18. Jalousie et eau glacée.

/!\ NDA : Coucou, I'm back ! Je sais que cela fait longtemps, mais je suis enfin de retour pour la suite, et je me doute que depuis ce temps, il est difficile de se souvenir d'où l'histoire c'était arrêtée alors je vous propose une petit récapitulatif des derniers évènements :

Depuis la mort de la reine Zara, tuée par Arachné qui est devenue par la suite très proche d'Eudora, Eudora se faisait passer pour la reine. Elle a pu en découvrir plus sur les plans des Darknils et sur l'existance de Minos, un Obscuras volant les pouvoirs d'autrui. Minos devient fou à cause de la surcharge de pouvoirs qu'il a emmagasiné, mais reste la plus grosse menace. Eudora a fini par perdre sa couverture à cause de Grim, l'un des frères d'Arachné. Samaël et les Darknils savent qu'elle s'est fait passer pour Zara. Elle a dû fuir le château, et avec l'aide d'Arachné, a fait sauter le château. Cassius a perdu la vie dans l'affrontement qui a suivis. De retour dans la Scaremountain et dans l'alliance avec Evilash, Eudora a fait intégrer à l'alliance Arachné et Titus (l'autre frère d'Arachné). Elle a dévoilé que Ronan était le vrai roi légitime du royaume et lui ont fait prendre son titre de roi aux yeux du royaume.

Voilà pour le récapitulatif. La lutte continue pour Eudora et ses alliés et je vous laisse découvrir la suite. Même si la première phrase du chapitre peut porter à confusion, ce début de chapitre ne débute pas là où l'ancien s'était arrêté, la situation devient plus clair en continuant.

Enjoy your reading ! :) /!\

*

- Je peux savoir ce qu'elle fiche ici ? dis-je avec mauvaise humeur.

Martial retint un gloussement amusé qui eut le don de me donner envie de le tarter. Au lieu d'avoir recours à la violence, je me contentai de pousser un râle d'agacement. Il n'y avait rien de drôle dans ma question. Ni dans cette situation. Et encore moins dans mes humeurs qui s'étaient révélés volcaniques dès l'instant où j'avais aperçu cette Obscuras que je détestais tant.

Initialement, tout ce que je voulais, c'était retrouver Kalidas dans l'une des petites salles de la Scaremountain. Martial, qui me suivait partout pour, selon ses dires, me faire la conversation jusqu'à destination, m'avait accompagné. En arrivant à destination, une voix horripilante avait fait dresser les poils de mes bras dès la première note de sa voix. Chany. Cette Rôdeuse très bavarde rencontrée dans le repaire des Darknils, et qui manifestait trop d'intérêt pour Kalidas, était là. Seule. Avec lui. Des sentiments irrationnels m'avaient instantanément submergé.

- Au lieu de ricaner, tu pourrais peut-être me répondre et me dire ce qu'elle fou avec Kalidas ! grinçai-je de plus belle.

- T'es jalouse, Eudo ? s'amusa Martial.

- Tu me prends pour qui ? Bien sûr que non ! mentis-je. C'est une alliée des Darknils, je m'inquiète pour notre sécurité !

Martial prit une mine dubitative.

- Pour info, et même si tu le sais très bien, ce n'est plus une alliée des Darknils. Elle a retourné sa veste. Malgré que cela ne suffise pas pour que chacun accepte de lui donner sa confiance, je sais très bien que si tu t'énerves, c'est parce qu'elle est en train de parler à ton petit amoureux. Mais ne t'en fais pas Eudo, t'es trop mignonne quand tu piques une crise de jalousie.

Je fusillai le Guerrier du regard.

- Je ne suis pas mignonne. Je ne suis pas jalouse. Je n'aime simplement pas la façon qu'elle a de le regarder !

Il n'en fallut pas plus pour que Martial éclate de rire. Je plaquai ma main sur sa bouche pour étouffer le son avant de se faire remarquer. Il manquerait plus que Chany et Kalidas nous surprennent en train de les espionner ! Martial repoussa ma main, un sourire moqueur sur les lèvres.

- D'accord, miss Eudo qui n'est pas jalouse, mais un peu quand même. Qu'est-ce qui te fait peur au juste ? Que Kalidas cède à ses avances ? Tu l'en crois capable ?

