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5 jours.

Il ne reste que 5 jours avant la fin du compte à rebours. Dans 5 jours, peut-être que tout basculera vraiment. Mais ce n'est pas ça qui m'importe là tout de suite.

Aujourd'hui, je retourne en cours. Je n'ai pas revu Carter depuis le soir où elle s'est enfuie de Paris, mais je n'ai pas cessé de penser à elle. Même si à priori, elle, elle adore Luke. Elle passe tout son temps avec lui, maintenant. Enfin, je suppose. Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne m'a pas reparlé depuis. Pourquoi tout est toujours si compliqué ?

- Haroooooold, s'écrie Gemma du bas de l'escalier. Louis est là !

Je ferme les yeux quelques secondes, respire lentement, puis attrape mon sac sur mon lit et descends en bas. J'embrasse rapidement ma mère et ma soeur et rejoins mon meilleur ami dans la voiture.

- T'es pas en retard, aujourd'hui, c'est un record, se moque Louis en prenant la direction du lycée.

- Ouais..

Son sourire s'efface et il tourne la tête vers moi rapidement puis reporte son attention sur la route.

- Ça va ?

- Ouais...

- Tu pourrais dire autre chose que "ouais" s'il te plaît, Harry ? Tu m'inquiètes là.

Je secoue lentement la tête et tente de le rassurer :

- Ça va Louis.. J'ai juste mal à la tête, si tu veux savoir.

Il soupire et commence à taper distraitement des doigts sur le volant. Après avoir regardé dans le rétroviseur plus par habitude que par réel besoin, il dit :

- Tu sais, je suis sûr qu'Anne ne dira rien si tu veux rester chez toi.

- Non, je ne veux pas l'inquiéter, je réponds immédiatement.

- Mais elle s'inquiète déjà, Harry ! C'est ta mère, et je ne pense pas que te voir malheureux la rende heureuse.

Je ne réponds pas et regarde la route.

- Je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans des états pareils pour elle..., continue-t-il. Je sais que tu l'ai..

- Chut. Ne dis pas ce mot, le coupai-je brutalement.

Il soupire et reprend :

- Je sais que tu l'apprécies beaucoup, et que tu ressens des choses pour elle, mais ça ne fait que quelques mois Harry... Peut-être que ce n'est pas ce que tu crois.

Je tourne la tête vers lui et plisse les yeux, lui répondant plus méchamment que je ne le souhaitais :

- Ah oui ? Et qu'est-ce que c'est alors selon toi ?

Il ne répond pas et ses mains se crispent sur le volant. Je reporte mon attention sur la route, reconnaissant le quartier proche du lycée. Un silence lourd règne dans la voiture, et je soupire en regardant mon meilleur ami.

- Je suis désolé, Louis... Je ne voulais pas.. Je suis juste tendu.

- Je sais, sourit-il légèrement. Mais... si tu la croises, essaie de te souvenir que c'est ton amie, avant d'être celle pour qui tu ressens des choses, d'accord ?

- Je rêve ou t'as peur que je m'en prenne à elle ?

Il secoue la tête tout en entrant sur le parking du lycée.

- Je n'ai pas peur pour elle, Harry. Je sais que tu ne lui ferais pas de mal. J'ai peur pour toi. Ne laisse pas tes sentiments te submerger, c'est tout ce que je te demande.

Il arrête la voiture et je ne peux détacher mon regard de lui. Plus le temps passe, et plus je me dis que je ne le mérite pas.

***

- J'ai corrigé vos rédactions que vous m'avez rendues avant que l'on parte à Paris, et j'ai été surpris. Pour certains en bien, pour d'autres en mal, déclare Mr Stenfield. Je vais vous les distribuer et je demanderai à deux d'entre vous de les lire à haute voix.

Liam lève la main et demande au professeur :

- À qui ?

- À ceux dont la rédaction était une merveille.

