1.2 : Les secrets du passé.

La nuit fut courte. Bien qu'il ait réussi à dormir, il resta éveillé un long moment, puis il sombra dans un sommeil sans rêve. Son corps avait juste besoin de se reposer. Il se leva en même temps que le jour. Il ne pouvait cependant pas aller trop vite car l'Institut n'ouvrait qu'à neuf heures. 

Les minutes étaient tellement longues, l'appartement était vide et silencieux. D'ordinaire, Octoboy aurait été soit en train de préparer le petit déjeuner dans la cuisine, soit il serait encore dans le lit en train de dormir profondément. Mais pour seule présence, Evil n'avait que ce silence assourdissant. La vie avait quitté cet endroit si chaleureux il y a encore quelques jours. L'absence de l'Octarien était insupportable pour lui. Plus il regardait sa montre, et plus le temps semblait s'étirer, c'était comme si les aiguilles remontaient le temps à mesure qu'il s'écoulait. 

Et les larmes finirent par couler. C'était la seule chaleur qu'il pouvait sentir sur sa peau désormais. Alors il laissa les petites gouttes salines dévaler les sillons humides laissés par les précédentes. A chaque passage, c'était un peu comme si Octo le caressait encore une fois. La culpabilité était trop forte, il se leva brusquement et envoya voler la table sur laquelle il était effondré quelques secondes plus tôt. Il laissa échapper un cri de rage libérateur. Des coups ne tardèrent pas à se faire entendre. "Que les voisins aillent se faire foutre !".

Hors d'haleine, il ne restait plus que du désespoir en lui. Huit heures trente, il est l'heure de se mettre en route et quitter le mausolée de cette ancienne vie de bonheur à jamais perdue. Tant pis pour la table, cela attendrait. Cette matinée allait être cruciale pour les plan du vidéaste. 

Une fois les portes franchies, Evil savait parfaitement où se rendre. L'institut Shellendorf était constitué de plusieurs galeries contenant des œuvres et vestiges de tout temps. La Galerie des Abysses abritait une fresque, assez discrète, éprouvée par le temps, et très ancienne, elle représentait une scène que l'on ne pouvait pas discerner clairement, mais quelques mots en séphaloméen, première langue primitive apparue, apparaissaient. Evil se demandait s'ils n'étaient pas passés à côté de quelque chose lorsque les scientifiques avaient découvert cette fresque. Non, rien. 

Cependant, ce qui mit la puce à l'oreille du jeune Inkling, c'était le petit écriteau de présentation : Fresque ancienne datant du 10ème siècle avant la Montée des Eaux, représentant probablement la première divinité de ce monde. Le mauvais état de la pierre ne permet pas de l'affirmer avec précision. Il s'agit d'une variété de pierre très rare à Chromapolis, mais très répandue dans la région où fut découverte cette fresque, le Désert Galère.

Un détail retenait l'attention d'Evil. Il pouvait distinguer une sorte de forme, de silhouette, très effritée, mais une sorte de trou très prononcé était visible, comme si la silhouette tenait une sorte de boule dans la main, matérialisée par cet espèce de trou. A cet instant précis, il sut ce qu'il devait faire ensuite : une seule personne avait exploré cette région autrefois aride et dangereuse. La Montée des Eaux avait totalement recouvert le désert, à l'exception d'un petit mont de sable. 

Lorsqu'il arriva devant la vieille bicoque, Evil ressentit une pointe de nostalgie. La dernière fois qu'il était venu ici, c'était il y a des années. Le vieux briscard était là, assis, sa canne en bambou posée sur ses genoux. Evil s'installa à ses côtés, sur le banc, mais resta silencieux. Une aura solennelle se dégageait du grand-père, bien usé par le temps, mais qui semblait plus en forme que jamais.

"Cela faisait longtemps que tu ne m'avais pas rendu visite, petit.

- C'est vrai. Répondit Evil.

- Je sais ce qui est arrivé au p'tit Octarien, ton ami. Je suis désolé, c'est toujours horrible de perdre de si bons combattants pour de vilaines causes."

Evil ne répondit pas, il avait envie de se lever, hurler, bousculer le vieux, pleurer. Mais il se retint, comme si la main invisible de son amour perdu l'en empêchait. 

"Mais il est mort en héros. Son sacrifice a réussi à terminer ce que j'ai commencé il y a bien trop longtemps.

- Amiral... Commença Evil.

- Oh, arrête donc avec les formalités, petit. Tu sais à quel point je déteste cela."

