Chapitre 1

Chapitre 1

Lizzie

— Mesdemoiselles et messieurs, je vous remercie de votre attention. N'oubliez pas de mettre votre boîte de Pétri à l'étuve, et d'éteindre vos becs-Bunsen avant de sortir. J'en vois qui sont encore allumés, c'est inadmissible.

Par acquis de conscience, je vérifie qu'aucune flamme n'est présente sur le mien, et jette un coup d'œil à l'arrivée du gaz, que j'ai coupé depuis belle lurette. Puis je saisis délicatement mon échantillon, en veillant à ne pas mettre les doigts sur le couvercle. Les traces et les empreintes digitales, ça la fout toujours mal, le lendemain, quand le prof vérifie l'avancée des travaux, par transparence.

Ma boîte mise bien à plat sur une des étagères, le prof referme derrière moi, avant de perdre son sourire quand un des étudiants retardataires se pointe pour lui faire rouvrir la porte.

J'enfile mon trench, balance mon sac à dos sur mon épaule et je sors de la salle de travaux pratiques en souriant. Je suis crevée, et j'ai l'estomac dans les talons, mais totalement épanouie par cette séance intéressante. Certes, vu qu'il fallait surveiller les préparations, on n'a pas pu aller manger, mais ça valait le coup. Avec des protocoles comme celui-ci, ça arrive fréquemment, mais ça ne me dérange pas plus que ça : c'est trop passionnant !

Courbaturée d'avoir passé la journée debout, à côté de ma paillasse sans même pouvoir m'assoir une seule fois, j'ai les jambes en compote. Mais ça ne m'empêchera pas de circuler à vélo ! Je le retrouve au même endroit que ce matin, accroché à la borne de stationnement des deux-roues non motorisés, même si la plupart des autres bicyclettes qui étaient alignées avec lui ce matin sont déjà parties. La joie des TP de plus de dix heures non-stop !

Il fait presque nuit, et le campus est déjà à moitié vide. Il faut dire qu'on est lundi, et que pas mal des élèves ont le sérieux de ne pas sortir en semaine. Autant dire que le week-end, par contre, ils se lâchent !

Du doigt, je déverrouille le cadenas, et, comme à chaque fois, le geste m'en rappelle un autre. Celui que j'ai fait, il y a de cela trois ans, un soir d'été, à des kilomètres d'ici, quand j'ai passé l'antivol autour de la cheville d'un garçon que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. Mais le pire moment de ce funeste souvenir, c'est quand je le lui ai enlevé. Ses cris, sa révolte, ses yeux noirs comme le charbon qui se sont plantés dans les miens. La culpabilité qui s'en est suivie, pendant des mois. Ne pas savoir ce qu'il est advenu de lui, ça me tue encore maintenant.

Secouant la tête, je chasse l'image de mon esprit, me relève et enfourche ma bicyclette aussitôt. Mes jambes se mettent en branle malgré leur raideur de fin de journée, et je me mets à pédaler avec ardeur, le long des platebandes vertes qui entourent les bâtiments de biologie. Le pôle scientifique est un peu excentré du reste de la Fac, aussi ai-je vite opté pour ce mode de transport.

L'université de Little Rock, même si elle ne fait pas partie des plus grandes du pays, s'étale quand même sur plusieurs hectares, et le vélo n'est pas, je crois, un mauvais choix, d'autant que les bureaux de l'administration sont situés en plein milieu. Et donc celui du doyen, mon père, que je m'active à rejoindre.

J'ai beau avoir dix-neuf ans, je suis sans doute la seule personne du campus à ne pas avoir de voiture, même si j'ai le permis depuis trois ans. Mais allez faire comprendre ça à des parents qui ont décidé qu'un véhicule, ça se mérite, et que ça ne tombe pas sous le coup de l'évidence ? Ils ont décrété que je n'en aurai un que quand je serai capable de me le payer moi-même, arguant que de toute façon, je n'en avais pas vraiment besoin, puisque nous habitons en lisière de la Fac. Du coup, je me suis fait à l'idée, et j'ai opté pour le vélo.

