5. Otage volatilisé.
- Ce château est immense ! s'ébahit Maève, alors qu'on venait d'arriver devant le château de la reine Zara.
- Et très bien protégé, ce ne sera pas du gâteau, constata Sanjana.
J'acquiesçai, contemplant les gardes devant le château. J'espérais que notre plan allait fonctionner...
- Qu'est-ce que tu vois à travers ton duplicata ? demandai-je à Sanjana.
- Elle est isolée et seule dans une cellule, expliqua-t-elle. Je te l'ai dit, je ne sais pas où sont les autres captifs, je ne les ai jamais croisés. Tout ce que je sais, c'est qu'ils sont encore dans le château.
- Quelqu'un peut t'apercevoir ? la questionnai-je.
- Je suis dans ma cellule, j'ai fait comme tu me l'as demandé, je me suis mise dans le coin le plus reculé, dans l'ombre, pour que l'on ne puisse pas m'apercevoir au premier coup d'œil.
J'acquiesçai, la boule au ventre. Si les choses tournaient mal, je ne donnais pas cher de la peau de Sanjana...
- A toi de jouer, E., me lança la Sirène en se redressant, prête à rentrer en terrain découvert.
Je hochai la tête et me concentrai pour faire apparaître un bouclier d'invisibilité autour de moi et de Maève. Sanjana prit une grande inspiration et s'élança à travers les buissons, faisant mine de fuir le château. Le bruit de fuite alerta les gardes qui ordonnèrent à l'individu en fuite de s'arrêter et de décliner son identité. Voyant que Sanjana ne s'arrêtait pas, ils s'élancèrent à sa poursuite.
Tenant la main de Maève pour pas que l'on soit séparée, alors qu'on s'était nous aussi mise à courir, je suivais Sanjana des yeux, courant le plus près d'elle pour ne pas la perdre de vue.
Les gardes finirent par l'arrêter et la saisir. Un Obscuras à la carrure imposante et aux yeux couleur miel tenait la Sirène par le bras. Lorsqu'il vit son visage, il se figea sur place.
- Mais tu es l'une des captifs du château ! s'insurgea-t-il. Comment as-tu réussi à t'évader ?
Sanjana garda le silence, rivant ses yeux sur le cavalier. Comme convenu, elle devait être en train de lire dans ses pensées. Si jamais elle me faisait signe, c'est qu'ils ne s'apprêtaient pas à agir comme on l'avait prévu et dans ce cas-là, j'allais devoir intervenir pour la sortir de là. Malheureusement, je ne pouvais même pas m'appuyer sur mes cendres pour nous secourir, je ne comprenais toujours pas clairement comment les manipuler, ni même appeler mon pouvoir. Chaque fois, mon pouvoir surgissait de lui-même, selon mes humeurs, la seule fois où j'avais pu les contrôler librement, c'était lorsque j'avais avalé des baies de joie. Mais hors de question de manger ce genre de baies dans une situation aussi délicate.
Mais Sanjana ne fit aucun signe à mon intention, ce qui laissa suggérer que tout se déroulait normalement. Les cavaliers hurlèrent de l'emmener de force dans le château, voir la reine dès que possible. Je me glissai au côté de Sanjana, suivis de Maève, alors que les cavaliers emmenaient Sanjana à l'intérieur du château, nous laissant entrer à notre guise dans le palais, sans même s'en rendre compte.
On passa entre des rangées de gardes positionnées à l'entrée, tandis que des cavaliers enlevaient les grands battants de la porte afin de l'ouvrir. On fut escortée à l'intérieur de l'immense château aux décorations éclatantes. Maève avait les yeux écarquillés devant tant de richesses exposées sur les murs, les vitraux, le tapis, les meubles.
Les cavaliers nous guidèrent à travers les couloirs, prêts à mener Sanjana dans la salle du trône. Je choisis ce moment pour me créer une nouvelle bulle d'invisibilité et j'avançai face au groupe, leur barrant la route, laissant Maève au côté de Sanjana, toujours invisible. Prête à bientôt accomplir la mission que je lui avais donné.
Je fis fondre mon bouclier caméléon, devenant visible aux yeux des cavaliers qui se figèrent à ma vue. Je penchai la tête sur le côté, un sourire aux lèvres. L'adrénaline se mit à palpiter dans mes veines, me caressant comme un torrent de lave.
- Vous êtes de notre côté maintenant, c'est clair ? lâchai-je, avalant leur libre arbitre, faisant fondre leur conscience.
- Clair, répondirent les cavaliers.
- Libérez-là, ordonnai-je en désignant Sanjana d'un signe de tête.
Les cavaliers s'exécutèrent et la Sirène me rejoignit à grande enjambée.
- Ce cavalier n'est pas sous ton charme, retentit alors la voix de Maève.
