De nouveau à bord du Black Pearl, Marnie tâcha de chasser James de son esprit. Mr Gibbs vint lui présenter ses condoléances pour la perte de son mari, ce à quoi elle répondit qu'elle avait confiance en lui. Il s'en sortirait. Gibbs la regarda comme une pauvre veuve dans le déni.

Ils s'apprêtèrent à lever l'ancre des les minutes qui suivirent, mais ils furent stoppés dans leur élan par la remise à flots du Hollandais Volant, juste à côté d'eux. Marnie se figea. Elle reconnut la grande silhouette aux tentacules de Davy Jones.

— Hey, tête de poulpe ! s'exclama la voix de Jack non loin d'elle, soulevant au-dessus de sa tête le bocal de terre que Tia Dalma lui avait donné. Tu as perdu quelque cho-

Il dévala les escaliers dans un grand bruit. Marnie grimaça.

— Je l'ai ! fit-il, arrivé en bas, le bocal toujours entre ses mains. T'es venu négocier, hein, espèce de vieille méduse ! Regarde ce que j'ai ! Un bocal de terre-euh, un bocal de terre, et devine c'qu'il y a d'dans !

Marnie put ressentir la colère de Davy Jones dans ses tripes de là où elle était. Se pourrait-il que Jack ait vraiment embarqué le cœur dans ce bocal ? Où était-ce seulement du bluff ?

Elle n'eut pas le temps de se poser plus de question. De l'autre côté, le Hollandais Volant venait de sortir ses canons. Elle s'agrippa à la balustrade et échangea un regard pétrifié avec Jack.

— BARRE À TRIBORD ! hurla-t-elle alors, assez fort pour que l'équipage l'entende.

Elizabeth la relaya immédiatement, et les marins du Pearl s'activèrent dans la seconde. Marnie s'installa à la poupe pour surveiller l'avancée du Hollandais Volant, qui s'était mis à les suivre.

— Il prend du retard ! remarqua Elizabeth.

— Oui, nous sommes en train de les semer, répondit la brune. Le vent est avec nous. Mais ne nous réjouissons pas trop vite...

— Qu'est-ce qui vous inquiète ?

— Nous ne sommes pas face à n'importe quel pirate. Il n'abandonnera pas aussi facilement, et...

— Et ?

Marnie se retourna vers la blonde, s'apprêtant à répondre.

— ILS ABANDONNENT ! s'écria Marty, depuis les haubans.

L'équipage du Black Pearl hurla de joie. Marnie rejoignit Jack, qui tenait toujours son bocal de terre contre lui.

— Jack, tu ne penses pas que leur retraite annonce le pire ?

— Que veux-tu qu'il se passe ? On les a semé, voilà tout.

— Non, tu ne comprends pas. J'ai peur que-

Une secousse les renversa violemment. Jack lâcha son bocal, qui alla s'écraser sur le pont inférieur, répandant son contenu sur les planches. Il poussa un cri horrifié et s'empressa de descendre. Marnie resta figée, pâle et tremblante.

— Marnie ! Tout va bien ? demanda Elizabeth.

Elle secoua la tête.

— On doit avoir heurté un récif ! s'exclama un des marins.

— ÉCOUTEZ-MOI ! hurla Marnie pour couvrir toutes les voix paniquées. JE VAIS VOUS DEMANDER À TOUS DE GARDER VOTRE SANG-FROID ! ATTRAPEZ UNE ARME, QUELQUE CHOSE POUR VOUS DÉFENDRE ET RESTEZ ÉLOIGNÉS DU BASTINGUAGE ! ARMEZ LES CANONS !

— Qu'est-ce qui s'passe, Miss Marnie ? demanda Gibbs.

— Ce n'est pas un récif. Nous nous apprêtons à affronter le Kraken, annonça-t-elle à voix forte.

Des exclamations d'horreur s'élevèrent alors.

— Marnie a raison ! reprit Will. Faites ce qu'elle dit ! Il va attaquer par tribord, je l'ai déjà vu faire ! Préparez-vous et attendez mon signal !

Aussitôt, tous les marins s'exécutèrent. On arma les fusils et les canons, on sortait ces derniers par les ouvertures dans la coque. Marnie s'arma d'une grande lance en bois qui lui permettrait de repousser les tentacules de la créature. Tandis que Will descendait dans la cale pour avoir un œil sur les canons, la brune retrouva Elizabeth au milieu de la cohue.

— Restez près de moi, lui intima-t-elle, le visage crispé par l'inquiétude.

Elizabeth acquiesça, pâle elle aussi. Elles se rapprochèrent l'une de l'autre et, inconsciemment, leurs mains se joignirent. Marnie gardait son œil alerte. On pouvait déjà apercevoir les tentacules du Kraken remonter tout autour de la coque, qui pourrait se briser à n'importe quel moment.

— Will ? appela-t-elle, la voix tremblante.

— Je sais, répondit ce dernier, se tenant à l'échelle menant à la cale. Patientez encore !

Il s'écoula à peine quelques secondes qui semblèrent durer une éternité.

— Will ?? répéta Elizabeth, complètement paniquée.

— Attendez !!

— Je pense qu'on a attendu assez longtemps ! répliqua Pintel depuis la cale.

— WILL !!

— MAINTENANT ! FEU À VOLONTÉ !

Les canons furent allumés tous en même temps. Les boulets explosèrent les tentacules du monstre et le firent se retirer doucement dans l'océan, accompagné de quelques cris de souffrance insupportables à l'oreille.

— Il va revenir, prévint Will en revenant vers Marnie et Elizabeth. Il faut abandonner le navire.

