Partie III: La chasse est ouverte !

Point de vue Namjoon

Putain ! J'en peux plus ! Ça fait une semaine que Seokjin ne me parle plus. J'y crois pas, c'est un prof mais il boude comme un gamin. Il ne vient plus dans la classe le soir pour me donner un nouveau livre, il se contente de le déposer sur mon bureau en début de cours, sans un mot, sans un regard. Je crois que c'est ça qui me fait le plus mal, il ne me regarde plus. Son sourire aussi à disparu, le peu de fois où il apparaît il semble affreusement faux.

Tout le monde l'a remarqué, les autres me regardent parfois, l'air suspicieux et ça me rend nerveux. Je suppose que tout le monde avait remarqué que le prof s'occupait beaucoup de moi, que son comportement est inhabituel depuis qu'il ne me parle plus.

Tous les jours je garde la tête baissée pour ne pas voir son visage éteint et fatigué, ça me fait trop mal au cœur. Alors je reste concentré sur ma feuille blanche, je n'arrive plus à écrire. Je ne lis plus non plus, je n'en ai plus l'envie. Je suis comme éteint moi aussi.

Je n'avais même pas eu la force de me prendre la tête avec ma mère le soir de notre dispute. Je l'ai juste laissée gueuler jusqu'à ce que ses cordes vocales lâchent.

Tous les jours, je regarde mon bureau sans rien faire, je n'ai même plus la force de m'ennuyer. Je pense, je regrette mon excès de colère et répète des mots d'excuse que je n'ai pas le courage de prononcer à voix haute.

La cloche sonne, c'est l'heure de déjeuner mais je n'ai pas faim. Je laisse mes pensées continuer de divaguer, me remémorant les mots durs que j'ai prononcés, les regrettant, me traitant d'idiot comme si me blâmer maintenant pourrait changer quelque chose. Je suis ridicule.

- Hé Namjoon !

Je relève la tête à l'entente de mon nom, il y a 3 filles devant moi, les bras croisés, l'air énervées.

- Quoi ?

- Qu'est-ce que tu as fait à Mr KIM ? Pourquoi il ne sourit plus ? Je suis sûr que c'est de ta faute, ça ne peut être que toi! Comment oses-tu faire du mal à notre Seokjin hein ?!

Notre Seokjin ... cette expression dans la bouche de cette fille dont je ne connaissais pas le nom me retourna l'estomac. Notre Seokjin ... je ne veux pas que ce soit son Seokjin ou leur Seokjin, c'est le mien, je veux que ce soit le mien. Malheureusement, cette fille a raison, c'est de ma faute, c'est moi qui l'ai blessé. Je déteste la façon dont cette fille parle de Seokjin mais au moins elle m'a réveillé. Elle a réveillé mon désir de changer, de m'améliorer pour le sourire de Seokjin.

Alors je me leva sans répondre et je partis faire ce que j'aurais dû faire il y 6 jours déjà. Je sais exactement ce que je dois faire maintenant. C'est comme si je remontais à la surface après avoir sauté dans une eau profonde, noire, froide. Je vois de nouveau à la surface.

Je sortis de la classe rapidement, ne laissant pas à ces filles le temps de réagir, je dois voir Seokjin, maintenant. Sur cette pensée, je me mis à courir à travers les couloirs.

J'arriva essoufflé devant la salle des profs, je prie rapidement pour qu'il soit là et non à la cantine et j'ouvre la porte.

Mon cœur loupe un battement, il est là à regarder une pile de copies, le stylo à la main mais il ne corrige pas, son regard est vide, il regarde les copies sans vraiment les voir. Il est dans un mauvais état et c'est entièrement ma faute. Je m'en veux terriblement mais je vais me rattraper aujourd'hui. Il va retrouver son beau sourire.

Je m'avance doucement vers lui sans le quitter des yeux. Une fois en face de lui, je me racle la gorge pour attirer son attention. Il lève les yeux vers moi, enfin, 6 jours que ses yeux ne m'avaient pas regardé mais ce moment est de courte durée, dès qu'il me reconnaît il rebaisse les yeux.

