2. La peste et le choléra.
— L'exécution sonnera le retour public de la reine Zara, m'informa Arachné, il faudra que tu sois prête à endosser parfaitement son rôle devant des milliers de personnes. Tu ne dois éveiller aucun soupçon.
Depuis que j'avais endossé le rôle de Zara, je n'avais encore eu à faire aucune apparition publique. J'avais d'abord saisie l'excuse de la bataille pour disparaître des radars, prétextant que la reine, c'est-à-dire moi, devait se remettre d'éventuelles blessures, puis j'avais fait en sorte de toujours accomplir des tâches qui évitaient de trop m'exposer. Bien évidemment, cela ne pouvait pas durer. J'allais devoir remplir mon rôle d'imposteur sous la lueur des projecteurs en évitant le moindre faux pas qui pourrait faire tomber mon masque. Heureusement, grâce à l'aide d'Arachné, j'avais eu plusieurs mois pour me préparer. J'avais appris ce qu'il fallait savoir sur Zara, sa manière d'agir, de se comporter, ainsi que comment remplir les rôles qui lui incombaient.
Je savais ce que j'avais à faire durant cette exécution, je connaissais l'image que je devais donner, mais j'appréhendais malgré tout de paraître en public. Au fond, c'était comme une pièce de théâtre, j'avais appris mon texte, mais le trac pouvait surgir au moment où on s'y attendait le moins.
J'avais l'impression d'être de retour à mon oral blanc de bac, je stressai pour ma présentation, alors que je la connaissais sur le bout des doigts. Bon, d'accord, ce n'était pas tout à fait pareil ; les enjeux étaient plus grands, les risques de faux pas plus importants... D'autant plus qu'en réalité, mon oral blanc n'avait pas été si angoissant que cela étant donné que je m'amusais à utiliser mon pouvoir de manipulation pour influencer la note du jury. Mais c'était la meilleure comparaison qui me venait en lien avec mes expériences passées.
Un violent coup me ramena brutalement à la réalité. Arachné venait d'enfoncer sa patte dans la tête de la reine Zara. Par manque de concentration, mon illusion venait de s'évaporer tel un nuage de fumée.
— Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? m'énervai-je.
— Je te parle mais tu ne m'écoutes pas, t'es au courant que je préférerais vaquer à mes occupations plutôt que de jouer les mentors à ton service ? Alors si tu pouvais te concentrer, j'arrêterais de vouloir te mutiler ! En plus je ne peux même pas réellement te frapper et c'est encore plus rageant.
Effectivement, sous ma forme de cendres, elle ne pouvait rien contre moi. Je fis réapparaître la reine Zara, la laissant s'exprimer à ma place. Elle était mon corps, mon hologramme.
— D'accord, d'accord maître Yoda, je t'écoute !
— Maître Yoda ? Qu'est-ce que c'est encore que cette référence Terrienne ? Tu ne pourrais pas pour une fois parler avec des mots compréhensibles !
J'aimais attiser sa colère. C'était distrayant.
— Tu n'as qu'à ouvrir un dico, je ne vais pas commencer à peser le moindre de mes mots.
Arachné grinça des dents, perdant patience.
— A cause de ton manque de connaissance sur ce royaume, je suis déjà surbookée ! Puis, pour ta gouverne, j'ai quand même commencé à lire des livres parlant de la Terre afin de connaître un minimum les termes que tu utilises pour me qualifier et ça me donne juste envie de t'étrangler.
— Tu t'instruis sur ma planète d'origine, je suis flattée.
— Je ne le fais pas pour te faire plaisir, mais par nécessité. J'ai horreur de ne pas comprendre l'entièreté de nos discussions.
Je lâchai un rire moqueur. Ce qui ne sembla pas plaire à mon acolyte.
— Pour information, je sais désormais ce que c'est que « la peste », m'apprit-elle, et si tu viens encore à me qualifier de maladie mortelle et repoussante, je t'arrache les entrailles à main nue !
