༄ dix-sept
— Qu'en pensez-vous ? demanda la blonde en se tournant vers son interlocutrice.
— Vous êtes magnifique, répondit Marnie, un sourire nostalgique aux lèvres.
Elizabeth, remarquant son air préoccupé, s'approcha pour prendre sa main.
— Merci d'être là pour nous, dit-elle avec sincérité. Will n'a jamais eu autant besoin de votre présence, et je vous suis pleinement reconnaissante d'être restée malgré tout.
— Je ne peux pas l'abandonner... Il est tout ce qui me reste, répondit Marnie en baissant les yeux vers son alliance.
Elizabeth, prise d'un élan de compassion, l'entoura de ses bras. Bien que très surprise au premier abord, Marnie se laissa faire.
— Vous ne devriez pas faire ça, ma belle, dit-elle tout de même. Je risque de tâcher votre robe avec mes larmes.
— Oh, ce n'est que du matériel, répondit la blonde en haussant les épaules.
Elle se mordit la lèvre, hésitante.
— Je... Je voulais que vous sachiez que je vous admire beaucoup. Vous êtes la femme la plus solide que je connaisse, et... Je suis heureuse de vous avoir dans mon entourage.
Marnie afficha un air visiblement ému.
— Il en va de même pour vous, assura-t-elle.
Elizabeth lui fit un grand sourire et lâcha sa main pour retourner à sa préparation. Marnie la regarda voltiger dans la pièce, et se surprit à repenser à son propre mariage, il y a huit ans de cela. Elle était tout aussi excitée et angoissée que la jeune Swann. Mais d'aussi loin qu'elle se souvienne, c'était sans aucun doute le plus beau jour de sa vie. Aucun mot, aucune émotion ne saurait retranscrire ce qu'elle avait ressenti ce jour-là, lorsqu'elle s'était retrouvée devant James, et lorsqu'ils avaient prononcé leurs vœux. Repenser à lui lui donnait envie de pleurer.
— Elizabeth, je suis désolée... Je vais devoir rentrer, lança-t-elle.
La jeune fille fit passer sa tête par-dessus le paravent, montant sur la pointe des pieds.
— Tout va bien ?
— Oui, oui... J'ai seulement promis à Ruth de rentrer pour le souper. Le soleil commence à se coucher, dehors.
— Oh, déjà ? Mon Dieu, je n'ai pas vu le temps passer...
Elle passa une robe de chambre et rejoignit Marnie.
— Bon, alors j'espère vous voir demain ?
— Je passerais vous voir si je ne suis pas trop occupée, c'est promis. Mais Will viendra avec certitude.
— Très bien. Merci encore pour m'avoir consacré autant de temps... Marnie.
— C'est bien normal, répondit la brune avec un sourire. Bonne soirée, Elizabeth.
La blonde hocha doucement la tête. Marnie quitta la pièce et descendit dans le hall principal. Elle jeta un œil des deux côtés, et salua le majordome qui attendait près de la porte.
— Vous direz au Gouverneur que je suis rentrée chez moi.
— Très bien, Madame.
— Merci, Jonathan. Passez une bonne soirée.
— Vous de même, Madame.
Marnie revêtit son châle et quitta la grande maison des Swann. Elle marcha jusque chez elle dans les derniers rayons du soleil. Un réflexe, développé depuis peu, l'obligea à tourner la tête vers l'océan, qui s'étendait à quelques kilomètres en contrebas de sa maison. Elle ne s'attendait pas à apercevoir quelque chose, mais elle sentit néanmoins son cœur se briser un peu plus. Elle entra chez elle avec les larmes aux yeux.
Elle s'installa dans le petit salon et s'adonna à une lecture peu passionnante en attendant l'arrivée de Will, qui tarda un peu. Il toqua deux coups brefs à la porte avant d'entrer.
— Bonsoir, Marnie.
— Will ! Te voilà enfin, s'exclama la brune en se levant.
— Excuse-moi d'avoir traîné, mais je suis passé voir Elizabeth.
Marnie fronça les sourcils.
— Rassure-moi, tu n'as pas vu sa robe ?
— Non, non... répondit Will, amusé. Elle m'a seulement parlé de toi.
— De moi ? répéta Marnie, étonnée.
— Oui... Elle m'a confié qu'elle s'inquiétait. Tu parais très préoccupée, ces derniers temps.
Marnie détourna ses yeux du visage du jeune homme.
— Je sais que c'est difficile, Marnie... Je suis désolé de ne pas pouvoir t'apporter plus.
