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Je me faufile distraitement entre les élèves, la cherchant du regard, portant peu d'importance aux rires et aux conversations tout autour de moi.

- Hey, Harry ! retentit une voix derrière moi, que j'identifie très vite comme étant celle de Niall.

Je me retourne rapidement, et il vient se poster devant moi.

- Tu as filtré tous mes appels et sms, me reproche-t-il.

- Je... Je suis désolé, Niallou, mais je suis vraiment pressé là. Ce soir chez toi ?

- Oui. Et ne me plante pas cette fois !

Je hoche vivement la tête et me remets à slalomer entre tous les étudiants, des footballeurs aux geeks, en passant même par les violoncellistes.

Les gens me saluent, j'entends mon nom de partout, mais je n'y prête pas attention. Je dois vraiment lui parler.

J'ai pensé à elle tout le week-end, et résultat, je n'ai été à aucune répétition avec Niall, j'ai manqué un match de Louis et Liam, Gemma n'arrêtait pas de me reprocher d'être dans les nuages et Eleanor a tenté de me faire sortir, mais sans succès.

Il fallait absolument que je trouve un moyen de connaître Carter, de l'aider à s'ouvrir aux autres, de comprendre pourquoi elle était comme ça.
Et il s'avère que je suis extrêmement mauvais en matière de psychologie et d'aide sociale.

Le seul moyen que j'ai trouvé pour la faire sortir de sa coquille, c'est que je dois tout simplement la convaincre de me raconter son histoire.

Ridicule, n'est-ce pas ?

Je sais bien qu'elle ne veut rien me dire, mais faute de mieux, il faut que j'essaie. Je l'avoue, ma méthode craint.

Quelqu'un m'attrape le bras et je me retourne, les sourcils froncés. Une grande blonde aux yeux bleus-gris incroyables me fixe avec douceur.

- Je crois savoir qui tu cherches.

- Qui es-tu ? je lui demande.

- Je m'appelle Ashley. Suis-moi.

Je ne proteste pas tandis qu'elle me prend par le poignet faiblement et qu'elle me tire avec elle dans les couloirs jusqu'à une petite porte avec pour écriteau "Entretien".

Elle se retourne vers moi, s'apprêtant à me dire quelque chose, mais je ne lui laisse pas le temps et lui demande :

- Tu te moques de moi ?

Elle rit faiblement en secouant la tête et me répond :

- C'est là qu'elle vient lorsqu'elle se sent seule.

Je souris, amusé.

- Tout le temps, quoi.

- Exactement.

Je ne réponds rien et c'est seulement à cet instant que je prends le temps de la décrire.

Ses cheveux blonds forment de légères ondulations retombant sur ses épaules, mais sa racine est un peu plus foncée, donnant un résultat très joli. Ses yeux, d'un bleu-gris envoûtant, sont légèrement en amande lorsqu'elle sourit, accompagnant ses petites fossettes.

C'est une jeune femme magnifique.

Néanmoins, Carter l'est encore plus à mes yeux.

Elle, elle a ce petit côté mystérieux, autant physiquement que psychologiquement. Tandis qu'Ashley, elle semble douce, sociable, un véritable livre ouvert.

Il faut croire que le mystère m'attire plus que la gentillesse.

Je souris à Ashley et lui demande, intrigué :

- Comment tu sais ça ?

Elle se mord la lèvre inférieure et un éclair d'amusement traverse son regard.

- C'est ma soeur.

Mes sourcils se haussent instantanément et mes yeux sortent de leurs orbites.

Ashley éclate de rire en voyant ma tête, puis elle lève le bras gauche et regarde l'heure sur sa montre.

- Bon, il est 12h38, je dois passer à la bibliothèque avant la reprise, peut-être à plus tard, euh...

- Harry, je lui dis en souriant.

- Enchantée Harry. Bonne chance avec Carter.

Je la remercie d'un sourire poli et elle me fait un vague signe de main avant de s'éloigner.

Allez, c'est parti. Je me poste devant la porte, prends une grande inspiration et secoue les mains.