Je poussai un grognement en lançant un regard aux deux Rôdeurs. Chany parlait et parlait et parlait sans s'arrêter à un Kalidas qui l'écoutait poliment. Lorsqu'elle se rapprochait de trop prêt, ou qu'elle lui lançait des regards équivoques, Kalidas ne manquait jamais de la repousser et de la remettre à sa place.

- Non. J'ai confiance en lui.

- Bah alors ? Pourquoi tu tires cette tête ? me lança-t-il avec un air plus sérieux. Ne te met pas dans des états pareils.

- C'est facile à dire ! m'emportai-je. Tu réagirais comment toi, si un Obscuras courait après Rose et la draguait dès qu'il en avait l'occasion ?!

Martial eut un rire gêné.

- Personne n'oserait voyons ! Je suis bien trop flippant pour qu'on ait l'idée de me provoquer.

Je roulai des yeux, excédée.

- Bien sûr, et Nérée, qui avait des vues sur Rose, tu penses vraiment que c'est ton côté impressionnant qui lui a mis des bâtons dans les roues ?

Le regard de Martial s'assombrit. Je me sentis immédiatement coupable.

- C'est l'indifférence de Rose et le fait qu'il soit un gros lâche de première qui l'a empêché d'aller plus loin, admit-il.

Il n'y avait plus une once de rigolade dans sa voix. La trahison de ce qui avait été autrefois son meilleur ami était une blessure qui ne s'était pas refermée.

- Je n'aurais pas dû parler de lui... reconnus-je, mal à l'aise.

Martial haussa les épaules comme si peu lui importait. Il refit apparaître son sourire taquin sur son visage, mais il me parut forcé.

- C'est du passé ! Occupons-nous du présent et de ton petit ami entre les griffes de cette rivale. Tu comptes rester ici, les espionner jusqu'à la tombée de la nuit, ou tu vas les rejoindre ?

- Quoi ? Pourquoi j'irais les rejoindre ?

- Pour te rendre compte par toi-même qu'il ne se passe rien du tout et qu'elle est simplement venue cafter les plans de l'ennemi. Tu éviteras ainsi de te transformer en écrevisse à force de rougir de jalousie.

- Je ne suis pas rouge de jalousie ! ripostai-je un peu trop fort. Il fait chaud, c'est tout ! Et j'y peux rien si cette grande bécasse m'agace dès que je vois son visage !

- Eudora ... ?

La voix de Kalidas me cloua sur place. Oups, j'avais parlé trop fort. Ils m'avaient entendu. Mes propos n'avaient pas dû plaire à la Rôdeuse, car elle me foudroyait du regard. J'en ressentis une certaine satisfaction. Je pris un air penaud.

- Coucou, lâchai-je, de plus en plus gênée d'avoir été surprise à les espionner.

- Qu'est-ce que vous foutez-là ? demanda Chany d'un ton peu sympathique.

- Eudora était jalouse et pensait que tu draguais son copain.

Je m'étouffai à l'entente de la réponse de Martial. Il n'avait pas osé ?! Il allait me le payer ! Kalidas posa un regard surpris sur ma personne. Je crus voir un sourire amusé fendre son visage, mais trop cramoisie par la gêne, je ne pus soutenir son regard et je détournai les yeux.

- Je ne draguais pas son copain ! s'offusqua Chany. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui me manque, mais il n'est pas très réceptif.

Mon envie de meurtre ne fit que s'accroitre.

- Tu...

- J'étais venue faire un rapport des derniers évènements, me coupa Chany sans même m'accorder la moindre attention. C'est que du côté des Darknils, en ce moment, il se passe bon nombre de choses. Les choses s'accélèrent, c'est clair. Tout ce tohubohu me fiche les jetons, mais on fait avec. Je me sens quand même chanceuse. Ma position est risquée, vu que je joue les agents doubles au risque d'y laisser ma tête, mais au moins, je ne suis pas dans le viseur direct de l'éradication mise en place par les Darknils. C'est quand même un privilège qu'on ne peut ignorer et...

- Tu peux en venir aux faits ? m'impatientai-je, agacée par ses bavardages inutiles.

Chany poussa un soupir, mais sembla cette fois-ci me prendre en considération.