Je retins un rire. Pour toute réponse, je me contentai de hausser les épaules par le biais de mon illusion.
— Je croyais qu'on devait se concentrer, arrête de pinailler et informe-moi sur ce que je suis censée savoir.
Arachné fit claquer ses dents, agacée.
— Très bien, consentit-elle, je crois que nous avons fait le tour des informations capitales sur l'exécution. Tu n'as qu'à me poser des questions sur ce que tu aimerais savoir, que l'on gagne un peu de temps.
Je pris un temps de réflexion. Ce que j'aimerais savoir ? A vrai dire, j'avais beau avoir accumulé bon nombre d'informations ces derniers temps, j'avais toujours l'impression d'être larguée dans un monde qui n'était pas le mien. Ce que je voulais savoir ? Qu'est-ce qui pouvait m'aider à prendre la main sur les événements ?
Je connaissais les habitudes de la reine, son caractère, sa tendance à n'avoir d'amour et de considération pour personne... Mon esprit carburait avant de s'arrêter sur un élément.
— J'ai bel et bien une question, mais elle n'est pas en lien avec l'exécution d'aujourd'hui.
— Accouche !
— Tu te souviens lorsque l'on s'est affrontées dans les Dédales ? Tu m'as interdit l'accès du lieu sous prétexte que ce serait la mort assurée, pourquoi ?
Le souvenir de ce lieu sinistre tourna dans ma tête. Des corps suspendus contre les murs, une odeur nauséabonde, les triplés défendants l'entrée, Arachné me prévenant d'un sort atroce si j'osais m'aventurer dans les Dédales. C'était lors d'une bataille pour libérer mes alliés, j'avais découvert ce lieu étrange sans jamais percer ses secrets. Il était temps d'y remédier.
Arachné haussa un sourcil.
— Pourquoi je t'ai empêchée d'y aller ? releva-t-elle, je te l'ai dit, une mort aussi précipitée aurait enlevé le charme de te voir souffrir avant de mourir. Cela aurait été du gâchis.
— Qu'est-ce qu'il y a dans ces Dédales ?
L'Animalis prit un temps de réflexion.
— La mort.
— Tu ne peux pas être plus clair ? m'énervai-je.
— Je ne peux pas faire plus clair que de t'informer qu'à l'intérieur, il s'agit de la mort assurée !
— Mais pourquoi ? Comment ?
— Dans les Dédales se cachent l'arme ultime de Samaël.
Je me figeai.
— L'arme ultime ? Il faut que tu m'en dises plus ! S'il cache cette arme dans cet endroit, j'ai tout intérêt à m'y rendre pour la détruire et l'empêcher de poursuivre ses plans.
— Pauvre idiote ! s'écria Arachné, tu ne peux pas aller dans les Dédales ! Je n'arrête pas de te dire que c'est la mort assurée ! Tu ne peux rien faire contre cette arme.
— Je suis censée être la reine Zara, je suis dans l'alliance des Darknils, l'arme ne me tuera pas. Ils ne se permettront pas de me tuer !
Arachné enfouit sa tête entre ses mains dans un cri étouffé pour contenir son impatience et son agacement.
— Bourrique ! hurla-t-elle. Si tu mets ne serait-ce qu'un pied dans les Dédales, ta couverture sautera, et dès que tu seras démasquée, tu mourras sans même avoir le temps de bouger un doigt.
Ces informations eurent l'effet d'une douche froide. Quelle monstruosité se cachait dans ce lieu qui pouvait être capable d'ôter la vie aussi aisément ?
— Tu exagères lorsque tu prétends que je serai tuée avant même d'avoir pu faire plus de deux pas, espérai-je malgré tout.
Arachné secoua la tête.
— Les Dédales renferment un monstre pire que tous les chaos. Crois-moi, à côté de ce monstre, Zara n'est qu'un tendre agneau.