J'ai mal mais je n'ai pas le droit de me plaindre, c'est moi qui est engendré cette situation et personne d'autre.

- Je suis désolé Seokjin, commençait-je d'une voix mal assurée. Je ne voulais pas m'emporter comme je l'ai fait. C'est juste que je deviens sensible quand on me parle de mon passé. Il y avait rien de personnel, vraiment je suis désolé.

- Prouve le moi.

Je releva la tête vers Seokjin, sa voix était faible, des cernes prononcées avaient élues domicile sur son visage fin mais malgré la fatigue sur ses traits, son regard montrait une grande détermination. Il était très sérieux, si je ne faisais pas quelque chose de vraiment significatif je risque de perdre mon précieux professeur.

J'inspira profondément, ferma les yeux, il est l'heure de se lancer maintenant:

Le "complexe du bon garçon", c'était ma maladie

J'étais toujours trop gentil avec tout le monde, c'était ma maladie

Ils allaient raconter de la merde dans mon dos, mais

Faisaient les gentils devant moi

J'ai fait semblant de ne pas avoir remarqué que

L'école était un champ de bataille

Peut-être que c'était mon propre combat dans ce ring qu'était l'école

Aucun n'y aurait prêté attention, comme si c'était

Quelque chose dont on ne devrait pas se soucier

I don't care, mais c'est une chose que seuls les adultes

Arrivent à faire avec facilité

Ni coupables, ni victimes, c'est un endroit où nous sommes transformés en spectateurs

Même si vous me pointez du doigt et me traitez de lâche, ça va

Mais comment définiriez-vous cela?

Vous savez que je ne peux pas vous filez un coup de main

Si je le fais je finirais comme vous

Ne soyez pas aveuglé par la justice, le héros est mort

C'est la réalité, la seule façon de survivre, il n'y a pas d'autres options

C'est un ring que l'on appelle classe

C'est un stade sans arbitre où il n'y a qu'un public

Tu sais, il n'y aura jamais de vainqueurs, tout le monde perdra

La base de la violence à l'école,

Un cercle vicieux qui ne prend jamais fin,

Il n'y a pas de sortie dans ce ring bondé que l'on appelle classe

C'est vrai, au final l'école est comme n'importe quelle société

Une jungle négligemment créée par les adultes

Ils ont rendu les mauviettes faibles,

Ils ont rendu la force puissante.

Bien sûr, puisqu'ils étaient forts,

Ils ont fait souffrir les plus faibles.

Une société bâtit sur les préceptes qui nous enseignent

Que les amis ne sont là que pour faire semblant,

La morale des adultes nous à fait marcher sur les plus faibles pour atteindre le sommet.

Les châtiments corporels ont été interdits,

Dans un moment de force

"Je ne sais pas parce que je n'y étais pas" est devenu une excuse.

C'est vrai, cette société qui regorge de spectateurs qui ne sont pas différents des coupables.

Les étudiants piégés à l'intérieur des classes, reconnus comme eux-mêmes

Sont également des victimes.

C'est un ring que l'on appelle classe

C'est un stade sans arbitre où il n'y a qu'un public

Tu sais, il n'y aura jamais de vainqueurs, tout le monde perdra.

Je récitai en entier le texte qu'il avait lu le premier jour, cette chanson qu'il souhaitait tellement connaître et que je lui avais toujours refusé. Je la récitai avec toute mon âme, le cœur serré par les souvenirs, ne lâchant pas son regard une seconde. Je voulais qu'il reçoive ma sincérité directement au cœur et ça eu l'air de marcher. Quand ma voix s'éteignit à la fin de la chanson, une larme échappa à mon professeur, suivit par plusieurs autres. Il se leva, contourna son bureau et vint me prendre dans ses bras pour me réconforter mais il semblait bien plus touché que moi. Je n'allais cependant pas refuser cet élan d'affection, je referma mes bras autour de sa taille posant ma tête sur son épaule large. Je le laissa se calmer dans mes bras, profitant de sa chaleur, de son odeur, sentant mon cœur revivre après une traversée du désert où il m'ignorait. Je ferma les yeux, ressentant les battements de mon cœur avec une étrange lucidité. Il n'est pas normal d'être aussi heureux d'être dans les bras de son prof, je le sais. Tout comme je sais qu'il n'est pas normal de souffrir à ce point quand il ne me regarde pas. Ce n'est pas normal de le désirer comme je le fais, de jalouser les autres élèves quand il prend deux minutes pour leur expliquer un truc avec un sourire bienveillant. Je le sais rien n'est normal dans mon comportement mais je me fiche de transgresser les règles.

