De nouveau, je me retrouvais dans cette chambre, à l'observer dormir. Ce n'est qu'après une dizaine d'allers-retours entre la fenêtre et son matelas que mon petit orteil droit heurta quelque chose de dur sous le lit.

Après dix minutes de délibération intérieure sur la moralité de mes actions, j'ouvris l'ordinateur dissimulé sous le lit. C'était une violation, une probable erreur monumentale, mais si je voulais des réponses à mes questions, il fallait avancer.

Inscrivez un mot de passe.

"Merde."

Je jette un œil autour de moi. Quel mot de passe cet homme aurait-il bien pu choisir ?

"Min Yoongi ?"

Non.

"Yoongi ?"

Non.

Je balance ma tête de droite à gauche, hésitant à écrire ce à quoi je pense vraiment.

"Palace?"

Non.

Il vous reste une tentative avant que l'ordinateur ne se bloque.

Je ferme les yeux et tape machinalement pour ne pas voir le résultat de ma folie.

"Jimin Parker."

Bienvenue, Monsieur Min Yoongi.

"Bordel."

J'ai le souffle court. Rien n'arrête le bourdonnement qui ronronne dans mes oreilles. Je m'enfonce encore plus dans la machine aux réactions bizarres. C'est comme si elle avait été codée pour être un système de questions-réponses qui mène vers différents dossiers ou autres applications.

Bonjour, est-ce que je peux avoir accès à tout ce qui parle de Lee Taeyong ?

La machine calcule, puis me répond en quelques secondes en ouvrant sur un fond noir deux dossiers.

Voilà tout ce que j'ai trouvé sur le sujet 'Lee Taeyong'. Êtes-vous satisfait, Monsieur Min Yoongi ?

1.Lee Taeyong.doc

2.Lee Taeyong.pnj

Une photo?

Je double-clique et regrette amèrement mon choix. Ma bouche se serre pour retenir mes tripes. C'est bien lui, du moins une photo de son cadavre au fond d'un coffre de voiture. Mon dieu, quelle horreur. Pas de titre, mais en cliquant par mégarde sur le bouton de gauche, un onglet s'ouvre et je rentre dans les paramètres de celle-ci.

RDV 15 rue Myeondong 9. 2h A.M.

La photo a été envoyée en début de mois, ça veut dire que c'est... Demain. Monsieur Min à-t-il conscience de l'existence de ce rendez-vous ? Le dossier, quant à lui, est rempli d'informations sur Monsieur Lee. Son adresse, ses relations, son entourage. La date de la création de son cabinet d'avocat et ses moindres mouvements depuis plus de trois mois. Il le faisait suivre?

Qu'est ce que tu as sur Parker ?

Aucune sortie trouvée.

Sur Jimin Parker ?

Vous avez supprimé 42 sorties sur le terme JIMIN PARKER.

Je joue avec mes doigts en réfléchissant le plus vite possible. S'il se réveille maintenant, je suis sûr de mourir sur place.

Le dossier OBSESSION recense le mot JIMIN 276 fois. Voulez-vous consulter ce dossier Monsieur Min Yoongi ?

La masse endormie à mes côtés se met à bouger au même moment et je panique. Je referme l'ordinateur d'un coup et le jette sous le lit sans faire attention. J'ai le souffle court, tellement essoufflé que je pourrais faire de l'ombre à un asthmatique.

"Parker...?" La voix rauque, mal réveillée de Monsieur Min, interrompt ma petite crise de panique et je me retourne vers lui. "Qu'est-ce que tu fais là ? Qu'est-ce qui s'est passé?"

Il tente, en vain, de se redresser et fait une grimace de douleur.

"Oh non non, surtout n'essayez pas de vous lever, vous êtes blessé à l'abdomen. Si vous rouvrez votre blessure, je ne sais pas comment je vais tenir face à la colère de Hoseok," j'ironise en essayant de ne pas laisser transparaître mon malaise. "Ne vous inquiétez pas, tout va bien Namjoon à pris votre suite et il se débrouille comme un chef."

"Namjoon?" répond-il, surpris. "Namjoon a pris les rênes à ma place? Faut vraiment que je me lève alors... Depuis combien de temps je suis là?"

Il soulève la couette et essaie de se lever. Je me rapproche et le soutiens pour l'aider. Son corps s'appuie sur moi sans qu'il ne pense à ce qu'il est en train de faire, sa main autour de mon épaule s'agrippe violemment pour ne pas tomber.

"Vous avez dormi à peine un jour."

"C'est déjà bien trop."

"Sûrement pas," et je resserre ma prise sur lui. "Retournez-vous coucher."

Monsieur M me regarde lui tenir tête, et d'après le sourire en coin qui apparaît sur ses lèvres, il prend plaisir à me voir ainsi.

