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AVERY

— Putain, je n'arrive toujours pas à croire que j'ai enfin réussi un 360 ! Je pensais que j'allais devoir encore bosser quelques années avant d'y parvenir. Quand je vais dire ça à nos pères, ils ne vont pas en revenir ! s'extasie Kyle lorsque nous arrivons dans sa chambre.

Comme à notre habitude, nous avons surfé jusqu'au coucher du soleil. Kyle était particulièrement en forme aujourd'hui, sans entraînement de hockey pour le fatiguer. Il avait besoin de se défouler, et notre séance était parfaite pour cela. Il a, comme toujours, excellé sur sa planche, réussissant enfin une figure qu'il tentait depuis des mois : une rotation complète sur la vague. J'étais fière de l'avoir vu réussir, sans en manquer une miette. J'ai déjà assisté à ses entraînements de hockey ainsi qu'à des matchs, et je dois dire que Kyle est vraiment doué sur des patins. Mais lorsqu'il est sur une planche, il sera toujours exceptionnel. Peut-être que mon admiration vient du fait que c'est un sport que nous partageons, qui nous connecte, mais oui, Kyle le surfeur est ma version préférée de mon meilleur ami.

— Ils vont être très fiers de toi, comme je le suis, dis-je en souriant.

Et vu le regard qu'il me lance lorsque je prononce ces quelques mots, je ne les regrette en aucun cas.

— Merci, Coop. Je dois dire que tu n'y es pas allée de main morte non plus. Dure journée ?

Elles le sont toutes depuis quelques semaines, ai-je envie de dire.

Mais comme d'habitude, je me contente de sourire en haussant les épaules.

— Le stress des premiers exams.

Il hoche la tête en ébouriffant mes cheveux.

— Oh, t'en fais pas, tu vas tout déchirer. Et puis, ne laisse pas ces foutues lettres jouer sur ton moral. Tu vaux plus qu'une simple note.

Je le remercie d'un simple regard. Ensuite, je repense à ce qui me ronge vraiment : ce sourire perfide, ce regard malsain, ces cheveux noirs, ce rire qui me glace le sang. Brenda continue ses mauvais coups jour après jour. Bousculades dans les couloirs, rires moqueurs de ses minions, « surprises » dans mon casier. Elle est le cliché parfait de la mean girl des films pour ados, et pourtant elle parvient toujours à m'atteindre. Que je le veuille ou non. Je déteste que ça m'affecte autant. J'aimerais pouvoir les sortir de mon esprit aussitôt qu'elles y entrent, mais ça ne fonctionne pas ainsi.

En baladant mes yeux sur le bureau de mon meilleur ami, un bout de papier attire mon attention.

SOIRÉE DE FOLIE CHEZ CHRIS ALLEN VENDREDI 15 OCTOBRE. PAS DE PARENTS ! DÉBUTE À 20 H AU 1345 SHELTON STREET !!

C'est aujourd'hui. Qu'est-ce que Kyle fait avec ça ? Et pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé ? Compte-t-il y aller sans moi ? Ce n'est pas son genre. Il n'aime même pas les soirées bruyantes et bondées. Un tas de questions se bousculent dans ma tête, mais je n'aurais aucune réponse si je ne pose pas la question directement au concerné.

— C'est quoi ça ? demandé-je sans détours.

Son regard se pose sur la feuille entre mes mains avant de se baisser, embarrassé.

— Ouais, ça... Un gars de l'équipe organise une soirée pour célébrer notre victoire de la semaine dernière. Je ne savais pas trop si j'avais envie d'y aller.

— Et tu comptais m'en parler ou y aller avec quelqu'un d'autre ? lâché-je sans réfléchir.

Je le regrette immédiatement en voyant son expression. Je sais que Kyle ne traîne qu'avec moi. Mais parfois, mes peurs et mes doutes s'immiscent dans mon esprit et me font imaginer des scénarios insensés.

