༄ un

1728
Port-Royal

Lorsque Marnie se réveilla ce matin, elle fut surprise de trouver froide la place à sa droite. Elle se redressa sur ses coudes, le drap glissant sur sa poitrine nue. Elle sourit en découvrant son mari assis dans un fauteuil, en face du lit conjugal.

— Tu es bien matinal. Je sais que c'est un grand jour, mais tout de même. Pourquoi ne pas être resté au lit avec ta chère épouse ?

— Parce que la regarder dormir est tellement plus apaisant.

Marnie esquissa un sourire et s'assit, repliant ses jambes sur le côté.

— Maintenant qu'elle est réveillée, tu pourrais peut-être venir l'embrasser.

James Norrington considéra sa femme un instant avant de se lever et de la rejoindre. Il entoura sa taille d'un bras et la fit basculer sous son corps pour l'embrasser avec passion. Marnie rit contre ses lèvres. Elle posa une main contre sa joue et plongea son regard sombre sans les yeux bleus de son époux.

— Je suis fière de toi, murmura-t-elle.

— C'est tout ce qui compte pour moi.

La brune déposa un autre baiser sur les lèvres de James.

— Allons, Monsieur le Commodore, il est temps pour vous d'aller vous préparer.

— Je pensais aller prendre un bain.

— C'est bien, mon amour, l'hygiène est très importante dans la vie d'un homme.

— Et je pensais que tu aurais pu m'y accompagner.

Marnie se mordit la lèvre et écarquilla brièvement les yeux.

— Tu as besoin de moi pour te laver, mon amour ?

— J'ai toujours besoin de toi.

Sur ces mots, il souleva sa femme du lit et prit la direction de la salle de bain avec elle dans les bras. Marnie s'accrocha à son cou en riant.

⚔⚙⚔

Les deux époux Norrington déjeunèrent ensemble avant que James ne doive partir pour le Fort Charles. Marnie alla revêtir une jolie robe bleue qu'il lui avait offert pour leur dernier anniversaire de mariage.

— Je suis sûre que ça lui fera très plaisir, dit Ruth, la femme de chambre de la brune.

— Je l'espère. Il attend ce moment depuis tant de temps, il faut absolument que tout soit parfait.

— Vous mettrez votre chapeau, Madame ? Celui avec les fleurs ?

— Oui, s'il te plaît.

— J'aime beaucoup ce chapeau sur vous, Madame. On dirait une jeune fille.

— Tu insinues que je ne suis plus jeune ? questionna Marnie avec un sourire en coin.

— Oh, non, Madame. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, veuillez m'excuser.

— Ne t'excuses pas, ma douce Ruthie. Tu as parfaitement raison. Mes jeunes années sont loin... très loin.

Marnie contempla son reflet dans le miroir. Ses longs cheveux bruns tombaient sur ses épaules en boucles souples et soyeuses.

— Si je peux me permettre, vous n'avez que trente ans, Madame. Vous avez encore beaucoup de belles années devant vous.

— Encore une fois, tu as raison, répondit Marnie en jetant un regard à sa femme de chambre.

Sa peau laiteuse n'était pas encore entachée, et ses yeux étaient encore vifs, mais elle se sentait très loin de sa jeunesse. Des années de sa vingtaine pendant lesquelles elle avait vécu tant de choses. Avant que tout ne s'arrête sans qu'elle ne l'ait vu venir.

Elle avait toujours été dirigeante de sa vie, elle savait manipuler les gens à la perfection — les hommes, en particulier — pour obtenir ce qu'elle voulait, mais ce jour-là quelqu'un lui avait prouvé qu'il y avait plus fort qu'elle. Et, bien qu'elle n'ait rien à regretter de son ancienne vie en la comparant à ce qu'elle vivait aujourd'hui, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être nostalgique.

La jeune Ruth termina de la préparer avec soin, et lorsque le majordome annonça que son invité était arrivé, Marnie était prête à l'accueillir. Elle descendit les escaliers, tenant gracieusement la rampe en marbre d'une main et serrant un éventail entre les doigts de l'autre.

— Will, te voilà !

Elle s'empressa de descendre les dernières marches pour le rejoindre. Elle se dirigea vers lui d'un pas léger. Will Turner imita une révérence avec un grand sourire.

— Madame.

— Oh, je t'en prie, le réprimanda Marnie en levant les yeux au ciel. Tu sais très bien que je ne veux pas de ça entre nous.

Il se redressa et ils s'enlaçèrent avec une grande affection.

— Je pensais bien faire, plaisanta le jeune homme de vingt ans. C'est que, tu es devenue la femme du Commodore, maintenant.

— Nous nous connaissions bien avant que je ne l'épouse, idiot. Et ce n'est pas très flatteur d'être seulement "la femme du Commodore" à tes yeux.

— Tu sais que tu as toujours été plus que ça, Marnie.

La brune afficha un grand sourire. Elle salua sa femme de chambre et quitta la grande maison au bras de son ami.

— Alors, montre-moi cette épée ! lança Marnie une fois qu'ils furent dehors.

