Chapitre 35

Daisy écoutait attentivement Prune raconter son histoire. La fille de Loulou n'omettait aucun détail, jugeant que tous étaient nécessaires. L'américaine se contentait d'hocher la tête pour signifier qu'elle comprenait tout ce qu'elle entendait. Elle posa son sandwich aux œufs, presque terminé, pour interrompre Prune qui avait presque fini.

-Et tu as dit à Flora que tu allais revenir ?
-Oui. Je ne veux pas renoncer à l'aider. Tu sais comme moi que cette mission est très importante. Il est temps que nos deux mondes se retrouvent enfin en paix...
-Prune..., commença Daisy calmement, tu te rends bien compte que la tâche va être très difficile, n'est-ce pas ?
-Oui, je sais.
-Et tu te rends compte que le temps a joué en défaveur de Flora ?
-Oui.
-Et tu comptes quand même l'aider ?
-Bien sûr. Je n'ai cessé d'attendre le retour de Flora. Je voulais comprendre pourquoi tout ça était arrivé, et maintenant que j'ai parlé avec elle, je suis convaincue que je veux l'aider. Je n'ai jamais abandonné l'espoir de retrouver le monde magique. Chaque fois que je me sentais triste à cause de ce qui arrivait à mon père, je pensais à tous nos magnifiques souvenirs en tant qu'apprentis...
-Écoute... je pense que tu comprends parfaitement ce que je ressens. Je me suis sentie abandonnée quand tout s'est terminé. J'aurai voulu avoir des explications et... enfin bref... Mais une chose est sûre, je ne te laisserai pas toute seule.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Prune, je te suivrais dans la plus folle de tes aventures pour te protéger, et veiller sur toi. Donc, je me vois dans l'obligation de t'accompagner même si, je n'ai pas vraiment envie. Je ne veux pas que tu aides Flora, toute seule.

La lycéenne aux yeux violets fut extrêmement touchée par les paroles de son amie. Elle la serra fermement contre elle.

-Merci Daisy, tu es une amie incroyable.
-Voyons, c'est juste normal !, lâcha l'américaine en souriant de toutes ses dents.
-Ça va bientôt être l'heure d'y retourner. On se donne rendez-vous à la fin des cours ?
-Bien sûr ! Aux casiers ?
-Parfait.

Elles finirent toutes les deux leurs déjeuners en discutant joyeusement, puis remontèrent dans leur classe.

                                             ***
Daisy et Prune étaient devant les casiers quand Joey les rejoignit.

-Salut.
-Hey Joey !, s'exclama Daisy. Comment était ta journée ? On t'a pas trop manqué ?
-Daisy a dit que tu avais besoin de compagnie masculine...
-Ouais, disons que les garçons de ma classe sont vraiment cool. Je ne dis pas que votre présence est moins...
-On à comprit, va !, lâcha Daisy en tapant dans le dos de son frère.
-Calme toi..., répondit Joey en levant les yeux au ciel.
-Je vais aller à la bibliothèque du lycée, j'ai des devoirs qui m'attendent !, dit Prune du tac au tac.
-On se voit demain, alors ?
-Pourquoi ? Tu manges avec nous ?
-Je peux bien faire ça ! Tu viens à peine de rentrer à Misora. Je ne comptais pas te laisser tomber aussi vite. On est ami, non ?
-Évidemment ! Bon, à demain !
-À demain !, cria Daisy en empoignant la main de son frère pour l'emmener à son casier.

Pendant que Prune rédigeait ses devoirs, elle était pensive. Elles s'étaient mises d'accord avec Daisy. Elle viendrait chercher son amie chez elle en balais, ce soir. Bien sûr, Prune avait confiance en Flora. Mais elle se demandait si elle arriverait à réutiliser la magie aussi facilement. Quand elle eut fini, elle rentra à l'internat, salua ses camarades et fila prendre une douche. Elle mit rapidement son pyjama, alla souhaiter une bonne nuit à celles qui partageaient sa chambre. La lycéenne remonta à l'étage, fermant la porte de la chambre.

-Néné, je t'en prie réponds-moi..., chuchota Prune en prenant une petite boule de cristal entre ses mains.

