29

KYLE

— Tu vas finir par cracher le morceau au lieu de t'acharner sur ce pauvre sac, m'interrompt Hayden en arrêtant mon sac de frappe d'un bras.

J'expire longuement et recule de quelques pas pour ralentir les battements de mon cœur. Toute la nuit, j'ai repensé à Avery et à notre conversation sur la plage. Pour la première fois en vingt-six ans, je l'ai vue honnête, aussi bien envers moi qu'envers elle-même. Pourtant, j'ai cette impression frustrante d'être resté sur ma faim, comme après avoir vu le teaser d'un film destiné à me retourner le cerveau.

Ce qui m'énerve le plus, c'est que, après des années à ne voir en elle qu'une pop star insensible, j'ai enfin revu la fille dont j'étais fou amoureux lorsque j'étais enfant. Cette fille sensible et terrifiée par la vie. Tous les sentiments que j'avais essayé de supprimer, ces trois dernières, années sont revenus en force. Des sentiments qui n'ont plus le droit d'exister. Des sentiments que je m'étais promis de ne plus jamais laisser m'envahir.

Après avoir compris que le sommeil ne voulait pas coopérer, je suis allé courir avant de me rendre à la salle de sport de l'hôtel pour décharger ma frustration sur un sac de frappe. Hayden m'a rejoint récemment, mais il en a déjà vu assez pour deviner l'origine de mon agitation.

Je sais qu'il n'aimera pas ce que je m'apprête à lui dire, mais je le fais quand même. Malgré sa haine profonde pour Avery, Hayden a toujours accepté de m'écouter.

— Je ne peux pas dire que ça me surprend. Ça te pendait au nez depuis que vos regards se sont croisés à nouveau devant cet hôtel, lâche-t-il après mon long monologue.

Il n'a pas tort. L'idiot que je suis avait bêtement cru que sa présence ne changerait rien. Que cette nouvelle vie que je me suis construite était assez solide pour résister à Avery et à l'emprise qu'elle a sur moi. Clairement, j'étais le seul à le penser. Cette foutue crise de panique le premier jour était déjà un signe évident.

— C'est pourquoi je voulais tout annuler, Kyle. J'aurais été prêt à me marier dans le jardin de mes parents pour éviter tout ce merdier. Pour éviter que cette sorcière brune se pavane devant toi avec son regard de chien battu et qu'elle t'ensorcèle à nouveau. Tu t'en étais sorti, Kyle, putain...

Il frappe le sac et fait les cent pas pour se calmer. Il a été à mes côtés à chaque instant après ma rupture. Il m'a vu à mon pire avant d'assister à ma renaissance et de partager ce bonheur retrouvé.

— Et Kaylee qui s'en mêle, on aura tout vu...

— Tu ne peux pas lui en vouloir, Hayden. Pas après tout ce que vous avez vécu.

Son silence me donne raison. Kaylee s'est tournée vers la psychologie parce qu'elle avait besoin de réponses. Elle devait comprendre pourquoi les humains pouvaient être aussi mauvais. Puis, elle a rencontré Hayden, et l'envie d'aider les autres est devenue une vocation. Aucun d'eux n'était prêt à accepter l'aide d'autrui, alors ils ont appris ensemble à se laisser aller.

Aujourd'hui, elle voit en Avery quelqu'un qui a besoin de vider son sac, mais qui ne sait pas par où commencer.

Une part de moi savait qu'Avery avait besoin d'aide. Chaque jour, je voyais dans son regard qu'elle retenait des choses qui la détruisaient de l'intérieur. J'ai bêtement pensé qu'en étant à ses côtés, en lui montrant que je ne l'abandonnerais jamais, elle finirait par se sentir mieux et se confier. J'étais un adolescent qui ne comprenait pas que les problèmes de santé mentale nécessitent davantage qu'une simple présence. Avoir quelqu'un à ses côtés aide, mais sans travail supplémentaire, les résultats ne sont jamais vraiment concluants. Et quand je l'ai enfin compris, il était trop tard.

« Parce qu'en voulant me sauver, tu aurais fini par sombrer. »

Cette phrase tourne en boucle dans ma tête depuis hier soir. L'université nous a éloignés. Sa carrière a décollé et j'étais trop loin pour empêcher ses pensées de la submerger. J'étais trop loin pour voir sa souffrance. Mais ce que je déteste le plus, c'est qu'elle avait raison. J'aurais tout fait pour la sauver d'elle-même, quitte à plonger moi-même dans ses ténèbres. Je n'aurais même pas réfléchi deux fois avant de le faire. J'aurais foncé tête baissée pour elle. Et ça n'aurait été bon pour aucun de nous deux.