Je déglutis. Je ne me suis pas investi comme j'aurai dû le faire pour ce devoir, et j'ai un peu peur de ce qu'il y aura d'écrit sur la copie. Le professeur commence à les rendre et très vite, son regard se pose sur moi.

- Harry, sourit-il.

Il me la tend et je lis les mots écrits soigneusement à l'encre rouge.

A+ ! Excellent travail, je n'en attendais pas moins de toi, Harry. Je savais que tu avais du potentiel.

Un énorme sourire prend place sur mon visage, et Liam me tape amicalement l'épaule.

- Tu vois, me dit-il. Tu y es arrivé.

Je me tourne vers lui et regarde sa copie.

A.
Très bon travail, Liam. Continuez comme ça.

- Bien joué aussi, Payno.

Il me rend mon sourire et le professeur tape dans ses mains.

- Bien, donc je vais demander à Harry et à Elisa de nous lire leur travail.

Je relève brusquement la tête et écarquille les yeux.

- M-moi ? je demande à Mr Stenfield en sentant le regard de les camarades peser sur moi.

- Oui, sourit-il.

J'expire lentement et baisse les yeux vers mon devoir, puis sans réfléchir, je commence à lire :

- Je m'appelle Harry Styles, et j'ai 17 ans. Je suis né le 1er février 1994 à Holmes Chapel. Je n'ai pas quitté cette ville depuis ma naissance, et je ne compte pas partir. J'ai une grande soeur, Gemma, de 4 ans mon aînée. On vit seuls avec notre mère depuis que mon père nous a quittés, j'avais 7 ans.
Au début, c'était dur, et puis le temps a passé, emportant avec lui toutes nos blessures. Je ne suis pas un garçon avec des centaines d'amis, les quelques personnes que je possède me suffisent amplement. Je préfère la qualité à la quantité. J'aimerai beaucoup étudié l'enseignement, pour devenir professeur de Fac, mais je ne sais pas encore dans quelle matière. Depuis quelques temps, une fille m'intrigue beaucoup, mais je ne peux pas révéler son nom. Je ne peux rien dire, en fait. On se voit, et on se parle, mais selon elle, si quelqu'un l'apprend, nous serions morts. Ne riez pas, c'est une fille formidable (bon, même si elle peut paraître folle). Je ne sais pas vraiment ce qu'elle m'a fait, mais dès la première seconde où je l'ai vue, j'ai ressenti comme un besoin irrépressible de me rapprocher d'elle. Attiré comme un aimant. C'est une sensation étrange, indescriptible.
Le devoir commence à devenir long et surtout biographique, mais sérieusement, une auto-biographie à 17 ans ? Quelle blague.
Non, ce que je voulais surtout faire partager à travers ce texte plus que médiocre, c'est que je ne sais pas encore qui je suis vraiment. Aucun étudiant de mon âge ne le sait.
On veut croire à notre indépendance, à la liberté, à la prise en main de notre avenir, mais la vérité, c'est que nous sommes encore des enfants.
Des enfants qui ne savent, et au fond ne sauront jamais, ce qu'est vraiment la vie.

Personne ne dit rien et les secondes s'écoulent, pendant lesquelles je n'ose pas relever la tête.

Je n'aime pas l'idée que les gens puissent savoir ce que je pense. Ça me rend anxieux.

- Je ne savais pas que tu écrivais aussi bien, me dit un de mes camarades.

Je lui adresse un sourire timide et lui répond :

- Ce n'est presque rien, je pensais avoir un F..

Il rit faiblement et mon professeur de littérature sourit. Pour combler le silence qui commençait à devenir gênant, il demande à Elisa de lire à son tour.

Je profite de ce petit moment pour consulter mon téléphone une seconde. Mon regard tombe sur un message que j'aurai voulu ne pas recevoir. Pas aujourd'hui en tout cas.

Carter : Il faut qu'on parle. - C.M

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