Jour 13 : Cendre

Mes pieds traînent la poussière qui forme de petits nuages éphémères autour de mes chevilles nues. Chaque pas est un combat. Je mène une marche décharnée.

Chacune de mes articulations est douloureuse ; les poches sous mes yeux sont si importantes qu'elle semblent me déchirer le visage ; mes entrailles crient, elles veulent être rassasiées ; ma peau semble être un vêtement trop étroit pour mon squelette dont on voit la moindre aspérité tant je suis maigre ; on entend ma respiration à plusieurs mètres, si on peut appeler ça une respiration et non un râle.

Quelqu'un passerait par là, qu'il me prendrait très certainement pour un fantôme ou un monstre. Mais certainement pas pour un homme. Le suis-je au moins encore ?

Soudain, une bourrasque soulève la couche fine répandue sur le sol. Cela vient chatouiller mes narines et mon visage.

Je m'arrête. Ce n'est pas de la poussière, ce sont des cendres. Je baisse les yeux et regarde mes paumes semi-ouvertes vers le ciel, elles sont noires d'avoir passé tant de temps dans ce champ de mort.

Alors, je sens mon corps partir en arrière, raide. Mes yeux voient le paysage passer de l'étendue sale au beau bleu profond du ciel immaculé. Depuis combien de temps mes yeux n'avaient pas regardé vers la liberté ? Avant que je ne m'en rende compte je suis étendu au sol, incapable de bouger. Le peu de force qui me restait a disparu.

Toutes mes plaies se sont rouvertes sous le choc de la chute que je n'ai pas senti, et se mettent à saigner. Je suis surpris qu'il reste du sang dans le tas de d'os et de peau que je suis.

Et alors qu'autour de moi, telle une fleur toxique, se forme une pâte sombre et gluante, moitié sanglante moitié cendrée, j'entends plus que je ne vois, un avion militaire passer à toute vitesse dans les cieux. Instinctivement, je veux me protéger le visage de mes bras mais je reste inanimé au sol. Un bout de mon esprit se dit que ce n'était peut-être qu'un oiseau.

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