8. Etrange symbiose.

Aleth cachait son visage de ses bras, pleurant à chaudes larmes. Je restai sciée sur place par sa réaction. Je m'attendais à tout, sauf à une telle attitude. Je regardai autour de moi, cherchant ce qui avait bien pu la plonger dans un tel état. L'endroit était sombre, seulement éclairé par mes flammes. Arachné, silencieuse, le regard noir, continuait à garder l'entrée de la cavité. Une odeur infecte vint me chatouiller les narines. Une odeur forte, désagréable, donnant la nausée. Une odeur si atroce que j'en vins à me demander pourquoi je ne l'avais pas sentie plus tôt.

Fronçant le nez de dégoût, je regardai autour de moi, cherchant l'origine d'un relent aussi infecte. C'était l'odeur de la mort, l'odeur de la décomposition, du sang, de la chair grillée. J'en avais la nausée. Je fus surprise par ma capacité à ne pas rendre tout le contenu de mon estomac.

Contemplant les murs sombres des lieux, je finis par distinguer des ombres suspendues aux murs. Je fronçai les sourcils. La pénombre m'empêchait de discerner nettement de quoi il s'agissait, mais j'avais un horrible pressentiment. Une voix au fond de mes entrailles me hurlait de détourner le regard, de ne pas prêter attention à ces ombres suspendues, de ne pas chercher à comprendre et de faire demi-tour le plus vite possible, quittant ces lieux sinistres.

Mais je ne pouvais pas agir de la sorte. C'était plus fort que moi, il fallait que je sache. Il fallait que je comprenne. Allumant une flamme dans la paume de ma main, j'envoyai la boule de feu en direction des ombres pour les éclairer, puis une autre boule et encore une autre. Le feu éclaira tout un pan du mur et mes genoux se mirent à trembler d'eux-mêmes en découvrant le spectacle qui se jouait devant moi. J'eus un violent haut le cœur tandis que ma tête se mit à me tourner dans une douleur atroce.

Suspendus pas les mains, en rangé, tout le long du mur, se tenait des Obscuras, torses nus, un haillon en guise de pantalon. Ils étaient tous morts. Ils avaient le ventre lacéré, éventré, les organes suintant hors du corps, du sang gouttant sur le carrelage noir. Certains avaient des membres en moins, d'autres avaient la chair complétement brûlée... La vue était horrible, épouvantable, les cadavres ne ressemblaient même plus à des êtres vivants mais à des morceaux de puzzle dégoûtants qu'il aurait fallu rassembler, à des poupées cassées qu'il aurait fallu réparer, à des coussins déchiquetés qu'il aurait fallu recoudre.

Je détournai le regard et d'un geste brusque, je refermai mon poing, éteignant les flammes qui éclairaient le massacre de ces êtres pendus aux murs comme s'il s'agissait de trophées sanglants. Qui avait pu faire une chose pareille ? Qui était assez tordu pour exposer son massacre à la vue de tous ?

L'odeur continuait de me prendre à la gorge. J'aurais voulu me boucher le nez, m'empêcher de respirer afin de ne plus sentir cette odeur insupportable de mort, de sang et de chair brûlée. Mais je dus me forcer à me concentrer sur ce qu'il m'entourait, à être sur mes gardes. Je restais avant tout en terre ennemie et Arachné venait de bouger.

Je focalisai mon attention sur elle alors qu'elle venait discrètement de se rapprocher de nous. Elle se figea en croisant mon regard. Je ne savais pas ce qu'elle avait derrière la tête, mais j'avais le pressentiment qu'il fallait la garder à l'œil. Elle semblait avoir une idée à l'esprit. Arachné récolta toute mon attention, je ne voulais plus la quitter des yeux. Si elle faisait encore un pas, je me promettais d'utiliser le feu d'Alisa pour la brûler vive, ainsi, elle irait à ravir avec les corps inertes exposés comme des vulgaires décorations.

Je vis alors que son poing était serré derrière son dos, ma méfiance se décupla. Elle avait quelque chose dans la main. Une arme probablement.

