• CHAPITRE DIX-HUIT •

- Un, deux, trois... Santé !, chante-t-on en coeur avant d'ingurgiter le énième liquide brûlant notre oesophage.

Nous reposons frénétiquement nos verres sur le comptoir en riant comme deux hystériques, faisant de ce fait concurrence aux décibels parcourant nos oreilles. Alda m'entraine vers la piste de danse en se déhanchant comme une professionnelle au milieu d'une foule de fêtards. Ce doit bien être la première fois depuis mon arrivée sur Paris que je m'amuse autant. Mes jambes bougent au rythme de la musique tandis que mes yeux restent clos afin d'intérioriser au maximum les sensations que provoquent l'alcool.

Tout-à-coup, une main inconnue se pose sur ma taille. Je ne me retourne pas, préférant laisser libre court à mon imagination quant au physique de la personne se tenant derrière moi. Je constate le sourire coquin de mon amie qui s'éloigne de quelques pas afin de m'abandonner à mon sort. La main qui me saisissait alors s'empresse de me retourner face à elle. Matt se tient là, ses yeux pénétrant les miens sans pudeur. Mes pensées me dictent de stopper net ce contact mais mon esprit est trop embué pour commander le moindre geste brusque à mon corps. Mon collègue s'approche de plus en plus, finissant de ce fait par ne laisser qu'un millimètre de courant d'air entre nous.

- Tu vas mieux ?, me demande-t-il en chuchotant au creux de mon oreille.

Je hoche la tête dans le but de lui donner une réponse positive. Cependant, mon mouvement se coupe brusquement lorsque j'aperçois Sam assis au loin, un verre à la main, épiant nos moindres mouvements. Il se redresse alors tout en posant sa consommation sur la table afin de laisser place à une des invités du défilé. Cette dernière est d'une beauté époustouflante et ce soir, elle semble avoir mis le grappin sur Monsieur. Je les fixe à mon tour, éprise d'un mal de ventre qui semblait m'avoir quitté depuis quelques heures.

- Tu es sûre ?, continue-t-il tout en s'écartant de moi.

Je ne m'étais même pas aperçue que le moindre de mes mouvements s'étaient arrêté. Ce ne peut être que l'alcool qui me met dans cet état. Mes jambes tremblent tandis que mes joues s'enflamment au fur et à mesure que je tente de rassembler des mots susceptibles de former une phrase cohérente pour répondre à Matt. Mais rien n'y fait. La folle envie qui m'animait jusque-là a entièrement disparu et mes yeux ne peuvent se détacher de ceux de Sam qui a à présent sa bouche collée à la chevelure blonde à ses côtés.

J'ai très clairement besoin d'un verre. Enfin, en admettant que l'on puisse appeler cela un besoin au vue de mon taux d'alcoolémie. Il est clair que mon semblant de jalousie ne peut venir que de cela. Une stagiaire ne s'intéresse pas à son patron. L'alchimie est de toute façon inexistante. Mais je sens encore la marque de son excitation contre ma cuisse... Je me claque mentalement afin de tenter de remettre mes idées en place. Calamité, voilà mon nouveau surnom et surtout de quoi me débarrasser du nom de Jones.

Avant que je ne parvienne jusqu'au bar, Matt me tend le verre que ma gorge réclamait tant. Bonne idée ou pas, je décide de jeter mes bonnes résolutions à la poubelle pour le reste de la soirée. Celui-ci me regarde tendrement, avant de s'approcher spontanément afin de coller son bassin contre le mien. Il s'empare fermement de mes hanches à l'aide de ses deux mains tout en nous entrainant dans une danse sensuelle. La musique ne s'y prête pas mais nos deux corps ne font plus qu'un. Je peux sentir ses bras descendre le long de mes cuisses, donnant naissance à une vague de frissons le long de ma colonne vertébrale. Mes membres s'engourdissent à une vitesse phénoménale, si bien que je ne parviens pas à desceller la précision de ses gestes. Tout ce que je sais, à cet instant précis, est que je me sens bel et bien vivante. Aucun visage aux alentours ne m'est familier, aucune remarque indécente ne parviens jusqu'à mon ouïe. La seule indécence ici présente est le rythme sur lequel nous nous déhanchons et au simple présupposé de l'image que nous renvoyons, je me sens plus forte que jamais.

- Je peux te parler ?, demande-t-il tout en m'entraînant vers la sortie de la boite de nuit.

Ma vision est devenue si trouble que la lumière des lampadaires entament une valse à travers ma vision. Plus rien ne semble réel, et encore moins rationnel que ma tête tourne de plus en plus rapidement. J'ai besoin de m'asseoir et accessoirement de régurgiter le trop plein d'alcool retournant mon estomac.

- Bon ma belle, je crois que tu en as assez fait pour ce soir. Je te ramène, commence-t-il avant que mes yeux ne se ferment et que mon corps ne s'étale de tout son long sur le bitume humide.

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