- Comme je le disais, chez les Darknils, ce n'est pas la joie. Je veux dire, ce n'est pas la joie pour nous, car les conséquences sont catastrophiques, mais en réalité, ce n'est pas la joie pour eux non plus sur certains points. Commençons par le commencement, là où tout se passe bien pour eux ce qui fait que c'est le grand drame de notre côté. Ce monstre, Minos, il erre toujours à volonté dans le royaume depuis que Eudora a fait péter le château. Je pense que les Darknils auraient préféré le garder sous la main et sous leur surveillance étroite, mais vu que Minos continue de buter tout le monde, ça joue en leur faveur, ils ne s'en plaignent pas. Ou presque pas. Parce que pour eux, tout le monde n'est pas bon à tuer. Il y a des privilégiés que Minos n'est pas censé toucher. Les Darknils ont dû s'empresser de mettre en sûreté les personnes qui sont censés vivre d'après leur propre jugement, afin que Minos n'y touche pas. C'est vrai quoi, ça serait franchement con que ce monstre déglingue les favoris du grand Samaël. Le plan tomberait à l'eau. Mais bref, tous ses alliées son sous sa protection pendant que Minos sème le chaos partout. Un vrai bain de sang. Enfin, façon de parler, parce qu'il ne s'agit pas forcément de morts et de tueries, mais avant tout de vol de pouvoirs. Ce dégénéré de Minos devient de plus en plus puissant, c'est flippant. Je n'aimerais pas me retrouver devant lui et devoir le combattre. Personne ne peut le vaincre. C'est du suicide. Ça me donne des frissons d'effroi rien que d'y penser.

- On a compris l'idée, intervins-je. D'autres informations à nous transmettre ?

- Oui, bien sûr que j'en ai d'autre, repris Chany ne plus bel. Minos devient fou, c'est une évidence. Ça inquiète les Darknils, ils espèrent qu'il va tenir jusqu'à la grande éradication, parce que là, ça pète. Minos risque de devenir incontrôlable, même pour eux. Mais une première éradication est déjà en cours donc ça rassure les Darknils. Après tout, les gens que Minos détruit en volant leurs pouvoirs ou en les tuant, ça fait déjà un sacré tri. Pour ce qui est du manque de joie chez les Darknils, c'est que le château qui a sauté, ça les a bien embêtés. Ils sont en colère. Non seulement, ils ont perdu des alliés très précieux, dont l'un des bras droits de Samaël, mais ils ont également perdu tous leurs matos, les laboratoires, Minos sous contrôle, et leur projet est mis à mal. Leur méfait dans le château bénéficiait à leur but ultime. Dans les dédales, les Darknils travaillaient à ce truc pour accéder à l'immortalité dont seuls les alliés extrêmement proches ont échos. A cause de la chute du château et de leurs laboratoires, beaucoup de choses sont à recommencer. Heureusement pour eux, ils ont toujours connaissance du protocole qui permet d'accéder à l'immortalité en volant l'essence des Phénix. Seulement, ils devaient s'y atteler très prochainement, mais c'est désormais impossible. Ils ont changé l'ordre des choses. L'éradication passera avant leur test ultime de l'immortalité. Ils vont d'abord veiller à tuer les parasites comme ils disent, qui peuplent ce monde, pour garder que les êtres désirables.

- On sait, grâce à Arachné, que ce n'est pas réellement l'immortalité qui intéresse Samaël. Derrière le dos de ses alliés, lui, mise sur la résurrection, fit remarquer Martial. Cela n'a pas fait débat ? La vérité sur son projet a pourtant éclaté.

Chany secoua la tête.

- La vérité n'a pas éclaté. Les Darknils pensent toujours que Samaël désire le même but qu'eux. La seule à connaître la vérité, chez eux, c'est Harmonia. Elle est trop amourachée de Samaël pour le trahir et percer son secret au grand jour. Et moi, je ne risque pas non plus de leur vendre la mèche, je tiens à ce que ma tête reste collée sur mes épaules. Donc officiellement, leur but est toujours d'acquérir l'immortalité. C'est vraiment un objectif déroutant et sujet au débat. L'immortalité c'est cool un temps, mais au bout d'une éternité, on finit par se faire chier. Je ne sais pas vous, mais moi, je serais bien contente de mourir définitivement un jour. On finit toujours par faire le tour de chaque chose. Je me deman...

- Désolé de te couper, Chany, intervint Kalidas, mais lorsque tu as parlé du protocole pour accéder à l'immortalité, tu saurais en dire plus à ce sujet ?

Chany prit une mine songeuse.