— Avec qui d'autre veux-tu que j'y aille ? répond-il, une pointe de colère dans la voix.

Il est à la fois agacé et vexé. Kyle me prouve tous les jours qu'il n'y a que moi. Je ne dois pas laisser Brenda m'enlever la seule chose stable dans ma vie.

— Désolée, j'ai peut-être surréagi. En voyant l'invitation, j'ai pensé que tu voulais sûrement y aller sans moi, ce qui serait tout à fait compréhensible. On n'est pas obligé de tout faire ensemble. Après tout, on se voit déjà une bonne partie de la journée. Il est possible que tu aies juste besoin de souffler un peu et de profiter avec tes copains ou...

Un doigt se pose sur ma bouche, interrompant ma mini crise. Je ne sais pas pourquoi je parle autant lorsque je suis stressée comme ça, ni pourquoi je déblatère autant de bêtises, mais je ne peux pas m'en empêcher. Le simple fait que Kyle puisse être heureux sans moi me donne de sacrées angoisses. Et je réalise à quel point c'est ridicule de penser ça.

— Tu recommences à jacasser, Coop. Respire, souffle Kyle en me maintenant par les épaules.

Son doux regard bienveillant vient accrocher le mien, m'aidant à reprendre petit à petit mes esprits.

— Je ne veux aller nulle part sans toi. Je ne veux ni profiter avec mes potes, ni m'amuser avec d'autres personnes. Tu es la seule personne qui m'intéresse, Avery Cooper. La seule personne avec qui je veux rire ou déconner. La seule personne avec qui je désire passer mes soirées. L'endroit m'importe peu. Tu es la seule qui compte.

Eh bien, ç'a le mérite d'être clair et de me faire fermer mon clapet.

— Souhaites-tu aller à cette soirée ? enchaîne-t-il.

Après un moment de réflexion, je pèse le pour et le contre. D'un côté, l'idée d'assister à ma première soirée lycéenne est tentante, même si je sais que mes parents seront difficiles à convaincre et imposeront un couvre-feu strict. D'un autre côté, la perspective de croiser Brenda Mayfield me donne des frissons. Va-t-elle me laisser tranquille cette fois-ci ou sera-t-elle pire que jamais ? Mon regard se pose sur Kyle, puis mes pensées se tournent vers ses coéquipiers qui seront tous là pour célébrer leur victoire. Kyle dit qu'il n'est pas sûr de vouloir y aller, mais je sens au fond de moi qu'il en serait heureux. C'est ce dernier point qui fait pencher la balance. De plus, je sais qu'il restera à mes côtés à chaque instant, et Brenda n'osera probablement pas m'attaquer en sa présence. Elle préfère agir en coulisses.

— Je crois que oui, finis-je par répondre.

Kyle me regarde intensément pour s'assurer que je dis la vérité, puis il relâche ses mains.

— Ok. Alors, je m'occupe de nos parents et on y va.

***

La porte s'ouvre sur un Kyle plus beau que jamais. Il a simplement enfilé une chemise et un pantalon, mais ça me suffit à être complètement charmée.

On se calme, Avery.

Aucun mot ne sort de notre bouche pendant quelques secondes. Son regard océan intense me scrute de la tête aux pieds, faisant rougir mes joues à une vitesse fulgurante. Kyle a cette capacité de m'intimider par un simple regard, un héritage de son père, et je comprends aujourd'hui ce que tante Lexie voulait dire.

— T'es... superbe, lâche-t-il en se grattant l'arrière de la tête, gêné.

Je rougis comme une idiote en le remerciant. Je n'en ai pas fait des tonnes non plus, après tout, ce n'est qu'une stupide soirée entre ados. Pas les Oscars. Mais contre tout attente, une simple jupe noire et un top en voile blanc suffisent à captiver l'attention de Kyle.