Un nœud m'enserra la gorge. Super... Quelle horreur allait-on devoir encore affronter ?
On toqua à la porte de la grande salle de trône. J'échangeai un regard avec Arachné avant de donner plus de contenance à mon illusion de la reine Zara. Sous forme de cendres, je m'envolai vers le plafond, afin d'être sûre de ne pas être perçue. Arachné fit entrer le visiteur.
Il s'agissait de Titus. Il abordait un air fermé, sérieux. Il avait tout de l'allure d'un petit soldat venant faire un rapport. Il s'avança vers Zara, fit une petite révérence.
— Les préparatifs pour l'exécution des rebelles sont finis, nous informa-t-il. Tout est fin prêt.
Je fis acquiescer la reine, abordant son aura froide lui étant habituelle.
— Très bien, lança la reine de son timbre de glace. Tu peux disposer.
Titus acquiesça, mais alors qu'il allait partir, il se mit à hésiter. Son assurance coutumière parut lui faire défaut, mais il se reprit bien vite. Le visage imperturbable, il resta face à la reine.
— Avec tout mon respect, puis-je vous faire part de mon opinion sur la situation ?
Intriguée, je fis acquiescer la reine, curieuse de savoir ce que l'araignée pouvait bien avoir à dire.
— Tuer les rebelles maintenant serait une erreur tactique, annonça-t-il alors, je ne suis pas sûr que vous ayez prit la bonne décision.
Je fis peser un regard glacial sur le fil adoptif de la reine.
— Je peux savoir ce qu'il t'a mené à une telle opinion ?
Titus ne se démonta pas face à la voix glaciale de la reine, il restait campé sur ses appuis, la tête haute, sûr de lui.
— Les rebelles pourraient nous servir d'appât. Nous en avons attrapé que cinq, utilisons-les pour dénicher leurs alliés et faire une pierre deux coups. D'autant plus qu'ils doivent détenir des informations précieuses qui pourrait nous servir à réduire une bonne fois pour toute tout éventuel rébellion.
Titus prit un temps de pause, semblant chercher ses mots, les peser, avant de reprendre.
— Je ne dis pas qu'il est nécessaire de garder tous les rebelles en vie, mais certains ont des capacités qu'on aurait plutôt intérêt à exploiter. Tuer tous les rebelles maintenant serait du gâchis.
Zara le toisa avec froideur, nullement touchée par ses suggestions.
— Je peux savoir qui serait assez digne d'intérêt pour éviter l'échafaud ?
— Tenshi est un excellent Prophète avec un pouvoir individuel remarquable, il pourrait nous être utile dans l'avenir.
Je retins un sourire, comprenant ce que cet Animalis avait réellement derrière la tête. J'avais surpris suffisamment de scène entre lui et Tenshi pour comprendre que leur rapport était particulier. Il était attaché au Prophète et essayait tout simplement de lui sauver la vie.
De plus, depuis que Tenshi était prisonnier dans les cachots, j'avais pu surprendre, sous ma forme de cendres, Titus, lui rendre visite. J'avais pourtant interdit les allés et venus, n'autorisant que les visites pour donner les repas. Mais l'Animalis avait fait fi des ordres. Il venait voir Tenshi, ils avaient discuté ensemble sans que je ne puisse connaître le sujet de leur conversation. Tenshi, au début, n'avait pas été très réceptif aux visites de l'araignée. Mais petit à petit, peut-être à force d'être isolé de tout contact, il avait fini par se détendre en sa compagnie.
— Je n'ai pas besoin de ses talents, répondis-je, c'est un traître et tout traître mérite la mort. Quant à ces autres rebelles, ils ne m'intéressent plus. Eudora est morte, ils ne sont plus rien désormais et ne sont pas digne de mon intérêt.
Titus voulut protester, mais Zara leva une main pour le couper dans sa lancée.
— Il n'y a rien de plus à dire sur le sujet, je ne m'y aventurerai pas davantage.