D'un geste de la main, je fis grossir les flammes cendrées, un serpent de feu se mit à danser devant moi, s'avançant dangereusement de l'araignée qui prit sur elle pour ne pas reculer.

- Qu'as-tu derrière le dos ? lui demandai-je d'un ton sec. Si tu prévois de nous attaquer, je te le déconseille fortement ou tu risques de le regretter.

Je mis toute ma haine dans ma voix, mais l'Animalis de l'araignée ne frémit même pas sous mes menaces. Un sourire éclatant apparu sur ses lèvres, un sourire provocateur.

- J'aimerais bien voir comment tu comptes t'y prendre, se moqua-t-elle, nullement impressionnée par mes tentatives d'intimidation.

Je serrai les poings, canalisant ma colère. Il ne fallait pas que je m'énerve, c'était exactement ce qu'elle attendait de moi. Pourtant, j'avais une envie démente de me jeter sur cette Obscuras siphonnée et de lui planter mes ongles dans la chair pour la défigurer. Son sourire me tapait sur le système. J'allais le lui arracher.

- Eudora, attention ! s'écria subitement Aleth.

Je fis volteface, juste à temps pour voir une énorme araignée me tomber dessus. J'eus le temps de l'éviter de justesse, dans une esquive maladroite. L'araignée tomba en face de moi, me contemplant de ses nombreux yeux me donnant la chair de poule.

Je me maudis intérieurement. J'avais tellement été accaparée par Arachné que je n'avais pas pris la peine de surveiller mes arrières. L'araignée tenta une nouvelle fois de se jeter sur moi, mais je l'esquivai avec plus de grâce que précédemment. Arachné en profita pour s'élancer à son tour en ma direction. Avant qu'elle ne puisse me frapper en plein flanc, Aleth s'interposa, s'élançant sur elle de tout son poids. Les deux Obscuras roulèrent au sol. Je ne pus pas suivre leur course qu'une troisième araignée fit irruption et me faucha les jambes, me faisant tomber à la renverse. Se plaçant au-dessus de moi, elle m'immobilisa de tout son poids. Une aura malfaisante se dégageait de l'animal. L'araignée fit claquer ses pattes de part et d'autre de ma tête avant de les rapprocher petit à petit, semblant prêt à me les enfoncer dans les yeux dans un plaisir malsain. Son aura malfaisante m'avait figée sur place. Je n'avais plus la faculté de bouger.

''Qu'est-ce que tu attends ? Défends-toi à l'aide de nos pouvoirs !''

Dans un petit sursaut, la phrase que la Banshee venait de me lancer me tira hors de mon état d'immobilité. L'adrénaline se mit à parcourir mes veines, mon sang. Je ressentis cette énergie particulière prendre possession de mon corps. Un feu ardent fourmilla sous ma peau et un large sourire éclaira mon visage.

- Bye-bye, lâchai-je à l'araignée.

J'enfonçai brutalement mon poing dans le carrelage noir et une vague de cendres enflammés percuta l'Animalis qui m'immobilisait contre le sol, l'envoyant voler à l'autre bout de la pièce. L'araignée s'écrasa contre le mur avant de tomber lourdement sur le sol, reprenant malgré lui sa forme d'Obscuras. Il s'agissait du frère d'Arachné, celui dont j'ignorais le nom. L'autre araignée, que je compris être Titus, se pencha au-dessus de son frère, probablement pour s'enquérir de son état.

Je n'attendis pas que les araignées soient en mesure de m'attaquer de nouveau avant de me redresser. Mes veines bouillaient toujours d'une énergie revigorante. L'adrénaline pulsait en moi et j'avais la sensation d'être capable de soulever des montagnes.

Je vis Aleth, se battant toujours contre Arachné, se faire immobiliser contre le sol. Arachné brandit sa main au-dessus de l'Obscuras aux cheveux rouge sang, les yeux brillants d'un éclat peu rassurant. Je vis alors ce qu'elle avait gardé dans les mains jusqu'ici, tentant un peu plus tôt de le cacher dans son dos. Des seringues.