Seokjin ne peut pas être le Seokjin des filles qui m'ont parlé tout à l'heure, il ne peut pas être aux autres. J'en ai pris conscience tout à l'heure, Seokjin est pour moi, en tout cas je ferais tout pour.

Il se détacha de moi après s'être calmé, bien trop vite à mon goût. Je lui fis un petit sourire rassurant qu'il me renvoya avec une mine qui restait triste.

- La façon dont tu vois la société est vraiment triste Namjoon, tu as dû beaucoup souffrir tout ce temps. Tu as du te sentir si seul.

Il me regardait dans les yeux avec compassion, ce n'était pas de la pitié, plutôt de la compréhension et une envie de porter mon fardeau avec moi. Il se mit à me caresser la joue, effaçant une larme que je n'avais pas sentie couler sur ma joue.

- Il ne tient qu'à vous que je ne sois plus seul, répondit-je pour reprendre contenance.

- Comment ça ? Demanda-t-il perplexe face à ma réponse.

Point de vue Jin

Que veut-il dire par "Il ne tient qu'à vous que je ne sois plus seul"? Que veut dire ce regard brûlant qui me transperce alors qu'il me dit cette phrase qui me coupe le souffle? Et pourquoi diable ne me répond-t-il pas ? Plus je le regarde dans les yeux et plus mon cœur s'affole sous son regard qui ne refroidit pas et plus je panique. Ce n'est vraiment pas le moment de craqué Jin, ressaisis toi, tout de suite!

Je recula comme si il m'avait brûlé et détourna le regard mais il avait décidé qu'il ne m'accorderait aucune pose aujourd'hui, il s'approcha, prit mon menton entre ses doigts fins et releva mon visage vers le sien.

- Vous ne pensez pas que vous avez déjà bien assez évité mon visage cette semaine ? Moi, je trouve que vous m'avez évité assez pour une vie entière. Alors regarder moi.

Pourquoi il me dit des phrases pareilles ? Il ne sait pas que ce genre de phrase s'interprète de manière très spécifique ? Mon cœur est sur le point d'exploser rien qu'avec ces petites phrases. Il me rend faible, incroyablement faible, depuis longtemps déjà.

Il ne doit pas commencer à agir comme ça, je suis sensé rester calme comment quand il me regarde comme ça et qu'il me dit ce genre de phrase à double sens ?

Je me sens près de l'évanouissement, il est trop près de moi, son regard est trop sérieux, et depuis quand son bras est-il dans mon dos exactement, me tenant contre lui ?

J'hyper ventile et m'écarte une seconde fois, demandant une trêve qu'il m'accorde juste pour quelles que secondes.

- C'est de ta faute si je t'ai ignoré, tu aurais dû venir me voir plus tôt ! Je commençais à penser que j'étais juste un prof ennuyant de plus pour toi et que tu te sentirais mieux si j'abandonnais.

Namjoon me répondit par un sourire en coin un peu trop sexy pour annoncer quelque chose de bien:

- Si vous m'aviez regardé ne serait-ce qu'un peu, vous auriez vu que je n'allais pas bien, que vous me manquiez et que je m'en voulais beaucoup.

Sa voix mielleuse quand il me disait tout ça me faisait un effet dingue. Pourquoi est-ce qu'il me tente comme ça depuis tout à l'heure. Est-il conscient de ce qu'il fait ? Ou est-ce juste moi qui interprète mal parce qu'il m'a manqué ? Est-ce que je deviens dingue ?

Ses mains se posèrent sur mes épaules me faisant sursauter.