Je me suis sauvé, et elle a sombré.

— Et maintenant, que comptes-tu faire exactement ? Remonter sur ton cheval blanc et secourir ta princesse sans te soucier des conséquences ?

— Bien sûr que non ! grondé-je. Je ne vais pas jeter tout le travail que j'ai fait sur moi-même en un claquement de doigt. Mais je ne peux pas lui tourner le dos au moment où elle demande enfin de l'aide.

— Et évidemment, elle le fait quand tout va mieux dans ta vie.

Je lui lance un regard noir. Cela fait des années que nous ne nous sommes pas disputés à ce sujet. C'est notre seul désaccord, et j'ai l'impression que ça ne changera jamais. Mais je ne peux pas laisser mon meilleur ami se manquer de respect à lui-même en minimisant la santé mentale d'Avery. Pas lui. Pas cet homme qui a aidé la femme de sa vie à garder la tête hors de l'eau.

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû dire ça. Demander de l'aide requiert beaucoup de courage, et blâmer la personne pour son timing n'est pas correct. C'est juste que...

— Je sais.

Nous échangeons un regard lourd de sens. Ce séjour était censé nous détendre. Il ne devait y avoir que du bon stress lié au mariage. Mais la vie est pleine de surprises, des bonnes comme des mauvaises, et c'est bien une des choses que l'on ne peut ni prédire ni contrôler.

— Alors, quelle est la suite ? me questionne-t-il.

Je garde le silence quelques secondes, fixant le sol. Le mariage approche, il ne me reste que quelques jours pour percer cette carapace qu'Avery s'est construite en vingt-sept ans. Peu de temps avant que la réalité ne refasse surface. Peu de temps pour gérer ce bordel de sentiments qui court-circuitent mon cerveau. Peu de temps pour savoir ce que je veux vraiment.

— Je n'en sais rien, mec. Je n'en sais foutrement rien.

***

— Hey ! s'exclame Avery lorsque j'arrive à sa hauteur.

— Hey, je pensais que tu étais sortie avec nos mères.

— Nope, je n'avais pas vraiment envie d'aller me faire masser pour la troisième fois cette semaine. Non, mais sérieux, qui fait ça ?

Je ris de sa remarque sans être vraiment surpris. Nos mères passent plus de temps au spa que dans leur propre maison. C'est le genre de petit plaisir qu'elles s'offrent sans modération.

Une part de moi voulait éviter Avery aujourd'hui, laissant à mon cerveau le temps de réfléchir un peu plus. Mais je savais que ce n'était pas la bonne solution. Si je veux qu'elle se sente assez en confiance pour s'ouvrir à moi, je dois être présent. Je lui dois bien ça après toutes ces années sans savoir comment réagir.

Je jette un coup d'œil à ses mains et aux deux boissons qu'elle tient.

— Tu rejoins quelqu'un ? l'interrogé-je.

Elle sourit timidement, baissant le regard sur les gobelets.

— Hmm, non. C'est un smoothie banane-fraise, ton préféré, répond-elle en me tendant l'un des verres.

La surprise traverse mon visage. Nous nous sommes croisés par hasard et n'avions pas prévu de nous voir. Pourquoi a-t-elle pris ma boisson préférée dans ce cas-là ? Espérait-elle me croiser, comme je l'espérais ?

— Je sais, tu dois te demander pourquoi j'ai pris deux boissons. Pour être honnête, je ne m'en suis rendu compte qu'après avoir payé. J'ai toujours eu l'habitude de commander pour nous deux, sans vraiment réfléchir. Et puis, une part de moi espérait te voir aujourd'hui. Alors, j'ai peut-être passé la dernière demi-heure à faire le tour de l'hôtel pour te trouver, m'avoue-t-elle, gênée.

Un sourire étire mes lèvres en réalisant qu'encore une fois, nos esprits se sont rejoints.

— Désolée, c'était complètement stupide et je...

— Non, la coupé-je. En réalité, ça fait un moment que je te cherche aussi.

Son visage s'illumine instantanément tandis que ses grands yeux marron rencontrent les miens.

— Vraiment ?

— Hmm. Je me disais que si tu n'avais rien à faire, on pourrait aller surfer. Les vagues sont bonnes aujourd'hui et ça fait longtemps que je ne me suis pas mesuré à une partenaire à ma hauteur.