Un sourire carnassier franchit les lèvres de l'Animalis qui voulut enfoncer l'aiguille dans la nuque de son adversaire, mais je m'élançai vers elle. Il était hors de question que je la laisse faire. D'une poigne forte, je saisis son poignet, la stoppant dans son élan, et de mon pied, je la repoussai violemment à l'arrière, la renversant au sol. Je lui arrachai les seringues par la même occasion. Désormais, c'est moi qui possédais cinq seringues dans les mains et je comptais bien m'en servir. Je me jetai sur l'Animalis pour lui enfoncer les aiguilles, mais cette dernière eut le réflexe de se changer en petite araignée avant que je ne puisse l'atteindre et fila le long du mur. Trop petite, je ne pus pas la discerner entre les cadavres et l'obscurité. J'ignorais que l'Animalis de l'araignée pouvait choisir la taille de son animal. J'ignorais même que c'était possible.

Je sentis une ombre s'abattre derrière moi et j'esquivai une patte juste à temps. Un peu plus et elle finissait dans ma chair. Devant moi se dressait un Animalis aux cheveux très courts aussi noir que le jais et aux yeux d'un bleu extrêmement clair emplis de haine. Une aura malsaine, sanguinaire, semblait l'envelopper de tout son être.

L'Animalis tenta de me donner un nouveau coup, mais je l'esquivai une nouvelle fois avant de lui envoyer une boule de feu et de cendres. L'araignée se baissa pour éviter l'attaque, mais il ne fut pas assez rapide et se la prit dans l'épaule. Il poussa un juron, plaquant sa main sur sa brûlure toute fraiche. Je profitai de son moment de faiblesse pour le saisir par le col. Avec mes pouvoirs, je fis augmenter ma puissance et catapulta ma proie contre le mur avant de l'y plaquer à l'aide de mes cendres.

Je sentis une satisfaction sans nom vibrer en moi tandis que mon pouvoir continuait de pulser dans mon sang, me procurant des sensations enflammées dans ma cage thoracique. Mes cendres avaient besoin de chair, elle l'appelait. Je ne savais pas où étaient passées les flammes, mais il n'y avait désormais plus que des cendres autour de moi. Et mes cendres se sentaient à présent à nue. Elles ne pouvaient plus s'alimenter des flammes, elles ne pouvaient plus puiser dans l'énergie de ce pouvoir complémentaire et cherchaient une nouvelle source où puiser cette énergie si vitale.

Et j'avais cette source face à moi. Cette vulgaire araignée était ma proie. J'allais l'avaler à travers mes cendres. La déguster. La digérer. Voler son énergie vitale pour gonfler ma puissance. Mes cendres caressèrent sa peau et ma proie se mit à crier de douleur. Il tentait de retenir les cris dans sa gorge, en vain, la douleur était trop forte.

- Lâche Grim ! Lâche mon frère où tu vas le regretter ! me cria Arachné qui venait de se retransformer.

Sa voix était teintée d'inquiétude. Mais je n'en avais rien à faire de ses menaces, je n'en avais rien à faire de ce qu'elle pouvait bien me dire, mon corps avait besoin d'avaler, d'emmagasiner de l'énergie et je n'allais pas me priver de me servir alors que mon carburant se trouvait entre mes mains.

Un filet de cendres glissa dans la nuque de Grim qui poussa un gémissement qui se changea petit à petit en hurlement. Ses hurlements me firent rire. L'entendre crier était un réjouissement sans nom. C'était exquis, délicieux, sans pareille. Festif. J'entendais des cris derrière-moi, mais n'y préta aucune attention. J'avais créé une barrière de cendre m'entourant, empêchant quiconque de venir m'écarter de ma proie. Et j'allais la manger à travers mes cendres avec lenteur, voulant goutter à sa souffrance comme s'il s'agissait d'un succulant nectar.

- Lâche mon frère ou je la tue ! hurla Arachné, sa voix parvenant à m'arriver aux oreilles.

