༄ deux
Les tambours résonnaient dans toute la cour du Fort Charles tandis que les Royal Marines défilaient au centre. Marnie remercia Ruthie de lui avoir fait penser à mettre son chapeau, car le soleil cognait particulièrement fort. Elle s'éventait doucement en observant la chorégraphie bien calculée des hommes en costume rouge. Son cœur bondit dans sa poitrine lorsque James apparut à l'autre bout de la cour. Elle replia son éventail et se redressa, affichant un air supérieur et un sourire rempli de fierté.
— Présentez armes !
Les Royal Marines tendirent leur baïonnettes devant eux, et James traversa la cour, le menton levé. Lorsqu'il passa devant Marnie, celle-ci lui adressa un clin d'œil complice. Le Commodore réprima difficilement son sourire.
Marnie n'attendit pas longtemps après que la cérémonie soit terminée pour s'éloigner de la foule. Elle monta quelques marches pour avoir une vue d'ensemble sur la cour et attendit que James vienne la rejoindre. Ce dernier était en grande conversation avec le gouverneur, mais aperçut rapidement le regard brun de sa femme fixé sur lui. Il s'excusa auprès de Mr Swann, s'inclina légèrement et s'éloigna. Marnie le regarda s'approcher avec un grand sourire et se jeta à son cou aussitôt qu'il eut posé le pied à son étage. Elle l'embrassa passionnément
— Tu es si beau ! s'écria-t-elle dès qu'elle eut mit fin au baiser. Par Neptune, comment est-ce possible d'être aussi beau ?
James laissa échapper un rire nerveux.
— Je suis bien obligé si je veux faire honneur à la magnifique femme que tu es.
Marnie sourit et l'embrassa à nouveau.
— Cette robe te va à merveille, mon amour.
— C'est parce que tu me l'as offerte que tu dis ça ? demanda malicieusement la brune.
— Je dois dire que je suis plutôt fier de moi.
Marnie eut un sourire en coin.
— Tu sais, moi aussi je trouve ton nouveau costume très beau... Mais je n'ai qu'une envie, c'est de te l'arracher au plus vite, murmura-t-elle à l'oreille de son mari.
— Marnie... Pas ici, voyons, rougit le Commodore.
— Je plaisante. Je patienterais. Mais... pas trop longtemps, quand même.
Ils s'embrassèrent une dernière fois avant de redescendre parmi le reste des invités.
Marnie le laissa vadrouiller seul un moment, et s'occupa de tenir une conversation polie avec d'autres gens de la haute société qu'elle était désormais habituée à côtoyer. Peu de gens savaient qu'elle avait travaillé dans une taverne avant d'épouser James, mis à part sa chère Ruthie et le gouverneur, ainsi que sa fille. Cette dernière semblait d'ailleurs s'ennuyer à mourir. Marnie, sans doute guidée par la présence spirituelle de Will, la surveillait du coin de l'œil. Elizabeth semblait terriblement mal à l'aise, et la brune ne sut deviner si c'était à cause de l'ambiance assommante de la cérémonie, ou toute autre chose qui pourrait la déranger. Marnie se surprit à froncer les sourcils, légèrement inquiète, avant de reporter son attention sur la femme richement vêtue qui s'obstinait à tenir une conversation superflue au sujet du commerce de son mari. Marnie n'écoutait que d'une oreille, et finit par poser une main douce sur le bras de son interlocutrice.
— Excusez-moi, très chère, il faut que j'aille retrouver mon mari.
Elle accompagna cette réplique d'un de ses sourires hypocrites dont elle avait le secret, et la femme hocha la tête.
Marnie s'éloigna et s'autorisa un léger soupir. L'aristocratie était d'un terrible ennui.
Elle chercha James pendant quelques minutes parmi la foule. Finalement, il la retrouva le premier.
— Combien de temps sommes-nous obligés de rester ? demanda-t-elle à son époux en rajustant son col.
— Aussi longtemps qu'il le faudra, mon amour. Je te rappelle que c'est une cérémonie en mon honneur.
Marnie se blottit contre lui, la tête posée contre son épaule.