- Vous vouliez voir cette chanson et je l'ai chanté pour vous alors que je déteste montrer mon travail inachevé. Est-ce que je suis pardonné maintenant ?

Je hocha la tête, incapable de parler ma voix m'aurait trahie si je l'avais utilisée. Pourquoi sa voix me semble si douce aujourd'hui ? Pourquoi est-il si beau, si hypnotisant quand il me regarde ? J'ai l'impression de me noyer dans ses yeux. Je suis à deux doigts de faire une connerie en cédant aux désirs que je réprime depuis deux mois, je veux me laisser aller et l'embrasser. Je dois reprendre mes esprits, il s'agit d'un élève, de mon élève, il n'est même pas majeur encore. Reprends-toi Jin, tu vas quand même pas perdre ton boulot aussi facilement !

J'essaye vraiment de me concentrer et son regard sur moi ne m'aide pas, son sourire non plus d'ailleurs mais je dois me reprendre. Si je cède maintenant, je devrais m'éloigner de lui, définitivement cette fois, je ne suis pas sûr de le supporter, cette semaine a déjà été trop horrible pour moi.

- Namjoon, tu devrais aller manger maintenant. La pause n'est pas éternelle et tu dois te nourrir correctement pour finir ta croissance correctement. Dis-je pour m'échapper de ce désir que j'ai tant de mal à réprimer.

- Mais bien sûr monsieur le professeur, je vais manger de ce pas et vous venez avec moi ! Vous aussi vous devez manger, c'est mauvais de rater les repas.

Pitié, achevez moi avant que je fasse une connerie. Je lui ai pas dit de partir manger pour passer encore plus de temps avec lui. Je suis psychologiquement pas en état d'encaisser ses assauts de charme, mon cœur ne va pas pouvoir s'en remettre, surtout si il continue de me sourire comme ça. Pourquoi diable ses lèvres doivent-elles être aussi appétissantes ?

Mais je ne pouvais pas lui faire part de mes pensées impures, je me contenta alors d'un sourire forcé que j'essaya de faire paraître naturel.

- Hum ... allons manger ...

Il rigola de ma tête et fit le geste de trop pour mon cœur déjà malmené par ses actions précédentes. Il me prit la main, m'amenant à sa suite vers le réfectoire. Et moi comme un imbécile je me contentais de le suivre en regardant nos mains liées. Mon cœur est au bord de l'explosion, mes joues sont chaudes, mon cerveau ne fonctionne plus et un sourire irrépressible s'installe sur mes lèvres.

Nous arrivons devant le réfectoire, il est temps que je me reprenne, je suis son professeur et peu importe à quel point il est magnifique et mature pour son âge, une relation entre nous deux est inenvisageable. Il est temps que je me réveille, que j'arrête de m'imaginer des choses, je me fais du mal pour rien. Je m'arrêta alors de marcher et retira ma main de la sienne. Il se retourne vers moi et regarde ma main qui vient de quitter la sienne en fronçant les sourcils. Il remonte son regard vers mon visage sans se départir de son froncement de sourcil qui le rend un peu trop sexy à mon goût.

- Qu'est ce qu'il y a ? Me demande-t-il en regardant de nouveau ma main.

- Rien, je pense juste que nous n'avons pas besoin de nous tenir la main pour marcher. Les gens pourraient se faire des idées.

Après cette rapide explication, je passa devant lui pour entrer au réfectoire en évitant son regard autant que possible.

- Je vois pas où est le problème. Les gens parlent quoi qu'on fasse de toute façon, j'aimais bien avoir votre main dans la mienne moi. Et puis je me rappelle vous avoir demandé d'arrêter d'éviter mon regard. Regardez-moi Seokjin ... Ne regardez que moi.

Puis il passa devant moi et alla se mettre dans la file de la cantine avec un plateau. Je resta planté là un instant à le regarder, me demandant si j'avais bien entendu la fin de sa phrase. Il ne peut pas avoir dit ça n'est-ce pas?