— De quoi parles-tu, Will ? questionna la brune en affichant un sourire éclatant. Tout va très bien. Je suis un peu fatiguée, c'est tout.
— ... Tu n'es pas obligée de faire semblant avec moi, tu le sais.
— Écoute, William, tu te maries la semaine prochaine. C'est de ça dont tu dois t'occuper. Tout ira bien pour moi, je t'assure.
— Arrête, Marnie ! Tu me mens, et pire encore, tu te mens à toi-même. Tu ne peux pas m'obliger à fermer les yeux sur ton malheur.
— Que veux-tu que je te dise ? répondit Marnie en plissant les yeux. Oui, je vais mal ; oui, James me manque horriblement ; et oui, je pleure tous les soirs depuis qu'il est parti. Mais je n'ai pas le droit de m'apitoyer sur moi-même. Il y a des choses beaucoup plus importantes, comme ton mariage, dit-elle en appuyant sur le torse du jeune homme. Alors cesse de t'inquiéter pour moi, je t'en prie.
— Marnie...
— Non, William. Si tu continues, je te promets que je vais me mettre en colère.
Le jeune homme soupira.
— Très bien... Comme tu voudras.
Marnie le remercia d'un hochement de tête.
— Ruth ne va pas tarder à annoncer
le dîner. Tu ferais mieux d'aller te rincer le visage.
Will acquiesça et quitta la pièce. Marnie resta debout au milieu du petit salon, la tête basse. La lumière du soleil couchant découpait son ombre maussade sur le plancher.
Après le dîner, la brune s'isola dans sa chambre. Comme tous les soirs, elle ouvrit le tiroir de sa table de nuit et en sortit la feuille jaunie recouverte de l'écriture de son époux. La dernière lettre qu'il lui avait laissé avant de partir.
Après avoir laissé Jack s'éloigner sur le Pearl, il y a presque un an de cela, James n'avait pas renoncé pour autant à le retrouver. Il s'était lancé à sa poursuite avec l'Intrépide. Marnie avait tout fait pour l'en dissuader. Ils avaient longtemps bataillé à ce propos. Elle trouvait stupide son entêtement, et maintenait qu'il ne parviendrait jamais à l'avoir. Elle souhaitait qu'il reste avec elle, pour rattraper le temps qu'ils avaient perdu en étant séparés. James avait soutenu qu'il serait revenu plus vite qu'elle ne le pensait. Il avait eu raison. Malheureusement, il était revenu seul.
Aux abords de Tripoli, lui et son équipage avaient été pris dans un ouragan. Il fut le seul à s'en tirer vivant. Revenu à Port-Royal, il avait présenté sa démission au Gouverneur et lui avait rendu son épée. Il avait pour projet de partir, pour éviter l'humiliation que valait sa défaite. Il tenta de convaincre Marnie de l'accompagner. Mais la brune n'avait pu le suivre. Elle devait rester auprès de William. Le jeune homme planifiait déjà de se marier avec Elizabeth, et Marnie se devait d'être présente pour lui, comme elle l'avait toujours été.
Ça n'avait pas empêché le départ de James. Ni le chagrin de Marnie, qui relisait cette lettre tous les soirs depuis qu'il l'avait abandonné.
Mon Amour,
Je suis désolé. Je ne peux pas me permettre de t'accabler du poids d'être mariée à l'homme tombé en disgrâce à cause d'une erreur. Je préfère m'éloigner quelques temps, et me faire oublier.
Lorsque je reviendrais, ce sera pour te rendre fière à nouveau. J'espère simplement que tu voudras toujours de moi quand ce jour arrivera. Ne culpabilise pas si ce n'est pas le cas. Je ne t'en voudrais pas. Mais j'ai besoin de prendre de la distance pour repartir sur le bon chemin.
Je t'aime, Marnie. Je t'aimerais toute ma vie. Et je reviendrai. Je te le promets.
James.
Mais il n'était pas revenu. Et Marnie commençait à perdre espoir. Même si elle essayait de la chasser, une triste réflexion lui revenait sans cesse à l'esprit. Le don de Calypso ne la rendait pas plus heureuse. Toutes les personnes qu'elle aimait finissait par l'abandonner. Et elle se retrouvait seule, comme elle l'était déjà avant.
Elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire avec désespoir que c'était probablement le destin qui lui était réservé.
j'espère que ça vous a plu, même s'il se passe pas grand-chose et qu'il est pas fou mdrr
je reprends les publications hebdomadaires, tous les mercredi :) j'espère que ça me laissera le temps d'avancer sur la troisième partie hehe
en attendant je vous embrasse 💛
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