Will présenta la boîte qu'il trimballait sous son bras et l'ouvrit sous les yeux brillants de la jeune femme. Cette dernière n'attendit pas pour la prendre en main. Elle la mania délicatement et fendit l'air devant elle.

— Il va l'adorer, assura-t-elle en glissant ses doigts sur le plat de la lame. Mon cher William, une fois de plus, tu as fait des prodiges.

— Merci beaucoup. Il est vrai que j'y ai passé beaucoup de temps. Je voulais qu'elle soit parfaite.

— J'espère que tu y as au moins passé autant de temps que pour celle que tu m'as offerte, répondit la brune d'un air espiègle.

— Un peu moins, pour être honnête. Je pense sincèrement que la tienne est le plus bel ouvrage que j'aie réalisé jusqu'à maintenant. En tout cas, c'est celui dont je suis le plus fier.

Marnie plissa les yeux et esquissa un sourire en coin. Elle replaça l'épée dans la boîte et la referma doucement, avant de déposer un baiser sur la joue du jeune homme.

Marnie avait rencontré Will dès son arrivée à Port-Royal. Il était âgé de douze ans à l'époque. La brune n'avait qu'une chambre en guise de foyer, que son patron lui prêtait gentiment en échange de ses services à la taverne, mais elle y avait accueilli le jeune garçon sans hésitation aucune. Il n'y était resté que quelques semaines, avant de se faire engager par le forgeron comme apprenti. Marnie connaissait bien Mr Brown, il était l'un des plus fidèles clients de la taverne. Elle avait regretté Will une fois parti, mais avait continué à lui rendre des visites quotidiennes. Le jeune garçon avait montré des talents incroyables dans son travail, et n'était allé qu'en s'améliorant.

Une fois qu'il eut atteint l'âge raisonnable de quinze ans, Marnie lui avait appris à se battre en duel. Pour la remercier de toutes ces heures passées à croiser le fer pour l'entraîner, Will lui avait offert une épée qu'il avait forgé lui-même. Le premier outil qu'il avait réalisé entièrement seul. La lame était des plus fines, comme la pointe d'une aiguille, mais elle était tellement rigide que Marnie était persuadée qu'elle coupait la chair comme du beurre. Le manche était incrusté de magnifiques gravures que Will avait pris l'initiative d'ajouter, pour la personnaliser.

Marnie possédait cette épée depuis cinq ans, maintenant. Elle était cachée dans un coffre de son grenier, avec d'autres vieilles affaires lui appartenant. Elle espérait ne jamais avoir à s'en servir, bien qu'elle montait souvent s'entraîner contre de vieux mannequins inutilisés.

Will replaça la boîte sous son bras et tendit l'autre à son amie. Cette dernière le saisit avec un grand sourire.

— Où allons-nous, désormais ?

— Chez le gouverneur, je dois lui montrer cette épée.

— Tu es sûr que ce n'est pas juste une excuse pour revoir ta chère Elizabeth ?

— Absolument pas. Elle ne sera peut-être même pas là...

— Donc, tu y as quand même réfléchi.

— Évidemment.

Marnie posa sa main sur celle du jeune homme.

— Tu sais, je ne la connais pas vraiment... Mais-

— Je sais. Tu ne la portes pas dans ton cœur.

— ... Non, ce n'est pas vraiment ça. Évidemment, je ne me sens pas proche d'elle, mais... Je suis persuadée que tu mérites mieux.

— Je t'avais entendu, la première fois. Et je te le répète, tu te trompes sur son compte.

— Si tu le dis... soupira légèrement la brune. Je veux seulement ce qu'il y a de mieux pour toi, William.

— Je sais, Marnie. Et je te remercie pour ça. Mais je suis grand, tu sais. Je peux faire mes choix tout seul.

Marnie afficha un mince sourire. Intérieurement, son cœur venait de se serrer dans sa poitrine.

— Je le sais très bien. Mais pour moi, tu resteras toujours le petit garçon que j'ai accueilli il y a huit ans.

Will lui offrit un sourire et déposa un baiser sur sa joue.

Ils changèrent de conversation sur les quelques minutes de marche qui séparait la maison des Norrington de celle du gouverneur.

Le majordome les fit entrer dans le hall, et partit quérir le gouverneur. Will et Marnie patientèrent peu de temps avant de le voir arriver, mais cela suffit au jeune homme pour casser une chandelle accrochée au mur. Entendant le bruit résonner, Marnie se tourna vers lui et écarquilla les yeux. Will fit la grimace. La brune lui désigna un pot en ferraille juste à côté de la porte, et il s'empressa d'y cacher le désastre. Le gouverneur arriva dans la seconde qui suivit. Marnie afficha un grand sourire.

— Bonjour, Mrs Norrington, c'est un plaisir de vous voir. Vous êtes ravissante, fit Weatherbee Swann en embrassant le dos de sa main.

— Il faut au moins ça pour honorer mon cher mari, répondit Marnie avec assurance.

— Vous devez être fière de lui.

