7
AVERY
— Coop, assieds-toi bien ! Demain, c'est notre jour ! J'ai vérifié les sites météo et ils annoncent une tempête avec des vagues de plus de dix mètres ! Ça n'arrive pas souvent et tu sais combien j'ai toujours rêvé de surfer de telles vagues. On ne doit pas manquer ça, m'informe un Kyle surexcité.
Je reste bouche bée, à la fois surprise et enthousiaste. Kyle et moi avons toujours rêvé de surfer ces vagues impressionnantes, si rares. La dernière fois que c'est arrivé, nous étions trop petits et nos pères avaient refusé de nous laisser entrer dans l'eau. Ils avaient pris plaisir à affronter les vagues sans nous, une décision difficile à accepter. Ce jour-là, nous nous sommes promis que notre tour viendrait. Kyle vérifie les sites météo tous les jours pour ne rien manquer, et il semble que ce jour soit enfin arrivé.
— Oh mon Dieu, enfin ! Tu en as parlé à ton père ? Dis-moi qu'ils ne vont pas encore nous forcer, papa et lui, à rester sur le sable.
Kyle rit en repensant à ce jour où nous avons passé l'après-midi à maudire nos pères, boudant comme des bébés.
— Pas cette fois, Coop. Il est carrément partant pour affronter les vagues avec nous, tout comme ton père. Je te conseille de bien dormir cette nuit, on doit être en forme demain.
— Comme si toi et moi allons vraiment réussir à dormir paisiblement en sachant ce qui nous attend.
Un nouvel éclat de rire résonne, signe qu'il est en accord avec moi. S'il y a une chose à savoir sur Kyle et moi, c'est que nous sommes incapables de rester calmes quand nous apprenons une bonne nouvelle, surtout si elle concerne le surf. Lorsqu'un événement important approche, nous sommes comme transportés, nos cerveaux bouillonnent et dormir devient impossible. Il fallait me voir pour mon premier jour de cours : une vraie pile électrique.
Cependant, Kyle a raison sur un point : surfer demande une concentration maximale. Dormir le mieux possible nous aidera à maintenir cette concentration. Alors, nous devons faire de notre mieux pour y parvenir.
— À quelle heure doit-on s'y rendre ? demandé-je.
— Vers neuf heures et demie. Nous devrons sauter notre session habituelle.
— T'en fais pas, pour de telles vagues, je sauterais n'importe quoi.
Je ne le vois pas, mais je sais qu'il sourit. S'il y a bien une chose sur laquelle nous nous comprenons, c'est ce sport.
— Ok, il vaut mieux raccrocher maintenant pour ne pas rater notre pic de sommeil. Je vais aller faire un tour un peu plus tôt pour tâter le terrain. On se rejoint directement là-bas. Ça te va ?
— Parfait ! Bonne nuit et à demain.
Il me souhaite une bonne nuit, puis raccroche. J'attrape un stylo et dessine une grosse vague sur la case de demain sur mon calendrier mural, et je me glisse dans mon lit, encore tremblante d'excitation.
Je ferme les yeux et prie de toutes mes forces pour que rien ne vienne perturber cette journée qui s'annonce incroyable.
***
Mes yeux s'ouvrent subitement tandis qu'une forte douleur au bas du ventre vient me plier en deux.
Putain, que m'arrive-t-il ?
Je jette un coup d'œil à l'horloge : trois heures du matin. Il fait toujours nuit, signe qu'il n'est pas encore l'heure de se réveiller. Pourtant, cette douleur persistante n'est pas du même avis. Je me lève difficilement et me dirige vers les toilettes, où j'ai la merveilleuse surprise de découvrir que mes règles ont décidé de faire leur apparition.
Argh, sérieusement ? Parfois, j'en viens à regretter d'être une fille et d'avoir à souffrir tous les mois à cause de ça. Je me change rapidement, puis ouvre l'armoire à pharmacie pour prendre un antidouleur, espérant qu'il m'aidera à passer la nuit.