- Je ne peux pas t'aider sur ce coup mon Kalichou, pleins d'informations restent confidentielles. Je suis peut-être une fouine et une très bonne espionne, mais j'ignore tout de comment marche ce protocole. Ils ont pris du temps à le faire ce chantier. Ils n'avaient pas toutes les informations en main, ça aide pas. Les Darknils l'ont verte que les parchemins sacrés ont été détruits par Eudora. Apparemment, dedans, il y avait la solution pour réussir leur méfait. Enfin, pas seulement. J'ai entendu dire que dans les parchemins, il y avait une clef pour nous aussi. Une clef sur l'avenir qui nous aurait été précieuse. Dans l'histoire, la disparition des parchemins nous troll tous. Chacun va devoir faire sans.

Je retins un frisson. Une solution pour nous aussi ? Voilà qui était intéressant. Car j'étais l'une des rares à savoir que les parchemins n'étaient pas réellement perdus. Si cette solution pouvait nous aider, il était peut-être temps de dévoiler ce secret. Cependant, les oreilles indiscrètes de Chany me gênaient. Hors de question qu'elle apprenne une information aussi capitale.

- Tu as d'autres informations à nous transmettre ou tu as fini ? demandai-je à la Rôdeuse.

- Je ne crois pas, le plus gros est dit. Je ne vais pas vous raconter les mésaventures banales des Darknils, ça serait sans aucun intérêt. N'empêche, si vous voulez rire un peu, Jacob, qui est quand même un second de Samaël, a réussi à flipper parce qu'il avait un insecte dans son assiette. Il a jeté la nourriture en l'air et après, il...

- Oui, cool, l'interrompis-je. Si tu n'as rien de plus vitale à nous informer, il serait peut-être temps que tu retournes d'où tu viens avant que ton absence soit remarquée.

- Eudora...

- Je ne dis pas ça pour être impolie, répondis-je à Kalidas, mais il ne faudrait pas que sa couverture ne saute.

- Elle a raison, renchérit Martial. Eudora pense avant tout à ta sécurité et non à sa jalousie maladive.

Je lui envoyai un puissant coup de coude dans les côtes qui le fit se plier en deux en m'insultant.

- Ce n'est absolument pas une question de jalousie, mais de devoir. On ferait mieux de vaquer chacun à nos occupations, le temps presse. Bye bye !

Je fis un signe d'au revoir à Chany pour l'encourager à partir. Ma démarche ne parut pas lui plaire, toutefois, elle sembla se plier à ma demande et fit un signe aux deux autres Obscuras avant de tourner les talons. Puis, alors qu'elle semblait partir, elle pivota sur elle-même, m'envoya un regard provocateur et sans crier gare, elle se jeta sur Kalidas et lui embrassa la joue.

- Je ne peux pas partir sans te faire un aurevoir comme il se doit ! s'enhardit-elle.

- Chany ! s'injuria Kalidas en la repoussant aussi sec.

-Je te souhaite bien du courage avec ta copine, ça doit être difficile de l'aimer au quotidien.

- Chany, stop !

Trop tard, le mal était fait. Je bouillonnais de colère. Pour qui elle se prenait celle-là ? A se jeter sur les gens, à les embrasser sans leur consentement et à l'ouvrir à tout va ! J'avais la terrible envie de claquer sa tête contre chaque mur qui composait la Scaremountain. Chany ne me donna pas l'occasion d'assouvir mes désirs profonds, elle décampa, un grand sourire sur les lèvres.

- Hum, très gênant, commenta Martial. Finalement, je comprends que tu la détestes.

Je ravalai ma colère sans pour autant réussir à la dissiper. C'était fichu, j'allais être de mauvaise humeur pour le reste de la journée. Kalidas se dirigea auprès de moi, mal à l'aise et visiblement agacé. Lui aussi n'avait pas apprécié le coup foireux de Chany, et ce détail m'apaisait un peu. Ce qui n'enlevait rien à ma rage.

- Je suis désolé pour...

- Ne t'excuse pas, tu n'as rien fait, grommelai-je. Maintenant que cette crétine est partie, il faut que je vous dise un truc. Les parchemins ne sont pas perdus. Orso les a mémorisés à l'aide de son pouvoir de mémoire photographique.

- T'es sérieuse ? s'écria Martial. Mais quelle bande de génie !

- Maintenant que Circé a gagné l'appui des Centaures, les parchemins peuvent être traduits, réalisa Kalidas.

