Jour 9 : Oscillations

Tic.

J'inspire profondément.

Tac.

J'oublie d'expirer alors que mes épaules et ma gorge se crispent une fois de plus.

Tic.

Je vois mon reflet dans le cuivre brillant de mon mélophone.

Tac.

Et ce que je vois est triste à voir.

Tic.

Mes cheveux sont en bataille, mes lèvres, rouges et trop charnues de m'être obstiné. Sans compter mon regard de chien battu et désespéré.

Tac.

J'éteins alors brusquement le métronome. Avec toute la rage s'étant accumulée durant la dernière demi-heure.

Je suis un virtuose bordel !

Et depuis ce matin, aucun son ne sort...

J'ai un solo à jouer au concert militaire de la région demain, et aucun. Son. Potable. Ne. Veut. Sortir.

Je connais ma partition par cœur, mon corps connaît chaque mouvement à la perfection, mes doigts et pistons sont impeccablement huilés, mon oreille est familière à la justesse de ma mélodie.

Mais.

Rien.

Alors je respire profondément, va boire un immense verre d'eau et tente de me calmer.

Je suis un professionnel. Je vais y arriver.

Pour cela, je dois tout reprendre depuis le début.

Je relance le métronome, à un tempo légèrement réduit : si je peux le jouer lent, je peux le jouer vite.

Mon bon vieux métronome à l'ancienne.

Tic.

Et son oscillement à la fois rassurant et galvanisant.

Tac.

Rendant le silence entre chacun de ses battement d'une lourdeur catalysante.

Tic.

Mon vieux métronome et son bruit d'horloge.

Tac.

Je me concentre et ferme les yeux. De toute manière cette musique est ancrée dans ma chair pas dans la partition.

Tic.

J'inspire.

Tac.

Je souffle.

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