CHAPITRE III - 29 : Et le calme retombe

J'étais dans ma chambre, quand le bruit sourd est arrivé. J'en suis sûre. Je crois. Il me semble. Je devais lire quelque chose de passionnant. J'ai pris un livre sur l'écriture des scénarios, la veille, et j'en ai profité après le repas de midi pour avancer un peu.

Je pensais que c'était juste un de mes voisins qui a fait tomber quelque chose, ce bruit. Pourquoi autre chose ? Tout était silencieux sinon, même la chambre d'Abel quand il en profite d'habitude pour ranger je ne sais quoi. Sa chambre est toujours rangée, quand il me permet de la voir.

Ça aurait pu être quelqu'un qui glisse dans les escaliers et s'est rattrapé.

Ça aurait pu être un truc lourd posé un peu trop violemment.

Ça aurait pu être la trappe pas très loin qui s'ouvre sans prévenir.

Ça aurait pu être mon imagination.

Alors pourquoi aurais-je dû penser autre chose de ce bruit, avant d'entendre la sonnerie ?

J'aurai dû.

J'aurai dû m'attendre au pire, au lieu d'être une idiote.

Au lieu d'être moi.

J'ai paniqué.

J'ai lâché mon livre, l'ai laissé sur le lit où je lisais.

J'ai couru pour voir quatre personnes sur la rambarde de verre.

J'ai couru pour me rapprocher.

J'ai couru pour voir la panique et la peur dans les yeux d'Eleanor. D'Emile. De Ringo.

J'ai baissé les yeux, et la même panique et peur m'ont saisie.

J'ai vu les yeux vides, en bas. Plus cachés par des lunettes. Plus cachés par une frange trop longue.

Je vois Ife se rapprocher en bas, la main tremblante à côté d'Achroma qui est pâle comme la mort. Je sens une main se poser sur mon épaule pour m'empêcher de tomber à mon tour.

On aurait dû s'y attendre, pas vrai ?

Deux autres personnes nous rejoignent, l'une en courant et l'autre en marchant. Une en haut, une en bas.

Morgan met ses mains sur sa bouche.

Kozma lève la tête.

« Je vous l'avais dit » se lit sur son visage.

D'autres pas arrivent en haut. Le nom d'Ife est prononcé par le nouvel arrivant, qui s'accroche à son tour a la rembarde. Je ne fais même pas attention à lui.

Ismaïl arrive le dernier, depuis la trappe.

Une des neuf, non, dix personnes ici est à l'origine du corps à la nuque tordue.

L'un de nous est à blâmer pour les larmes qui ont coulé sur les fleurs autour du cadavre.

Il devait sortir.

Il en avait fait la promesse. Pour son ami. Pour ce qu'il n'a jamais pu avoir.

Abel aurait dû survivre.

Mais je ne fais face qu'à des yeux sans vie.

Monokuma arrive à son tour, se penche au dessus du corps. M'empêche de voir plus longtemps le visage d'un ami.

Il fait un signe de la main.

« Descendez. »

Il n'a pas besoin de le dire, nous obéissons sans attendre. Six paires de pieds qui avancent.

Mes yeux croisent ceux de Ringo. Il secoue légèrement la tête, ses mains tremblent.

Peut-être que je ne devrais pas croire ce qu'il essaie de me dire. Mais je ne peux pas m'en empêcher.

Je fais face au parterre de fleurs, écrasées sous le corps d'Abel. Il paraît presque endormi, de cet angle.

Mais je sais que ce n'est pas le cas.

Je sais que je vais devoir trouver son meurtrier.

Mais est-ce que j'en suis même capable.

Je n'en sais rien.

Je suis terrifiée en croisant l'œil de glace de Monokuma.

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