Evil ne le savait pas, car il l'avait toujours appelé de la sorte. La remarque de Macalamar le fit sourire bien malgré lui. 

"Alors, pourquoi es-tu venu ? Pas par simple courtoisie, je présume ? Ajouta-t-il avec un air malicieux.

- Vous avez raison, Macalamar. J'ai besoin d'un renseignement. 

- En espérant que ma vieille tête saura satisfaire ta requête !

- Vous êtes le seul être encore en vie à avoir visité le Désert Galère... Pouvez-vous m'en dire plus sur cet endroit ?

- Ah... Le Galère, quelle galère ! (Le grand père rigolait, d'un rire innocent, presque naïf). Cette zone était infestée de Salmonoïdes lorsque j'y suis allé. Ils ont dû migrer depuis le temps, cet endroit est perdu au milieu des océans, bien trop éloigné des terres peuplées. 

- Justement, Macalamar, je suis venu pour cela. Pouvez-vous m'indiquer où il se trouve ? Demanda Evil.

- Non. Je ne peux pas. Fut la réponse de l'Amiral.

- Mais, Macal...

- N'insiste pas, EvilSquid, je t'ai dit non ! Tu n'y trouveras rien là bas, j'y suis allé, et je suis revenu bredouille. Si la pêche n'était pas bonne pour moi, je ne vois pas pourquoi elle le serait pour toi.

- Macalamar, je vous en supplie, je dois m'y rendre, même si c'est pour me heurter au néant. L'implora Evil.

- Dis-moi, pourquoi veux-tu y aller ?

- Pour explorer la zone...

- Pourquoi veux-tu réellement y aller ? Reformula Macalamar.

- Pour... pour trouver une sorte d'objet."

La mine qu'arborait Macalamar changea de l'agacement à la panique. Il venait de comprendre qu'Evil en savait beaucoup plus qu'il ne le laissait entendre, et cela l'inquiéta immédiatement. Ce n'était pas possible, avait-il été si négligeant dans sa tâche ? 

"Dis-moi tout de suite ce que tu sais. L'intima l'amiral.

- Je sais tout, Macalamar. Vos récits de voyage, gardés dans la réserve de l'Institut Shellendorf. 

- Comment y as-tu eu accès ? Seuls les...

- ... les personnes très influentes y ont accès. Oui. Et j'ai su lire entre vos lignes, Amiral. Lui répondit Evil.

- Héritage interdit, dans son écrin scellé... Commença Macalamar.

- ... protecteur de l'infini, modifie sa course effrénée. Il s'agit de cette boule, sur la petite fresque, dans le coin de la Galerie des Abysses, n'est-ce pas ? J'en ai besoin. Je vous en supplie... Implora Evil.

- Tu as toujours été si vif d'esprit, mon petit. Aucune énigme n'était trop compliquée pour toi, aucun détail n'échappait à ton esprit affûté. Je devais l'écrire, pour ne pas oublier, mais ce secret est beaucoup trop lourd... Je suis navré, Evil, je ne peux pas t'aider, j'ai fait le serment de garder le secret jusqu'à ma mort. 

- Macalamar, vous êtes mon ultime espoir. Si je n'entreprends pas cette expédition, même si c'est un échec, je deviendrais fou. Evil perdait son calme, ses émotions prenaient le dessus.

- Je ne peux pas t'aider... (Il soupira, puis sortit un objet de sa poche intérieure) Mais lui, le pourra... Je suis trop vieux pour ces responsabilités... Tiens, prends-le, et lis-le. (Evil tend sa main pour saisir l'objet, Macalamar marqua une pause, son expression était grave.) Surtout, promets-moi de le lire entièrement avec toute la sagacité que l'on te connaît. Ce que contient ce carnet ne doit tomber entre aucune autre main. Tu dois me jurer que tu suivras à la lettre tout ce qu'il y est écrit. 

- Oui...

- Jure-le moi, notre avenir... ou plutôt, notre passé en dépend. 

- Je vous le promets, Macalamar.

- Eh bien, maintenant, pars... Oh, inutile de te dire d'être prudent. Et n'oublie pas, lorsque l'on croit le problème sans solution, il faut savoir s'accorder un peu... de temps..." Conclut l'amiral sur un clin d'œil à la fois complice et préoccupé.

Evil prit congé du vieux briscard. Il s'autorisa à jeter un coup d'oeil au précieux carnet, et sa surprise fut de taille lorsqu'il découvrit son propriétaire originel : Le "Général Octave". 

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