La lycéenne avait rangé la boule dans ses affaires lors de son déménagement à Tokyo. Elle l'avait laissée pour compte pendant longtemps et avait fini par remettre la main dessus en rassemblant ses affaires pour Misora. Quelques fois, depuis qu'elle savait qu'elle se rendait à Misora, Prune avait tenté une approche avec sa fée: sans succès. Pourtant cette fois-ci, Néné montra le bout de son nez.

-Comme je suis contente de te retrouver !, s'écria la fille de Loulou. Il faut que tu me rendes service. Je dois aller voir Flora. S'il-te-plaît, prends mon apparence et prétends que tu dors.

La fée changea aussitôt d'apparence ce qui surprit beaucoup Prune. Elle prit sa vieille console magique et l'activa. Tout se déroula comme dans ses souvenirs. Mais au moment de mettre sa tenue, celle-ci avait changé. Prune n'y prêta pas trop attention, elle était trop pressée pour ça. Elle prit son balais, poussa la fenêtre et s'envola dans les airs. La jeune fille avait oublié jusqu'à lors la sensation de voler sur un balais.

-C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas ! Je me sens tellement vivante !, hurla-t-elle en survolant les immeubles de la ville de Misora.

Des larmes de joie remplirent les yeux de Prune et elle dû les essuyer parce qu'elle ne voyait plus clair. Elle arriva très rapidement au domicile des Allen. La lycéenne se cacha derrière un arbre du jardin et envoya un message à Daisy. L'américaine se redressa directement de son lit et ouvrit la fenêtre de sa chambre. La fille de Loulou se dépêcha d'aller vers son amie.

-Ta tenue !, s'écria Daisy surprise.
-Tu as ta console ?
-Euh... je dois l'avoir quelque part... attends.

Elle se dirigea vers son lit, souleva le matelas et trouva là sa vieille console magique. Un grand sourire se dessina sur le visage de Daisy mais, elle l'effaça rapidement. La fille de Mindy activa sa console magique, vit sa tenue changer et en fit sortir son balais.

-Allons-y, chuchota Prune.

Daisy acquiesça d'un mouvement de tête et les deux lycéennes se mirent en route vers la boutique magique.

-J'arrive pas à croire que je vole de nouveau !, cria Daisy.
-Et ce n'est que le début !, lui répondit son amie.

                                             ***
Les deux amies arrivèrent devant la boutique et y pénétrèrent. Elles aperçurent de la lumière dans la cuisine.

-Prune !, s'écria le comte en voyant la fille de Loulou arriver.
-Bonsoir..., lança timidement Daisy.
-Daisy !, cria Flora en se jetant sur la jeune fille. Comme je suis heureuse de te voir !

L'américaine était crispée. Elle ne savait pas trop comment réagir. Pourtant, sa promesse l'obligeait à pardonner Flora. Cette dernière lâcha la lycéenne en continuant de la tenir par les épaules.

-Prune m'a dit qu'elle comptait vous aider malgré le fait que nous n'ayons pas eu de vos nouvelles depuis longtemps. Je ne suis là que pour veiller sur mon amie..., expliqua Daisy en enlevant les mains de Flora de ses épaules.
-Je comprends... mais..., répondit Flora en tenant les mains de la fille de Mindy dans les siennes.

La jeune fille fronça les sourcils en voyant que la Reine des sorcières n'avait pas lâché ses mains. Elle releva les yeux vers Flora.

-Le fait que tu sois là est déjà une très bonne nouvelle pour nous..., commenta le comte Philippe.
-Peu importe la motivation..., ajouta Toto.

Daisy était surprise. Elle soutint le regard de la reine, attendant que celle-ci lui dise ce qu'elle pense.

-Je sais que la situation a été difficile pour vous..., commença Flora. J'en suis navrée. Je suis sûre que mes excuses ne doivent pas avoir la valeur que je voudrais leur donner... Mais nous ne sommes pas partis par plaisir. Nous n'avions pas le choix. Nous devions vous protéger.
-Prune m'a expliquée. Pourquoi ne pas nous l'avoir dit ?
-Nous ne pouvions pas. Tu as sans doute entendu parler du « secret défense ». Si vous aviez été au courant, vous seriez venus. Il fallait éviter de vous mettre en danger inutilement. S'il vous était arrivé quelque chose ce jour-là... Je ne me le serai jamais pardonnée...