Un raclement de gorge nous sort de notre transe. Mon père et nos deux mères apparaissent derrière moi. Dean est de garde ce soir, alors Lexie est venue embêter mes parents comme à son habitude. Et lorsqu'elle a appris que nous avions notre première soirée, elle n'a pas caché sa joie. En termes de parents stricts et responsables, elle finit très bas dans le classement.

— Couvre-feu à vingt-trois heures, les jeunes. Tony s'en assurera, tonne la voix de mon cher père.

Mon père n'était pas ravi de la nouvelle, mais il a connu sa propre adolescence, donc il comprend. L'avis de ma mère a beaucoup pesé dans la balance. Mes parents ont toujours trouvé un juste équilibre entre fermeté et souplesse, sachant choisir leurs combats avec intelligence. On a tous une confiance mutuelle que personne n'a jamais brisée.

— Rohh, tout juste quand on commence à s'amuser. Vous avez la permission de minuit, renchérit Lexie, sous le regard noir de mon père.

— Sûrement pas. Ce sont encore des bébés, le couvre-feu s'étendra quand ils grandiront. Je suis déjà assez généreux comme ça.

Kyle et moi échangeons un regard amusé, nous retenant de rire. Nous n'avons jamais tenté de négocier ; nos parents s'en chargent toujours pour nous. Généralement, mon père prend une décision et tante Lexie le contredit systématiquement. C'est un jeu entre eux qui dure depuis des lustres. C'est toujours ma mère ou le père de Kyle qui finissent par intervenir pour calmer les choses.

— Vingt-trois heures, c'est parfait, intervient Kyle pendant que nos parents continuent de se toiser.

Mon père sourit fièrement alors que Lexie fusille son fils du regard.

— Qu'ai-je fait pour avoir un fils si sérieux, rouspète-t-elle.

Oui, elle se plaint vraiment que son fils respecte les règles. Il faut de tout pour faire un monde.

— Oh, t'en fais pas, va. Tu auras sûrement plus de fil à retordre avec Kie lorsqu'elle grandira, ajoute ma mère, provoquant l'hilarité générale.

J'avoue qu'avec la forte personnalité de la sœur de Kyle, Lexie aura de quoi faire. Ce qui est tout le contraire de mon intello de frère. Malgré cela, ils sont les meilleurs amis du monde, tout comme Kyle et moi.

— Allez, les jeunes, amusez-vous et faites attention. Kyle, tu gardes un œil sur Avery, reprend ma mère dans un sourire.

— Sans faute.

Nous sortons de la maison pour rejoindre la voiture du chauffeur de mes parents. Ce sera beaucoup plus simple lorsque j'aurai enfin mon permis l'année prochaine. Pour l'instant, nous profitons des avantages qu'offre la célébrité. Mon père aurait très bien pu être à la place de Tony et, franchement, il aurait sans doute été capable de camper devant la maison. Mieux vaut éviter cela

— Tu veux que Tony s'arrête à Shake Shack avant d'aller à la soirée ?

La simple évocation de mon fast-food préféré me fait bondir. Puis, les remarques de Brenda me reviennent en mémoire, et la nausée me noue l'estomac.

— Pas la peine, j'ai mangé une salade avant de partir. Je fais attention à ma ligne en ce moment, avoué-je.

Kyle n'est évidemment pas au courant de mes efforts pour perdre du poids, ni des repas que je rends assez souvent aux toilettes. C'est quelque chose dont j'ai beaucoup trop honte.

— Ta ligne ? Mais tu n'as absolument rien à perdre.

— Je n'ai pas encore le poids requis pour être une actrice sensationnelle, alors...

— Attends, c'est quoi ces conneries ? Il n'y a pas de poids requis. Et je te le répète, tu as un corps tout à fait normal, et puis même, tous les corps sont beaux, car ils sont uniques. Ne change rien pour les autres...

— Ce ne sont pas les autres, mais moi, Kyle. Je n'aime pas mon corps, alors je veux trouver celui qui me convient.