Mais l'araignée ne semblait pas vouloir en rester là. Voyant qu'il allait de nouvelle fois protester, Arachné intervint.
— Tu n'as pas entendu ce que t'as dit ta reine, Titus ? Le sujet est clos. Puis elle n'a pas tort, ces traîtres nous sont inutiles et méritent leur sort.
Titus lança un regard à sa sœur, le visage difficilement déchiffrable. Perdant patience, je manipulai une nouvelle fois mon illusion.
— Tu n'as donc rien de mieux à faire que venir contester mes décisions ? retentit la voix froide de la reine. Retourne à tes occupations, c'est un ordre.
Titus ne put cacher son amertume lorsqu'il fit une révérence avant de s'en aller. Son regard s'était durci. Nul doute qu'il n'avait pas digéré cette entrevue. Arachné attendit que la porte se referme avant de se tourner vers mon illusion.
— Qu'est-ce qu'il lui prend ? s'étonna-t-elle.
— Je crois qu'il apprécie énormément Tenshi et qu'il aurait préféré lui éviter la mort.
L'Animalis écarquilla les yeux de surprise avant d'éclater de rire.
— Tu ne vas pas me faire croire que mon frère est amoureux, ricana-t-elle, il est bien trop sérieux pour se lancer dans des petites amourettes, surtout avec quelqu'un à l'opposé de ses idéaux.
— Ce ne serait pas si absurde que cela, protestai-je.
— Ce n'est pas parce qu'il vient de sortir le nom de Tenshi, qu'il est amoureux de lui, il croyait vraiment à ce qu'il disait !
Cette Obscuras était plus têtue qu'une mule.
— Tu es dans le déni ma pauvre ! Titus n'a pas arrêté de rendre visite à Tenshi depuis sa captivité, il est carrément accro.
Un éclat de colère brilla dans ses prunelles.
— T'en as pas fini de sortir des conneries ? Je te dis que mon frère n'a aucun penchant pour les traîtres !
— Pourquoi tant de ressentiment pour ceux ayant retournés leur veste ? relevai-je. Dois-je te rappeler que toi aussi, tu as trahi les tiens ?
Arachné agita ses longues pattes d'araignée avec agacement.
— T'as décidé de me pourrir ma journée ?
— Non, simplement de te dire la vérité.
— T'es juste insupportable !
— C'est simplement que tu n'aimes pas être contredite.
— Tu sais ce que tu es ?
— Non, mais j'imagine que tu ne vas pas tarder à me le dire.
— Une peste ! Tu n'es qu'une sale peste !
Arachné venait d'hurler ses derniers mots comme s'il s'agissait de la pire des insultes.
— Oh bravo, tu emploies déjà les mots que tu viens d'apprendre, c'est que tu assimiles vite.
— Mais elle va la fermer, la maladie issue des puces des rats !
— Si moi je suis la peste, tu sais que tu es toi ?
— Non, mais j'imagine que tu ne vas pas tarder à me le dire, m'imita-t-elle.
— Le choléra !
Arachné grinça des dents.
— Bien, si c'est comme ça, je me casse d'ici !
L'Animalis se dirigea à vive allure en direction de la porte.
— Dit plutôt que tu vas bouquiner pour trouver la définition de ce mot t'étant inconnu ! me moquai-je.
— Exactement !
La porte claqua derrière elle.
***
Le reste de la journée avait filé à toute allure sans que je ne croise plus personne. Je m'étais enfermée dans mes appartements privées, répétant mentalement mon rôle pour l'exécution. Le moment venait de sonner son glas. Arachné, bien que de très mauvaise humeur, était venue me chercher pour le début du grand événement.
— Sale peste, c'est l'heure, s'était-elle contentée de lâcher.
Après avoir arpenté le château dans le plus grand silence, nous étions arrivées à destination. Le jardin était bondé de monde. Lors d'une exécution publique, tous les habitants des villages alentours avaient l'obligation de venir y assister. Autant dire qu'habiter non loin du palais royal n'était pas un bon plan.
