La voiture, telle une bête sauvage, négocia son dernier virage, se fondant avec les autres véhicules à l'entrée d'une petite bourgade, après un contretemps fugace. C'était comme si le destin lui-même prenait une pause, un moment de répit avant le déchaînement final. Dans cette pause apparente, l'atmosphère vibrait d'une tension latente, comme le calme qui précède la tempête, laissant planer le doute sur ce qui adviendrait lorsque le pied de Monsieur M se lèverait finalement, déclenchant l'apocalypse que son esprit tortueux avait tant désirée.

"Descends," ordonna-t-il d'une voix glaciale, ses dents crispées produisant un grincement sinistre. "Et prends ce putain de flingue avec toi."

Ses yeux, perçants comme des lames, ne me laissaient aucun espace pour la désobéissance.

"Je n'ai pas peur d'eux," avouai-je, ma main serrant fermement l'arme à feu qu'il me tendait. "Je sais me défendre toute seule."

Son regard ne fléchit pas un instant, et il souligna sa déclaration avec une précision inquiétante.

"Ce n'est pas d'eux que tu dois avoir peur."

"Parker !"

La voix de Namjoon s'immisça, tranchante, nous arrachant à cet échange tendu. Mon supérieur, dans un geste salvateur, m'entoura de sa présence et m'éloigna de la menace palpable qui émanait de Monsieur M.

"Tu passes par derrière et moi je vois si la négoce est possible," m'informa Namjoon. "Si tu sens que ça prend trop de temps, défonce la porte et prends-le en embuscade par derrière."

"C'est lui?" demandai-je, fixant la photo de l'homme que nous recherchions.

"Ouaip. En chair et en os," répondit Namjoon.

Il se mit en mouvement, précédé par quelques hommes habillés en policiers.

"Troisième maison à gauche, par derrière. Trop longtemps, défonce la porte," je me répétais, ancrant la consigne dans mon esprit pour rester concentrée. Mon corps se faufila aisément, contournant la maison entre les débris de jardinage et les restes d'un barbecue, pour déboucher sur une petite cour mal entretenue, envahie par les hautes herbes. J'étais seule, comme toujours - moins de bruit - sans informations claires sur la raison de notre présence.

Le silence prévalait, un contraste palpable avec l'urgence qui vibrait dans l'air. Mes sens étaient en alerte, captant chaque bruissement dans l'obscurité. C'était le calme avant la tempête, où l'inconnu régnait en maître, et l'adrénaline crépitait dans mes veines, prête à exploser à la moindre étincelle.

Un bosquet attira mon attention, émergent de l'obscurité comme une oasis de mystère. Sous le porche décrépit, à proximité d'une fenêtre brisée, un drap avait été soigneusement tendu sur quelque chose, le cachant à la vue. La blancheur de cette éminence contrastait violemment avec la saleté du jardin, créant une tache incongrue dans ce tableau de négligence. Intriguée, je m'approchai, mon instinct me guidant vers l'inconnu.

Avec précaution, je soulevai un coin du tissu pour percer le secret qu'il dissimulait. Le drap se souleva lentement, révélant une forme indistincte. Mon souffle se suspendit, captivé par l'inconnu qui se dévoilait dans l'ombre. La scène figée dans la pénombre semblait retenir son souffle, éteint par une balle en plein torse.

Je fouillai les poches du cadavre, l'odeur de putréfaction me prenant à la gorge, m'incitant à retenir mon souffle. Le corps exhalait une puanteur si intense que chaque mouvement était une lutte contre l'instinct de recul.

"Lee Taeyong," murmurai-je, lisant le nom sur une pièce d'identité que je venais de trouver. Il portait encore toutes ses affaires, un témoignage muet de la vie qu'il avait menée jusqu'à aujourd'hui. Son portefeuille, un téléphone brisé, une montre en argent poli, tout était là.

Un frisson désagréable me parcourut quand mes doigts se posèrent sur un badge étrange épinglé à sa veste. Une vieille balance et une branche formaient une énigme visuelle. Mon regard se figea, réalisant soudain la signification de cet emblème.

"Merde, un avocat."

Mon sang ne fit qu'un tour, dans le silence oppressant quelque chose clochait. L'urgence s'empara de moi, me poussant à agir sans plus attendre. J'arrachai la broche énigmatique de la veste du cadavre, la carte d'identité de Lee Taeyong était maintenant entre mes doigts. D'un geste vif, je fourais le tout au fond de ma poche. Avant de m'éloigner, je recouvris le corps avec le drap, comme si cela pouvait apporter une dignité posthume à l'homme qui gisait là.

Si les autorités étaient déjà mêlées à cette affaire et que la personne que nous venions chercher ne s'arrêtait pas au simple meurtre d'inconnus, mais visait des personnalités de premier plan, la vie du Gang était en proie à bien plus de problèmes que je ne l'avais imaginé.