— Nous n'avons plus de chaloupes, répondit Elizabeth, en désignant ces dernières, écrasées par le poids des tentacules de la bête.

Will fit mine de réfléchir un instant avant de revenir vers le reste de l'équipage.

— Soulevez le caillebotis ! Mettez toute la poudre à canon dans le filet de la soute !!

Il s'empara d'un fusil à baïonnette et le tendit à Elizabeth.

— Quoi que tu fasses, ne le manque pas.

— Tant que tu restes en sécurité, répondit la blonde.

Marnie resta figée, ne sachant quoi faire. Elle avait l'impression de regarder la scène d'un point de vue extérieur. En tournant la tête vers bâbord, elle aperçut Jack s'éloigner à bord d'une barque, seul. Elle ne put en croire ses yeux.

— Oh, Jack... soupira-t-elle, vidée de toute son énergie. Qu'est-ce que tu fais ?...

Une secousse manqua de l'envoyer au sol. Elle reprit alors ses esprits et dressa sa pointe devant elle. Will et les autres étaient en train de remonter le filet rempli de tonneaux de poudre et de rhum. Les tentacules du kraken s'immiscaient déjà à l'intérieur de la coque en bois. Marnie s'avança, menaçant toujours le monstre de sa pique, mais l'estomac tordu par la peur. Elle sentait ses larmes se mélanger avec les éclaboussures océanes qui lui brûlaient la peau. Elle hurlait, sans vraiment savoir si c'était à cause de la terreur ou de la douleur. Puis, un gigantesque tentacule détruisit la balustrade à l'endroit même où elle se tenait. Le choc l'assomma immédiatement.

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Elle ne resta pas inconsciente pendant des heures, mais suffisamment longtemps pour revenir à elle dans un silence sordide. Elle se dégagea des débris qui s'étaient amassés sur son corps, et se remit debout avec difficulté. Ses jambes semblaient affaiblies, et elle avait du mal à tenir debout. Elle tituba quelques instants sur le pont du Black Pearl, avant de s'apercevoir qu'il ne restait plus personne. Des éclats de voix lui parvenaient tout de même. Elle ne sut deviner s'ils étaient réels ou s'ils sortaient tout droit de son esprit embrumé.

— Mar ? Marnie, mon cœur...

Elle se retourna, les yeux embués.

— Jack ?

Elle s'approcha de lui aussi vite que ses jambes lui permettaient.

— Est-ce que je suis morte ?... demanda-t-elle dans un sanglots.

— Pas encore. Dépêche de toi de t'en aller, ils viennent d'embarquer dans une chaloupe.

— Pourquoi n'es-tu pas avec eux ?

— Je...

— Pourquoi es-tu attaché au mât ?? Jack, qui t'a passé ses fers ?!

— Peu importe, Marnie, le plus important c'est que tu t'en ailles au plus vite... Ce n'est pas vous qu'il veut.

La brune, encore sonnée, se précipita sur lui et essaya de retirer les menottes qui le retenait attaché au navire.

— Trésor, arrête... Tu sais très bien que c'est inutile.

Sa vision se troubla. Elle s'accrocha au bras du pirate et versa quelques larmes dans son épaules.

— Tu rêves de ce moment depuis si longtemps, dit-il en posant une main dans son dos. Va-t-en.

Marnie leva son visage vers lui, démunie et bouleversée.

— Quand je te menaçais de mort, tu sais très bien que je n'en pensais pas un mot... Jack, tu n'as pas le droit... Tu ne peux pas mourir sans moi, dit-elle en plongeant ses yeux dans les siens.

Jack lui sourit. Les doigts de sa main libre vinrent caresser doucement la joue de la brune. Marnie glissa ses doigts dans les siens et embrassa sa paume. Avec une subtilité non feinte, Jack glissa quelque chose à l'intérieur de sa main. Elle serra l'objet dans son poing sans y jeter un œil. Jack déposa ses lèvres sur son front.

— Tu sais que ça n'a toujours été que toi, quoi qu'il ait pu arriver, souffla-t-il. Dépêche-toi de partir, Mar...

La jeune femme se blottit une dernière fois contre lui, ferma les yeux un instant, avant de se diriger vers le bastinguage sans un regard en arrière. En bas, le reste de l'équipage avait embarqué dans une chaloupe et s'apprêtait à partir.

— Attendez ! s'écria-t-elle d'une voix tremblante. Attendez moi !

Ils relevèrent tous la tête vers elle. Will se leva d'un seul coup et tendit les bras vers elle pour l'aider. Marnie s'appuya sur ses épaules et sauta pour les rejoindre. Will l'attrapa par la taille pour empêcher la barque de tanguer trop fort. Marnie alla s'asseoir au fond, à côté de Gibbs. Ils écartèrent leur embarcation du navire et se mirent à ramer pour s'en éloigner au plus vite.

Lorsque le kraken coula le Pearl, Marnie ne se retourna pas. Elle fondit en larmes dans les bras de son voisin, qui lui offrit une étreinte réconfortante. Elle venait de dire adieu à toute sa vie. Elle devrait faire le deuil d'une partie de son âme, sans y avoir été préparée une seule seconde. Personne ne l'avait jamais vue dans un tel état de désolation. Ainsi, chacun respecta son chagrin et ne prononça pas un mot.

ce chapitre beaucoup trop déprimant mdr

le prochain sera le dernier de la deuxième partie :)

c'est le dernier moment pour me balancer vos hypothèses par rapport à ma petite Mar 💓

je vous embrasse!! et vous envoie plein de force pour supporter la troisième (je crois) semaine de quarantaine 😘