Chapitre 21

Justin ne se rendit pas à l'école. Tout le monde demanda à Prune si elle savait ce qu'il avait et elle se contentait de répondre qu'il était un peu souffrant. Elle était toujours très perturbée par ce à quoi elle avait pu assister. Qu'était-il arrivé à Justin pour qu'il agisse de la sorte ? La fille de Loulou espérait de tout son cœur que son meilleur ami aille mieux.
Pendant ce temps, Flora était retournée dans le monde des sorcières. Elle avait encore discuté avec Lumina mais celle-ci avait du partir pour se rendre à l'école primaire. La reine des sorcières s'était donc rendue dans le monde des magiciens.

-Majesté, que me vaut votre visite ?, demanda le roi des magiciens.
-Je souhaite rencontrer le magicien qui fera passer le niveau cinq à mes apprentis.
-Oh bien sûr.

Jérémy se dirigea vers la porte et laissa Flora. Il revint une minute plus tard, accompagné d'un magicien dont Flora n'avait pas souvenir. Ils discutèrent quelques secondes avant que celle-ci réalise qu'elle le connaissait. Le monde des magiciens était si petit, qu'il était difficile de ne pas en connaître tous ses habitants. La reine demanda à en savoir davantage sur l'épreuve. Quand ils eurent finis de discuter, Flora retourna à la boutique magique.
De son côté, Prune se dirigeait chez Justin. Comme d'habitude, Sophie l'accueillit à bras ouverts.

-Fais comme chez toi, surtout !

Sophie s'apprêtait à rejoindre Léon au restaurant. Elle s'excusa auprès de Prune de ne pas pouvoir rester plus longtemps et la fille de Loulou la rassura. Quand Sophie quitta la maison, Prune se décida à monter à l'étage. Les scènes de la veille tournaient en boucle dans son esprit. Devait-elle avoir peur des pouvoirs de Justin ? Pouvait-il devenir dangereux ?

-Entre..., la pria Justin.
-Salut..., lança Prune timidement. Comment tu te sens ?
-Pas trop mal depuis cet après-midi.
-Tant mieux.

Justin était assis sur son lit, une épaisse couette le recouvrant. Sa meilleure amie s'assit au bord du lit. Elle prit nerveusement une mèche de ses longs cheveux noirs entre ses doigts.

-Ne sois pas trop inquiète pour moi..., murmura Justin.
-Comment veux-tu que je ne le sois pas ?, demanda doucement Prune avec un regard triste.
-Je ne sais pas ce qui s'est passé...
-Je tenais ta main mais elle était gelée. Après ça, tu t'es mis à envoyer de la glace partout. On était toute très inquiète.
-Pourquoi est-ce que j'ai fait ça ?

Justin prit sa tête entre ses mains. La couette qui le recouvrait se baissa un peu.

-Je ne me souviens de rien.
-Je ne sais pas trop quoi te dire...

Justin saisit la main de Prune et la serra fort dans la sienne.

-Pardonne moi... je ne voulais pas vous faire de mal, je suis désolé, dit-il les yeux pleins de larmes.
-Je te crois, Justin. Maintenant, il faut que tu te repose. N'y pense pas trop. On va parler d'autre chose.

Justin acquiesça. Prune le taquina et la conversation devint plus naturelle. Au bout de quelques minutes, Prune posa les yeux sur le seul cadre photo posé sur le bureau de son meilleur ami.

-Oh ! Je me souviens de cette journée !, dit-elle en pointant du doigt la photo.
-C'était génial ! Je venais de remporter le 200 mètres.
-Tu avais quel âge, déjà ?
-Six ans, je crois. Maman et papa étaient super fiers. Ils avaient pris une journée de congés juste pour venir m'encourager.
-J'ai l'impression que ça fait une éternité. Depuis, tu n'as fais que régresser !
-N'importe quoi ! On me contactera bientôt pour que je représente le Japon aux jeux olympiques ! Quand je serai une super star, faudra pas venir me demander quoi que ce soit !
-Ah ouais ? T'oserais même pas le faire, toute façon !
-Ça, c'est que tu crois !

On toqua à la porte de la chambre de Justin. Léon passa sa tête par l'entre bâillement de la porte.

-Salut ! Je suis venu voir comment vous allez.
-Très bien, merci..., dit poliment Prune.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites nous signes, on viendra directement, Sophie ou moi...
-C'est gentil.
-Tu peux rester manger, si tu veux, proposa Léon à Prune.
-Merci, mais mes parents m'attendent à la maison. Je ne vais pas tarder. Je voulais juste m'assurer que Justin allait bien.

