• CHAPITRE DIX •

Quelques minutes plus tard, j'ouvrais les yeux sur les épaules de Sam, posée comme un sac à patates. J'avais vainement tenté de m'extirper de là avant de ne causer davantage de dégâts mais l'alcool semblait avoir remporté cette bataille.

- Réveillée miss ? Tu nous as fait un sacré spectacle, dit-il tout en me posant délicatement sur le lit. Tu es sûre de ne pas vouloir passer sous la douche ?

Dis tout de suite que je sens mauvais !

Je dois bien admettre que l'odeur du liquide ingurgité doit à présent envahir la pièce mais quand même... J'ai la mauvaise impression d'entretenir mon image de jeune incapable et cette interprétation me fait froid dans le dos. Je n'arrive toutefois pas à bouger d'un millimètre afin d'aller me cacher comme une petite souris. Mes membres sont engourdis par l'alcool. Les dernières paroles de mon patron résonnent en moi comme un écho et la panique m'envahit.

- Un sacré spectacle ?, demandé-je nerveusement.

Celui-ci me sourit franchement tout en prenant soin de ne pas rétorquer. Alors là, c'est l'angoisse ultime. Il est vrai que je ne bois pas souvent mais je ne pensais pas aussi peu tenir l'alcool.

- Disons que... tu m'as dit des choses qui ne se refusent pas, accompagne-t-il d'un petit clin d'œil.

Il enlève soudainement sa chemise qu'il jette de façon désinvolte sur le lit. J'observe les environs de droite à gauche et me rend effectivement compte que nous sommes tout sauf dans ma chambre. Non mais attendez, il joue à quoi ? Il commence à défaire le bouton de son pantalon avant de partir en direction de la salle de bain.

- Je vais prendre une douche. Tu devrais en faire de même.

J'expire alors de soulagement sans même m'être rendue compte que ma respiration s'était bloquée. Sam revient instantanément dans la chambre, son pantalon de costume descendant en bas de ses hanches et son torse toujours dévêtu. Il s'approche de moi, avançant avec lenteur sur le lit tout en me soufflant à l'oreille :

- Ne joue pas l'insolente avec moi en soupirant de cette façon.

Son souffle chaud parcourt ma nuque. Il reste là, quelques secondes, avant d'approcher ses lèvres de la peau qui s'étend sous ses yeux. Des frissons s'emparent immédiatement de mon corps, me rendant incapable de bouger. L'extrêmité de son nez effleure délicatement le dessous de mon oreille. Il semble sentir mon parfum de longues minutes. Les battements de mon coeur s'accélèrent énergiquement tandis que je sens sa respiration devenir devenir de plus en plus chaude contre mon cou.

Il s'enlève abruptement avant d'entrer, pour de bon, dans la salle de bain. Je reste abasourdie sur le lit durant ce qu'il me semble être une éternité. Il était prêt à me toucher de ses lèvres gonflées de plaisir tandis que j'étais prête à m'offrir à lui. Cette situation devient dangereuse à mon goût. Je ressens néanmoins une attraction si forte lorsque je me trouve à ses côtés. C'est comme si tous mes sens se mettaient en éveil. Ça ne peut qu'être dû à l'excitation de voir mon rêve commencer à devenir réalité. Je viens d'arriver au siège parisien de la Maison Jones, je suis déboussolée d'avoir vu mon père dans cet événement et en plus de cela, j'ai beaucoup bu alors forcément, ça joue sur la réalité de ma sensibilité !

- Tu devrais retourner dans ta chambre maintenant, semble m'ordonner Sam en sortant de la douche.

Je l'observe confuse mais rien n'y fait. Il m'ouvre la porte comme pour me dire de déguerpir aussi vite que je suis venue. J'exécute et ne me fais pas davantage prier pour prendre mes jambes à mon cou et fuir cette situation embarrassante.

Je reste encore sans voix lorsque la porte se claque derrière moi. Mon odeur est peut-être entièrement imbibée d'alcool mais je trouve qu'il y va un peu fort et ce surtout sans me donner d'explication. Au fond, j'ai toujours su que je ne pouvais compter que sur moi-même mais de là me faire jeter de façon aussi désinvolte, j'avoue être assez surprise.

Mon téléphone se met à vibrer, me sortant ainsi de ma rêverie. Le prénom d'Alda s'affiche sur mon écran ce qui a le don de me redonner instantanément le sourire.

Alda : Salut ma poule ! Alors, ce petit voyage ? L'autre ne t'embête pas trop ?

Je pense instantanément à lui évoquer l'histoire de tout à l'heure concernant mon père mais l'envie de tout garder pour moi est cette fois-ci trop forte. Je sais pertinemment que ma meilleure amie ne prendrait pas mon envie de me confier à la légère mais la scène est encore trop récente pour que je sois en mesure de la raviver.

Moi : Tout va bien, on se voit bientôt.

Bien que Madame soit un détecteur de mensonge, celui-ci ne s'active heureusement pas à travers nos rares envoies de messages. L'écoute dont elle fait toujours preuve est l'une de ses plus belles qualités mais lorsqu'elle me surprend à lui mentir, c'est une autre histoire. J'ai toujours eu tendance à prendre sur moi. Alda a toutefois constamment été là avant que je n'explose et rien que pour cela, je lui en serai éternellement reconnaissante. Elle est un peu comme une sœur, une de celle qui vous comprends malgré la difficulté d'une situation. 

Mais je n'ai pas besoin d'évoquer ce qu'il vient de se passer avec Sam. Il a su mettre un point final à ce qui n'existera de toute façon jamais et nous nous en porterons pour le mieux ainsi.

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