13. Dose plus élevée
Médéric géra tant bien que mal sa fébrilité tandis qu'ils avançaient dans le couloir à la jonction du séjour. Il dépassa la porte de sa chambre et celle de Ludéric pour enfin arriver à la salle de bains, tout au fond sur leur gauche. Il entra et alluma l'éclairage , Yadiel sur les talons, puis se retourna enfin après avoir pris une grande inspiration afin de saisir son courage à deux mains. Ils se retrouvèrent alors à nouveau face à face.
Le regard de Yadiel restait toujours si pénétrant qu'à ses côtés, Médéric a vait souvent cette impression d'être un livre ouvert. Un sentiment des plus déroutant quand ni son ex-femme, ni ses amis d'enfance et encore moins ses parents ne parvenaient à lire aussi clair en lui.
— T'as la trouille ? s'enquit Yadiel d'un calme profond.
Son faciès resta impassible, il inclina simplement la tête sur le côté. C'était plutôt un constat qu'une question. Mais Yadiel lui laissa le temps d'y réfléchir.
— Pas vraiment, souffla Médéric. Je suis juste... nerveux, je pense. Je n'ai jamais rien fait avec un autre homme. À part toi, je veux dire.
L'un glissa une main agitée sur sa nuque, l'autre esquissa un sourire malingre.
Tel un prédateur, Yadiel avança vers Médéric dont l'anticipation alourdissait toujours plus la respiration. Leurs yeux bruns ne se lâchèrent pas. À mesure qu'il approchait, Médéric perdait toute contenance. Yadiel finit par le rassurer, à sa manière...
— Je pourrais te dire que je mords pas, susurra-t-il contre ses lèvres une fois l'espace les séparant réduis à néant. Mais à quoi bon mentir ? Je laisserais peut-être les traces de mon passage sur ta peau et, qui sait, peut-être aussi que t'aimera ça... Dans tous les cas, t'as pas à stresser. On ira au rythme qui te convient.
Haletant, Médéric ferma les yeux. Il ne su s'il s'agissait de l'effet de son souffle sur sa bouche, ou celui de ses mots provocateurs, mais son être tout entier réclamait le contact. Yadiel ne l'avait même pas encore touché que déjà, l'envie débordait de ses veines et se déversait dans tout son corps. Il voulait s'enivrer de Yadiel et perdre la raison sous ses attentions, quelles qu'elles soient. Il trépigna alors intérieurement lorsqu'il lui saisit le menton.
— Regarde-moi, ordonna Yadiel.
Extirpé de sa transe, Médéric s'exécuta. Ses prunelles accrochèrent à nouveau les siennes. Yadiel y décela évidemment toute son impatience et l'éclat du feu qui le brûlait. Il était habitué à insuffler ce sentiment débordant aux autres. L'admirer dans ces yeux fut en tout point différent, unique, car le désir de Médéric nourrissait le sien. Il augmentait les pulsations de son cœur rodé et le rendait vulnérable.
— Tu me vois, comme je te vois ?
Aussi étrange puisse paraître cette interrogation, Médéric en saisit toutes les nuances. Tout comme il ne souhaitait plus n'être qu'un fils obéissant, ou seulement un bon père de famille, Yadiel ne voulait plus être Phœnix. Il aimerait offrir plus qu'un corps, recevoir des sentiments honnêtes plutôt qu'être le simple objet d'une fixette malsaine. Médéric hocha donc la tête. Il ne connaissait que trop bien ce besoin d'être vu, de manière sincère, et accepté malgré ses imperfections.
Satisfait, Yadiel déplaça sa main contre sa joue barbue. Son pouce caressa lentement sa lèvre inférieure ; elle et sa jumelle l'obnubilaient depuis leur premier baiser.
Las de contenir cette tension dévorante, Médéric empoigna son poignet et tendit ses lèvres. Elles s'emboîtèrent à celles de son amant sans effort. Le sentiment de plénitude qui s'en suivit ne leur paru plus si étranger. Toujours déconcertant, peut-être, mais plus agréable que jamais.
Yadiel l'enlaça d'un bras et approfondit leur baiser. Enroulant les siens autour de ses épaules, Médéric le garda dans une étreinte serrée. Leurs lèvres dansèrent au même rythme exalté que les ''babums'' dans leurs poitrines et, s ans précipitation, leurs langues entrent dans la partie. Chacun trouva rapidement ses marques dans cet échange exquis. Yadiel s'avéra plus doux, Médéric un brin fauve. Leurs dissemblables se complétaient à la perfection.