En passant devant mon bureau, la réalisation me frappe. Merde, c'est aujourd'hui que Kyle et moi devons surfer ces vagues gigantesques. Non, impossible, je ne pourrai jamais les affronter avec de telles crampes.
Les larmes me montent aux yeux tandis que mon corps tremble de colère. J'ai passé ma nuit à prier que tout se passe bien, et voilà que le pire est en train d'arriver.
Ok, Avery, calme-toi. Il est encore tôt, peut-être que l'antidouleur fera effet et te soulagera assez pour que ta matinée se passe sans encombre.
Oui, c'est ça. J'ai encore quelques heures de sommeil à grappiller. À mon réveil, tout ira mieux.
Je souffle un bon coup, me rallonge dans mon lit et ferme à nouveau les yeux en essayant de rester positive.
***
Clairement, la poisse me colle définitivement à la peau. À mon réveil, la douleur est encore plus intense que celle ressentie au milieu de la nuit. Je suis tellement pliée en deux que même me lever est un défi, sans parler de marcher ou de surfer.
Kyle va me détester. On attend ce foutu moment depuis des années. Mon cycle complètement irrégulier n'aurait-il pas pu attendre un simple jour de plus ?
Poisseuse un jour, poisseuse toujours, ai-je envie de dire.
J'ai passé la nuit à rêver de cette matinée, celle où Kyle et moi découvririons ces vagues exceptionnelles. Je peux encore sentir l'adrénaline parcourant nos corps, revoir les yeux brillants de Kyle, sentir nos mains moites d'excitation.
Et maintenant, tout ce que j'arrive à voir et à anticiper, c'est la déception de mon meilleur ami lorsque je vais devoir lui annoncer que je ne pourrai pas le rejoindre. Je m'en veux tellement de devoir lui faire ça, même si c'est absurde, car ce n'est pas quelque chose que je contrôle. Mais comme d'habitude, je ne peux m'empêcher de culpabiliser.
La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées et mon cœur se serre encore plus en voyant le nom de mon ami s'afficher sur l'écran.
Quand il faut y aller, il faut y aller.
— Avery, c'est tout bonnement magnifique. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau de toute ma vie, enfin si, peut-être une seule fois, mais ce n'est pas le sujet. Dis-moi que tu arrives bientôt, parce que tu ne vas pas en croire tes yeux.
Mes yeux s'embuent à nouveau et je maudis mes hormones de me rendre si sensible aussi rapidement.
— Kyle, je ne vais pas pouvoir venir, lui annoncé-je finalement.
Silence. Mon cœur tambourine à une vitesse indécente et je redoute sa réaction.
Pardonne-moi, Kyle.
— Je ne comprends pas, Ave. Quelque chose est arrivée ? C'est grave ?
Non, c'est stupide, mais assez important pour me faire rater l'un des événements les plus importants de ma vie.
— Je... Je viens d'avoir mes règles et la douleur est si forte que je ne peux pas me tenir debout. Je suis désolée, j'attendais ça autant que toi. Mais ne te prive pas pour moi, demande à ton père de tout filmer. Encore désolée.
Je raccroche, trop effrayée d'entendre sa réaction.
Je sais que je surréagis, que Kyle ne m'en voudrait jamais pour ça, et de toute façon, il affrontera ces vagues, avec ou sans moi. C'est son rêve autant que le mien et je ne pourrai jamais lui reprocher de le réaliser lorsque l'occasion se présente. J'aurais simplement voulu partager cet instant avec lui.
Mais à la place, je m'écroule à nouveau dans mon lit, serrant mon doudou fort contre moi tout en me lamentant comme je sais si bien le faire.
Peut-être qu'un jour, j'aurai enfin une journée positive.
***
— Eh, Coop.
J'émerge pour la troisième fois de mon sommeil lorsque je reconnais la voix prononçant mon nom. Le visage de ma personne préférée se dessine au fur et à mesure que mes paupières s'ouvrent. Je jette un rapide coup d'œil à l'horloge et les chiffres me font froncer les sourcils. Il est beaucoup trop tôt pour que Kyle soit déjà de retour. Quelque chose ne va pas.