Les yeux de Flora trahissaient la crainte qu'elle avait ressenti. Daisy dévia des yeux quelques secondes, sentant qu'elle allait se faire prendre par les sentiments.

-J'aurai tellement voulu que vous ne partiez jamais..., chuchota l'américaine. Vous ne savez pas ce que votre absence nous a fait..., lâcha l'adolescente en regardant de nouveau Flora dans les yeux.
-Et la votre..., ajouta la Reine des sorcières.
-Nous avons perdu tout ce que nous avions..., répondit Daisy dont les yeux étaient pleins de larmes.
-Vous pouvez le retrouver dès aujourd'hui !, s'écria Toto.
-Il n'est pas trop tard.
-Mais comment réparer le mal que cet événement a causé ?, demanda la jeune femme dont les larmes coulaient sur ses joues.
-Fais-moi confiance.

Prune serra Daisy dans son dos. Les yeux de l'américaine s'ouvrirent en grand. Elle soupira de soulagement, sentant la présence de son amie derrière elle. Son cœur était moins lourd.

-Tu me fais confiance, Daisy ?
-Je t'ai déjà dis que je te suivrais pour te surveiller, alors je peux bien te suivre parce que je te fais confiance !
-On va rebâtir tout ce qui a été détruit. Il est temps d'agir.
-Comment tu comptes t'y prendre ?

Prune lâcha son amie tandis que Flora lui cédait sa place, en face de Daisy.

-Autrefois ce qui nous a rapproché, c'était notre but en commun. Aujourd'hui, c'est ce qui nous rapprochera de nouveau.
-Si je comprends bien, tu veux..., commença Daisy.

Prune opina. Flora plaça ses mains sur les épaules de la lycéenne ce qui lui fit tourner la tête une fraction de secondes vers elle.

-Tu es une bonne personne, Prune Ohno..., termina l'américaine.
-Tu es une bonne amie, Daisy Allen..., lâcha Prune qui s'était remise à regarder son amie.
-Alors c'est décidé, recrutons le groupe d'apprentis d'autrefois !, annonça Daisy en essuyant ses yeux larmoyants.
-C'est bien la Daisy que je connais !, s'écria Flora.
-Ravie de pouvoir te recompter parmi nous !, dirent le comte et Toto en chœur.
-On a pas de temps à perdre ! Mettons-nous d'accord sur une stratégie.
-Une stratégie ?, questionna Prune en riant.

Daisy lui lança un regard espiègle et Prune le lui rendit. Les deux filles discutèrent ensemble de la situation sous les yeux bienveillant de Toto, le comte Philippe et Flora.

                                            ***
Martha était à une de ces soirées étudiantes qu'elle appréciait particulièrement. Assise sur un des canapés de l'immense villa d'un des amis de ses amis, elle sirotait tranquillement son verre de bière. À côté d'elle, un couple s'embrassait lascivement, lui filant des maux de ventre, tant la lycéenne en était dégoûtée. Elle décida de mettre fin à son calvaire en laissant le canapé et en se dirigeant vers la cuisine. Elle tenta tant bien que mal de se frayer un chemin, esquivant les propositions de danse. La fille d'Émilie pénétra dans la cuisine en soufflant.

-Tu t'amuses Martha ?, demanda une des étudiantes présente dans la pièce.
-J'aurai pu continuer à m'amuser si ta copine avait lâché quelques secondes la bouche de sa conquête !, raconta la lycéenne assez remontée.
-Oh... Je vois le genre, t'as du leur céder le canapé.
-Exactement ! Ça me fou en rogne ! Tu me dépannes ?

L'étudiante lui tendit son paquet de cigarettes et Martha en tira une du paquet. Elle ne fumait qu'occasionnellement, mais la lycéenne en ressentait le besoin en ce précis moment. Elle se posta contre le plan de travail, la cigarette au coin des lèvres, attendant qu'on la lui allume.