"Tu t'inquiètes pour moi." Il me repousse et tangue en marchant de son propre chef. "Tu n'aurais jamais dû être dans ma chambre pour ce genre d'occasion."

"Pour quelle genre d'occasion alors ? Quand vous serez sur votre lit de mort parce que vous n'écoutez pas la voix de la sagesse pour votre santé."

"Pour dormir avec moi," me corrige-t-il.

"Yoongi?"

Une voix de l'autre côté de la porte nous interrompt et entre sans frapper. Le grand garçon qui entre n'a rien d'un de ses hommes. Il a un regard inquiet et charmant. Je le reconnais facilement de par ses bouclettes éparpillées blondes. Il se déplace gracieusement dans la pièce et prend mon patron dans ses bras dans une accolade monotone.

"J'ai cru que t'étais mort," dit-il en se séparant de lui. "C'est une nouvelle qui tourne trop souvent dans ma tête, dommage que Dieu n'exauce pas les vœux."

Yoongi ne lui a pas rendu la pareille, il le regarde abasourdi, comme si sa présence n'était physiquement pas possible. Blanc de devoir affronter ses anciens démons.

"Qu'est-ce que tu fais là," demande-t-il sèchement et sans détourner le regard de cet être de chair et de sang. "Putain de Namjoon de merde. Qu'est-ce que tu veux, Chris ? Tu viens pour-"

Il s'arrête d'un coup et se tourne vers moi, le regard noir. Il ne veut pas que je sois vu. Je le sais parce qu'il prend une grande inspiration, comme avant de défoncer le crâne du passeur. L'homme aux tatouages se presse les tempes. Il a l'air éreinté rien qu'à ma présence.

"Je ne viens pas pour elle. J'en ai rien à foutre de tes problèmes de malade mental."

La phrase éclate sur le parquet et rebondit sur chaque mur avant de me rentrer dedans. Il sait ? Il me connaît ? Il sait pour... Ce type connaît-il le jeune de la photo ?

"Namjoon m'a tout dit. J'ai trouvé un endroit pour reprendre le Palace. C'est plus grand, beaucoup plus centré et les affaires seront plus côté." dit-il en lui tendant des plans.

"C'est encore une idée de ton frère ? Ou alors tu veux vraiment me détruire jusqu'à la fin de ma vie..."

Chris ne répond pas, mais il n'est pas difficile de comprendre que la question l'énerve et le met mal à l'aise.

"C'est pour aider un ancien ami. Je le fais pour toi," avoue le blondinet d'une traite en serrant les dents, obligé de s'arracher la confession de la langue à contrecœur. "Je sais que ça pourrait marcher, et toi comme moi, on a besoin de cet argent."

Yoongi prend un certain temps pour y réfléchir. Je crois qu'il sait autant que lui que son 'ami' que c'est ce qu'il faudrait faire. De là à dire qu'ils n'ont pas le choix, peut-être pas, mais c'est une évidence logique.

"Je peux très bien me débrouiller seul, je ne veux pas de ta pitié, Christopher Bang."

"Très bien, Yoongi Min."

L'étranger se retira en nous souhaitant une bonne soirée, et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il aurait fait le parfait mannequin pour une publicité de parfum. Grand, musclé, blond, le teint hâlé, et une carrure impressionnante malgré sa jeunesse par rapport à Monsieur Min.

"Vous devriez accepter," lançai-je.

Cela m'échappa. Déjà en mauvaise posture pour avoir écouté la discussion, je me permettais en plus de donner mon avis. Monsieur M me regarda, silencieux. Il se leva et entreprit de venir vers moi, ma tension montant à mesure qu'il s'approchait.

"Pourquoi ? Dis-moi, je t'écoute," articula-t-il d'un ton glacial, laissant transparaître son agacement. "Mais sache que si tu ne me convaincs pas, tu seras puni, Parker. Je ne peux décemment pas te laisser partir une fois de plus alors que tu n'écoutes plus mes ordres."

J'avalai ma salive en le regardant se déplacer avec la grâce d'un félin, jusqu'à se planter juste devant moi.

"C'est juste que vous avez besoin de cet argent. Et puis, si on peut s'élargir et grandir, on pourrait étendre le business et employer plus de gens. Enfin c'est... tout."

Sa main se logea dans mon cou, précisément derrière ma nuque, m'empêchant de partir. J'étais bloqué, suspendu à ses lèvres, pris dans un étau d'amour à la fois brutal et prohibé.

"Si seulement j'avais envie d'être convaincu..." Il fixait ma bouche, affamé. "Est-ce que j'ai l'air convaincu, Parker ? Est-ce que tu veux que je sois convaincu...?"

Encore une fois, il attendait que ce soit moi qui craque. Que je lui dise que je m'en fous. Qu'il m'embrasse sans lendemain, sans éthique et sans raison.

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