— Je sais... Mais il fait une chaleur insupportable.
— Je te conseille de rester à l'ombre.
James déposa un long baiser sur son front. Marnie ferma les yeux et inspira son odeur à pleine narines. Elle l'aimait peut-être encore plus que celle de l'océan.
Soudain, un cri strident vrilla ses oreilles. Elle ouvrit brusquement les yeux.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?? fit-elle, paniquée.
James ne semblait pas en savoir plus.
— La fille du gouverneur est tombée !! s'écria un Royal Marine en désignant les remparts du Fort.
Aussitôt, une petite foule se précipita au bord.
— Quand je parlais de chaleur insupportable, je n'incitais personne à aller faire trempette... marmonna Marnie.
James et elle se frayèrent un chemin sur le bord du rempart où Elizabeth avait, apparemment, chuté. Un tourbillon blanc agitait l'eau en bas. Il n'y avait aucun doute possible. Marnie tira James en arrière.
— Il faut descendre sur le ponton !! dit-elle. C'est trop dangereux de plonger ici.
James hocha la tête. Ils s'élançèrent dans le chemin conduisant jusqu'en bas. Marnie courait tant bien que mal avec les plis de sa robe entre les mains. Lorsqu'ils arrivèrent sur le ponton, deux Royal Marines avaient déjà remonté la fille du gouverneur. Il y avait un troisième homme, que James et le reste de ses hommes pointèrent immédiatement de leur épée. Sa silhouette était beaucoup trop familière pour Marnie, dont le visage se crispa de colère.
— Qu'est-ce que tu viens faire ici, Jack ?? aboya-t-elle.
L'homme posa ses yeux sur elle. Aussitôt, un sourire apparut au coin de ses lèvres.
— Je devrais te retourner la question, lança-t-il.
— Ah, parce que tu pensais vraiment que j'allais rester là où tu m'avais lâchement abandonné ? répliqua Marnie avec hargne.
— En vérité, je me demande plutôt ce que c'est que cette... tenue, fit Jack, son regard traînant sur le décolleté évident de la brune.
Celle-ci ne broncha pas. James se posta devant elle.
— Détournez vos yeux de ma femme, dit-il fermement.
— Ah ! Alors comme ça, tu t'es mariée ? fit-il à l'intention de Marnie. Félicitations ! J'aurais aimé recevoir une invitation, ça devait être grandiose.
Marnie pinça les lèvres sans répondre.
— Arrêtez de parler pour ne rien dire, ordonna James.
— Commodore, tuez cette homme, fit le gouverneur Swann.
Marnie dut se faire violence pour ne pas répliquer.
— Non, Père ! intervint Elizabeth. Avez-vous l'intention de tuer l'homme qui m'a sauvé ?
James échangea un regard avec le gouverneur, puis posa ses yeux sur sa femme. Cette dernière regardait fixement devant elle. Ses yeux lançaient des éclairs.
Le Commodore finit par abaisser son épée, suivi par ses hommes. Il tendit ensuite sa main à l'homme aux longues dreadlocks.
— Des remerciements s'imposent.
Jack avança une main hésitante. James fit mine de la lui serrer, mais la tira vers lui et remonta sa manche. Un P avait été marqué au fer rouge sur la chair de son poignet.
— La Compagnie des Indes vous a laissé un souvenir cuisant... Pirate.
Marnie fronça les sourcils, essayant de masquer son malaise.
— Qu'on le pende ! ordonna le gouverneur Swann.
La brune afficha un air effaré.
— Gardez-le en joue, fit James à ses hommes. Gillette, apportez-moi des fers !
L'officier obéit immédiatement. James remonta un peu plus la manche de son nouveau prisonnier. Il y découvrir un tatouage représentant un oiseau, volant au-dessus de la mer, les ailes grandes ouvertes devant le soleil. Marnie ferma les yeux et prononça un juron inaudible. James se tourna lentement vers elle.
— Je connais ce tatouage, dit-il d'une voix blanche.
— James, je...
— Quel est le nom de ce pirate ? Tu le connais, n'est-ce pas ?
