nés pour régner et elle avait la chance d'avoir eu une mère dont la splendeur n'avait d'équivoque. Sa robe turquoise contrastait à merveille avec ses cheveux bruns-roux, et rappelait ses yeux bleus pétillants. Elle s'avança avec un sourire étincelant qui valut des soupirs amoureux de tous les hommes présents.

Aussitôt les hommes déjà mariés furent réprimandés par leur femme sous les regards amusés de la famille. Elle prit le bras de son père et ses deux frères s'inclinèrent. Lyam avec un grand sourire et Loup avec un rictus qui s'en rapprochait le plus.

Les invités applaudir l'entrée de la famille ducale et la fête commença pour ne pas s'arrêter avant tard dans la nuit.

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Hey!
On s'éloigne une fois encore d'Elouan mais c'est nécessaire hehe !

Le chapitre est resté presque inchangé depuis l'ancienne version, mais je crois que je vais changer un ou deux détails parce qu'il me semble lourd en descriptions... Je vais voir !

Lechouilles affectueuses d'un suricate sadiabolique 😘

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