- Il faut en informer les autres ! s'enthousiasma Martial. Il serait peut-être temps de les décrypter et de prendre pleinement l'avantage sur les Darknils.

Je soupirai.

- Tu as qu'à aller prévenir tout le monde, rétorquai-je. Le temps qu'Orso retranscrive ses souvenirs et qu'un Centaure les traduit, je peux aller me taper une sieste.

- T'es sérieuse ? s'étonna Martial.

- Oui et non. Je ne vais pas patienter à rien faire pendant que Orso et ce Centaure que vous dégoterez se mettrons à l'œuvre. Je vais en profiter pour faire descendre la pression. Parce que tout ce que je désire en ce moment, c'est encastrer cette Chany. Je reviendrais lorsque vous aurez traduit ce truc, je ne vais pas rater ça.

Martial se gratta le haut de la tête, un peu déboussolé par ma réaction.

- D'accord... Faudrait prévenir Evilash de...

- Tout ce que je vois, elle le voit aussi, le coupai-je. Elle sait très bien ce qu'il se passe et les parchemins sont en notre possession et non la sienne, c'est à nous de juger quand il est bon de les décrypter.

Martial acquiesça, visiblement de mon avis. Hésitant, il finit par partir, jugeant préférable de me laisser avec mes humeurs. Tant mieux. J'avais envie d'être seule. Mais Kalidas, lui, ne partit pas. Il me regardait inquiet et embêté. Sentant le rouge me monter aux joues, je lui tournais le dos et pris le chemin qui menait vers les douches. Je ne tardai pas à me rendre compte que Kalidas s'était lancé à ma suite.

- Eudora, attend !

Je ne ralentis pas le pas. Je finis par m'arrêter face à la porte menant à ma destination et me tournai lentement vers le Rôdeur.

- Je vais me doucher, ça me rafraichira les idées.

- Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé avec Chany. J'aurais dû réagir plus vivement et la remettre à sa place. Elle m'a pris au dépourvu. Mais s'il-te-plait, ne prend pas ses propos trop à cœur. Tu es peut-être jalouse d'elle, mais elle l'est aussi de toi. Elle voulait te blesser.

- Elle a juste réussi à me mettre en colère.

- Je n'aime pas te voir comme ça.

- En colère ? Je le suis pourtant la plupart du temps.

- Je n'aime pas te voir mal.

Je serrai les poings, canalisant le frémissement qui me parcourait. Je n'étais pas mal, j'étais en colère ! Ce n'était pas la même chose. Pourtant, il avait raison. C'était une colère de mal-être. Ses mots m'avaient bien plus blessée que je voulais l'admettre.

- C'est juste que... Elle a du toupet ! Elle a du culot de dire que ce doit être difficile de m'aimer au quotidien quand on voit à quel point elle est insupportable à jouer les moulins à parole et à embrasser qui elle veut à tout va !

Kalidas se rapprocha face à moi et prit mes mains dans les siennes. Je remarquai alors que je tremblais.

- Il ne m'est pas difficile de t'aimer chaque jour un peu plus que la veille. Je trouve même ça simple et naturel.

Je m'empourprai à ses mots. D'un coup, je perdis tout mon vocabulaire. Je pris plusieurs inspirations avant de retrouver ma faculté de parler.

- Je... euh... je vais prendre une douche ! J'ai trop chaud !

J'ouvris la porte, les mains encore plus tremblantes que précédemment et pris mes affaires que j'avais laissé la veille sur un meuble. Je posai ma serviette sur levier et quand je me retournai, je sursautai en me rendant compte que Kalidas venait de se téléporter auprès de moi. Je le fusillai du regard.

- Je vais prendre une douche, va-t'en pervers !

Kalidas éclata de rire.

- Pervers ?

- Tu ne vas pas me regarder me laver !

- Non ! Bien sûr que non !

Venais-je de parvenir à le gêner ? D'un coup, la situation me parut amusante.

- Alors qu'est-ce que tu fais là ?

- Tu te défiles. Je ne voulais pas te laisser t'en tirer à si bon compte.

- La conversation était terminée, je suis simplement partie me laver. Avoue que tu espérais pouvoir te rincer l'œil ! le provoquai-je.

- C'est mal me connaître.

- Tu peux t'en aller alors. Mais c'est dommage, je t'aurais peut-être laissé faire.

