CHAPITRE II - 9 : A dead man's name is a mysterious tale

Malgré sa canne, Génésis est une personne bien trop rapide pour son bien. Certes, il est plus lent qu'Isla, mais il reste déterminé et rapide, et moi je ressors d'une escalade dans un grenier. Je ne vais pas m'étendre sur ce couloir de la mort une énième fois, mais ce serait mentir que de dire que je ne prends pas la main de Morgan dans le clair-obscur des lumières artificielles. Et ce serait idiot de nier que j'ai gardé sa main même une fois sortis du couloir.

Génésis se tourne vers nous, un immense sourire aux lèvres toujours présent. Il a l'air terriblement excité et sûr de lui, à se tenir devant nous avec sa canne qui lui sert encore plus de support que d'habitude. On sent que la jambe artificielle le force à se ménager physiquement, et que cette course n'était pas une très bonne idée...

« Bon, vous avez une idée de la solution, ou je dois tout dire ?

– L'aiguille dirigeant l'artiste, c'est plutôt vague tu trouves pas ?

– Pour vous peut-être ! Mais n'importe quel musicien digne de ce nom sait ce que ça signifie. Pensez, un peu ! Bon sang, je vais pas tout faire. »

Une aiguille dirigeant un artiste, et qu'un musicien reconnaît facilement... ? Je suis pas musicien.ne justement, je suis qu'un.e simple écouteurice occasionnel.le ! Et on dirait que c'est pareil pour les deux autres... On est les pires exemples des muscles sans cervelle, et je suis scientifique.

Ça fait soupirer Génésis, qui se tourne vers le bâtiment sans nous attendre, marmonnant sans réel mordant sur le fait que nous sommes vraiment inutiles. Mais il nous laisse tout de même le suivre sans le moindre problème, sans doute pour reprendre son souffle aussi. Est-ce que je devrais offrir de le porter, vu comment il boite ?

Il ouvre la porte de la salle de musique, et immédiatement il ouvre un tiroir rempli de... Métronomes ?

Je me sens très bête d'un coup. Évidemment que Génésis, pianiste qu'il est, penserait à l'objet qui sert à obtenir un tempo, une vitesse, qui dirige. Les métronomes sont ornés d'une « aiguille » avec un poids pour donner la vitesse, diriger le musicien.

« Bon, y en a une bonne trentaine de ces machins, alors je vous laisse m'aider à chercher l'indice dedans. Je sais pas pourquoi Monokuma en a pris autant, mais ça nous facilite pas la tâche. »

On récupère tous un maximum de métronomes, et on regarde partout où on peut. En dessous, sur l'aiguille, dans le verre qui sert de décoration. Je ne m'étais jamais attardée sur l'apparence des métronomes, la musique c'était surtout le truc de ma sœur. Mais ceux là sont vraiment bien décorés, je me demande où Monokuma a bien pu trouver des objets aussi beaux...

Je commence à désespérer de trouver ce fichu métronome quand Morgan fait un « Ah ah ! » de victoire, tenant entre ses doigts un morceau de papier plié. On s'accumule près d'elle alors qu'elle ouvre le papier, lisant d'abord dans sa tête.

« Caché au plus profond mais restant à la lumière de tous, un indice se trouve. »

Il est vachement doué pour les trucs vagues et sombres, le Monokuma... Est-ce que c'est le tunnel ? C'est pas vraiment à la lumière de qui que ce soit, cependant...

Je continue ma réflexion en rangeant les métronomes dans le tiroir dont Génésis les a sortis, mes dents s'en prenant à ma pauvre lèvre sans merci, si bien que le goût métallique du sang finit par envahir ma bouche, berk. Rien de grave, mais bon, ça reste chiant.

Nous sortons de la salle quand Isla court vers le verre séparant l'eau de la piscine du reste du rez-de-chaussée du bâtiment. Nous nous regardons un instant avant de suivre la surfeuse, qui a le visage collé contre le verre. J'essaie de regarder ce qu'elle peut bien chercher, mais porter des lunettes n'est pas facile tous les jours et même en plissant les yeux, j'ai VRAIMENT du mal à voir quoi que ce soit dans l'eau, avec le bleu presque aveuglant des dalles au sol et sur les murs qui ne soient pas du verre.

C'est Morgan qui pointe quelque chose, après de longues secondes de rien du tout, mais j'ai toujours du mal à le voir. Mais ça a l'air de suffire à Isla qui se tourne vers nous, un immense sourire aux lèvres.

« Quelqu'un veut faire de la plongée ? »

Nous montons les escaliers, et devant les portes des vestiaires, nous nous mettons au clair.