Un cavalier fut poussé en avant. Je détaillai l'individu, les yeux plissés. Lorsque je manipulais un grand groupe, il y avait plus de risque que je ne parvienne pas à supprimer le libre arbitre de tous, devant davantage me concentrer. Et étant donné que les cavaliers connaissaient désormais mes pouvoirs, ils avaient plus de chance d'échapper à mes charmes. Lorsqu'ils m'avaient vu apparaître, les plus futés pouvaient avoir eu le réflexe de fermer les yeux et de se boucher les oreilles afin de ne pas succomber à mes charmes. Et visiblement, ce groupe de cavalier comportait un individu plus futé que les autres. J'avais bien fait de demander à Maève d'étudier leur réaction afin de voir si quelqu'un se défilait à mon pouvoir.
Le cavalier me faisant face était légèrement plus grand que moi et portait une longue tenue grise cachant les formes de son corps, ainsi qu'un casque cachant son visage. Mais je vis deux yeux d'un bleu extrêmement clair m'étudier. Ses yeux étaient démunis de peur. Cet individu ne me craignait même pas.
Je m'avançai vers le cavalier et d'un coup sec, je lui retirai son casque, dévoilant son visage. Je fronçai les sourcils. C'était une fille. Et cette fille, je l'avais déjà croisée quelque part...
Je me souvins subitement où. Je l'avais vu sur le champ de bataille. Cette Animalis du serpent s'était dressée face à moi et Rox, avant de tuer notre poursuivant, nous permettant de fuir la bataille.
J'avais eu comme intention de me débarrasser des résistants, mais d'un coup, je n'étais plus vraiment sûre de moi.
- Eclaire-moi sur un point, lui demandai-je, de quel côté es-tu ?
La fille serpent haussa un sourcil.
- Pas du tiens.
Au moins, elle était franche. Elle gagnait des points.
- Pourquoi nous avoir laissé filer lors de la bataille, si tu es du côté de la reine ? demandai-je alors.
- J'aime bien Rox.
- Tu l'apprécies au point de risquer de passer pour une traitresse ? m'effarai-je.
La fille serpent éclata de rire.
- Une traitresse ? Mais pour trahir quelqu'un, il faut déjà avoir été de son côté un jour.
Je restai confuse face à ses propos.
- Tu n'es pas du côté de la reine ? m'étonnai-je.
- Dans un sens, si, déclara-t-elle, je suis un cavalier et j'aime mon rôle, il est captivant. Mais je ne suis du côté de personne, si ce n'est que du mien. Je dois t'avouer que votre venue m'excite au plus haut point. J'aime l'action et j'ai hâte de voir le bazar que tu vas semer derrière-toi.
- Tu ne vas même pas essayer de m'en empêcher ? me surpris-je.
L'Animalis du serpent roula des yeux, comme si la réponse aurait dû être évidente.
- Même si je le voulais, je ne pourrais pas. J'ai promis que je ne te ferais aucun mal, entraver tes plans viendrait à trahir cette promesse. Je ne suis peut-être pas du genre à tenir parole, loin de là, je suis nombriliste... mais sens-toi chanceuse, si y a bien une personne que je ne trahirai jamais, c'est celle qui compte le plus à mes yeux. Et elle m'a demandée de ne rien faire à ton encontre.
Je restai interdite devant de tels propos. J'en tombais des nues.
- A qui as-tu fait cette promesse ? demandai-je.
Mais l'Animalis recula, ne semblant pas vouloir me fournir de réponses. S'éloignant de nous, elle se rapprocha des couloirs pour se faire la malle. Je la rattrapai en quelques grands pas, lui saisissant le bras. Il était hors de question qu'elle se défile.
- A qui as-tu fait cette promesse ? insistai-je.
Le serpent me lança un regard incendié, n'appréciant pas que je la retienne contre sa volonté.
- Tu n'auras pas de réponse, rêve pas petite, siffla-t-elle. Mais retiens-moi encore une fois de la sorte et je te fous mon pied dans le nez.
Sur ces menaces, la jeune Obscuras se changea en serpent et me fila entre les doigts avant de glisser sur le sol et de ramper à une vitesse fulgurante hors de ma vue.
- Ok, je ne sais pas qui est cette folle, mais elle est bizarre, commenta Sanjana.
Je haussai les épaules, faisant mine de n'en avoir que faire, mais je me trouvais bien peu convaincante. J'étais frustrée de n'avoir pas obtenu la réponse que je convoitais. Mon sang bouillait dans mes veines.
- On devrait poursuivre notre objectif avant que les choses ne se gâtent, fit remarquer Maève, me ramenant dans l'importance de la situation présente.
Je me tournai vers les pantins que je venais de me fabriquer.
- J'aimerais que vous nous donniez des armes à toutes les trois, pour que l'on puisse se défendre, annonçai-je, maintenant !
Aussitôt, mes pantins les plus armés nous refilèrent des armes. Je pris l'épée et les poignards qu'on me fournit et les attachai à ma ceinture.
- L'un d'entre vous saurez où sont enfermés les Clandestins pris en otages ? leur demandai-je. On aimerait que vous nous guidiez jusqu'à eux.
- L'otage Sanjana est retenue au bout de l'allée est de la prison, expliqua un cavalier d'une voix robotique. L'otage Cassius et l'otage Aleth sont retenus dans l'allée sud. L'otage Alisa vient de revenir d'une séance de torture et a été remise dans sa cellule de l'allée nord. L'otage Martial n'est plus dans sa cellule depuis trois jours.