Ça fait deux semaines que je me suis réconcilié avec Namjoon et je n'en peux plus. J'ai l'impression de devenir complètement fou. Il me rend fou avec ses regards, ses sourires charmeurs, sa voix chaude et ses putains d'insinuations qui me font rêver d'un futur ensemble alors que je sais très bien que c'est impossible. Je n'en peux vraiment plus. A chaque fois que je l'entends me dire ces phrases à double sens, je me mets à rougir, j'essaye désespérément de ne pas réagir à ses mots mais le soir seul chez moi, je me remémore chaque phrase, le ton de sa voix, son regard, son sourire, ses gestes. Je ne peux pas m'en empêcher, je finis toujours par passer ma nuit à penser à lui et aux espoirs insensés qu'il fait naître en moi.

Mais cette situation ne peut plus durer, pour lui c'est peut être un jeu mais moi je risque mon boulot à la seconde où je lui cède. Je ne peux pas continuer à tirer sur la corde comme ça, je dors moins, je l'imagine près de moi tout le temps et je me sens plus faible à chaque attention de sa part. Et ça c'est vraiment pas bon pour moi.

Je suis en ce moment devant la porte d'une salle de cours, sa salle de cours et je n'ose pas entrer. Je dois faire mon cours mais je me sens beaucoup trop sensible pour résister au charme de mon élève.

Je souffle un bon coup me remémorant que je dois tenir bon et ne céder à ce surplus de charme qu'il me lance à longueur de journée.

Je rentre dans la salle avec un large sourire un peu forcé, les élèves se taisent et attendent patiemment que je dépose mes affaires avent le début du cours. Je sens les regards posés sur moi, je sais que mon physique plaît à plus d'un élève mais le seul regard qui me déconcerte est celui de Namjoon et justement, je sens son regard qui ne me lâche pas.

Je fais mon cours comme je le peux en essayant de ne pas être déconcentré par son regard qui ne me lâche pas. Il faut vraiment que je règle cette situation au plus vite, ce n'est plus vivable.

A la fin du cours j'indique à Namjoon de ne pas sortir de la salle tout de suite. Il hoche la tête avec un petit sourire tout ce qu'il y a de plus craquant et je fais mon maximum pour ne pas craquer la dessus.

Les élèves partirent assez rapidement et je me retrouva seul avec Nam.

- Prends tes affaires on va boire un verre.

Je ne lui laissa pas le temps de répondre que je sorti de la salle. Nous devions parler de toute cette situation et régler le problème mais hors de question de parler de ça à l'école.

J'entendis ses pas me suivre alors j'alla jusqu'à ma voiture sans me retourner. Je m'installa au volant le ventre noué par l'appréhension, je ne sais vraiment pas comment aborder le sujet avec lui, peut-être même que l'ambiguïté de son comportement n'est que le produit de mon imagination.

Il s'installa à mes côtés avec un immense sourire enfantin le rendant incroyablement mignon et ça change, pas que ça arrange mon cœur plus que son côté sexy mais au moins ça change un peu.

Je fais semblant de ne pas être attiré par son visage illuminé et commence à rouler en silence.

- Où est-ce qu'on va ? Me demande-t-il de son air enjoué.

- Dans un café, n'importe lequel tant qu'il est loin de l'école. Il faut qu'on parle d'un truc tous les deux.

- Ok, de quoi tu veux parler ?

- On en discutera quand on sera arrivé, ok ? Je dois me concentrer sur la route pour l'instant.

- Tu as l'air bizarre aujourd'hui. Me fait-il remarquer.

- Ça fait un moment que je suis bizarre comme tu dis.

Le reste du trajet fut silencieux. Je m'arrêta sur une place de parking en face d'un café à une demi-heure de route de l'école.

Nous nous dirigeons vers ce petit café presque vide et à l'allure chaleureuse. Une fois entré, je repère une table au fond loin du reste de la salle et me dirige vers cette place stratégique.

On s'installe et on commande, je prends un cappuccino et lui un café noir.

- Namjoon ... Je sais pas vraiment comment te parler de ça ... en fait, je ... je ... la situation. Hum ... enfin, notre situation ne me convient pas. J'ai l'impression que ton comportement envers moi à changer depuis notre réconciliation et ... je veux que tu retrouves ton comportement d'avant.