Je lançai un bref regard en sa direction et vis qu'elle tenait Aleth contre elle, une patte sous sa gorge. Je haussai les épaules. Qu'est-ce qu'elle voulait que j'en ai à faire ? Tout ce que je souhaitais, c'était manger ces délicieuses proies à ma portée. Le reste n'avait que peu d'importance. Une fois que j'en aurais fini avec Grim, je pouvais très bien enchaîner les festivités avec Arachné, puis son otage et clôturer par Titus. Titus qui semblait avoir quitté les lieux. Je roulai des yeux à ce constat. Qu'est-ce que j'en avais à faire qu'il ait disparu ? Tout ce qui comptait, c'était les cris de Grim se répercutant dans mes oreilles.

Mais je n'eus pas le temps de déposer de nouvelles cendres sur la peau de ma proie qu'un poids lourd me tomba sur les épaules, me séparant de ma capture. Le poids lourd me fit voler à travers mon mur de cendres, m'éjectant loin de Grim. Ma barrière de cendre disparut sous le coup de ma surprise. Je vis Titus s'avancer face à moi, protégeant son frère en se mettant en travers de ma route. Je serrai les dents. Voilà pourquoi il avait disparu... Cet écervelé d'Animalis avait grimpé jusqu'au plafond afin de passer ma barrière de cendres et de me tomber dessus. Je le foudroyai du regard. Il allait me le payer. Si je ne pouvais pas déguster lentement mes proies, ils allaient tous mourir en même temps sous mes cendres. Je me voyais déjà engloutir tout être vivant à travers mon pouvoir, la sensation serait divine.

Je n'attendis pas plus longtemps avant de mettre mon plan à exécution. Tendant une main, poing serré devant moi, je relâchai le poing et un flot de cendre se déversa. Une vague de cendres se forma devant moi, prenant de plus en plus d'ampleur et inonda toute la pièce. Mes cendres frappèrent la peau des quatre Obscuras présents dans les lieux. Leur chair brûlant sous le contact de mon pouvoir eut l'effet d'un feu d'artifice dans mon estomac. J'aimais cette sensation. Par-dessus tout. Leurs cris étaient tout aussi exquis.

Mes cendres voyageaient dans la pièce avec délices, s'alimentant de toute trace de vie. Subitement, je me mis à hurler de douleur. Mes cendres retombèrent d'un coup. Je tentai de me remettre en action, avec l'impression horrible que l'on venait de retirer ma nourriture hors de ma bouche, mais la douleur revint, laissant un nouveau cri franchir mes lèvres.

Un filet de feu me parcourait les poignets m'empêchant de continuer mon œuvre à cause de la douleur des brûlures que le filet laissait dans son sillon. Je poussai un cri de rage et de douleur. Ces flammes m'empêchaient d'accomplir mon plus cher désir ! Je voulais déguster cette chair, j'en avais besoin ! Pourtant, il y avait quelque chose de familier dans ce feu. Il semblait m'appeler. Mais je ne voulais rien entendre, je ne voulais pas de ce feu, je voulais mes cendres dévorant mes proies. J'essayai de refaire jaillir mes cendres, mais le feu redoubla autour de mes poignets lorsque je voulus abattre mes pouvoirs sur tout être munie de vie. Faute de pouvoir trouver une autre énergie à avaler, mes cendres se jetèrent sur le feu qui me rongeait les poignets.

Au contact du feu, j'eus l'impression de subir un électrochoc dans tout le corps. Je clignai vivement des yeux, confuse. Le pouvoir du feu. Le feu que je manipulais plus tôt avant de m'appuyer que sur mes cendres... Pourquoi était-il revenu en m'attaquant ? Mes cendres s'emmêlèrent aux flammes avec délices, dévorant l'énergie du feu qui le complétait si bien. J'eus alors un déclic sur la situation et j'eus la nausée. J'avais complétement pété les plombs, perdu toute lucidité et manqué tout réduire en cendre. Je n'étais qu'un être incontrôlable. Un monstre. Je ne savais même pas me contrôler, contrôler mon pouvoir...

''Enfin ! Tu es enfin revenue à toi ! Ne laisse pas les cendres te contrôler. Je n'ai pas envie de devoir intervenir pour réparer tes bêtises, j'ai d'autres pégases à fouetter.''