Mes mots sonnaient plus durs que prévu, et je le regrette immédiatement. Kyle essaie simplement d'être bienveillant. Mais s'il continue ainsi, je vais finir par lui avouer que je n'avais aucun problème il y a quelques semaines à peine

— Ok, ok, ton corps, ton choix, Avery. Je veux juste que tu y fasses attention et que tu ne pousses rien à l'extrême. Le plus important sera toujours ta santé, pas ton apparence.

Je ne peux rester fâché plus de cinq secondes contre cet être exceptionnellement parfait. Kyle a ce pouvoir magique d'effacer toutes les remarques désobligeantes de la reine garce. Si seulement je pouvais vivre dans un monde dans lequel seul Kyle Jennings existe, la vie serait bien plus paisible.

Nous montons dans la voiture et Tony nous conduit enfin jusqu'à la maison de Chris Allen. Kyle m'a assuré que les parents sont bel et bien présents et que la soirée se déroule dans le sous-sol de la baraque. Chris veut juste paraître cool en affirmant le contraire, ce qui est à la fois ridicule et amusant.

Le sous-sol a une entrée séparée, donc nous n'avons pas besoin de passer par la porte principale. Le terrain est assez vaste, reflétant clairement une certaine aisance financière. Kyle et moi avons grandi entourés de ce genre de propriétés, ainsi nous avons appris à ne plus être impressionnés, même si cela peut sembler arrogant.

— Eh, mon pote, tu es venu ! s'exclame Alex, un des coéquipiers de Kyle. Eh, salut Avery, ajoute-t-il lorsqu'il m'aperçoit.

Je le salue en retour. J'assiste régulièrement aux entraînements de Kyle quand mon emploi du temps le permet, et j'ai ainsi sympathisé avec la plupart de l'équipe. Ils sont sympas et semblent véritablement admirer Kyle. Certains parlent même de le nommer capitaine, ce qui serait un immense honneur pour mon meilleur ami.

— Eh, Kyle. Merci d'être venu, mettez-vous à l'aise et buvez ce que vous voulez, nous accueille Chris.

Mon meilleur ami le remercie avant que l'hôte ne s'éloigne. Kyle et moi nous installons près de l'équipe de hockey, rassemblée autour d'une table.

— Avery, maintenant que tu es là, tu pourrais enfin éclaircir la situation. Qu'est-ce qui se passe entre Jennings et toi ? Parce que vu la façon dont vous vous comportez, on dirait vraiment que vous êtes ensemble, lance John.

Je me mords la lèvre en baissant les yeux. Il est vrai que la relation entre Kyle et moi n'a jamais été claire pour tout le monde, nous y compris. Nous n'avons jamais mis de mots dessus, et nous ne semblons pas près de le faire. Nous nous aimons, cela ne fait aucun doute. Notre lien va bien au-delà de ce que partagent simplement des petits amis. C'est une connexion qui s'est formée dès notre première rencontre et qui est presque indestructible.

— Occupe-toi de tes affaires, Fulton. Notre relation ne regarde personne, répond rapidement Kyle.

Il a dû sentir mon malaise et sait toujours comment désamorcer ce genre de situations.

Les garçons échangent des regards avant de décider qu'il vaut mieux changer de sujet. MJ Davidson se lève pour aller chercher des boissons, et mon meilleur ami propose de l'accompagner.

— Tu veux venir avec nous ou préfères-tu attendre ici quelques instants ? J'ai promis de ne pas te quitter d'une semelle, mais...

— Ne t'inquiète pas, je vais rester sagement ici, rien ne peut m'arriver.

— D'accord, je reviens vite.

Il dépose un chaste baiser sur le haut de ma tête avant de partir précipitamment.

Des « ouhh » retentissent lorsque mon meilleur ami s'éloigne, et je lève le majeur en guise de réponse.

