CHAPITRE II - 1 : A mouthful of pain
CHAPITRE 2 : THE PAINFUL DULLNESS OF LIFE AND DEATH
Est-ce que les anges méritent de mourir ?
Aussi athée que je sois, c'est la question qui me reste en tête depuis trois jours. Trois jours depuis la découverte du corps d'un innocent, et la mort d'une fille dont le seul crime était de ne pas avoir pu surveiller un insecte. Deux anges, sans péché pour lequel se repentir en ces lieux. Tous deux morts de manières atroces.
Personne n'a trop osé parler. L'atmosphère est lourde à chaque repas, quand nous sommes tous réunis. Sans surprise, le seul à garder un semblant de sourire est... Kozma Demopoulos. Avec son foutu miel, là uniquement pour nous moquer. Ça m'avait amenée à me demander... qu'est ce qui fait que je mérite plus qu'un autre ici de survivre, quand même Mélissa et Fantôme sont tombés.
Je m'attache les cheveux en deux buns sur le sommet de ma tête quand j'entends Ife de l'autre côté de ma porte. Le repas est prêt, et même si avec le ramadan, Isla et elle ne mangent pas à midi, elles restent quand même avec nous.. J'essaie d'être présente à ceux-ci, c'est ce qui me permet de tenir compte du temps. Un repas le matin, un le midi, et un le soir. On fait comme on peut.
Je me dépêche de sortir et de lui sourire, faisant de mon mieux pour ne pas la rendre triste. Elle avait l'air d'apprécier Mélissa, et je n'ai pas envie d'assombrir encore plus son moral. Personne n'en a vraiment besoin, d'un moral sombre.
Exceptionnellement, on dirait que Ife a réussi à réunir tout le monde. Même Abel est là, lui que je n'ai que rarement vu et toujours seul au détour d'une des bibliothèques du salon. Nous sommes tous là, à quatorze.
Peut-être que j'exagère. Que je devrais être heureuse que ça ne soit que deux personnes en moins. Mais je n'arrive pas à me dire ça. A me dire que deux sont morts, et que d'autres suivront. Et les autres à table semblent d'accord avec moi, du haut du concert de soupirs et de lamentations à peine cachée.
Sans doute suis-je hypocrite, de penser cela malhonnête de leur part. Ils ne sont pas ceux qui ont condamné une innocente. Pas ceux qui ont dû enquêter sur la mort d'un ami. Pas... pas ceux qui doivent forcer un sourire pour ne pas faire ce qu'ils sont en train de faire a notre moral. Et entre le concert de tristesse, le fredonnement insupportable venant de Kozma.
Cette personne. Lui. S'il y a bien quelqu'un qui m'agace ici, c'est lui. Du haut de ses grands chevaux détachés du reste du monde, de... de son je-m'en-foutisme complètement débile et faux. Si j'étais une personne plus violente, ça ferait longtemps qu'il aurait ma fourchette dans sa main. Et je sais qu'il le sait. Qu'il n'attend que ça.
Mais pas de chance pour lui, aujourd'hui n'est pas le jour pour tester mes nerfs. J'en ai marre. De cette ambiance macabre, de ce sentiment que c'est ma faute, que... que les autres se comportent ainsi malgré mes efforts !
Un soupir sonore de la part d'Emile, jouant sans réfléchir avec les légumes de son assiette, est suivi par le son de ma chaise qui tombe en arrière et mes mains qui frappent la table.
« J'en ai assez. » le silence arrive enfin. Une accalmie. « J'en ai assez de ce... de ce comportement maussade, alors que toi, toi tu t'es jamais expliqué. Que tu as jamais essayé de nous aider, que tu as fais que de la merde.
— Qui ça, moi ? » il rigole. Il ose rigoler, un rire moqueur et hautain. « Enfin Sammy, je ne faisais qu'aider au procès !
— Oui, bien sûr ! » le sang me monte aux joues, et le rire du confiseur est remplacé par le son du battement de mon coeur dans mes oreilles alors que je les regarde tous un a un. « "Aider", un bien grand mot ! Y a littéralement que cinq personnes qui ont vraiment enquêté ! Cinq ! C'est putain de ridicule ! Et maintenant... maintenant vous agissez comme si vous étiez ceux qui ont dû condamner une pauvre fille à sa mort ! »
Je ne fais pas attention aux bruits autour de moi. Je me fous de leur surprise, de leur gêne, je m'en fous. J'en ai marre. Marre de ma comédie inutile pour eux, pour moi, pour tous.
« J'ai dû défendre comme je le pouvais sur les bases d'absolument que dalle des accusées, j'ai dû faire des théories sur encore moins, et quand j'ai dû condamner, accuser a mon tour, vous avez tous agis comme si j'avais aimé faire ça ! Comme si j'avais pas passé une éternité à chercher des preuves pendant que, que vous vous branliez je ne sais où en attendant que les indices vous tombent sur les bras ! »
Les larmes me piquent les yeux. Mais je m'en fous. J'en ai rien à faire, de mon hypocrisie, de leur hypocrisie, de leurs sentiments. J'en ai marre. Et si je dois exploser, autant que je continue.
« La seule personne qui a dirigé une enquête sans qu'on lui demande rien, c'est Ife ! La putain de seule ! Et vous voulez que je le prenne comment, votre comportement après ça ?! Que j'accepte gentiment que, que ce que j'ai fais pour garder en vie des gens ça soit réduit en cendres par des gens qui n'ont pas voulu chercher pour eux des solutions ? Foutez vous de ma gueule ! »
Je sens une main me saisir le bras, mais avec un regard noir et un geste sec, je me dégage de l'emprise de Morgan. Peut-être que si je n'étais pas aussi énervée, je me serais inquiétée de la surprise et l'inquiétude sur son visage.
« Alors je vous en pris, prenez moi pour une conne, attendez le prochain meurtre ! Mais ne vous attendez pas à ce que je fasse votre bonne à condamner comme un bon toutou sur qui on posera le blâme, je suis claire ?! »
Mon coeur bat toujours trop vite. Je tremble et suis couverte de sueur en même temps. Mais j'ai l'impression de respirer.
« Je... Je suis désolé. »
Je tourne la tête vers l'auteur de ces mots, vers Văn Kim qui... qui fond purement et simplement en larmes sur la table, répétant pitoyablement des excuses. Rapidement, Émile éclate également en sanglots, cachant son visage écarlate dans ses mains.
Le sang cesse de bouillonner et frapper dans mes oreilles. Je respire toujours rapidement alors que tous ont l'air plus ou moins coupable.
Même Kozma ne sourit plus.
« Sam. » je tourne la tête vers Ife. Elle n'a l'air ni énervée, ni triste. Juste... incroyablement fatiguée. « Je ne peux pas prétendre comprendre ce qu'il se passe dans ta tête. Mais autant que tes sentiments et ta frustration sont légitimes, tu viens de te montrer injuste envers les autres et moi-même.
— Donc quoi, je suis censée laisser tout le monde se morfondre sans réagir ?
— Ce n'est pas ce que j'ai dis. Mais nous avons vu quelqu'un mourir Sam. Nous avons tous été affectés. »
Sans un mot de plus, Achroma quitte en première la table. Et alors que je continue à regarder Ife, les autres la suivent, et je sens tous les regards qu'on me lance. Finalement, je pars avant elle, remontant sans attendre dans ma chambre.
Je n'ai pas envie de voir plus de monde aujourd'hui.
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