Mon coude brisa encore plus la vitre, et je me glissai habilement par l'ouverture. La maison était calme, aucun signe de vie à l'horizon. J'entrai dans une petite cuisine, toujours encombrée de tout son désordre. Des tasses abandonnées, des bols encore pleins de lait croupi et de céréales molles, des piles de papier journal jonchant les surfaces. C'était le microcosme chaotique d'une existence éparpillée.

Parmi le chaos, des visages familiers me fixaient depuis des articles de journaux éparpillés. Des personnalités de la télévision, des journalistes, des enfants de riches au passé trouble ; rien de bien nouveau sous le soleil finalement. L'ombre de la corruption et des secrets planait sur chaque nom, transformant cette cuisine en un sanctuaire de péchés cachés.

Je vérifiai que la pièce adjacente, une chambre, était vide, puis contournai la table pour pénétrer dans un grand salon. J'avançai d'un pas déterminé, mais une main ferme emprisonna soudain mon torse, se posant précisément sur l'interstice entre mes clavicules, me faisant reculer brusquement.

"Attention."

Je sursautais. La voix, inimitable, résonna à mes oreilles, et je la reconnus instantanément. Il se tint sur un pied tout en maintenant son emprise, collant mon dos contre son propre corps, et d'un geste rapide, il envoya un coup de pied dans une petite boîte reliée à un fil en bas de la porte.

"Merci."

Il ne dit rien de plus, lâcha sa prise sur moi, et plongea ses mains dans la poche de mon manteau.

"C'est à moi !" m'exclamai-je un peu trop fort en le voyant récupérer ce que j'avais pris sur le défunt.

Il posa une main sur sa bouche, me signifiant de me taire, et scruta intensément les indices que j'avais laborieusement rassemblés.

"C'est qui ce type ? Pourquoi il y a un cadavre dans son jardin ?" murmurais-je, incapable de contenir ma perplexité. "Qu'est-ce qu'on fout dans la baraque d'un tueur ?"

"Pas de questions," répliqua-t-il simplement, son regard ne déviant pas des éléments que j'avais découverts. "Où sont les autres ?"

D'un geste assuré, il rangea mes trouvailles dans sa poche. Il arborait ce regard sombre, différent de celui qu'il me lançait habituellement à chaque instant de la journée. Celui-ci signifiait que quelque chose n'allait pas, que l'équilibre précaire sur lequel reposait notre réalité était sur le point de basculer. Il semblait attendre quelque chose, une réaction du monde extérieur qui tardait à se manifester. Un silence oppressant régnait, un contraste frappant avec le tumulte habituel qui nous entourait.

"Je ne sais pas," répondit-je, une incertitude perceptible dans la voix.

"Alors, c'est qu'ils sont morts," déclara-t-il froidement, ses paroles dépourvues de toute trace de tristesse. "On s'en va, dépêche toi."

Il me tira par le bras, pressant le pas avec détermination.

"Qu'est-ce que vous racontez ?! Ils sont morts ? Arrêtez de dire n'importe quoi. On va aller les chercher et on partira pas sans les avoir aidés !" ma voix portait peu, handicapée par le désavantage d'être une femme.

"Je ne te laisserais pas aller là-dedans," dit-il, son regard fixé sur quelque chose, tout en continuant de me tirer vers la fenêtre. "De toute façon j'ai déjà ce que j'étais venu chercher."

"Lâchez-moi. Lâchez-moi ! Je ne suis pas votre putain... de... jouet..." Mes mots se mêlaient à mes tentatives pour me libérer de sa poigne oppressante.

Il répliqua rapidement, ramenant son visage face au mien. Le calme s'installa immédiatement. Quoi que je fasse, j'étais faible face à lui. La réalité de ma vulnérabilité se dessina dans l'ombre des événements qui se déroulaient autour de nous, une cruelle réalité que je ne pouvais pas ignorer.

"Tu sais ce qu'il se passera si je te laisse partir là-bas ? Hein, Parker ? Est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu vas y voir ?" Il enrageait que je le contredise. "As-tu la moindre idée de ce que je pourrais lui faire s'il fait ne serait-ce que poser son regard sur toi ...?"

Monsieur Min respirait fort, scrutant chacune de mes réactions avec intensité. Toujours dans l'analyse, toujours dans le contrôle.

Un bruit, derrière nous, résonna dans le salon. Quelqu'un s'approchait, se dirigeant immanquablement vers la cuisine. Un individu dont le pas lourd laissait peu de place à l'espoir qu'il soit notre allié. La tension dans l'air s'épaissit, et l'obscurité de la situation s'accentua, créant un tableau sinistre où chaque mouvement pouvait sceller notre destin.

"Tuez-le alors... Ne le laissez pas me voir." avouais-je dans un dernier souffle.

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