Prune se leva du lit de son meilleur ami, ramassa son sac à dos et, salua Justin et Léon. Ce dernier la raccompagna jusqu'à chez elle. Tout le long du trajet, Prune se demanda si Justin allait vraiment se remettre sur pieds et s'il était vraiment menacé.

                                         ***
Joey se rendait à l'école primaire, Daisy le suivant de près. Il vit Rey, accompagné de Martha, dès l'instant où il pénétra dans l'école. « Pas de Prune en vu, tant mieux », pensa-t-il soulagé.

-Justin n'est toujours pas revenu ?, demanda Martha un peu inquiète.
-Je me demande vraiment ce qu'il a..., ajouta Daisy pensive.
-Prune est passée le voir, de ce que ma mère m'a dit...

L'intéressée montra enfin le bout de son nez. Elle marchait au côté de mademoiselle Koukou. Le poils de bras de Joey se dressèrent. Entre lui et Prune, s'en était presque physique. Il avait beau essayer de faire un effort, Joey n'arrivait pas à la supporter. Pourtant, Daisy aimait beaucoup Prune. Justin était même meilleur ami avec elle. Pour Joey, c'était juste impossible d'envisager être ami avec, selon lui, cette petite peste.

-Alors, comment se porte Justin ?, demanda Daisy.
-Pas trop mal. Il devrait revenir demain.
-Tant mieux !, lâcha Martha soulagée d'entendre ça.
-Bon, faut qu'on aille en classe, on va être en retard...
-Oh non !, s'écrièrent Rey et Daisy au même instant.
-Pas si fort... ta mère pourrait t'entendre..., murmura Martha à son meilleur ami.

Le groupe d'enfant se dirigea vers les salles de classes et se scinda en trois. Joey alla avec ses amis. Tony lui asséna une tape dans le dos.

-Ça va Joey ?
-Plutôt bien et toi ?
-Ouais ! Au fait, t'as fais tes devoirs pour aujourd'hui ?
-Comme toujours: oui. Attends, laisse-moi deviner... Tu les veux ?
-Tu lis dans mes pensées, on dirait !

Joey sortit son cahier d'histoire-géographie de son sac et le tendit à Tony.

-Merci bien !

La maîtresse débarqua dans la classe à ce moment-là. Tony plaça le cahier de Joey sous le sien et retourna s'assoir à sa place. Rapidement, il recopia les exercices à faire et fit passer le cahier de son ami discrètement afin qu'ils puissent le récupérer. Joey lui fit un léger signe de tête pour lui signifier qu'il avait reçu son cahier.
Après les cours, Joey, Tony et Daisy se retrouvèrent devant l'école.

-Attends Joey !, cria Daisy qui traînait un peu des pieds.
-Qu'est-ce qu'il y a ?

En se retournant vers sa sœur, il découvrit Prune qui accourait vers eux. Il lança un regard noir à sa sœur qui n'y prêta pas attention.

-On y va !, décréta Daisy bien sure d'elle.

Le petit groupe se mit en marche. Tony et Joey marchaient en tête, tandis que Prune et Daisy discutaient tranquillement toutes les deux. Tony fut le premier à s'éclipser. Il salua tout le monde puis dit un mot à part à Prune.

-Vous vous connaissez ?, demanda Daisy plutôt curieuse.
-Oui... oui...
-Tu le connais d'où ?, questionna Joey avec son air méprisant.
-Euh... nos familles se connaissent...
-Il fait parti de ta fan base ?, lança le frère de Daisy un peu moqueur.

Prune ne releva pas et Daisy lui lança un regard désapprobateur. La fille de Loulou tourna dans une autre allée pour rentrer chez elle. Elle salua Daisy et Joey qui firent de même. Daisy n'adressa pas la parole à son frère tout le reste du chemin.

-Daisy, tu fais la tête ?
-Ça m'énerve que tu sois aussi méprisant envers mon amie. Je sais que tu n'es pas comme ça d'habitude, alors pourquoi tu es aussi méchant avec elle ?
-Tu veux savoir pourquoi ? C'est rien qu'une peste, ta copine !
-Pourquoi tu dis ça ? Elle est super gentille !
-Quand on est arrivé ici, nos mères étaient très contentes de se revoir. Tu le sais autant que moi, n'est-ce pas ?

Daisy hocha la tête. C'est vrai que s'ils étaient venus vivre au Japon, c'était parce que leur mère voulait retourner à Misora.