Mais qu'est-ce que je racontais ? Au fond, je n'assumais pas du tout mes propos. Mais l'embarras de Kalidas était bien trop un régal pour faire marche arrière. Tête baissée, je poursuivie sur ma lancée.

- Tu n'es toujours pas parti, constatai-je.

- Je me demande juste à quel jeu tu veux jouer exactement.

Je haussai les épaules.

- A aucun. Je me demande simplement quand tu te décideras à sortir d'ici.

Kalidas, perplexe face à mon comportement, leva les mains en signe de reddition et fit demi-tour pour quitter les lieux. Je me surpris à ressentir de la déception.

- Tu n'as réellement pas envie de rester ?

Les mots m'avaient échappée. Kalidas se retourna vers moi, un sourcil haussé.

- Je ne te suis pas. Tu souhaites que je parte ou que je reste ?

- Je veux savoir ce que toi tu veux.

- Rester ne me déplairait pas. Mais avant tout, je veux respecter ce que toi tu veux et éviter de te mettre mal à l'aise.

- Je veux que tu viennes prendre ta douche avec moi.

C'était dit. Sorti spontanément hors de ma bouche. J'avais du mal à réaliser ce que mes lèvres avaient eu l'audace de formuler. J'étais cramoisie de gêne. J'allais m'enterrer de honte pour ne plus faire face au monde. J'étais morte de gêne, mais aussi d'angoisse face à ce qu'il allait répondre.

- Tu veux que je vienne prendre ma douche avec toi ? répéta-t-il surpris, et un brin amusé.

Je secouai timidement la tête, ne le quittant pas des yeux.

- Mais je veux garder nos sous-vêtements. Je serai trop mal à l'aise autrement.

Kalidas acquiesça. Je n'en revenais pas de ce que j'étais en train de faire. Le Rôdeur me couvait de son regard et moi, j'étais intérieurement en proie aux flammes.

- Retournes-toi, demandai-je.

Sans poser de question, Kalidas obtempéra. Les joues empourprées, je me déshabillai à l'abris de son regard, ne gardant que mes sous-vêtements sur moi. C'était stupide de me cacher, sachant qu'il finirait par me voir dévêtue, mais j'étais encore trop intimidée pour retirer mes vêtements directement sous ses yeux. J'ouvris la porte de douche, laissant Kalidas se dévêtir sans oser le regarder. Il me rejoignit dans la cabine en caleçon. D'un coup, les douches me parurent bien étroite. Je me sentie mise à nue. Et pourtant, alors que l'embarras me recouvrait entièrement, j'étais satisfaite de la situation. J'avais un grain. Depuis quand je me prêtais à de tels jeux ? Les joues rouges, je restai pantelante près du Rôdeur, incapable de le regarder dans les yeux, mais incapable non plus de me détourner de lui. Je n'osai même plus bouger.

- Pour se laver, il faudrait peut-être que tu actives l'eau, fit remarquer Kalidas avec amusement.

J'acquiesçai tel un automate, sans réussir à faire le moindre geste. Le Rôdeur se décida à le faire à ma place et se pencha vers moi pour activer le pommeau de douche. Son torse n'était plus qu'à quelques millimètres de moi et mes genoux étaient devenus du coton. Comment faisait-on pour rester debout ? C'était un dur labeur. J'avais envie de toucher son torse, de passer ma main sur sa peau, mais rien que l'idée de vraiment accomplir ce geste me tétanisait. Une coulée d'eau froide me ramena hors de mes désirs. Kalidas jura et tenta de réchauffer l'eau. Ce fut ensuite trop chaud. La douche avait décidé d'être capricieuse et refusait de donner la bonne température, nous aspergeant tantôt d'eau glacée, tantôt d'eau trop chaude. Chaque fois Kalidas s'empressait de rétablir la température, un peu maladroitement, prenant à cœur de trouver le degré parfait. Il était aussi gêné que moi. Découvrir Kalidas sous cette nouvelle facette ; moins sûr de lui, plus maladroit, provoqua quelque chose dans mes entrailles. J'aimais beaucoup ce que je voyais.

Le Rôdeur parvint enfin à faire couler de l'eau tiède et poussa un soupir de soulagement, digne de quelqu'un qui venait de remporter une bataille. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Une partie de ma gêne venait de s'envoler et je posai ma tête contre son torse, riant joyeusement. Attendri, Kalidas passa ses bras autour de moi et finit par rire, lui aussi, de la situation.