Bon, ce n'est pas un gros sacrifice : je n'ai jamais été une enfant difficile, je crois, et la voiture, je ne ferai pas des pieds et des mains pour l'avoir. Ils n'ont pas tort sur le concept, d'autant qu'écologiquement, ma bicyclette semble plus logique qu'une voiture qui encombrera l'allée de garage et ne servira qu'occasionnellement. Seul point noir au tableau : le classement automatique dans le groupe des « loosers non motorisés ».

Bon, pas que j'en fasse grand cas. Assez solitaire malgré mon caractère joyeux, ça ne me dérange pas outre mesure. De toute façon, les « scientifiques » ne sont pas les plus populaires à l'université. Loin de là. Les sportifs, les cheerleaders, oui, et je ne côtoie ni les uns, ni les autres.

Je tourne à gauche, parcours encore quelques mètres, emprunte le rond-point central et parque mon vélo sur le côté droit du bâtiment.

Les locaux administratifs sont quasi déserts, hormis une jeune fille à l'accueil, et une autre qui s'engage dans le couloir gauche, vers les bureaux des secrétaires. Moi ? J'ai tellement l'habitude que plus personne ne fait attention quand je déboule, comme tous les soirs ou presque.

— Mon père est là ? demandé-je à Jenny, sa secrétaire personnelle dès mon arrivée dans l'antichambre.

Sans même relever la tête, la brune continue à taper ce qui semble être une lettre sur son clavier, les yeux rivés sur l'écran de l'ordinateur.

— Comme toujours, me répond-elle avec un sourire en coin. Fidèle au poste, au moins jusqu'à vingt heures !

— Voire même vingt-deux, grommelé-je.

Elle rit, consciente sans doute que je ne suis pas loin du compte.

Je frappe, et entre avant même que ne retentisse la voix de l'auteur de mes jours. Comprenant qu'il est au téléphone, j'avance à pas de loup, ferme la porte avec douceur et m'installe dans un des deux fauteuils en cuir brun qui font face à son bureau.

Son index en l'air m'intime ce que je sais déjà : le silence absolu, tant qu'il n'a pas terminé. Et loin de m'en formaliser, j'obtempère et attends patiemment en balayant la pièce des yeux. Je la connais par cœur, et tout changement me saute aux yeux, évidemment. Et là, c'est la coupe flambant neuve qui vient de rejoindre l'alignement de trophées sur l'étagère au-dessus de mon paternel. Enorme, rutilante d'avoir été astiquée avant d'être posée avec fierté avec les autres. Je plisse les yeux, pour la détailler, même si je me doute de sa provenance : l'université de Little Rock a, pour la première fois depuis sa fondation , remporté la finale de football américain en juin.

C'est une énorme fierté pour mon père, et si la coupe a passé l'été à voyager parmi les joueurs vainqueurs, chacun son tour, j'imagine qu'il est plus qu'heureux de l'avoir enfin récupérée pour la mettre en valeur dans son bureau.

— Bonsoir Elisabeth. Ta journée s'est-elle bien passée ?

Le ton guindé de mon père et sa persistance à n'utiliser que mon prénom en entier me font sortir de mes rêveries. Je redescends mes iris vers le bas, pour découvrir les mêmes que les miens, dorés, fixés sur moi. Je souris, parce que loin de vouloir paraitre froid, c'est dans son habitude d'employer ce genre de langage un brin soutenu. Etudiants, employés, fille, ou même épouse, tout le monde y a droit invariablement. Nous n'avons aucune origine britannique, pourtant. Mais j'imagine que quand on descend d'une famille sudiste bien sous tous rapports, ça doit jouer.

— Super ! réponds-je. Je viens juste de terminer.

— Formidable ! Mais je doute que tu sois venue jusqu'ici pour m'en faire part, alors que tu aurais pu le faire autour de la table du diner. Quelque chose dont tu voudrais me parler ?

Mon père n'a pas l'habitude d'y aller par quatre chemins. Les gens aussi importants n'ont pas le temps pour les badineries, et il va toujours à l'essentiel. Rien de méchant là-dedans, j'imagine qu'il s'agit d'efficacité, avant tout.

J'ai appris, du coup, à ne pas tergiverser non plus et à aller droit au but. Alors je me lance.

— Eh bien, je suis venue voir où en était ma demande de chambre universitaire.