Leurs mains se faufilèrent sous leurs vêtements. Lèvres, langues, dents, découvrirent avec joie la peau méconnue de l'autre. La température ambiante devint vite insupportable et leurs habits bien trop étroits. Après quelques efforts lors de l'effeuillage et une marche à tâtons vers la douche, les amants admirèrent respectivement leurs corps nus sous un jet rafraîchissant. Yadiel effleura de l'index la large cicatrice en travers de l'abdomen de Médéric.
— Accident de voiture. Enfin, je ne suis pas sûr qu'on puisse le qualifier d'accident quand le suspect m'a sciemment foncé dessus.
— Merde alors. Content que t'aies survécu.
— Moi aussi, rit Médéric, m ais ça n'a pas toujours été le cas. Et toi ?
Ses doigts caressèrent les nombreux vestiges d'un passé traumatique, disséminés sur ses épaules, ses bras et ses côtes.
— Mauvaises rencontres, résuma Yadiel. Mais toi, je crois que t'es une très belle rencontre.
Rien de plus ne fut nécessaire pour leur tirer un sourire complice. Yadiel retourna ensuite Médéric à la volée et le plaqua dos à une paroi. Sa cuisse glissa entre les siennes, il pressa leurs bassins. Leurs sexes rigides roulèrent l'un contre l'autre.
Les baisers et les caresses de Yadiel parurent inépuisables, mais peu soumis à la réciprocité. S'il acceptait sans mal ses lèvres, le fait qu'il chasse encore ses mains de son corps frustra Médéric. Peut-être était-ce tout bêtement machinal ?
Ces considérations s'envolèrent lorsque Yadiel s'empara de ses testicules. Il les malaxa avec doigté, avant de remonter à sa verge qu'il décalota en douceur. Médéric s'accrocha à son cou, où il chanta tout son plaisir à être ainsi cajolé. Ses gestes s'avéraient moins mécaniques que dans ses souvenirs. Ils étaient simplement plus tendres. Ce ne fut pas le cas de ses canines affamées. Elles s'enfonçèrent dans la peau de Médéric, qui lâcha un couinement plaintif.
Il se sentait proche, aimerait rendre la pareille à Yadiel. Plus encore, il voudrait qu'ils atteignent l'orgasme d'une parfaite harmonie. Il tenta alors le coup une fois de plus et s'agrippa à sa hanche tandis que sa main libre s'attela à imiter ses mouvements. Yadiel cala le front contre sa tempe et soupira de plaisir contre son épiderme, ce qui déclencha un énième frisson chez son aîné. Mais, sans surprise, il saisit son poignet.
— Je veux te toucher, finit par quémander Médéric. S'il te plaît.
Il chercha son regard, il l'obtint. À défaut de réponse verbale, Yadiel le lâcha et appuya sa paume sur le mur.
Au cours de sa vie, les attentions des autres furent plutôt synonymes d'abus ou de manipulation que de réelle affection. Par crainte d'un attachement néfaste, il n'en acceptait dorénavant qu'un minimum. Ce, à condition de garder le contrôle de la situation.
Médéric ignorait encore tout de ces mécanismes. Il captura pourtant les lèvres de Yadiel dans un baiser fougueux pour le remercier de sa concession et, seulement ensuite, rajouta ses caresses à leur échange. Il continua à le branler, tout en remontant librement sa deuxième main contre son flanc, puis sur son torse robuste qu'il tâta. Il apprécia hautement cette fermeté sous sa paume, se complu à découvrir les courbes masculines de son corps, mordilla sa pomme d'Adam, lécha sa peau et en voulut toujours plus.
Plus de sensations.
Plus de Yadiel.
Empoignant sa croupe, Médéric descendit se s lèvres sur son buste, rendu torrentiel par le jet d'eau. Il le couvrit de multiples baisers, jusqu'à son ventre, et, porté par son élan, s'agenouilla sur le sol frais de la douche.
Conquis par cette vision exquise, Yadiel glissa la main contre son crâne.
— Médéric...
Le nommé n'osa pas lever les yeux. Son prénom ainsi susurré sonna toutefois comme la plus fantastique des invitations. Yadiel le prononçait pour la toute première fois. Le contentement fit frétiller la verge de Médéric entre ses cuisses légèrement écartées et ses papilles salivèrent face à la gâterie juste sous son nez. N'écoutant que ses pulsions, il se transforma en magicien. L'objet de sa convoitise disparut entre ses lèvres novices. Vibrant à leur contact, Yadiel laissa échapper un long râle et une caresse.