« Je peux pas nager aussi loin. Avoir une jambe en moins c'est pas super super pratique dans ce genre de situations.

– De même avec mon bras. Je peux rester à la surface, mais le plongeon c'est limite dangereux. Donc, Sam, Morgan... ?

– Je vais m'en occuper. » Morgan roule un peu ses épaules, sur lesquelles Génésis est planté. Il s'est plaint de ne pas tenir le rythme de notre course et a immédiatement accepté l'offre de Morgan d'être porté. Pas que je le juge pour ça. « Je suis la plus grande et je me débrouille en nage. Et je pense pas que Sam veuille vraiment mouiller ses cheveux pour un indice.

– Merci de penser à mes pauvres cheveux crépus, je suis flatté.e ! » eh, quoi, c'est sincère ! Ça prend une éternité à sécher, et je vous parle même pas des effets du chlore sur les boucles... Vraiment, Morgan me sauve, là.

« Bien, alors mets toi en maillot Morgan, on t'attends à l'intérieur de la piscine ! »

Isla étant la seule personne binaire ici, elle est la seule à aller dans le vestiaire destiné aux femmes. Génésis semble se demander s'il peut garder sa prothèse et par extension sa canne dans la piscine, mais je suppose que du temps qu'il n'essaie pas de courir avec, ça devrait le faire ?

Quoi qu'il en soit, nous sortons ayant juste retiré nos chaussures et chaussettes, et j'aide Génésis à ne pas glisser sur le sol humide de la piscine. Isla est déjà en train de nous attendre, ayant simplement retiré ses ballerines. Je peux voir que le bas de son pantalon est humide, mais ça n'a pas l'air de la gêner.

Quelques minutes passent et je crois bien que je suis morte sur le coup, en voyant Morgan sortir du vestiaire. Certes, elle a choisi un short de bain, mais ça ne fait absolument rien pour cacher sa musculature habituellement un peu dissimulée sous sa veste et son pantalon large. Là, rien ne peut cacher la manière dont les muscles de ses bras se tendent et se détendent alors qu'elle vient vers nous. Je crois que si je n'étais pas asexuel.le, je lui serai tombé.e dessus. Quoique, maintenant je me demande si son torse ferait un bon oreiller...

Je suis irrécupérable, je crois.

Si Morgan remarque la manière dont je fixe ses muscles, elle ne me le fait pas remarquer, se contentant de demander à Isla par où se trouve notre prochain indice. Isla la guide alors que Génésis se penche vers moi.

« Prends une photo, ça durera plus longtemps.

– Ose me dire que tu n'apprécie pas la vue aussi.

– Je ne suis pas un menteur. Mais je pense que même elle a remarqué comment tu l'as reluquée, et c'est dire, elle semblait même pas réaliser qu'il y avait un truc entre vous deux.

– « Un truc », c'est beaucoup dire...

– Mouaif. Si tu le dis. »

Je sais très bien que je ne vais pas m'en sortir aussi facilement, avec Génésis, mais le retour vers nous d'Isla le fait taire. Morgan est toujours sous l'eau, et vu que la piscine doit bien faire cinq ou six mètres de profondeur, ce n'est pas surprenant de la voir ressortir de l'eau deux fois avant de brandir une petite pochette plastifiée lors de sa troisième remontée.

Je ne ferai pas de commentaire sur le fait que les allos ne mentent pas en disant que les gens mouillés c'est beau. Elle devrait garder ses cheveux pas remplis de gel plus souvent.

M'enfin, elle sort de l'eau et nous présente la feuille alors qu'elle récupère une serviette pour se sécher un peu. On va éviter qu'elle attrape un rhume, hein.

« Là où toute la machinerie a été lancée se trouve la récompense »

Huh. C'est vague mais... J'ai une petite idée.

Je me tourne vers Morgan, qui nous a rejoints avec une serviette sur la tête pour absorber un peu les gouttes qui perlent de ses mèches blondes avant de lui demander combien de temps ça lui prendrait de se changer. Une dizaine de minutes plus tard, nous nous approchons de l'escalier en colimaçon menant au tribunal, les cheveux de Morgan n'étant toujours pas secs.

Non, je ne suis pas du tout distrait.e par mon petit crush sur mon amie, je ne vois pas ce que vous voulez dire.

Quoi qu'il en soit, je ne suis pas revenu.e ici depuis le dernier procès... J'espère que je ne vais pas en faire une habitude d'y venir toutes les deux semaines, ça serait inquiétant pour plein de raisons. Mais en soit, s'il y a un endroit où tout à commencé pour nous tous, c'est ici. Là où nous avons pu nous familiariser à notre situation, et là où les règles faisant tourner le monde des Tueries ont été énoncées.