A son expression, je vois bien que ça l'irrite quelque peu, mais je soutiens son regard, persuadée que ce n'est qu'en lui mettant la pression qu'il accèdera à ma demande.

— Ta mère et moi ne comprenons toujours pas cette idée saugrenue de vouloir intégrer une chambre minuscule dans un dortoir surpeuplé, alors qu'à quelques centaines de mètres, tu as une pièce de plus de trente mètres carrés, avec salle de bain privative. Vraiment, c'est incompréhensible.

Oui, évidemment, à première vue, ses arguments sont imparables. Sauf que, sauf que. Si je lui ai demandé cela déjà en cours de l'année précédente, ce n'est pas pour rien. La vérité, c'est que je ne supporte plus leurs prises de bec permanentes. Mes parents se disputent, comme tous les parents. Mais chez nous, ça dure depuis des années. Trois ans exactement, et c'est d'ailleurs pour ça que j'insiste pour passer mes vacances chez ma grand-mère à Hope en été. Au moins, je peux décompresser et ne plus subir leurs hurlements. Je crois qu'ils sont au bord du divorce, vu le niveau auquel ils sont montés. Et moi, je ne veux plus me retrouver au milieu de tout leur bordel personnel.

Mais ça, je peux difficilement le leur dire. J'ai donc trouvé une excuse toute pourrie : vouloir m'intégrer un peu plus. Ma solitude n'est pas un mythe et même eux s'en sont rendu compte. Du coup, ils n'ont pas dit non, mais je soupçonne le délai d'être artificiel : j'ai du mal à croire qu'avec les départs, aucune chambre ne s'est libérée. C'est pourtant ce que mon père argue, sans doute désireux de noyer le poisson.

Mais je ne suis pas fille à me laisser faire ! Je vais lui mettre la pression, le cuisiner, le harceler, jusqu'à ce qu'il cède ! Et si ça doit en passer par une visite tous les soirs dans son bureau, aucun souci. Je crois que j'ai été trop laxiste sur ce coup-là, et qu'à partir de maintenant, je vais sévir. Il lâchera le morceau avant moi, bon sang !

Cependant, il cale ses coudes contre le plateau de la table, et pose son menton sur ses poings, comme s'il réfléchissait intensément.

Oh, aurais-je réussi ?

— Ma chérie, finit-il par répondre, je vais y réfléchir.

Bordel, déception, encore une fois. Je pousse un soupir las, en roulant des yeux, avant de me rencogner dans le fond du fauteuil, à moitié affalée. C'qu'il est têtu !

— Ah tiens, reprend-il soudain, j'ai un service à te demander, au fait.

Un service ? Sérieux ? Comment peut-il croire que je vais lui accorder une faveur avec ce qu'il vient de me dire ?

— Ouais non je...

— J'ai besoin d'un étudiant pour un tutorat, me coupe-t-il.

Comme s'il n'avait pas remarqué mon air indigné, il continue, imperturbable.

— Un de mes joueurs de football américain a besoin d'aide pour rattraper son niveau. J'ai pensé à toi.

Hein ?

— Pardon ?

— Oui, un première année. Un joueur brillant, qui s'est vite imposé comme une valeur sûre de l'équipe. Il peut nous aider à garder la coupe une année de plus, j'en suis certain. Mais il est un peu à la ramasse côté résultats scolaires, et j'ai peur qu'il ne s'enfonce encore un peu plus dans l'année. Je sais que nous n'avons repris que depuis un mois, mais on peut lui faire raccrocher le wagon si on s'y prend à temps, j'en suis persuadé.

J'arque un sourcil circonspect, tandis qu'il se met à m'observer.

— Quoi ? le contré-je. Mais j'ai bien assez à faire avec mes propres études ! Je suis en troisième année, j'ai quarante heures de cours par semaine, je n'ai pas le temps ! Et pourquoi moi ?

— Tu es une élève brillante, Elisabeth. Ce ne serait que quelques heures, le soir ou le week-end, rien de très chronophage non plus.