— Et encore, c'est un euphémisme. Il n'y a pas de mots pour exprimer ce que je ressens en ce jour si important.

Le gouverneur hocha la tête avec un sourire entendu, et se tourna vers Will.

— Mr Turner. Heureux de vous revoir.

— Bonjour, Monsieur, répondit le jeune homme en déposant la longue boîte sur la table ornée d'un vase débordant de fleurs. J'ai amené votre commande.

Will ouvrit la boîte et sortit délicatement l'épée, qu'il tendit au gouverneur. Ce dernier laissa échapper une exclamation d'admiration.

— C'est une lame en acier feuilleté, expliqua Will. Il y a aussi un filigrane en or sur la poignée. Vous permettez ?

Swann rendit l'épée à Will, qui déposa la lame sur son index pour tenir l'arme en l'air.

— Parfaitement équilibrée, fit-il. Et la soie est presque aussi large que la lame, ce qui la rend parfaitement adaptée.

D'un mouvement de la main, il fit tourner l'épée en l'air, avant de la tendre au gouverneur qui la saisit pour l'examiner à nouveau.

— C'est vraiment très impressionnant. Le Commodore sera très satisfait, n'est-ce pas ma chère ? fit-il en se tournant vers Marnie.

— Oh, je n'en doute pas une seconde, répondit la brune.

Le jeune homme esquissa un sourire en coin tandis qu'il rangeait l'épée dans la boîte.

— Transmettez mes compliments à votre maître, reprit Swann.

Marnie s'apprêta à répliquer, mais Will la devança.

— Je le ferai ! Un artisan aime à savoir que son travail est apprécié.

Marnie pinça les lèvres. Ses yeux se posèrent sur la magnifique jeune femme qui descendait l'escalier à son tour. Elle reporta immédiatement son attention sur Will, qui était déjà hypnotisée par la délicieuse Elizabeth Swann. La brune ne put s'empêcher de lever discrètement les yeux au ciel.

— Elizabeth, tu es absolument éblouissante ! s'exclama le gouverneur.

— Fais attention, tu as de la bave sur le menton, glissa Marnie à son ami.

Will la regarda, les sourcils froncés, avant de secouer la tête en voyant son sourire amusé.

— Will, quelle joie de vous voir ! s'exclama la jeune Swann en s'approchant. Bonjour, Mrs Norrington.

Marnie effectua une révérence polie.

— J'ai rêvé de vous, cette nuit, confia Elizabeth au jeune Will.

Marnie se cacha derrière son éventail pour s'empêcher d'éclater de rire.

— De moi ? s'étonna le jeune homme.

— Elizabeth, est-ce vraiment convenable...

La jeune Swann ignora son père.

— Du jour de notre rencontre, expliqua-t-elle. Vous vous en souvenez ?

— Comment l'oublier, Mademoiselle ?

Le pauvre semblait sur le point de s'évanouir.

— Combien de fois dois-je vous dire de m'appeler Elizabeth ? répliqua la jeune fille.

— Au moins une fois de plus, Mademoiselle... Comme toujours.

La blonde afficha un air qui pouvait être qualifié de déçu.

— Ah, tu vois ? Au moins, ce garçon a le sens des convenances, fit le gouverneur. Allons, il faut vraiment que nous partions. Mrs Norrington, vous joindriez-vous à nous pour le trajet ?

— C'est très aimable de proposer, Monsieur, mais mon cocher est déjà prêt à partir, répondit Marnie avec un grand sourire.

Elle ne se voyait surtout pas partager un voyage, ne serait-ce que pour quelques minutes, avec le gouverneur et sa tendre petite fille.

— Au revoir, Mr Turner, lança froidement Elizabeth. Mrs Norrington.

Marnie s'inclina à nouveau.

Elizabeth suivit son père à l'intérieur de leur voiture. Le cocher fit démarrer les deux chevaux gris, et Will et Marnie descendirent les marches du perron.

— Comment, en ayant été élevée par un homme aussi gentil que Mr Swann, elle peut être aussi suffisante. Tu as vu ce regard dédaigneux qu'elle t'a lancé avant de partir ?

Will ne répondit pas, suivant toujours le petit carrosse des yeux. Marnie soupira profondément.

— À quoi bon essayer de le raisonner s'il ne m'écoute même pas ? fit-elle, les yeux rivés vers le ciel. Bon, Will, il faut y aller maintenant. Ce serait très mal vu si j'arrivais avec du retard.

Le jeune homme sortit de sa torpeur et suivit son amie sur le petit chemin conduisant à sa demeure.

je suis so émue 😢

j'espère vraiment que ça vous a plu sjsjsks

j'ai envie de poster la suite directement mais je vais attendre un peu

aussi, je vous souhaite un joyeux noël, j'espère que tout s'est bien passé pour vous pendant le réveillon

et pour celleux qui ne le fêtent pas, j'espère que tout va bien pour vous aussi

peu importe ce que vous avez fait hier soir, stay safe et prenez soin de vous

je vous aime très fort

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