Comme je m'y attendais, le cadenas qui retient habituellement les grosses chaînes à disparu, nous laissant l'accès au tribunal. Le soleil se réverbérant sur le blanc des murs et du sol m'aveugle pendant quelques secondes, mais c'est le moindre de mes problèmes quand je vois la boîte installée en plein milieu de la pièce, là où est habituellement situé Monokuma.

« Trois fiches. Pas plus, pas moins.

Faites attention, car le savoir est le pouvoir. »

Pas du tout flippant, hein... J'échange un regard avec mes trois camarades, et ils m'invitent tous à choisir moi même quelles fiches prendre...

Je préfère ne pas trop y réfléchir et laisser mes mains me guider.

La première fiche que je retourne est fortement censurée. Le marqueur noir vient visiblement du document tel qu'il a été imprimé, vu l'absence de reflet qui me permettrait de distinguer des lettres a une encre différente. Mais ça ne m'empêche pas de reconnaître le visage d'Héloïse dans le petit cadre contenant une photo d'elle, les cheveux attachés différemment.

Son nom est visible, de même que son Ultime. Mais ce qui m'intrigue vraiment, c'est la note sur le côté du document, écrit d'une manière qui ressemble trop à l'écriture de Monokuma pour que ce soit une coïncidence.

« Plusieurs liens avec des Tueries passées ». C'est si vague, et pourtant, ça sous-entend tellement. Cette fille... Certes, elle est là depuis très longtemps, mais est-ce vraiment un hasard, qu'elle ait apparemment tant de liens et soit dans cette Tuerie a son tour ?

Et ce « peu élevée », dans une catégorie au nom censuré. Qu'est-ce qui est peu élevé, exactement, chez elle ?

Je montre la fiche aux autres, et ils semblent aussi confus que moi. C'est vrai qu'aucun de nous ne connaissait Héloïse avant, seule Achroma a ce privilège...

Je relâche ma pauvre lèvre de mes dents avant qu'elle ne recommence à saigner et prends une fiche à l'opposée de celle d'Héloïse, et cette fois, j'ai un peu plus de mal à reconnaître le visage qui me fait face. Il faut dire, je ne suis pas vraiment habituée à faire face à Ife sans ses lunettes.

Elle a l'air un peu mal à l'aise, et visiblement plus jeune. Est-ce que ces photos datent toutes de notre entrée à Hope's Peak ? Je me rappelle de photos pour le Yearbook, la photo de classe, mais pourquoi les premières photos... ?

Contrairement à H éloïse, rien n'est censuré chez Ife mis à part le nom de catégorie mystère, cette fois orné d'un grand « Plus élevé que la moyenne »... Quelque chose me dit que ça n'est rien de bon. J'ai l'impression de regarder quelque chose que je ne devrais pas. Ife devrait être celle qui me parle de sa petite sœur, pas une fiche aussi impersonnelle que celle-ci. Est-ce que cette sœur est celle à qui Ife passe des appels, toutes les deux semaines ? Est-ce que sa sœur est à Hope's Peak aussi ?

Cette fois, la surprise de mes amis est plus légère, même si Isla commente sur le fait que Ife à vraiment l'air plus jeune. Je prends la dernière fiche, celle juste en face de moi.

Et je crois que je pourrais m'évanouir en voyant le visage d'un mort me faire face. Car c'est bien le visage de l'Ultime Fantôme que je vois en face de moi. Mais ce n'est pas « fantôme » qui répond à son Ultime, sur cette fiche.

L'Ultime Chanceux. Je sais que chaque promotion a droit au sien, mais de penser que Fantôme... Ou Noam, apparemment, soit cette personne mystérieuse. Et pourtant, tout correspond. Son visage, les informations sur son petit ami, sa capacité à ne pas être touché, sa mémoire légère...

Je crois que je reste silencieuxe un peu trop longtemps, car Morgan finit par poser sa main sur mon épaule en me demandant si tout va bien. Pour seule réponse, je lui donne la fiche. Et au vu de son expression, elle est aussi perdue que moi.

Nous n'avons pas le temps de nous étendre plus longtemps dessus, cependant. Car la voix de l'Ultime Observateur résonne, nous demandant de tous le rejoindre dans le jardin où nous avons commencé la chasse au trésor.

Je demande aux trois autres de me donner leurs fiches, et les cache rapidement dans mon sac. Je jette un œil aux fiches restantes, et si quelque chose me dit de toutes les prendre, ma logique me ramène à la réalité. Si je prends une fiche de plus, je me ferai punir.

Sur ce, notre groupe repart du tribunal, les fiches toujours au centre de la pièce.

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