- Kalidas ? dis-je d'une petite voix.

Le Rôdeur papillonna des yeux, les joues un peu rouges. L'effet que produisait son nom sortit de ma bouche me surpris. Je devrais penser à l'interpeler plus souvent de la sorte. A moins que cela était dû à la proximité.

- Oui ?

- Tu as pris ta serviette ?

Il eut un instant de silence.

- Non. Je n'étais pas censé me laver maintenant.

- Oups. Va falloir qu'on partage la même.

Je partis dans un éclat de rire partagé. Kalidas passa une main dans mes cheveux. Je levai la tête vers lui. Ses yeux brillaient de bonheur. Et j'étais convaincue que les miens aussi. J'eus un petit sourire avant de plaquer mes lèvres contre les siennes et de l'embrasser pleinement.

La douche refit des siennes et une eau glacée se déversa sur nous.

*

- Tu penses qu'ils ont fini de décrypter le parchemin ? demandai-je à Kalidas alors qu'on marchait dans les couloirs.

On était partis des douches il y avait plusieurs minutes, mes joues étaient encore bien rouges, et ce n'était pas dû à la vapeur et à l'eau chaude. Kalidas était passé prendre des affaires à lui afin d'enfiler un sous-vêtement qui ne serait pas trempé.

- Vu le temps qu'on a mis, c'est probable, oui.

Je m'engageai dans le couloir qui menait à la pièce où les Obscuras avaient pour habitude de se réunir. Comme prédit, les rebelles étaient tous présents, ainsi qu'Evilash et ses alliés. La concentration du Centaure non loin m'apprit que le parchemin n'avait pas encore était traduit. Je rejoignis Martial qui était assis à côté de Rose. Kalidas m'emboita le pas.

- Tu as l'air de meilleure humeur, constata le Guerrier.

- Comme quoi, je sais calmer ma colère.

Martial haussa un sourcil. Je m'attendais déjà au pire.

- T'as l'air heureuse. J'aime bien te voir ainsi.

Prise au dépourvue, je ne sus quoi répliquer. Le rouge n'allait définitivement plus partir de mes joues.

- J'ai fini, annonça le Centaure.

Son intervention tombait à pic. Je n'aurais finalement pas besoin de trouver quoi répondre au Guerrier qui s'était déjà désintéressé de moi, avide de connaître le contenu du parchemin.

- Lis-le ! s'enthousiasma-t-il.

Rose lui intima de se taire alors que le Centaure se lançait dans sa lecture, sans avoir besoin que l'on le soudoie.

- Il y a bien longtemps, alors que notre planète n'était encore qu'une sphère sans vie, n'acquirent des oiseaux. Ils étaient nés à travers les flammes d'une planète naissante. Ces oiseaux de feu, les phénix, furent les premières créatures à peupler Obscuratium. Sous leurs ailes enflammées, la vie se propagea. Seulement, ces oiseaux étaient immortels et leur essence de vie éternelle attirait les Ombres à leurs trousses.

Mon sang se figea. Les écrits avaient l'allure d'un conte. Et je connaissais cette histoire. A la tête que fit Rox et Circé, je compris que je n'étais pas la seule à avoir fait instantanément le lien. Le début du récit était semblable au conte des Ombres qu'avait lu Circé aux enfants aux yeux doré dans le château alors que je croyais à l'époque être au milieu de la vraie Garde Royale et que j'étais venue avec elle et Rox pour coucher les petits. Cette histoire m'avait marqué parce que je l'avais toujours jugée bizarre. D'autant plus que le conte n'avait pas de fin. Il s'arrêtait en pleine phrase. Mais les choses allaient changer. Il était évident que si ce conte se retrouvait sur ce parchemin, c'est que la suite du récit y était aussi gravée.

- Les phénix s'éteignirent, se tapissant dans l'ombre de leur ravisseur pour leur échapper, continuait le Centaure. Mais des yeux brillants, tels de gros diamants, avaient l'omniscient. La menace des Ombres perçait l'obscurité en quête de ce qu'elle convoitait. Les cueillant avant même leurs naissances, elle vola les petits des phénix, avalant leur essence vitale. Sans descendant, les phénix disparurent, perdant leurs flammes éternellement. Malgré tout, jamais les monstres de l'Ombre ne parvinrent à s'approprier leur vitalité. Les pouvoirs des phénix tenaient bien trop du mystère. Incapable d'arriver à leur fin, les Ombres disparurent, ne laissant derrière eux que des échos de leur existence. A l'abri des regards, sous leur draperie nocturne, depuis la nuit des temps, les Ombres manipulent l'essence de vie dans l'espoir de voir un jour leur projet se concrétiser. Goutte par goutte, miette par miette, de leurs mains gantées, jour après jour, année après année, aujourd'hui comme hier, ils s'emparent des...

