༄ vingt-neuf

Ils arrivèrent à la Baie des Naufragés quelques jours plus tard, alors que la nuit tombait. Mar essayait d'occulter Will de son esprit. Le fait qu'il ait trahi l'équipage pour sauver son père ne la surprenait pas, mais cela n'empêchait qu'elle était terriblement déçue de le savoir avec Beckett en ce moment même. De plus, Barbossa avait fait enfermer Calypso juste avant d'arriver. Mar était immédiatement intervenue auprès du Capitaine, mais la sorcière l'avait apaisé en caressant doucement sa joue. Elle n'avait pu que les laisser faire.

L'île était en réalité un volcan, et le seul moyen d'accéder à l'intérieur était de traverser un tunnel étroit, sombre et à l'eau peu profonde appelée la Gorge du Diable. Le Black Pearl avait beau être grand, il put passer sans trop d'encombre. Mar découvrit la baie en même temps que les autres. Elle s'approcha de la balustrade à côté de Barbossa. La ville des Naufragés était en réalité un empilement de quelques centaines de carcasses de navires. Toutes les lumières étaient allumées, devenant ainsi de petits points dans l'obscurité de la nuit.

— Regardez-moi ça, souffla Pintel à côté d'eux.

— Avons-nous jamais vu pareil rassemblement de toute notre vie ? fit Barbossa.

Mar resta silencieuse. Les petits points de lumière se reflétaient dans ses yeux grands ouverts, tels des étoiles. Jack vint alors la rejoindre.

— Ma dette vient d'augmenter, marmonna-t-il.

La brune se tourna vers lui, un léger sourire aux lèvres.

— Reste avec moi, demanda-t-elle.

— Vos désirs sont des ordres, Monseigneur.

Mar prit sa main par-dessus la balustrade.

Ils jetèrent l'ancre dans la baie, et rejoignirent la ville à bord des canots. Barbossa les guida jusqu'au hall des pirates, la grande salle des tribunaux de la Confrérie. Mar observait tout sans laisser échapper un mot. Jack la suivait de près.

Finalement, Barbossa ouvrit la réunion, frappant à l'aide d'un boulet sur la grande table.

— Étant donné que c'est moi qui vous ait convoqué, je déclare ouvert le quatrième tribunal de la Confrérie ! annonça-t-il à voix forte.

Chacun des six autres Seigneurs prirent place autour de la table. Barbossa, Jack et Mar restèrent debout. Cependant, Sao Feng n'était toujours pas arrivé.

— Afin de vérifier votre statut et votre droit à la parole, présentez-moi vos pièces de huit, camarades capitaines !

Mar interrogea Jack du regard. Ce dernier lui fit signe d'attendre. Lorsque vint son tour, Jack ne révéla rien de sa transmission de pouvoir.

— Je vous ferais remarquer qu'il nous manque encore un Seigneur des Pirates, dit-il. J'attendrai avec délice que Sao Feng nous rejoigne.

— Sao Feng est mort, annonça une voix que Mar reconnut instantanément. Victime du Hollandais Volant.

Elizabeth se tenait là, vêtue d'une tunique brodée de mille couleurs, guidant l'équipage de feu Sao Feng. Mar ne put cacher son admiration pour cette jeune femme, qu'elle n'avait pas vu évoluer. Elle se surprit à le regretter.

— Le vaisseau maudit ! intervint Dame Ching, Seigneur de l'océan Pacifique.

— Il a fait de vous un capitaine ? s'étonna Jack. C'est fou, ils donnent le titre à n'importe qui.

Mar lui lança un regard réprobateur tandis qu'Elizabeth s'approchait de la table.

— Écoutez-moi ! s'écria-t-elle, couvrant ainsi le brouhaha. Notre refuge a été découvert ! Jones obéit à Lord Beckett, et ils vont arriver.

— Où est l'homme qui nous a trahi ?? questionna le Capitaine Jocard, Seigneur Pirate de l'océan Atlantique.

— Sûrement pas parmi nous, répondit Barbossa.

— Où est Will ? demanda Elizabeth.

— Pas parmi nous, fit Jack, en écho aux paroles de Barbossa.

— Peu importe comment ils nous ont trouvé ! La question est, qu'allons-nous faire maintenant qu'ils nous ont découvert ?

— Nous allons nous battre, répondit Elizabeth, provoquant le fou rire de l'assemblée.

Mar resta de marbre. Elle savait l'affront inévitable. Il fallait simplement bien le préparer.

— La baie des Naufragés est une forteresse très bien défendue, répondit Dame Ching. Il n'y a pas de raison de se battre s'ils ne peuvent pas nous atteindre !