- Euh ... Ok. J'ai pas tout compris. Qu'est ce qui a changé dans mon comportement exactement?

Je soupire à sa réponse, son sourire en coin m'indique clairement qu'il se fout de moi et qu'il sait exactement de quel genre de comportement je parle.

- Ecoute Namjoon, j'ai des crises d'insomnie ces derniers temps alors ma patience est vraiment faible. Ne joue pas l'imbécile et donne-moi une réponse acceptable ok ?

- Et quel genre de réponse tu veux ?

- Une réponse honnête, ce serait plutôt pas mal. Je veux savoir pourquoi tu agis comme ça et quand est-ce que tu comptes arrêter.

- Très bien, je vais jouer carte sur table à partir de maintenant. Pourquoi j'agis comme ça ? Parce que tu me plais, parce que je te veux et parce que je t'aurais. Et au passage, mon comportement n'a pas vraiment changé, il s'est un peu affirmé et tu y es plus sensible. Alors maintenant c'est à toi d'être honnête. Je te plais et tu me plais aussi alors pourquoi je devrais m'arrêter maintenant ?

Je resta bouche-bée devant sa répartie et surtout devant sa déclaration. Mais je ne dois pas oublié que je suis son professeur et qu'aucune relation n'est possible entre nous.

- Namjoon, est-ce que tu te rends compte que la relation que nous avons aujourd'hui est déjà limite ? Il n'y aura rien de plus, je suis ton professeur. Je suis plus cool avec toi qu'avec les autres, on passe beaucoup de temps ensemble et je t'apprécie vraiment mais je reste ton professeur.

- Tu ne m'apprécie pas Jin, c'est au-delà de ça et on le sait très bien tous les deux. On se sent mal quand on est loin l'un de l'autre. Ton comportement après notre dispute n'était pas celui d'un prof et le mien n'était pas celui d'un élève. Je ne t'ai pas chanté ma chanson pour devenir ton élève préféré Jin. Et je sais que t'es mon prof mais ne me dis surtout pas que notre relation est impossible. Je suis presque majeur et à la fin de l'année, je ne serais plus au lycée. Dit toi qu'on prend quelques mois d'avance.

- On prend rien du tout d'avance Nam ! Je te rappelle que je risque mon boulot si je cède à ton caprice.

- Ce n'est pas un caprice Jin, je suis amoureux c'est tout. Tu es prof de littérature alors on va parler ton langage et peut être que tu me comprendras mieux, hum ? Joël Dicker a dit un jour que le seul moyen de mesurer combien on aime quelqu'un c'est de le perdre. La citation est un peu remaniée mais tu comprends l'idée. Je ne veux pas que ça nous arrive. Je ne veux pas attendre et laisser passer ma chance, me disant plus tard que j'ai laissé l'homme que j'aime me filer entre les doigts parce qu'à quelques mois près, notre couple est "hors la loi". Je ne minimise pas les risques et je ne tiens pas à ce que tu perdes ton travail mais je te veux près de moi. Je peux être discret et juste être heureux d'être dans ta vie et de tenir loin de toi la concurrence pour qu'après mon diplôme je sois sûr d'être à tes côtés. Est-ce si insensé que ça ?

- Je ... Ouah, tu es vraiment doué pour parler. Je sais pas quoi te répondre maintenant. Tu as vraiment le don de me perturber. Je sais vraiment pas quoi te dire là. Laisse-moi le temps d'y réfléchir.

- Si je te laisse réfléchir tu vas laisser la peur t'envahir et je devrais batailler pour en revenir au point où nous sommes aujourd'hui. En gros, on va perdre du temps à se battre contre ta morale or on ne peut pas rattraper le temps perdu. Par contre, on peut arrêter de perdre notre temps et enfin se laisser vivre. Je sais c'est encore un discours de beau parleur mais je suis persuadé que l'on peut avoir une belle histoire tous les deux. Et toi aussi tu le sens n'est-ce pas ? Au final, c'est plutôt ça qui te fait flippé. Tu as peur d'avancer avec moi.