-Martha, c'est toi ?, demanda un jeune homme.
-Eh bah, je crois que je vais te laisser..., lâcha l'étudiante avec un regard en coin.
-À qui ai-je l'honneur ?
-C'est moi, Lucas.
-Ça me dit rien.
-Mais si, Lucas. Le garçon qui prenait des cours de violon avec toi et ta mère.

La cigarette échappa des lèvres de Martha en même temps qu'un juron.

-Qu'est-ce que tu fais là ?
-C'est la villa de mon cousin. Il m'a invité en disant que ça allait être sympa. Je ne savais pas que tu connaissais des étudiants et surtout que tu allais à leur soirée. Tu n'as pas cours demain ?
-Et toi ?
-Si, mais enfin...

Le téléphone de Martha sonna. C'était Émilie. Sa mère l'avait déjà appelé trente-six fois. La lycéenne soupira.

-Désolée mais je dois y aller, ma mère a comprit que j'avais fait le mur.

Elle quitta la pièce avant que Lucas puisse ajouter quoi que ce soit. Elle chercha le garçon qui l'avait emmené ici et lui demanda de la ramener chez elle. Il accepta sans broncher.

-Je suis désolée de te faire quitter la fête aussi tôt. Ma mère craint.
-Te fais pas de soucis. C'est ça de ramener une lycéenne à nos soirées. On doit faire attention à toi.
-Si mes parents étaient moins stricts, tu n'aurais pas à ramener en ce moment. Ça me soule.
-Au moins tes parents se souviennent de toi. Ils ne t'ont pas envoyé étudier loin de la maison pour se débarrasser de toi.
-Je sais pas si je préférerai pas ça, plutôt...
-Je ne pense pas.
-Je vais passer un mauvais quart d'heure. J'ai pas envie de rentrer. Tu crois pas qu'on pourrait rouler toute la nuit ?
-Ça ne serait pas très sage.
-Franchement, c'est le cadet de mes soucis, ça. Dis, tu voudrais jamais t'enfuir ailleurs et tout recommencer, toi ?
-Moi ? Abandonner mes études, mes amis, les soirées comme celles de ce soir et repartir de zéro ? Bien sûr. J'en rêve.
-Alors pourquoi on ne le fait pas ?
-Dans la vie, il faut prendre ses responsabilités, et fuir n'est pas la solution. Il faut avancer, même quand c'est dur, affronter ce qu'il y a en face.
-Tu parles comme un vieux !, se moqua Martha.
-Peut-être parce que je suis déjà en deuxième année à l'université... En tout cas, on est arrivé ma belle.
-Déjà ? Je te jure, j'ai vraiment pas envie.
-Te défile pas, Martha.
-C'est facile à dire quand on va pas se faire remonter les bretelles, Hugo.

L'étudiant haussa les épaules avant de se pencher lentement vers Martha.

-Rentre chez toi, ordonna-t-il.

Les sourcils du jeune homme se froncèrent tandis que ses mains entouraient le visage de Martha.

-Il faut vraiment que tu y ailles.
-J'ai pas envie. Et si en sortant, je m'enfuyais.
-Tu n'as pas écouté ce que j'ai dis ?
-Et si je ne voulais pas faire ce que tu me dis.
-Je ne plaisante pas: en sortant de cette voiture, t'as intérêt à retourner chez tes parents.
-Sinon quoi ?
-Je ne suis pas une de tes camarades du lycée que tu peux impressionner avec ton petit air.
-C'est justement ce que j'aime bien chez toi.
-Maintenant, vas-y, dit-il en lâchant le visage de Martha pour se rassoir correctement.
-Hugo ?
-Quoi encore ?
-Embrasse-moi.

Sans même que Martha eut le temps d'ajouter quelque chose, Hugo posa ses lèvres sur celles de la jeune fille. Dès qu'il toucha ses lèvres, il releva directement la tête et se concentra de nouveau sur la vue du pare-brise. Martha ouvrit la portière et sortit presque immédiatement de la voiture. Hugo attendit qu'elle sorte de son champs de vision avant de démarrer. Au moment où la lycéenne passa la porte d'entrée, Émilie et Frédéric la disputèrent. Cependant, Martha n'écouta rien de ce qu'ils disaient. Ses pensées étaient toutes centrées sur le baiser que lui avait donné Hugo.

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