— Alors maintenant, je suis à ta hauteur ? dit-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

J'éclate de rire avant de reprendre :

— Bon, ok, peut-être légèrement inférieure à moi.

Ses yeux se plissent avant que son poing ne rencontre mon bras avec une mine faussement outrée. J'accepte le smoothie qu'elle m'offre, puis nous nous dirigeons vers nos chambres pour nous changer rapidement.

***

— Je dois avouer que ce sport m'avait manqué, m'exclamé-je en revenant sur la plage.

Avery se marre en s'asseyant la première.

— C'est vrai que le surf sans une personne aussi compétente que moi ne doit pas être très intéressant.

— Aucune idée, je n'ai jamais essayé, avoué-je sans m'en rendre compte.

Elle me lance un regard perplexe, ne comprenant pas vraiment où je veux en venir. C'est quelque chose que je n'avais jamais avoué avant, et surtout pas à elle. J'ai toujours eu peur de paraître ridicule. Mais aujourd'hui, j'ai besoin d'être le plus honnête possible. Spécialement avec Avery.

— Je ne suis pas sûre de comprendre.

— Je ne suis pas remonté sur une planche depuis notre dernière séance.

La surprise grandit en elle.

— Kyle, c'était il y a presque quatre ans !

— Trois ans et neuf mois, mais qui compte ? plaisanté-je.

Ce qui ne fonctionne pas vraiment. Elle a l'air sincèrement surprise par mon aveu, presque dérangée, je dirais. Il n'y a rien de dramatique. Ce n'est pas comme si j'avais le temps de m'amuser avec les vagues depuis que je suis en médecine. Même si ce n'est absolument pas la raison.

— Pourquoi ?

Je me mords la lèvre en détournant le regard. C'est le moment de te confier, Kyle.

— Parce que le surf n'a jamais été qu'un sport, Avery...

— Évidemment, c'est pareil pour moi, mais...

— Non, ce n'est pas pareil, la coupé-je. Pour toi, le surf représente la liberté. Il n'y a que sur une planche que tu t'autorises à être toi-même, à respirer, à vivre. C'est la bouffée d'oxygène qui n'atteint pas ton corps lorsque tu es hors de l'eau.

Je marque une pause pour planter mon regard sur l'océan.

— Quant à moi, ce sport représentait cette connexion qui nous unissait. Il prenait tout son sens lorsque tu partageais la même vague que moi. Alors oui, j'aime le surf de tout mon cœur, mais sans toi, il ne vaut rien. On avait beau passer toutes nos journées ensemble, lorsqu'on entrait dans l'eau, plus rien d'autre n'existait. Nous étions magiques.

C'est la première fois que je mets réellement des mots sur ce que j'ai toujours ressenti. J'ai longtemps pensé que mes sentiments n'avaient pas de sens et qu'ils étaient trop fous pour être partagés à voix haute. Mais j'en ai assez d'être terrifié. Assez de me cacher par peur d'être ridicule. Surtout pas avec la personne qui ne m'a jamais jugé. Peu importe à quel point on s'est éloignés.

J'ose enfin un regard dans sa direction et je suis directement frappé par ses prunelles brillantes.

— Oh, Kyle... Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?

— Sûrement pour les mêmes raisons que tu ne m'as jamais parlé de ce qui t'est arrivé au lycée.

Ça aussi, je n'avais pas prévu de le dire. Ses sourcils se froncent tandis que son teint devient livide. Je crois que le moment est venu d'ouvrir cette boîte à secrets. Moi qui pensais passer une simple journée à surfer avec mon ancienne moitié. Il faut croire que mon cœur a besoin de se vider. J'espère simplement que celui d'Avery ressentira la même chose.

— De quoi tu parles ?

Apparemment pas.

Je ne devrais pas être en colère. Elle m'a dit vouloir prendre son temps et je le respecte. Cependant, j'aimerais qu'elle ne se voile pas la face alors que nous savons tous les deux de quoi nous parlons.

Je te tends la perche, Avery. C'est le moment de la saisir.

— Pas à moi, Avery. Pas aujourd'hui.

— Kyle, je...

Je sens sa jambe trembler contre la mienne et je déteste avoir ravivé de si douloureux souvenirs. Je ne connais pas l'ampleur de la souffrance qu'elle a endurée à cette période, seule elle peut me le dire. Mais je sais que ç'a existé, et à l'époque, ça m'a rendu complètement fou.

Alors, comme pour lui prouver qu'elle peut avoir confiance, je lui révèle ce que j'ai caché tout ce temps.