Je clignai vivement des yeux à cette remarque. C'était Alisa qui me parlait dans ma tête, j'en avais conscience, j'avais reconnu sa voix. Pourtant, j'avais l'impression que ce n'était pas vraiment elle. Son ton était différent. Ses propos inhabituels.

Immobile, ayant l'étrange impression qu'Alisa n'était plus vraiment là, que j'avais affaire à quelqu'un d'autre, je déglutis, ne voulant plus rester dans le flou. Cette situation était bien trop étrange.

''Je n'avais pas l'intention de perdre le contrôle, j'ai été prise de court.''

Je me justifiai rapidement avant d'inspirer lentement, les yeux rivés sur les flammes et les cendres dansant ensemble devant moi dans une symbiose mystérieuse.

''Mais dis-moi, qui es-tu ?''

Ma question venait enfin de se formuler dans mon esprit pour s'envoyer dans celui d'Alisa. Je savais qu'elle m'avait entendue, mais pourtant, la réponse sembla se faire désirer.

J'entendis des gémissements auprès de moi, me ramenant à la réalité. Les quatre Obscuras que j'avais attaqué étaient blessés, mais pas gravement. Ils n'avaient subi que de simples brûlures, et ce, grâce à Alisa qui était intervenue juste à temps. Alisa... si c'était bel et bien elle. Je me refocalisai sur mes pensées, espérant recevoir une réponse à ma question, mais les secondes défilèrent sans qu'aucune voix ne vint me parler. J'entendais bel et bien des bruits autour de moi, mais n'y fis pas attention, il n'y avait qu'un seul son que je voulais entendre. Il finit enfin par résonner dans mon esprit.

''Ce n'est pas le moment de discuter. Arrête de rêvasser et regarde devant toi, ton ennemi est en train de se ruer en ta direction. Il va te tuer.''

Je sursautai et sortis de mes pensées. Grim s'était élancé en ma direction, pattes tendues. Je plongeai contre le sol, évitant son attaque de peu.

''Non mais à quoi tu pensais ? On ne se déconcentre pas de la sorte lors d'un combat !''

Je grimaçai à l'entente du sermon de la voix de ma tête. Elle avait entièrement raison, j'avais été stupide.

Je me redressai en vitesse tandis que Grim chargeait de nouveau. Titus s'était lui aussi redressé, prêt à épauler son frère. Arachné ne tarda pas à faire de même. Aleth, elle, s'était reculée, s'acculant contre le mur, les yeux écarquillés. Elle semblait avoir autant peur de moi que des triplés, et vu ce que je venais de faire, je ne pouvais que le comprendre. J'avais manqué tous les tuer.

Les triplés se ruèrent vers moi, prêts à me faire payer ma tentative de meurtre. Je fis jaillir mon pouvoir de feu et de cendres et envoyai des jets de pouvoirs fonçant droit sur eux. Je ne fus pas assez rapide. Encore secouée par ma perte de contrôle, je touchai aucune des trois araignées.

Grim se jeta le premier sur moi, me plaquant au sol. Je n'eus pas le temps d'user de mes pouvoirs, il avait été trop rapide. La chute avait eu le don de me couper le souffle. Je devais agir, agir maintenant avant qu'il ne me tue. Sans réfléchir, j'agrippai avec plus de force les seringues que je tenais toujours dans ma main et enfonça l'une des cinq aiguilles dans la nuque de mon adversaire.

Arachné poussa un hurlement lorsqu'elle vit ce que je venais de faire à son frère. Titus s'immobilisa, les yeux grands ouverts. Je ne savais pas ce que contenait ces seringues, mais visiblement, ce n'était pas aux goûts des Animalis. Ils semblaient horrifiés.

Grim s'immobilisa au-dessus de moi, tous ses muscles semblaient se raidir, se contracter. Il avait le regard fixe. Ses yeux s'emplirent de douleur tandis qu'il tombait lentement sur le côté, complétement immobile, les bras tendus, comme s'ils étaient devenus rigides. Il ne pouvait désormais plus bouger, plus parler, ni même cligner des yeux. Et pour en arriver à un tel résultat, cela semblait être douloureux, car même alors qu'il ne pouvait plus remuer, son visage était déformé par la douleur.