Désormais, le conte faisait écho. Tout prenait sens. Les Ombres étaient les Darknils, l'immortalité, leur quête éternelle et les Phénix représentaient ma race tant menacée. La première fois, le conte s'était arrêté ainsi, mais le parchemin contenait visiblement l'entièreté de l'histoire, parce que le Centaure ne s'arrêta pas dans sa lecture :

- ...des races, volent les vies et nourrissent l'élu. Grandit par les yeux d'or, nourrit par les pouvoirs, celui qui voit tout mais ne dit rien deviendra le tout, deviendra fou. Lorsqu'il aura volé la puissance, lorsqu'il aura dépouillé la vie, l'ultime bataille éclatera. L'héritier contre la bête. Le descendant du premier Phénix contre le descendant des Ombres. Aux côtés du dragon originel, l'héritier fera renaître les Phénix d'autrefois, tandis que la bête détruira. Seul l'un des deux survivra, amenant une nouvelle ère auprès des siens. Le dernier jugement sonnera. Lorsque la réincarnation du premier Phénix apparaîtra, l'avenir du royaume se jouera définitivement. Astéria, déesse de la vie et de la mort, reviendra. Identique, mais différente. Son âme incarnée, mais innocente, elle sera la seconde chance. Libre au monde de répéter les erreurs du passé et de la briser, ou de réparer enfin les plaies. Son âme préservée et une vie de prospérité effacera les malédictions lancées. Son âme détruite et une vie chaotique condamnera le monde à jamais. Des Ombres ou des Lumières, des Obscuras ou des Lumias, l'avenir prendra la teinte de ceux qui s'élèveront.

Le Centaure termina sa lecture. Le parchemin ne contenait qu'un conte. Ce conte. Mais ce n'était pas réellement un conte pour enfant, il s'agissait d'une prophétie ! Les rebelles s'échangèrent des regards effarés.

- Ce truc parle de ce qui se passe en ce moment même ! s'étrangla Sanjana.

- On n'a pas appris grand-chose, maugréa Orso. Tout ce qu'on sait, c'est qu'à l'issu de l'affrontement contre les Darknils, un seul camp sera vainqueur. Faut pas être un génie pour le comprendre par soi-même.

Sanjana roula des yeux.

- On sait que pour battre ce Minos, il faut Titan et le descendant d'Astéria. C'est déjà pas mal comme information.

Les regards convergèrent vers Ronan. Mal à l'aise, il fit mine d'ignorer ces paires de yeux.

- Mais d'après ces parchemins, tout ne s'arrête pas à cette confrontation, souleva Bleizian. Qu'importe qui gagne cette bataille, l'avenir de notre monde se joue ailleurs. Ces écrits disent que Astéria va se réincarner et que c'est son devenir qui déterminera notre futur !

- Si les Darknils l'emportent, le futur est déjà tout tracé, railla Rose. Jamais un enfant pourrait prospérer dans l'avenir qu'ils réservent.

- En réalité, le parchemin n'a jamais dit que la réincarnation d'Astéria allait venir après la guerre. Elle est peut-être déjà là sur nos terres sans que personne ne s'en doute, fit alors remarquer Zahir.

*

NDA : Je sais que cela fait super longtemps, et ça me fait bien bizarre de revenir poster, mais je ne me voyais pas laisser cette histoire à l'abandon sans jamais donner la suite à tous ceux qui l'attendaient. Merci à ceux qui sont encore là malgré tout ce temps, j'ai été surprise après tout ce temps de recevoir des messages me demandant la suite. (Par contre c'est quoi le problème de Wattpad à supprimer les messageries ? :( J'aime vraiment pas comment la plateforme a évolué...)

Je reviens la semaine prochaine avec la suite, j'ai pris de l'avance dans mon écriture, il ne devrait pas avoir de soucis de poste.

Je vous dis à bientôt ! Kissy Kiss ! 🤍 #Nakijo.

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