Médéric s'accrocha à sa cuisse d'une main. De l'autre, il se masturba au rythme de ses allers venus buccaux. Il explorait le membre de Yadiel avec appétit et tempérance. La moiteur de sa bouche suffit presque à le faire perdre pied, il paraissait bien décidé à les amener tous les deux au septième ciel.
Yadiel rejeta la tête en arrière, les membres tremblants. À ras, proche de déverser son plaisir, il saisit Médéric sous les aisselles et le remis abruptement sur ses pieds. Grisé, ce dernier gémit lorsque leurs bassins et leurs torses s'emboîtèrent. Il s'agrippa aux épaules de Yadiel et accepta volontiers ses baisers débordants.
Ainsi pressés l'un contre l'autre, ils cédèrent à la frénésie de caresses mutuelles jusqu'à ce que l'allégresse gicle entre leurs doigts. À bout de souffle, Médéric se blottit dans ses bras pour éviter de flancher sur des jambes faiblardes. Yadiel l'enlaça et cala la joue conte son crâne sans plus y réfléchir.
— C'était bien, se réjouit l'aîné en reprenant ses esprits. C'était vraiment très bien.
— Ouais, t'as été génial.
Yadiel recula légèrement. Son sourire s'élargit lorsqu'il capta la fierté cachée derrière l'air timoré de Médéric. Ils se rinçèrent, puis quittèrent la douche pour se sécher dans un silence tranquille. Médéric sortit toutefois son amant de ses pensées en lançant une serviette sur sa tête.
— Qu'est-ce tu fais ? s'amusa la victime.
— Y'a des courants d'air. Tu risques de tomber malade si tu restes les cheveux mouillés.
Yadiel pouffa légèrement. Plongeant un regard rieur dans le sien, il agrippa ses hanches dénudées.
— Je peux les sécher moi-même. Tu sais ?
— Je sais.
Cela ne l'empêcha pas de continuer sur sa lancée, ni Yadiel d'apprécier son initiative. Si ce début de proximité émotionnelle le perturbait encore, il ne comptait plus s'y soustraire.
Lorsque Médéric termina d'éponger ses boucles épaisses, il essuya leurs sillons le long de son cou.
— Je vais te chercher des vêtements de rechange ?
— Plus tard. Pour l'instant, je crois qu'on n'en a pas besoin.
Un baiser passionné scella cette déclaration. Draps de bain autour des reins, ils sortirent enfin de la salle d'eau.
— J'espère que ta boule de poils ne nous tiendra pas compagnie dans ton plumard.
Médéric laissa échapper un rire.
— Non, elle n'entre pas dans les chambres.
— Tant mieux ! Ça m'aurait fait chier de devoir la dégager pour te rendre ta superbe pipe. Au fait, t'as pas des menottes planquées dans un de tes tiroirs ?
L'indécente désinvolture de ces mots rendit difficile leurs liens de causalité. À la fois excité et intrigué, Médéric fronça les sourcils.
— Bien sûr que non, voyons. Pourquoi en aurais-je chez moi ?
Yadiel se contenta de lui adresser un sourire sans équivoque. Ce fut largement suffisant pour un déclic.
— Oh, souffla Médéric.
— Pas grave, si t'as des liens de serrage en plastique, ç a fait aussi l'affaire.
— Hum... Je ne suis pas vraiment contre l'idée, mais j'aimerais autant que tu ne m'attaches pas aux barreaux de mon lit dès le premier soir.
— Ah, t'es plutôt vieux jeu ? railla Yadiel. J'aurais dû m'en douter.
— Pourquoi tout le monde en fait-il un reproche, de nos jours ? Ce n'est pas censé être une tare.
— Non, c'est vrai. Sauf que moi, je suis plutôt du genre dévergondé. Tu m'as l'air d'avoir toutes les qualités pour pencher de ce côté, mais je vais te laisser le temps d'en décider. En attendant, on peut toujours continuer comme on a commencé.
Libéré des appréhensions du début de soirée, Médéric opina. Il inita un nouvel échange ardent et les conduisit volontiers jusqu'à sa chambre.
Cette nuit-là, comme les deux jours qui suivirent, fut ponctuée d'étreintes jouissives. À tel point qu'en retournant à la brigade, le gendarme dû prendre grand soin de boutonner son col afin que ses suçons échappent à la curiosité de ses comparses.
Le petit nuage sur lequel il fl ottait s'avérait toutefois instable. Médéric savait s'abandonner corps et âme à une liaison délicate à bien des niveaux, mais surtout d'un point de vue déontologique.
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