— Il y a une troisième option, intervint Barbossa. Jadis, en cet endroit même, le premier Tribunal a capturé la déesse des mers et l'a emprisonné sous forme humaine ! Ce fut une erreur. Ah, oui, nous avons apprivoisé l'océan, mais nous avons ouvert la porte à Beckett et ses sbires ! Et je regrette les jours où la maîtrise des mers ne dépendait pas d'extravagantes créatures, mais de la sueur d'un front et de la force des bras ! Vous savez tous que j'ai raison.

Un murmure d'approbation parcourut le Tribunal.

— Mesdames, Messieurs... Nous devons libérer Calypso.

Si un lourd silence suivit sa phrase, les premières réactions furent bien loin d'être amicales.

— Fusillez-le ! parvint-on à entendre parmi les voix.

— Coupez-lui la langue !

— Calypso était notre ennemie, elle le restera ! dit Jocard.

— Oui, souvenez-vous ce qui est arrivé au premier Tribunal juste après l'avoir enfermée ! Je doute fort que son humeur se soit améliorée depuis lors ! renchérit Francois Chevalle, Seigneur de la mer Méditerranée.

— Je ne voudrais pas qu'elle déchaîne les océans sur la Ville des Naufragés pour la deuxième fois, ajouta Jocard.

Mar tenta de dissimuler son sourire narquois. Ses yeux brillaient de la même lueur vengeresse qu'elle avait en accomplissant cet exploit. Les pouvoirs de Calypso étaient sans égal, elle avait été honoré de les utiliser en son nom.

— Je serais quand même d'accord ! contredit Eduardo Villanueva, Seigneur de la mer Adriatique.

— Vous être contre moi ? s'offusqua le Capitaine Chevalle.

— Je vous défie ! fit Villanueva en dégainant son révolver.

Il n'en fallut pas plus pour qu'une bagarre éclate sous les yeux ébahis de Mar et ses compagnons.

— C'est de la folie, souffla Elizabeth.

— C'est de la politique ! fit Jack.

— Entre temps l'ennemi approche !

— En fait il se pourrait qu'il soit déjà là, répondit Barbossa.

Sans dire un mot, Mar posa ses mains sur la table et ferma les yeux. Depuis son esprit, elle envoya aux autres l'illusion d'un violent tremblement de terre. Progressivement, tous les visages se tournèrent vers elle. Elle se redressa, chancelante, et Jack lui apporta immédiatement son soutien pour l'empêcher de s'effondrer.

— Nous perdons du temps, souffla-t-elle. Beckett approche, et nous sommes là à nous battre entre nous, alors qu'il devrait être le seul objet de notre colère ! Vous parlez de vouloir tenir un siège, mais ils finiront par nous atteindre de toute façon. Ils ont la patience nécessaire. Quant à la déesse Calypso, je comprends que vous ayez peur de sa colère, et à raison. On ne peut lui demander de faveurs, elle se déchaînera sur tout ce qui lui barre le chemin. Le premier Tribunal de la Confrérie l'a faite prisonnière, pensez-vous qu'elle sera plus clémente avec vous ?

— Mais enfin, qui êtes-vous pour oser intervenir de la sorte ?? questionna Chevalle.

La brune plongea sa main dans sa poche, et en sortit la pièce de huit que Jack lui avait légué.

— Je suis Mar, le Seigneur Pirate de la mer des Caraïbes, et mon avis compte tout autant que le vôtre, Capitaine.

Elle épingla la pièce de huit à son veston, tandis qu'un murmure abasourdi s'élevait. Barbossa lança un regard à Jack, qui répondit avec un haussement d'épaules.

— Avez-vous donc oublié ce que c'est que d'être un pirate ? reprit Mar en se redressant. Avez-vous oublié ce que c'est que de se battre pour la liberté ? Beckett veut nous priver de cette liberté, et vous comptez seulement vous terrer et attendre ? Mais que ferez-vous, une fois qu'il aura pris cette forteresse ? Parce qu'il la prendra, croyez-moi. Alors vous mourrez tous. Et il ne restera rien de ce qu'on connaît aujourd'hui.

— Que faisons-nous, alors ? demanda Dame Ching.

— Nous faisons ce que le Capitaine Swann a dit. Nous nous battons.

— Sauf que selon le Code, un acte de guerre — ce qui me paraît être le cas — doit être décrété par le Roi des Pirates, intervint Barbossa. Et que nous n'en avons plus eu depuis des années.

— Tu viens d'inventer ça, répliqua Jack.

— Ah, vraiment ? J'en appelle au Capitaine Teague, gardien du Code.

Jack se figea.

— Sri Sumbhajee proclame que tout ceci n'est que folie ! fit le porte-parole du Seigneur Pirate de l'océan Indien. Au diable le Code ! Qui-

Il reçut une balle dans la poitrine et s'écroula. Mar haussa les sourcils et leva les yeux vers la provenance de la balle.

— Le Code c'est la Loi, fit Edward Teague en soufflant sur son revolver.

Mar eut un sourire et se pencha vers Jack.