- Tu es jeune, l'amour à ton âge ça va, ça vient, tu découvres à peine ce que s'est, tu ne peux pas affirmer que c'est le genre d'amour qui ne s'éteint pas. Sauf que c'est précisément le type d'amour qu'il me faut. J'ai besoin de quelqu'un de stable, je ne veux pas encore voir partir mon homme loin de moi après quelques mois de relation.

- Ne me compare pas à tes ex ! Je ne suis pas eux et je ne veux rien savoir à leur sujet. Je ne te permets pas non plus de remettre en cause ce que je ressens. Et si tu crois que quelqu'un peut te promettre l'amour éternel, tu finiras ta vie seul. L'amour, c'est comme tout, ça s'entretient. Si tu veux un couple éternel, tu dois travailler ta vie entière à maintenir la flamme. Je veux le faire, pour toi je me sens prêt à ça mais je ne peux pas former un couple seul. C'est à toi de me rejoindre, à toi de me faire confiance. Tu te caches derrière tes peurs sous prétexte que je suis inexpérimenté mais des tas de gens vivent des tas d'histoires d'amour plus bancales les unes que les autres, c'est bien la preuve que l'expérience ne rend pas plus stable que ça. On peut sortir avec des gens sans savoir ce qu'est l'amour et on peut aussi attendre le bon et le reconnaître. L'amour pour moi n'est ni raisonné, ni raisonnable. C'est une évidence, une intuition. Et tu es mon intuition.

Il me sortait ses arguments avec une confiance inébranlable, me regardant dans les yeux avec détermination. Ces paroles, son regard me faisait me sentir important et aimé. Je n'avais pas ressenti ce sentiment depuis longtemps et même à l'époque, ce sentiment n'avait pas été aussi fort. Dans le fond je sais qu'il a raison. Il est mon intuition lui aussi et la peur me freine. Peu importe quel argument j'avance, il le démonte dans l'instant. Je ne peux pas être victorieux dans cette conversation et au fond de moi je l'ai toujours su. Peut-être qu'au final, j'avais juste besoin de l'entendre me rassurer, se battre pour m'avoir. Je me sens un peu perdu, ces mots raisonnent en moi et accélèrent les battements de mon cœur mais ma raison ne m'a pas encore abandonnée. Elle continue de me crier mes peurs.

Je me sens pris au piège de ma propre conscience, j'ai besoin de prendre du recul sur toute cette conversation.

- Je pense que j'ai besoin de méditer tes paroles, tu m'as donné un peu trop d'info à traiter là. Rentrons, on en rediscutera.

- Quand ça ?

- Bientôt.

- Ça ne me dit pas quand.

- Donne-moi une semaine.

- Trop long, 3 jours. Je te laisse 3 jours pour me donner une réponse. Je te laisserais tranquille entre temps. Si dans 3 jours, je n'ai pas reçu ma réponse positive alors je te draguerais sans relâche jusqu'à ce que tu admettes tes sentiments. Je refuse de te perdre alors fait toi une raison.

Après ces mots il quitta le café sans se retourner. 3 jours, c'est beaucoup trop court mais je dois faire avec. Si la situation dérape c'est moi qui en souffrirai le plus.

Je rentra chez le cœur lourd ce soir-là. Notre conversation tournait en boucle dans ma tête et je ne voyais toujours pas d'issue à ma situation. Je me sentais prisonnier de mes sentiments pour lui, de mon statut de professeur, de la société moralisatrice dans laquelle nous vivons et alors que la panique montait en moi, je me rappela d'une citation de l'un de mes auteurs préféré, William Arthur Ward, "C'est impossible, dit la Fierté. C'est risqué, dit l'Expérience. C'est sans issue, dit la Raison. Essayons, murmure le Cœur."

C'est exactement ça, je suis tiraillé entre les désirs de mon cœur et le pragmatisme de ma tête.

Mais j'ai trois jours pour trouver la solution.


Nous arrivons au terme de l'histoire, le prochain chapitre sera le dernier. J'espère que la fiction vous plaît ! 

Dites-moi en commentaire ce que vous en pensez ! 

Bisous ^^

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