Jour 11 : Neige

J'ai froid.

C'est la seule chose à laquelle mon esprit arrive à penser : je veux ses bras pour me réchauffer. Je suis recroquevillé dans le canapé, mes doigts crispés autour de ma montre. Cela fait trois heure qu'il aurait dû être arrivé.

La grande cheminée, crachant des flammes qui se veulent rassurantes dans cette tempête, ne parvient pas à me réchauffer.

On a pas le droit de s'aimer chez nous. Je suis marié et nous sommes des hommes.

Je m'en suis souvent voulu de tromper ma femme. De mentir à mes enfants. Mais je ne veux pas les abandonner, ni me forcer à nier mes sentiments. Ma femme et mon amant sont les deux personnes à qui je tiens le plus au monde, et il m'est impossible de faire cohabiter ces deux parties de ma vie.

Quelle vie dites moi. Être amoureux de deux personnes. Un homme et une femme. En même temps.

Et voilà, maintenant je rumine sur mes problèmes.

Je me lève, mets le plaid sur mes épaules, et me fais un café, bien noir, avant d'aller m'installer près de la fenêtre à côté de la porte d'entrée.

Là, seule la neige me contemple.

Elle m'avait toujours été sympathique, cette douce amie immaculée. Je me revois gamin, le matin, surexcité quand les flocons tombaient du ciel et que je faisais la misère à ma mère pour ne pas aller à l'école pour aller jouer dans la neige avec les enfants du quartier. Elle acceptait toujours. Et les autres mamans du voisinage aussi. Sûrement par nostalgie.

La neige apportait cette ambiance étrange de nouveauté, de renouvellement, d'innocence. Elle me comblait du sentiment d'être indestructible et terriblement libre.

Mais là.

Mais, là.

La neige tombe, s'accumule et se tasse sans fin depuis des heures. Mon amant devrait être arrivée depuis tant de temps... Et c'est sûrement la tempête qui le retarde.

Et là, la neige n'a plus rien de beau pour moi. Tout se bascule.

La neige m'étouffe, m'enferme dans ce grand chalet vide. Elle empêche mon amour.

Non, plus rien de beau.

Il fait nuit dehors et la neige, je ne la vois pas blanche et accueillante, je la vois noire et sans fin.

Je n'ai aucune idée de combien de temps cette tempête va durer et jusqu'où elle s'étend. Toujours est-il qu'elle est violente : j'entends toutes les poutres grincer et craquer.

Je sais que je suis en sécurité mais je sens qu'il ne l'est pas, lui. L'hypothèse la plus probable est qu'il soit résté chez lui, qu'il ait renoncé à venir en voyant les forces de la natures se déchaîner.

Et pourtant, pourtant ce sentiment persiste et m'empêche un raisonnement logique.

La neige m'étouffe et m'étouffera tant qu'il ne sera pas avec moi.

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