— Je vais commencer alors. Tu te souviens de la représentation du cours de théâtre, lors de notre première année ?

Son regard lourd de sens répond à ma question. Bien sûr qu'elle se souvient de ce jour si précieux. Ce jour qui a failli lui échapper alors qu'elle le méritait amplement.

Cette nuit-là ne fut pas mon moment le plus glorieux. J'ai fait des choses dont je ne me pensais pas capable et pourtant, je n'ai jamais réussi à les regretter. Surtout pas lorsque j'ai vu ce sourire scotché sur le visage d'Avery durant des jours. Celui qu'on lui avait arraché

— Ce soir-là, vous avez appris que le logement de Brenda Mayfield avait été saccagé, l'empêchant ainsi de monter sur scène. L'auteur de cet acte n'a jamais été identifié et l'affaire a été rapidement abandonnée. Ce jour-là, cette personne avait découvert des informations sur Brenda, des révélations qui l'avaient plongée dans une rage indescriptible. Une rage dont elle ne soupçonnait pas l'existence, qui l'avait poussé à tout détruire sur son passage.

Les traits d'Avery se crispent à mesure qu'elle comprend où je veux en venir. Ce secret, je l'ai gardé enfoui pendant des années, ne le partageant avec personne, pas même avec la psychologue qui m'a suivi durant plusieurs années. C'était le seul aspect de moi que je n'ai jamais pu avouer. Ce jour-là, je me suis confronté à un visage que je ne reconnaissais pas. Je ne suis pas le genre d'homme à se battre facilement ni à faire du mal aux autres. La seule fois où cette noirceur m'a envahi, c'était lorsque quelqu'un menaçait le bonheur d'Avery. C'est à ce moment-là que j'ai compris que, pour elle, j'étais prêt à renier toutes mes valeurs.

— Kyle, non...

— Quelques semaines après mon altercation avec cet imbécile de Brayden Davis, j'ai décidé de mener ma propre enquête. Je me demandais sans cesse pourquoi il pensait que tu lui avais laissé une note alors que tu étais parfaitement innocente. J'ai retrouvé ce petit mot parmi tes affaires et j'ai demandé à un ami doué en informatique de retracer l'écriture. Il n'a pas mis longtemps à découvrir que cette note avait été écrite par Brenda. Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi. J'ai donc tendu l'oreille et j'ai découvert que tu avais déjà eu affaire à elle. Pendant toute cette première année, elle t'avait rendu la vie impossible. Pendant des mois, je ne comprenais pas pourquoi cette lueur qui illuminait tant ton regard avait disparu. Ce jour-là, toutes les pièces du puzzle se sont assemblées et ça m'a rendu fou furieux. J'ai repris contact avec ce garçon qui t'avait prévenue du changement d'horaire des auditions, et il m'a facilement révélé le nom de la coupable : Brenda. Cette fille avait tout fait pour te pourrir la vie et elle allait encore s'en tirer. Elle ne méritait pas de monter sur scène et de te voler ce qui te revenait de droit. Alors, sans réfléchir, j'ai foncé chez elle, j'ai crocheté la serrure et je me suis défoulé sur tout ce qu'elle possédait. J'étais comme possédé, comme si une force extérieure agissait à travers moi. Quand je suis revenu à moi, j'ai pris la fuite, terrifié, gardant cet incident pour moi.

Je lutte pour apaiser les tremblements de mes mains tandis que je termine mon récit. J'arrive encore à voir mon corps agir sans que je puisse contrôler quoi que ce soit. Les images se bousculent dans ma tête : les vitres brisées, les tables renversées, les murs endommagés, les affaires éparpillées. Rien n'a été épargné. Tout ce qu'il m'a fallu, c'était imaginer les larmes d'Avery pour que ma rage se décuple et que chaque coup soit asséné.

J'ai toujours redouté de lui raconter cette histoire. J'avais une peur bleue de la façon dont elle me jugerait. Peur qu'elle soit choquée, horrifiée par ce que j'avais fait. J'avais surtout peur que son amour pour moi ne s'éteigne à tout jamais. Aujourd'hui, ces craintes ressurgissent. Bien que notre relation ne soit plus aussi forte, je suis terrorisé à l'idée qu'Avery puisse me craindre.

Je rassemble tout mon courage pour la regarder, et ce sont ses larmes qui me frappent en premier : des larmes empreintes d'une profonde tristesse, coulant à flots.

