CHAPITRE II - 13 : Without anything you enjoy

Vous savez, cette panique quand vous avez perdu vos clés, que vous êtes sûr que vous les avez laissées à un endroit bien précis mais qu'elles n'y sont pas ? C'est un peu mon sentiment alors que j'ai passé la matinée à chercher mon sac à dos. Je ne m'en sépare jamais, d'habitude, je le laisse dans la petite salle de bain de ma chambre dans le pire des cas. Mais aujourd'hui ? Rien.

J'ai demandé à tout le monde, personne ne l'a vu. Même Kozma avait l'air surpris de ma question !

Heureusement, j'ai pu enlever les fiches du sac avant qu'il ne disparaisse. Elles sont dans le bureau de Morgan, cachées entre des feuilles remplies de dessins et de notes faites rapidement. Si quelqu'un d'autre que notre groupe de quatre les trouvaient... Je ne sais pas ce qu'il se passerait. Rien de bon, sans doute.

J'essaie pour la énième fois aujourd'hui d'ouvrir la porte de la salle de musique, mais la porte reste fermée. C'est la seule porte à ne pas s'ouvrir en plus de celles des vestiaires, et d'après Văn Kim et Génésis, c'était pas le cas hier soir quand ils ont quitté le bâtiment.

Je retourne donc vers la salle à manger. Midi se rapproche et sac ou non, j'ai faim. J'espère que Isla a fait un truc épicé aujourd'hui, j'en ai bien besoin. Mais vu l'ambiance quand je rentre... Ouaip, quelque chose ne va pas.

Héloïse se ronge les ongles. Eleanor n'est toujours pas maquillée. Morgan a les sourcils froncés, et même Abel semble affecté par la situation. Je prends place à côté de Génésis, qui bouge rapidement sa jambe valide, chose que je le vois souvent faire quand il n'a pas joué du piano depuis trop longtemps. Ça « l'aide à se concentrer et se défaire des émotions négatives », d'après lui.

Alors que les assiettes commencent à être servies, l'entrée silencieuse et nous transformant pourtant en tombes de Monokuma coupe court à toute activité. Fini, le feu de camp avec sa radio.

C'est Monokuma. Et sa venue avec des choses aussi étranges autour de nous ne veut rien dire de bon.

Sans rien dire, il remonte ses lunettes sur son nez, rendant son seul œil visible encore plus caché que par juste la frange qui couvre entièrement l'autre. Son expression est grave, mais ce n'est pas lui qui brise le silence.

« Ah, mon cher Observateur ! Tu t'es enfin décidé à nous donner ce mobile je suppose !

– Effectivement. » Je préfère ne pas m'attarder sur Kozma. Le mobile. La dernière fois, il avait dit avoir voulu attendre trois semaines pour nous le donner, mais si je ne me trompe pas, cette fois il a attendu à peine plus de deux semaines après les morts de Fantôme et Mélissa. Est-ce qu'il voulait éviter une redite... ? « Certains d'entre vous ont déjà pu le constater par ailleurs. Je me suis assuré de sa mise en place dans la nuit.

– Quoi, la disparition de mon matériel, les dés d'Hélo, le sac de Sam, c'est lié au mobile ?

– Tout comme le verrouillage de la salle de musique et des vestiaires menant à la piscine. Votre premier mobile est très simple : Vous ne pratiquerez pas vos Ultimes avant qu'un meurtre n'ait lieu. »

Le silence reprend sa place. Nous interdire la chose même qui nous a fait nous retrouver ici, quelle ironie. Mais ça explique mon sac, j'y ai des copies de tant d'années de recherches par moi ou mes collègues...

Je regarde un peu autour de moi. De tous, je vois bien comment Génésis à les yeux les plus ronds du groupe, mais même ceux habituellement calmes comme Ringo montrent des signes de stress.

« Pour certains, des objets vous ont été confisqués. Pour d'autres, des indications spéciales seront ajoutées sous peu dans la section « règles » de votre tablette. Toute pratique de votre Ultime sera punie. Seul un meurtre vous permettra de pratiquer de nouveau. Des questions ?

– Est-ce qu'on peut faire les Ultimes des autres et ils nous regardent juste ?

– Dans la mesure du possible, oui. Mais j'ai bien peur que cela soit impossible pour certains parmi vous de même assister à la pratique. » Il attend un peu, comme s'il attendait une question venant de quelqu'un d'autre qu'Emile. « Bien. Je vous souhaite donc un bon appétit, et une bonne journée. N'hésitez pas à m'appeler au besoin. »

Et sans plus attendre, la Mort quitte la pièce. J'entends quelques sons de notifications ou de vibreurs, mais je n'arrive même pas à avoir faim face à l'odeur de curry qui se présente à nous.

Le compte à rebours vient de se lancer.

****

Le soir est arrivé sans trop d'embrouilles.

Le stress du mobile est bien présent, bien sûr, mais j'ai l'impression que la majorité des gens font comme si ne rien n'était, comme si c'était un jour normal ici.

« Qu'est-ce que vous en pensez ? De ce mobile, je veux dire. » J'ai demandé à Morgan et Génésis de me rejoindre dans ma chambre, j'ai pas vraiment envie de réfléchir à tout ça seule. « Ça vous affecte toutes les deux plus que moi.

– Je... Sais pas trop. Le piano c'est important, pour moi, alors... Alors au moins j'espère que je trouverai autre chose à faire.

– Je me demande si lire des livres sur le sujet compte comme « pratiquer », dans ton cas. Dans le mien, ouais, j'suis une chercheuse, mais bon...

– Je demanderai...

– Vous avez des suspicions, déjà.. ?

– Mmmh... » j'ai pas vraiment envie de parler de ça, mais c'est une chose à laquelle je dois me préparer. Quelqu'un va tuer. Très bientôt. « Văn Kim ou Ismail, je pense. Văn Kim allait nager tous les jours, et Ismail n'avait pas l'air bien depuis des jours.

– Ah ouais ? Moi j'aurai dit Ringo ou Eleanor. Ils avaient vraiment pas l'air bien du tout, quand le mobile a été annoncé.

– J'imagine... » Morgan soupire un peu, allongée par terre avec ses bras sous la tête en oreiller « C'est naïf, je suppose, d'espérer que personne ne craque... ?

– Un peu. Quoi ?! Je dis que la vérité, on a déjà eu deux morts, et sans mobile ! Alors pour en avoir un troisième avec un mobile, c'est naïf de penser que ça n'arrivera pas.

– Génésis a pas tord, mais ça veut pas dire qu'on peut pas faire attention. On est un groupe, okay ? On se surveille, et si on sent que l'un d'entre nous va mal alors on va le voir, okay ? »

Ils hochent tous les deux de la tête, un sourire plus ou moins convaincu aux lèvres. Au moins, on a un petit radeau d'espoir au milieu de cette mer déchaînée et furieuse. Maintenant il faut s'assurer que le radeau ne coule pas.

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