— Attends, laisse-moi-
— Son nom, Marnie !
La brune déglutit. Rares étaient les fois où James haussait la voix.
— Sparrow. Capitaine Jack Sparrow. Mais, James...
L'intéressé se tourna vers le pirate.
— Capitaine, n'est-ce pas ? Je ne vois pas votre navire.
James tentait de se montrer narquois, mais les vibrations dans sa voix ne trompaient pas Marnie, qui le connaissait mieux que personne. Elle resta silencieuse.
— Je suis sur le marché, depuis peu.
— Il a dit qu'il venait en réquisitionner un ! intervint l'un des Royal Marines chargé de surveiller le ponton.
— Et ça, c'est à lui, Monsieur ! dit l'autre en tendant les effets de Jack au Commodore.
— Pas de balles en réserve, pas de poudre... énuméra James en inspectant les objets. Un compas qui n'indique pas le nord...
Marnie fut parcourue d'un léger frisson. Elle se rappelait parfaitement de ce compas. Jack tourna brièvement ses yeux vers elle. Elle pinça les lèvres.
— Et je m'attendais presque à une épée en bois, termina James, moqueur. Vous êtes sans nul doute le pirate le plus affligeant dont on m'ait parlé.
— Au moins, on vous a parlé de moi, répliqua Jack.
Marnie réprouva un sourire. Jack lui adressa un clin d'œil discret, qui cependant n'échappa pas au Commodore. Ce dernier empoigna fermement le pirate et l'entraîna de l'autre côté du ponton, où Gillette lui passa les fers.
— Attendez ! s'exclama Elizabeth en se postant devant lui. Pirate ou non, cet homme vient de me sauver la vie !
— Une bonne action ne rachète pas une vie de perversité, lui répondit James.
— Mais ça suffit pour le condamner, intervint Jack.
Marnie secoua la tête, le dissuadant de jouer avec le feu.
— C'est exact.
Jack attendit qu'on s'éloigne de lui pour passer la chaîne de ses fers autour du cou d'Elizabeth. Marnie étouffa un cri.
— Ne tirez pas ! s'exclama le gouverneur.
— Je savais qu'on se comprendrait, fit Jack, un sourire aux lèvres. Commodore, mes effets je vous prie ! Et mon tricorne.
James hésita. Marnie, elle, réagit immédiatement. Elle saisit le pistolet de Jack dans les mains de l'officier, et arma le chien. Elle pointa le canon sur Jack, qui esquissa un sourire.
— Tu vas me tuer, Mar ?
— Tu sais très bien que j'en suis capable. Et ne m'appelle pas comme ça.
Ses mains tremblaient. La colère avait pris le dessus sur toute autre émotion, mais ses yeux brillaient de larmes.
— Oh, allez... Nous sommes de vieux amis. Réfléchis bien.
— Marnie... appela James d'une voix étonnement douce. Marnie, pose ça, je t'en prie. Tu pourrais blesser Mademoiselle Swann.
— Écoute ton tendre époux, ma beauté, fit Jack.
James lui lança un regard noir, avant de reposer ses yeux sur sa femme.
— Marnie... Donne-moi ça, s'il te plaît.
La brune daigna enfin tourner son visage vers lui. Elle ravala ses larmes et baissa l'arme à feu. James la lui prit doucement des mains et tendit le tout à Elizabeth, qui s'occupa de tout restituer à Jack.
— Chers amis, ma chère Mar, Milady... Que cette journée demeure celle où vous avez failli capturer le Capitaine Jack Sparrow !
Marnie était encore sous le choc lorsque ce dernier réussit à s'échapper. Elle ne sut réagir. James ordonna à ses hommes de le retrouver avant le crépuscule. Après quoi, il raccompagna sa femme chez eux.
j'espère que ce chapitre vous a plu 💛 je sais que les événements s'enchaînent assez vite, mais je trouvais ça inutile de vous faire attendre mdrr
aussi, je vous souhaite une merveilleuse année 2020 et plein de bonheur et de réussite pour la décennie à venir, vous le méritez ❤
je vous embrasse ❤
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top