Jour 4 : Geler

Chaque pas est un peu plus dur, mais je ne peux pas m'arrêter. Ou la mort viendra me chercher.

J'ai promis à mon homme que je serai présent pour cette nuit si particulière. Sur ces terres où notre amour est prohibé, nous ne pouvons nous voir que lors de ces virés au chalet qu'il possède, là bas tout là haut. L'ascension est longue, mais normalement paisible. Quelle idée d'avoir maintenu ce rendez-vous malgré la tempête ?

Il est là haut, coincé, et même s'il est au chaud de la grande cheminée, il n'est pas équipé pour survivre là bas plus de deux jours, et la tempête ne va pas être si courte sur les altitudes. Aucun moyen de communiquer non plus, on veut pouvoir se retrouver seuls...

Je commence à ne plus sentir mes mains alors que je m'agrippe à un rocher pour ne pas me faire emporter par une bourrasque glacée. La neige tombe en telle quantité que je ne vois pas à deux mètres. Les épaix flocons blancs s'accumulent sur mes vêtements, mon sac, le peu de peau à l'air libre, dans l'espoir d'échapper à l'emprise du vent. Mon cœur bat à toute vitesse pour tenter de compenser les efforts que nécessitent chaque mouvement.

Mon amour, mon amant, je ne peux pas le laisser là-bas. Il a une famille auprès de qui me cacher, mais une famille à qui il manquerait. Moi je n'ai que lui, ni femme ni enfants, personne pour m'enterrer, personne pour me pleurer, à part, Lui. C'est pour ça que cela m'est égal de mettre en danger ma vie si c'est pour sauver la sienne et la sérénité de ses proches.

Et soudain, je tombe.

Mon buste et mon visage s'enfoncent brusquement dans la poudreuse alors que je devine quelque chose de dur contre une de mes jambes. Mais, malgré le choc, et malgré cette étrange sensation de chaleur poisseuse se rependant dans le tissus de mon pantalon, aucune douleur.

Le froid m'étreint et m'ôte toute force de me relever. Je peine à respirer.

Je ne vois que son visage dans mon esprit, ne pense qu'à ses baisers. Il me semble que je pleure mais mes larmes sont gelées.

Puis, je deviens incapable de contrôler la moindre partie de mon corps.

C'est la fin, c'est la fin, c'est la fin, et je n'arrive à penser qu'à lui, qu'à nous, et qu'à ce mot.

La fin.

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