- Grim ! s'étrangla Arachné en se postant à son côté.

L'Animalis me fusilla du regard, haineuse.

- Tu vas vite comprendre qu'on ne s'en sort jamais indemne lorsque l'on s'en prend à l'un des miens ! menaça-t-elle d'une voix sourde.

L'araignée me sauta à la gorge, avec plus qu'une idée en tête, me déchiqueter les entrailles. Je lui envoyai un grand sourire provocateur et fit aller mon bras pour enfoncer une de mes quatre seringues restantes. Comprenant ce que j'allais faire, Titus fonça à son tour et me tira hors de portée de sa sœur, me projetant en arrière. Son geste brusque manqua me faire chuter contre le sol, mais je réussis à me stabiliser pour ne pas tomber. Malheureusement, trois des quatre seringues de verres tombèrent de mes mains et s'échouèrent sur le sol.

Je m'apprêtai à m'élancer vers eux pour les récupérer, mais Titus s'avança juste en face des seringues.

- C'est ça que tu veux ? me demanda-t-il en désignant les trois objets au sol.

Dans un rictus, Titus aplati son pied sur les seringues de verre, les brisant net. Le liquide qu'elles contenaient s'éparpilla sur le carrelage. Je serrai les poings, frustrée d'avoir perdu mon arme aussi bêtement.

- Vous n'en aviez pourtant pas besoin ? m'étonnai-je. Ce n'est pas seulement moi que tu prives de cette substance, mais vous aussi. J'imagine que si vous possédiez ce genre d'outils, c'est parce que vous aviez une idée en tête.

Titus haussa les épaules.

- Notre plan est moins important que la sécurité de mon frère et de ma sœur. Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas.

- J'espère alors que votre plan n'était pas d'une importance capitale, ricanai-je.

- Ces cinq seringues devaient servir aux cinq Clandestins que nous avions pris en otage. Mais des seringues de ce type là, ce n'est pas compliqué à trouver.

- Il en reste encore une, fis-je remarquer.

Avant qu'il ne puisse réagir, je me jetai sur lui et lui enfonçai la seringue dans la nuque. Arachné poussa un cri étranglé tandis que son frère s'écroulait au sol, dans le même état que Grim.

- Je vais te tuer ! s'emporta Arachné à mon égard.

- Ils ne sont pas morts, lui fis-je constater.

- Mais toi, tu vas bientôt l'être ! s'écria-t-elle en se jetant sur moi.

Je la repoussai d'un puissant jet de cendres. Arachné percuta les corps sanglants suspendu aux murs avant de s'étaler contre le sol, les yeux brillants de haine et de rage. Elle poussa un cri animal et se releva, prête à charger de nouveau. Avant qu'elle ne puisse faire le moindre mouvement, je la clouai au sol à l'aide de mon pouvoir toujours en symbiose. Je me mis face à elle, satisfaite. Arachné poussa un cri rageur, me regardant avec hostilité.

- Et qu'est-ce que tu comptes faire de moi au juste ? Tu n'as même plus de seringues.

Je souris à l'entente de ces mots. Peut-être que je n'avais pas de seringues pour l'immobiliser, mais je pouvais très bien la tuer. Mon regard dévia en direction d'Aleth, qui nous contemplait toujours, collée contre le mur. Une idée germa dans mon esprit.

- Je ne vais pas t'injecter la substance d'une seringue, non, je vais te délier la langue. Tu vas me cracher toute la vérité, tout ce que tu sais !

***

NDA : Comme prévu, me voilà en ce dimanche avec la suite d'Obscuras. C'est un chapitre d'action 😏 j'espère qu'il vous a plus !

- Les corps suspendus dans la salle, gore ? a quoi servent-ils ?

- Eudora qui se laisse contrôler par les cendres et Alisa qui la fait revenir à elle, réaction ?

- Eudora qui va forcer Arachné à dévoiler tout ce qu'elle sait, vous êtes pour ?

On se retrouve la fois prochaine pour un long chapitre ! (En ce moment on ne manque pas d'actions 🙄)

Kissy kissy 💙

#Nakijo.

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