Les vrais rebelles avaient déjà quitté leurs cellules respectives pour être emmenés vers les cachots privés de la reine en toute discrétion. C'est Arachné qui avait été chargée de l'opération, et même s'il s'agissait d'une Obscuras insupportable et irritable au possible, je devais reconnaître qu'elle remplissait toujours ses tâches avec attention. A force de la côtoyer, j'avais même pu lui découvrir un petit côté perfectionniste.
Depuis, mes illusions remplaçant les rebelles attendaient sagement que des cavaliers les guides de force vers leur lieu d'exécution. Je devais mettre toute ma concentration pour maintenir mes illusions malgré la distance. J'utilisais mes illusions nuit et jour, sans répit, et cela me fatiguait. J'en avais conscience, mes nuits de sommeil ne me suffisaient plus pour récupérer toute l'énergie que je brûlais à utiliser mes dons, mais je n'avais pas vraiment le choix.
Je m'avançai dans la cour du château, jusqu'à un trône m'étant destinée, non loin de cinq piquets. Les rebelles allaient brûler vifs. Devant le regard d'une foule amassée en surnombre devant moi, j'entamai un speech que j'avais répété mainte fois en compagnie d'Arachné. Je gardai la froideur caractéristique de la reine, un timbre et une expression faciale qui ne trahissait strictement rien, et laissai mon discours se répandre aux oreilles de tous. Un discours ennuyant et bidon sur les rebelles, leur défaite cuisante et le symbole qu'était cette exécution. La mort de ces rebelles signait leur défaite, l'anéantissement du mouvement. Je continuai mon speech en appuyant bien sur le fait que la royauté était maître, qu'aujourd'hui n'était qu'un exemple de ce qui était réservé aux traîtres, aux terroristes.
Les otages furent amenés et attachés aux piquets.
Zara regarda droit devant elle avec un air supérieur qui me dégoûtait, mais qui lui allait à ravir. Cette foutue reine avait toujours eu un égo démesuré.
Ronan, Cassius, Tenshi, Kairos et Adam.
Cinq visages m'étant familier. Ligotés. Prêts à mourir.
Un cavalier alluma le feu et les otages se mirent à brûler vif dans des cris de douleur. Le spectacle me donnait la nausée. J'avais bien conscience qu'il ne s'agissait que d'illusions, mais les voir périr, même illusoirement, avait un goût nauséeux. J'avais envie de vomir. J'aurais voulu couper ma vue, me rendre aveugle juste un instant, le temps que tout cela soit fini, mais je ne pouvais me le permettre. Je ne devais pas me déconcentrer au risque de tout rater et de me faire démasquer. Pire encore, je devais continuer dans ma lancée et les faire mourir de mes mains, accentuant les illusions.
Le feu leur léchait la peau, les cris retentissaient. Et puis, la mort l'emporta. Cinq cadavres calcinés sur des piquets. Cinq morts sous des cris réjouis de la foule, principalement des cavaliers. Je contemplai la foule autour de moi avec colère et dégoût. Des mines réjouies, d'autres faussement contentes par peur de représailles. Alors que mes yeux volaient de part en part, je captai soudain l'expression de Titus.
Il contemplait la reine avec un regard meurtrier.
*
NDA : Me voilà avec le chapitre de la semaine ! J'espère qu'il vous aura plu. (J'adore écrire les dialogues entre Eudora et Arachné 😭)
- La tentative de Titus pour sauver Tenshi, vos réactions ? Et on en parle du déni d'Arachné face aux sentiments de Titus ?
- Cette nouvelle menace cachée dans les dédales, d'après vous quelle est cette arme ultime ?
- L'exécution des otages , vous en avez pensé quoi ? 🙄
Voilà voilà je vous dis à la semaine prochaine ! Kissy kissy 💙
#Nakijo.
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