— Je suis tellement désolée, Kyle. C'est pour ça que je ne t'ai jamais rien dit. Je ne voulais pas que tu te perdes à cause de moi. Je ne voulais pas que tu prennes des risques pour moi, que tu t'attires des ennuis. J'avais déjà tellement de remords lorsque tu as défendu mon honneur face à Brayden. Jamais je n'aurais imaginé que ta colère puisse aller si loin.

— Est-ce que tu as... Est-ce que tu as peur de moi ? balbutié-je.

Ses sourcils se froncent.

— Peur de toi ? Mon Dieu, jamais. Tu as toujours été mon bouclier, Kyle. Celui qui me faisait me sentir en sécurité. Rien ne changera jamais ça. Peu importe ce que tu as fait. Tu es et tu seras toujours la meilleure personne que je connaisse.

— Alors pourquoi, Avery ? Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé dès le premier jour ? Pourquoi ne t'es-tu pas reposée sur moi ? Elle n'aurait pas touché à un seul de tes cheveux si j'avais été mis au courant. Jamais je ne l'aurais permis.

— J'avais peur, Kyle. Peur que tu me trouves faible. Peur qu'on s'en prenne à toi. Peur que tu découvres à quel point je suis banale et facilement remplaçable. Alors, j'ai joué un rôle, le plus grand rôle de toute mon existence. J'ai gardé ma peine pour moi, j'ai caché mes angoisses et j'ai fait en sorte que tu continues à être épris de la fille que tu voyais en moi.

Mon cœur s'emballe, mes membres me font mal tant mon corps tremble. Comment a-t-elle pu en arriver là ? Comment a-t-elle pu un jour penser ça de moi, bon sang ?!

Je me lève en furie et commence à faire les cent pas. Elle se lève à son tour, attendant silencieusement que je décharge toute ma frustration.

— Tu ne comprends vraiment rien, Avery ! Tu pensais qu'en jouant un rôle, je ne verrais pas tes véritables angoisses et cet énorme manque de confiance ? Tu ne pouvais pas avoir plus tort. En plus de voir toutes ces choses qui t'effrayaient, je les ai aimés. Je les ai aimés pour toi. Parce que ce qui m'importait vraiment, c'était ce qu'il y avait dans ton cœur. Toutes ces choses superficielles autour de toi, ça n'a jamais compté. Parce que dès l'instant où j'ai compris ce qu'était l'amour et le pouvoir qu'il dégageait, j'avais déjà les yeux rivés sur toi. Et je n'ai jamais détourné le regard. Jamais.

J'attrape son visage entre mes mains et plonge mon regard dans le sien.

— Je t'en prie, raconte-moi tout. Dis-moi pourquoi tu ne t'es pas battue pour nous. Pourquoi tu as laissé tes peurs nous détruire. Dis-moi tout ce que j'ai manqué. Tout ce que je n'ai jamais réussi à comprendre et à voir. Je t'en prie, Avery, cesse cette torture et parle-moi, l'imploré-je alors que les larmes dévalent mes joues.

Elle garde le silence pendant quelques minutes, me suppliant du regard de ne pas l'obliger à tout révéler une bonne fois pour toutes. Mais je ne flanche pas. Je ne peux plus. J'ai besoin de savoir.

Finalement, elle cède et me demande de la suivre. Nous remontons jusqu'à sa chambre. Elle m'invite à entrer tandis qu'elle se dirige vers son bureau pour y récupérer un objet. Elle en sort un carnet de notes bleu océan. Elle le contemple un instant, hésitante. Puis, elle finit par me le tendre, la main tremblante.

— Je suis incapable de t'en parler. Je ne t'ai jamais rien dit de vive voix parce que j'étais terrifiée. Pourtant, chaque jour, je te racontais ce qui se passait. Chaque jour, je t'écrivais dans ce carnet pour me libérer. Chacun de ces mots t'est adressé. Je ne savais pas si un jour, tu aurais l'occasion de le lire. Je ne savais pas si un jour, j'aurais eu la force de te le partager. Aujourd'hui, tu as besoin de réponses. Les voilà. Tout y est. Emporte-le avec toi et lis chacune des phrases écrites. Si tu as besoin d'en parler ensuite, je serai sur la plage. Je t'attendrai et enfin, nous aurons cette fichue discussion.

🎞️🏄🌊🏒🩺

L'heure des révélations a sonné 🫣

Et Kyle a déjà commencé !

Vous vous en doutiez qu'il était à l'origine de l'incident avec Brenda ?

Le prochain chapitre sera composé des écrits d'Avery dans son carnet et la discussion avec Kyle sera dans le prochain. Je pense que je vous mettrai les deux en même temps mercredi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top