Alors là, s'il croit que je vais sacrifier les quelques pauvres heures que j'ai de libres dans mon emploi du temps de fou, il rêve en plein jour ! Surtout pour un sportif avec un QI d'huitre qui n'en a sans doute rien à foutre de son parcours scolaire et de ses notes ! Ces mecs-là, ils sont juste bons à courir quand on le leur ordonne, et basta.

Cours Forest, cours !

— Trouve quelqu'un d'autre, papa. Je n'ai ni l'envie, ni le temps.

Mon père grimace, me fixe une seconde, puis se cale dans le fond de son fauteuil, comme s'il laissait tomber. Mais on ne devient pas doyen de Fac en abandonnant aussi vite, ça je le sais. Et je le connais trop bien pour savoir que quand il s'attaque à ses ongles, c'est qu'il est contrarié, et qu'il attend. Que je cède, évidemment.

Mais moi aussi je peux être bornée. Alors je croise les bras, et je fais comme lui, je patiente. Du coin de l'œil, il me zieute, m'observe, cherchant sans doute la faille. Et comme il me connait par cœur, depuis dix-neuf ans exactement, il trouve facilement.

— Disons que... commence-t-il, accepter d'aider ce jeune homme pourrait... faire avancer ton dossier... Tu n'es pas sans savoir que nous mettons en avant la bonne volonté, la fraternité, l'entraide dans notre université, Elisabeth. Notre système à points est des plus justes, comme tu le sais, et... accepter d'aider ce pauvre jeune homme t'en ferait gagner beaucoup...

J'arque un sourcil et me redresse subitement, en penchant la tête, intéressée.

— Beaucoup comment ?

— Eh bien, reprend-il, je dirais suffisamment pour passer sur le dessus de la pile pour l'obtention d'une chambre en cité universitaire...

Oh le scélérat ! C'est du chantage, en bonne et due forme. Donc c'est ça : si j'accepte de donner des cours à son sportif décérébré, j'aurai ma chambre ? C'est malhonnête, surtout de la part d'un père. Mais plus j'y pense, et plus l'idée d'accepter son deal fait son chemin entre mes neurones. Après tout, ce n'est que quelques heures, non ?

Je m'avance sur mon fauteuil, le fixe une minute, impassible, avant de soudainement lui octroyer un sourire de toutes mes dents.

— Aider ? Mais bien sûr, ce sera avec plaisir ! Tu me connais, je suis toujours prête à encourager mon prochain. Surtout un sportif, tu penses ! Dis-moi ce que tu veux que je lui apprenne, je suis ton homme. Enfin ta femme. Enfin, t'as compris.

Mon sarcasme ne lui a pas échappé, c'est un trait familial que nous avons en commun. Il se rapproche de son bureau à son tour, fouille sur une pile de dossiers, et me tend une feuille A4 couverte des deux côtés.

— Merci beaucoup, Elisabeth. Je savais que tu ne me laisserais pas tomber. J'ai toujours su que l'altruisme était une de tes nombreuses qualités. Entre autres.

Mais bien sûr ! Il en fait trop là, et le regard blasé que je lui envoie le fait légèrement sourire.

— Tout est noté sur ce document, précise-t-il. Les domaines dans lesquels il doit remonter ses moyennes, les points du programme à reprendre, et même son emploi du temps, cours et entrainements compris, pour que tu puisses caler des séances dans ton propre agenda.

Waouh. J'hallucine quand j'avise la masse de choses à travailler avec lui. On va en avoir pour des semaines, avec tout ça ! Je suis bien tentée de revenir en arrière, et de refuser devant la masse de boulot. Et puis soudain, la chambre universitaire refait surface dans mon esprit : si je la veux, ai-je le choix ?

Alors je pousse un soupir, plie la page en deux, et déporte mon regard vers mon père, qui m'observe toujours.

— Et où je peux le trouver, ton sportif ?

— Il a une chambre dans la résidence des garçons, bâtiment B. Mais le plus souvent, notre célèbre numéro 8, Donovan, est au stade, comme en ce moment. Il a entrainement jusqu'à dix-neuf heures, il y est encore, si tu ne veux pas perdre de temps.