— N'empêche, votre relation est étrange, mais je n'ai jamais vu Kyle aussi heureux qu'en ta présence. C'est comme s'il était envoûté. Rassure-nous, Cooper, tu n'es pas une sorcière maléfique qui possède des poupées vaudou de Kyle, plaisante Carlos, ce qui me fait sourire.

— Nope, la sorcellerie n'est pas mon truc. C'est simplement un lien unique qui ne se présente pas à tout le monde.

— Et tu ne crains pas que, avec sa popularité grandissante, les filles te le volent ?

Si, tous les jours, malheureusement. Mais je ne le montrerai à personne. Kyle a une confiance aveugle en nous et je me dois de lui rendre la pareille, même si mes pensées les plus secrètes doutent parfois.

— Non... Je sais que Kyle ne sera jamais intéressé.

— Tu devrais quand même faire attention à Brenda Mayfield, si tu veux un conseil d'ami. J'ai entendu dire que cette fille était une vraie vipère, prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut.

À qui le dis-tu ? Je suis bien au courant des manigances de Brenda, et elle m'a déjà montré qu'elle était prête à tout pour m'ôter ce qui m'appartient.

— En parlant du loup, intervient John.

Je tourne la tête pour voir ce qu'ils regardent tous et ce que je vois me glace le sang. Elle n'a pas perdu de temps, cette garce.

En effet, Brenda est en train de discuter avec Kyle près de la table des boissons. Elle rit et essaie de le toucher à plusieurs reprises, alors qu'il se contente simplement de sourire. Je prie pour que ce sourire ne soit que de politesse et qu'il la remette rapidement à sa place. Mais la conversation s'éternise, et cela me fait bouillir intérieurement.

Hors de question qu'elle continue à lui faire les yeux doux plus longtemps.

Je me lève brusquement et me précipite dans leur direction. Brenda me remarque en premier et me lance son sourire le plus narquois. Quant à moi, j'attrape un verre dans les mains de Kyle et le bois d'une traite. Je grimace en sentant l'alcool, quelque chose que je n'avais jamais consommé auparavant. Je suis prête à parier que ce verre ne m'était pas destiné.

— Ce verre n'était pas pour toi, Ave. Il y a de l'alcool, me fait-il remarquer.

— Tant pis, j'en avais besoin.

Son regard s'embue d'incompréhension. Il doit se demander ce qui m'a pris. Mais Kyle est trop bon et innocent pour comprendre que cette fille s'intéressait à lui pour m'atteindre.

— Ok, doucement. Ce sera ton dernier verre, sinon ton père va me tuer.

Je hoche la tête en fusillant Brenda du regard. Celle-ci profite du spectacle qu'elle a provoqué. Elle savait que je le surveillais et a tout fait pour me pousser à bout. Comme d'habitude, elle a tout orchestré. Elle connaît mes réactions et l'aversion que je lui porte, alors elle s'en amuse sans cesse.

Je ne souhaite jamais la mort de quelqu'un, mais la sienne ne me dérangerait pas.

— Retournons avec les gars, continue-t-il.

— C'était un plaisir, Kyle, lance Brenda.

Kyle hoche la tête sans conviction et se détourne. Je m'apprête à le suivre, mais une main s'enroule autour de mon bras et m'en empêche.

— Ça ne fait que commencer, Cooper. Et crois-moi, Kyle sera bientôt à moi. Je n'ai pas l'intention de laisser passer ma chance.

La rage monte en moi alors qu'elle s'éloigne en riant comme une hyène.

Je vais tuer cette fille.

🎞️🏄🌊🏒🩺

Que ceux qui veulent faire la peau à Brenda lève la main 🙋‍♀️

Petit chapitre où en découvre un peu plus sur le monde de Kyle au lycée.

Où les craintes d'Avery s'intensifient.

Dans le prochain, vous allez fondre d'amour pour Kyle 🥰

À samedi !!

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