Pourquoi est-ce que je panique autant ? Ce n'est que Carter.

Mais ce que j'ai à lui dire n'est pas simple. J'appréhende sa réaction, beaucoup.

J'ouvre la porte et plisse les yeux.

Le local est plongé dans le noir, seule la lumière du couloir permet d'éclairer la petite pièce, mais pas assez pour y voir clair.

Soudain, la lumière du local s'allume et Carter apparaît devant moi, debout entre les balais et les seaux.

- Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-elle, froidement.

Je déglutis et me jette à l'eau :

- Parle-moi de toi.

Elle part d'un rire sans joie, qui est limite effrayant.

- Te parler de moi ? Tu devrais faire un one-man show, Harry Styles. Tu es hilarant.

Elle referme la porte mais je la bloque en insérant rapidement mon pied entre celle-ci et le mur.

Je la tire vers moi afin de la rouvrir, et regarde Carter dans les yeux, en essayant de prendre ma voix la plus ferme :

- Je ne plaisante pas. Parle-moi de toi.

- Je n'ai rien à dire sur moi.

Ses yeux, d'habitude d'un vert hypnotisant, sont désormais vides de toute lueur. Ils sont semblables à des puits sans fonds, sombres et effrayants.

- Tout le monde a quelque chose à dire.

Je la pousse et entre avec elle dans le local, avant de refermer la porte derrière nous. Je m'assois sur le sol en tentant de me faire une place parmi les produits d'entretien, tandis que Carter n'a pas bougé d'un millimètre. Comme la pièce est minuscule, n'étant pas destinée à accueillir une personne, encore moins deux, je suis obligé de me recroqueviller sur moi-même en serrant mes genoux contre ma poitrine.

La voix de Carter résonne lorsqu'elle me lance :

- Je peux savoir ce que tu fais ?

- Je t'aide, voilà ce que je fais. Assieds-toi.

Elle soupire mais ne bouge pas, et je lui attrape la jambe avant de la tirer vers le bas, la forçant à s'assoir à côté de moi, elle aussi recroquevillée.

Les minutes passent, silencieuses et pesantes, et sans prévenir, je sors mon papier de ma poche, que je déplie, et me lance en lisant les mots que j'ai griffonnés la veille :