— Il t'a manqué ? murmura-t-elle.

— ... Pas vraiment.

Teague fit un geste et deux hommes affublés de longues barbes blanches apportèrent le Code, un énorme livre qui semblait peser aussi lourd qu'un boulet de canon. Ensuite, un chien semblable à celui de la prison de Port-Royal — à moins que ce ne soit le même ? — apporta les clés dans sa gueule. Le gardien du Code put ainsi déverrouiller le lourd cadenas qui protégeait le livre, et se mit à le feuilleter.

— Barbossa a raison, dit-il finalement.

Le concerné mima une révérence à l'attention de Jack.

— Il n'y a plus eu de Roi depuis des siècles ! intervint Chevalle. Il est peu probable que ça change.

— Oui, peu probable, affirma Teague avant de disparaître dans le fond de la pièce.

Mar se dressa sur la pointe des pieds pour s'assurer qu'il ne partait pas définitivement.

— Pourquoi ça ? demanda Elizabeth.

— Le Roi des Pirates doit être élu par un vote populaire, expliqua Gibbs.

— Et bien sûr, chaque pirate vote pour lui-même, ajouta Barbossa.

— Je demande un vote ! fit Jack.

— Tu n'es plus en mesure de demander quoi que ce soit, tu n'es plus Seigneur Pirate, répondit Barbossa.

Je demande un vote, répéta Mar d'une voix assez forte pour être entendue de tous.

Barbossa roula des yeux et prit son bras.

— Tu nous fais perdre du temps, grinça-t-il à son oreille.

— Je sais ce que je fais.

Comme elle s'y attendait, chacun donna son vote en faveur de sa propre personne. Mar les laissa terminer, avant de se tourner vers Elizabeth.

— Je vote pour le Capitaine Swann, annonça-t-elle avec assurance.

— Quoi ? s'étonna la jeune femme.

Mar lui offrit un sourire.

— C'est elle qui nous a mis sur la voie, alors c'est à elle que revient la responsabilité de nous conduire en guerre ! lança-t-elle en se redressant. Le Code ne peut être contesté, et le vote est terminé. Elizabeth Swann est notre nouveau Roi des Pirates !

— C'est parfait, fit Dame Ching en se levant. Quelle est votre décision, Capitaine Swann, Roi du Tribunal de la Confrérie ?

Elizabeth mit un certain temps à répondre, assimilant ce qui venait alors de se passer.

— Préparez vos vaisseaux, répondit-elle finalement. À l'aube, nous partons en guerre.

Elle fut acclamée par les Seigneurs. Mar s'approcha pour la prendre dans ses bras.

— Félicitations, lui dit-elle.

— C'est grâce à vous, répondit la jeune femme. Marnie, je dois vous dire quelque chose...

— Ça peut attendre un moment ? Je dois saluer un vieil ami.

Elizabeth la regarda, les yeux brillants, et hocha la tête.

— Bien sûr. Allez-y.

— Je vous retrouve après, promit la brune.

Mar se fraya un passage parmi tous les pirates en effervescence et avança vers le fond de la salle. Jack était déjà avec lui. Lorsque Teague la remarqua, il afficha un sourire et lui ouvrit les bras. Elle vint s'y blottir et ils échangèrent une étreinte pleine de tendre affection.

— Tu n'es pas surpris de me voir ainsi ? lui demanda-t-elle en désignant ses jambes.

— Les nouvelles vont vite, ma petite Mar, répondit-il de sa voix caverneuse. Surtout quand on leur court après. Je suis heureux de te revoir.

— Moi aussi.

— Attendez, vous vous connaissez tous les deux ? questionna Jack, à côté d'eux.

— Tu n'es pas le premier pirate que j'ai rencontré, expliqua la brune. Je suis une créature immortelle, si tu te souviens bien.

Jack la tira vers lui.

— J'espère bien être le seul pirate avec qui tu as partagé ta vie, dit-il à son oreille.

Mar eut un sourire malicieux.

— Connais-tu beaucoup de pirates qui aient eu la malchance de tomber amoureux d'une sirène, et qui s'en soient sortis vivant ? questionna-t-elle, un sourcil haussé.

Elle fit un dernier signe à Teague, qui la salua en tirant son chapeau, et elle s'éloigna. Jack la regarda partir. Son père vint le rejoindre.

— Elle n'a pas changé.

— Elle ne changera jamais, affirma Jack avec un sourire.

jsuis pas fière de ce chapitre étant donné qu'il reprend la scène du film mdr, but whatever

j'espère qu'il vous a plu :)

il reste deux chapitres + l'épilogue et ce sera la fin de cette histoire :( j'espère de tout cœur que vous ne serez pas déçu•es ou jsp mdrr, j'ai mis beaucoup d'efforts et de larmes dans cette fin :')

je vous embrasse 💓

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