Aussitôt dit, aussitôt fait : je saute sur mes pieds, prends congé de mon paternel tyrannique et ressors du bâtiment aussi vite que j'y suis arrivée. J'enfourche mon vélo, et me mets à pédaler avec ardeur. Est-ce bien raisonnable pour un père d'envoyer sa fille sur un campus presque vide, et plongé dans le noir ? Je me demande parfois s'il se rend compte de l'heure ou s'il vit dans sa bulle.

Ma direction est toute trouvée : le stade. Situé à l'autre bout du domaine, il est visible de loin, grâce aux spots halogènes monstrueux qui l'illuminent quand il y a des matches ou des entrainements. Et là, tout m'indique qu'il n'est pas terminé, même si on approche dangereusement de la fin du cours.

Je mets plusieurs minutes à atteindre le lieu, mais ne perds pas de temps. A peine la porte rabattue sur moi, je longe le couloir d'accès, et atteins les gradins en quelques secondes. Ils ne sont pas vides, contrairement à ce que je pensais.

De nombreuses personnes suivent l'entrainement, apparemment. Des familles, peut-être, mais surtout des individus de sexe féminin. Une bonne trentaine, à vue de nez, qui semblent fascinées par le spectacle.

Je lève les yeux au ciel, désespérée devant les groupies énamourées qu'un peu de testostérone et beaucoup de muscles font hurler des mots d'amour en direction de la pelouse. Sérieux ? Vers l'avant, ce n'est pas mieux : le premier rang est occupé par l'équipe de pom-pom girls officielle, jupette et t-shirt aux couleurs de la Fac. Pathétique.

Ne sachant trop où me poser, je choisis les cheerleaders, qui, au moins, ont le prétexte de leur rôle pour mater du mâle en action. Pas comme les autres nanas en chaleur un peu plus haut.

Bon, je ne suis pas réfractaire aux beaux mecs. Loin de là. Mais si le gars peut avoir un peu de jugeotte en même temps qu'un physique, c'est quand même plus jouable, non ? Mes deux ex alliaient les deux, fort heureusement. La connerie et l'infidélité aussi, d'ailleurs, mais ça, c'est une autre histoire.

Je me reconcentre sur l'avant, et me cale à côté de la chef, qui braille en direction des joueurs, agitant des bras en encourageant des numéros. Hum, pourquoi pas... Quand elle se rend compte de ma présence, enfin, elle plisse les yeux et m'octroie une moue boudeuse.

— T'es la fille du doyen, toi, non ?

Merde, grillée. Moi qui voulais passer inaperçu, c'est râpé.

— Euh ouais.

— J't'ai jamais vue ici, me fait-elle remarquer. Tu aimes ça, le football ?

— Euh non, admets-je. Je cherche quelqu'un.

— Ah ? s'étonne-t-elle, intéressée. Qui ça ?

— Un joueur. Le 8, je crois.

— Donovan ? Regarde, il est là. Beau mec, mais si tu veux mon avis, tu perds ton temps. Il ne regarde jamais les filles. On dirait qu'il les toise, comme si elles n'étaient pas assez bien pour lui. Enfin tu fais ce que tu veux, hein, mais moi, je me concentrerais surtout sur le 2, Mike. Lui il est canon !! Et chaud comme la braise, il parait...

Elle marque une pause pour me gratifier d'un clin d'œil de connivence, auquel j'aurais bien répondu si elle ne m'avait sursauter subitement.

— Eh ! Donny ! Bordel, démarque-toi !!

Son cri m'arrache une grimace, mais au moins, elle se détourne de moi, et se lève pour faire de grands gestes énervés.

J'en profite pour jeter un regard sur mon numéro 8. Grand, plus que les autres, avec une carrure impressionnante qui n'est pas seulement due à ses épaulettes XXL. Non, il est costaud, pour sûr. Mais pas bodybuildé non plus, si j'en crois son buste ciselé, ses hanches étroites et ses longues jambes musclées. Hum, pas désagréable à regarder, somme toute. Pour le reste, difficile à dire, vu que le casque lui mange la presque totalité du visage. Impossible de savoir non plus de quelle couleur sont ses cheveux, ou quelle nuance ont ses iris.

Bon, j'ai juste un peu à attendre, pour le savoir. Moins de dix minutes, si j'en juge par mon portable. Ça ira. Je peux supporter quelques minutes de plus. Enfin, je crois.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top