-Prune et toi êtes vite devenues amies..., reprit Joey. Alors j'essayais d'être proche d'elle, moi aussi. J'essayais de faire des efforts, d'être gentil et c'était dur pour moi, parce que je ne suis pas très doué pour me faire des amis, à cause de ma timidité. Sauf que Prune a vraiment été méchante avec moi, détestable même.
-Comment ça ?, demanda Daisy surprise.
-Un jour, j'étais dans la cour de l'école et je la cherchais parce que j'avais entendu dire qu'elle était triste. Je voulais lui remonter le moral. Mais quand j'allais venir lui apporter mon soutien, j'ai surpris ce qu'elle disait.
-Et qu'est-ce qu'elle disait ?
-Elle... elle disait qu'elle en avait marre...
-Mais marre de quoi ?
-Elle était frustrée à cause de ses parents. Ils avaient eu le malheur de lui dire non pour quelque chose et elle avait piqué une crise. Elle leur avait fait un caprice.
-Quel est le rapport avec toi ?
-J'y viens... Apparement, sa mère lui avait dit que nous n'agirions jamais comme ça. Elle a dit que j'étais plus mature qu'elle, que je comprendrais pourquoi ils lui refusaient ce qu'elle voulait. Prune a répondit que de toute façon, quelqu'un comme moi, ne pourrait pas la comprendre. Elle a dit que j'étais un garçon maladroit et timide, et que ce que je ferai ou pas dans sa situation ne l'intéressait pas. Elle a ajouté à l'intention de son amie qu'elle et moi, on était même pas ami. Quand je suis arrivé, je voulais savoir si elle le pensait vraiment. Elle m'a toisée avec un regard supérieur et elle a soufflé avec mépris.
-Qu'est-ce qu'à dit son amie quand elle a dit ça ?
-Elle a dit qu'elle avait raison, que je n'étais qu'une plante verte sans intérêt et qu'une fille de star comme elle, n'avait pas être amie avec moi. Elle a même dit que Prune valait mieux que ça.
-Je suis désolée, Joey, je ne savais pas que Prune avait dit ça sur toi. Mais tu ne sais pas pourquoi elle a fait un caprice à sa mère ?
-Je crois que c'est parce qu'elle voulait voir son père, à Tokyo. Sa mère l'a raisonné en disant que si j'avais été à sa place, j'aurai compris. Ça remonte un peu maintenant mais, ça m'a vraiment blessé. J'essaie juste d'être gentil avec elle, d'être un bon ami. Mais elle, elle m'a rejetée. Elle a rejeté mon amitié alors que j'y étais pour rien.
-Pourquoi tu n'essayes pas d'en parler avec elle ?
-Hors de question. Je n'ai pas envie d'être ami avec une fille qui pense qu'elle est au dessus de moi. Je ne suis pas un toutou.

Daisy se sentait partagée: d'un côté elle comprenait son frère mais, d'un autre, elle n'arrivait pas à vraiment comprendre pourquoi Prune aurait dit ça sur Joey. Elle se dit qu'elle essaierait de mener sa petite enquête pour savoir de quoi il en advenait.

-En attendant, est-ce que tu pourrais prendre un peu sur toi ? Tu sais que Prune est mon amie. Je n'aime pas quand tu te comportes mal avec elle...

Joey ne répondît pas, il se contenta d'arquer les sourcils d'un air mécontent. Il se dirigea dans sa chambre et ferma soigneusement la porte à clé. Il se demanda d'où se connaissaient Prune et Tony. Il allait essayer d'en savoir plus le lendemain matin.

                                            ***
Justin eut du mal à dormir. Il était censé retourner à l'école le lendemain. Ses mains étaient terriblement moites et son estomac semblait se retourner dans tous les sens. Il avait peur de blesser à nouveau ses amis. Il avait peur de leur faire rater le prochain examen de magie. Son cœur se serrait dans sa poitrine. Il entendit toquer à la fenêtre de sa chambre.

-Prune ?, demanda-t-il en se levant difficilement de son lit.
-Je venais voir si tout allait bien.
-Tu t'es transformée en apprentie sorcière juste pour me voir ? Au beau milieu de la nuit ?
-Je m'inquiète pour toi...
-Je vais bien..., mentit Justin à sa meilleure amie.
-Est-ce que tu me laisses entrer ?

Il ouvrit un peu plus la fenêtre et se poussa pour la laisser passer. Elle rangea son balais et s'assit sur le lit de Justin. Il l'a rejoignit.

-Tu crois que ça va s'arranger ?
-J'en suis sure.
-De ton côté, comment tu te sens, Prune ?
-Comme toujours...

Elle posa sa tête sur l'épaule de son meilleur ami. Ses yeux étaient pleins de larmes. Justin passa son bras autour d'elle. Elle se releva après quelques minutes, prit son balais et salua Justin.

-À demain et dors bien.
-Depuis quand tu es aussi bienveillante avec moi ?
-Profite, ça ne durera pas indéfiniment...

Le fils de Sophie referma sa fenêtre en regardant Prune partir sur son balais. Il s'allongea de nouveau dans son lit et s'endormit presque aussitôt.

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