— Kyle ? Ne me dis pas que c'est déjà terminé. C'est trop...
— Je n'y suis pas allé, m'annonce-t-il de but en blanc.
Quoi ?! Suis-je encore en plein rêve ? Ça n'a absolument aucun sens. Il a toujours attendu cette journée avec impatience, il n'a pas pu refuser d'y aller comme ça, sur un coup de tête.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu me l'as dit toi-même, rien n'aurait pu t'empêcher de vivre cette expérience.
— C'est ce que je pensais, jusqu'à ce que j'apprenne que la personne que je préfère ne sera pas à mes côtés.
Mon cœur loupe un battement à l'entente de ses derniers mots. Il ne peut pas être inconscient au point de se priver pour moi.
— Kyle... C'est insensé, il est hors de question que ma poisse t'affecte. C'était ton rêve, bordel.
— Non, Avery. Mon rêve, c'était d'affronter des vagues gigantesques avec toi. Si on te retire de l'équation, je n'en veux plus.
Moi qui pensais que je ne pouvais pas plus tomber amoureuse de cet idiot. Le voilà qu'il me prouve le contraire en prononçant de simples mots. Comment peut-on être altruiste à ce point ? Comment peut-on renoncer à son rêve parce qu'une autre personne est retirée de l'équation ?
Car certains rêves n'existent que pour être partagés, me souffle ma conscience.
Et pour une fois, je vais l'écouter, puisqu'elle a totalement raison. Kyle m'a toujours prouvé qu'il me ferait passer en premier, même si cela signifie renoncer à certaines choses. Mon cœur se gonfle d'amour à cette pensée.
— Tu es surréaliste, Kyle Warren Jennings.
Comme pour confirmer mes propos, il attrape un sac à ses pieds et en vide le contenu sur mon lit.
— Évidemment, je ne suis pas venu les mains vides. Je sais à quel point ton premier jour de règles te fait souffrir, alors je t'ai apporté une bouillotte pour apaiser les crampes. C'est ce que ma mère m'a conseillé. Ensuite, je sais que tu surveilles ta ligne, mais j'ai pensé que tu aurais besoin de réconfort, donc j'ai acheté tout un tas de cochonneries à grignoter devant un bon film.
Pincez-moi, je crois vraiment que je ne me suis pas encore réveillée. Ce mec sort tout droit d'une comédie romantique. C'est impossible d'être aussi parfait.
Et pourtant, ce n'est pas la première fois qu'il te montre cette facette de lui, ma vieille, poursuit ma conscience.
C'est vrai. Kyle est le garçon le plus prévenant que j'ai jamais rencontré. Il a toujours su me remonter le moral et me soutenir quand j'étais au plus bas. Il a toujours trouvé les mots et les gestes justes. Il doit une partie de sa générosité à sa mère. Lexie a toujours mis un point d'honneur à ce que son fils se comporte en parfait gentleman et ne fasse jamais de mal à autrui, surtout à moi. Et elle a fait un travail formidable.
Alors, pour la millième fois aujourd'hui, mes larmes coulent à flots et Kyle m'attire à lui dans une longue étreinte.
— Je t'en supplie, ne m'abandonne jamais, Kyle. Sans toi, je ne crois pas pouvoir affronter cette sombre vie.
— Je n'irai jamais nulle part sans toi, Avery Cooper. Il n'y a aucun endroit sur terre où j'imagine la vie plus belle sans toi.
Je souris contre sa poitrine, puis nous nous laissons tomber sur mon lit pour nous enlacer plus confortablement. Sa bouche effleure ma joue et dépose un chaste baiser sur mes lèvres, provoquant une décharge électrique dans tout mon corps. Je souris encore plus largement en le serrant de toutes mes forces.
Aucune vague ne vaudra jamais le confort du corps de Kyle contre le mien.
🎞️🏄🌊🏒🩺
Si on ne peut pas les avoir les mecs parfaits, on va les écrire 🙈🙈
Ahh Kyle cet être exceptionnel 🥹🥹
Un petit chapitre tout mignon avant le prochain qui sera dans une toute autre ambiance 🫣🫣
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