- Je m'appelle Harold Edward Milward Styles, et je suis né le 1er février 1994 ici, à Holmes Chapel. Mais je m'appelle juste Harry Styles, je déteste mon vrai nom. J'ai une grande soeur, Gemma, de 21 ans, et on vit à 3 avec ma mère. Mon père est mort lorsque j'avais 7 ans, accident de voiture. Je suis le seul de ma famille à avoir les cheveux bouclés, et avant ça me gênait, surtout lorsque l'on sortait en famille, mais plus maintenant. Je n'ai que très peu d'amis, juste 4 en fait, mais je ne suis pas particulièrement timide ou solitaire, au contraire, j'adore rencontrer des gens et échanger. Ma couleur préféré est le bleu, depuis tout petit, j'ignore pourquoi. J'ai la mauvaise habitude de dormir nu, et ma mère et ma soeur le savent, ce qui ne les empêche pas d'entrer dans ma chambre sans gêne pour me réveiller le matin. J'adore les spaghettis à la bolognaise, même si je ne sais pas en manger sans mettre de la sauce partout. C'est mon meilleur ami, Louis, qui passe me prendre tous les matins parce que je n'arrive pas à me décider à passer mon permis, je suis sans aucun doute le plus grand fainéant du monde. Mon fastfood préféré est le Subway, même si je sais que presque tout le monde déteste. Une fois, mes amis m'ont emmené au parc d'attraction, et à cause de moi, on n'a pas fait l'attraction que tout le monde adore parce que j'ai la phobie des loopings. Je déteste les montagnes russes. Ma matière préférée est la littérature, même si je suis une cruche lorsqu'il s'agit de rendre un devoir. Je ne sais pas m'exprimer, mes idées sont constamment en fouillis, un peu comme cette petite biographie. J'adore cuisiner, et je me porte toujours volontaire à la maison pour préparer le repas. J'adore Holmes Chapel. Je n'ai jamais quitté cette ville. Em... J'adore chanter, mais personne sauf Niall, mon ami de la chorale, a déjà entendu ma voix, pas même ma mère ou Louis. J'ai toujours considéré Elvis Presley comme une influence vocale, même si ce n'est pas mon idole. Je ne suis sortie qu'avec une seule fille dans toute ma vie, et ça a été une catastrophe. Pour ma défense, j'avais 11 ans. Une fois, une fille me suivait partout lors d'une sortie entre amis, et je lui ai dit que j'étais gay pour qu'elle me laisse tranquille. Je ne le suis pas, juste au cas où le doute serait là. J'aimerai devenir professeur de Fac, mais je ne sais pas de quelle matière. Je sais, c'est stupide. Je sais juste que l'enseignement m'attire. Ça m'a toujours attiré. Je déteste mes fossettes, parce que tout le monde a tendance à les adorer, et je n'aime pas me faire voir. C'est pas que j'aime être discret, mais je n'aime pas me mettre en avant, que ce soit volontaire ou non. J'ai toujours adoré prendre le bus, alors que tout le monde hait ça. Mais le bus me permet de réfléchir seul, sans être dérangé. J'adore mettre de l'ordre dans mes idées et réfléchir en regardant les paysages défiler. Je connais mes meilleurs amis par coeur, jusqu'à leurs petites mimiques ou leurs préférences. Je déteste le soda, sentir les bulles me brûler la gorge me dégoûte. Je préfère les boissons fraîches, comme l'Ice-Tea ou encore la menthe à l'eau. Je ne suis pas quelqu'un du matin. Il me faut une éternité pour me réveiller et la plupart du temps je suis de mauvaise humeur au réveil. Quand j'étais petit, après la mort de mon père, je pensais que la lune me suivait partout parce que c'était mon père et qu'il veillait sur moi. Oh, et j'ai des rapports assez étranges avec ma soeur. On se dispute ou on se lance des piques toute la journée, mais ce n'est jamais sérieux. Je ne la remercierai jamais assez pour tout ce qu'elle a fait pour moi en tant qu'aînée. Je sais que son rôle n'a pas été facile, et toutes les fois où je l'ai vu pleurer sans pouvoir rien faire, ça a été les moments les plus difficiles de ma vie. J'aurai tant aimé être plus âgé qu'elle, juste pour pouvoir la protéger. Ma mère et elle sont les deux femmes de ma vie, et je ne les abandonnerai pour rien au monde. La famille est ce qui compte le plus pour moi à mes yeux, car même dans les pires moments ou situations, ce sont ces personnes qui nous maintiennent en vie et qui ne nous laisseront jamais tomber. Voilà, c'est tout.

Je prends une grande inspiration et tourne la tête vers Carter, pour voir sa réaction. Elle secoue lentement la tête, une expression de tristesse imprimée sur le visage. Je fronce les sourcils. Pourquoi son regard reflète-t-il lui aussi ce sentiment ?

- Pourquoi tu m'as dit tout ça sur toi ?

- Pourquoi ne le pouvais-je pas ?

Elle cligne plusieurs fois des paupières, et ses longs cils noirs semblent s'envoler l'espace d'une seconde. Elle avale sa salive et baisse le regard, toujours autant démoralisée.

- Carter, qu'est-ce qu'il y a ?

Elle relève la tête vers moi et plonge son regard dans le mien, puis me répond de sa voix si envoûtante :

- Tu n'aurais pas dû me dire tout ça. C'était personnel.

- Oui, c'est vrai. Mais maintenant tu sais que tu peux me faire confiance, je n'ai aucun secret. Je ne suis pas ton ennemi, Carter. Je veux t'aider.

Elle se relève et pose sa main sur la poignée, avant de murmurer doucement, comme dans un écho :

- Personne ne peut m'aider.

***

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Lots of love.
- I

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