Je me figeai.
- Comment ça, il n'est plus dans sa cellule ? demandai-je, où est-il ?
Mais le cavalier ne me répondit pas. Mon pouvoir consistait à manipuler les actions d'un autre, pas lui faire cracher la vérité.
- Va nous chercher des amétrines pour ouvrir les cellules, lui demandai-je alors avec agacement.
Le cavalier acquiesça et fila exécuter ma demande. Je contractai la mâchoire, irritée. Voilà que maintenant, on allait devoir jouer à courir après les Clandestins éparpillés un peu partout. J'espérai que les otages avaient une idée d'où se trouvait le Guerrier.
- Guidez-nous vers les cellules, demandai-je aux autres cavaliers.
Je m'avançai vers Sanjana et Maève remettant en place le bouclier caméléon pour nous rendre invisible. Maève avait l'air anxieuse et ce détail ne m'avait pas échappée.
- C'est beaucoup trop facile, me chuchota-t-elle, je ne pensais pas qu'on pourrait rejoindre les Clandestins aussi simplement.
Elle avait raison, pour l'instant on s'en tirait bien trop facilement dans un lieu réputé pour être dur à l'évasion... Rentrer avait été facile, mais sortir de ce lieu serait-il tout aussi simple ?
Les cavaliers parcoururent les couloirs, nous emmenant dans un lieu qui m'était familier. Les cellules. Là où j'avais été enfermée lors de ma captivité. Le cavalier que j'avais envoyé chercher des amétrines revint nous rejoindre et on fila libérer la deuxième Sanjana. Grâce à la Sirène, je savais que son duplicata était assez en forme pour nous épauler. Il fallait avant tout libérer les Obscuras capable de tenir debout.
Comme je l'avais supposé au fond de moi, l'otage qu'on venait de libérer avait un réducteur qui lui enserrait le cou. Les captifs étaient démunis de leurs pouvoirs.
- On est proche de l'allée nord, on devrait filer libérer Alisa, proposa alors Sanjana.
Les prisons me semblaient étrangement vides, il n'y avait pas un seul garde à l'horizon. Il devait se passer quelque chose, c'était évident, jamais nous n'aurions pu accéder aussi facilement aux prisonniers en temps ordinaire. Ce n'était pas normal. Quelque chose clochait.
Dévalant l'allée nord d'un pas rapide, regardant dans toutes les cellules en quête d'une Obscuras aux cheveux étoilés, je finis par me stopper net en apercevant ce que je recherchais. Je m'approchai des barreaux, remarquant une silhouette étalée sur le sol, ses cheveux étoilées camouflant son visage. Alisa était là. Et elle ne semblait pas réagir à notre présence. Elle ne bougeait pas.
Sanjana fit passer l'amétrine sur le carré métallique conçu à cet effet et la grille s'ouvrit. Je n'attendis pas que les secondes défilent avant de rentrer, m'agenouillant au côté d'Alisa. D'un geste un peu hésitant, je dégageai ses cheveux de son visage afin de voir ses traits. Alisa poussa un petit râlement à mon contact. Ce constat me rassura. Elle était en vie et consciente. Mais lorsque je vis l'état de son visage, je me figeai aussitôt.
Sa peau de porcelaine était parsemée de bleus, de griffures et d'hématomes. La surface de sa joue était déchirée et laissait percevoir une chair à vif. Son cou, autour de son réducteur était brûlé, comme si on l'avait aspergé d'acide. Elle était dans un sale état.
- San ! appelai-je la Sirène, essayant de refouler mon inquiétude.
Aussitôt, Sanjana me rejoint et s'accroupit à mon côté. Je lui lançai un regard.
- Tu crois qu'on va réussir à la porter ? lui demandai-je.
La Sirène passa doucement sa main dans les cheveux de la Banshee, la regardant d'un air soucieux.
- Alisa ? lui chuchota-t-elle, tu nous entends ?
Les lèvres de la Banshee tremblèrent, mais elle ne parvint à sortir aucun son. Ses paupières frémirent. Alisa était consciente mais en trop mauvaise état pour pouvoir nous fournir la moindre réponse, ni même ouvrir les yeux. La deuxième Sanjana vint nous rejoindre.
- On va se charger de la porter, m'intima-t-elle, il faut aller libérer tout le monde avant que l'on nous remarque.
J'acquiesçai et me redressai, m'avançant vers l'un de mes pantins.
- Va me chercher de quoi retirer les réducteurs, lui demandai-je sèchement avant de reprendre mon chemin.
Je partis vers l'allée sud, là où était censé se trouver Aleth et Cassius. Après, il ne resterait plus que Martial... Mais ce dernier semblait avoir disparu des prisons... Et mes pantins refusaient de me dire où il se trouvait... J'espérai qu'avec le pouvoir d'Aleth, ils viendraient à me révéler cette information. Mais je redoutais de retrouver les deux autres captifs dans le même état qu'Alisa. Jamais nous ne pourrions tous les porter et nous tirer d'ici sans se faire attraper...
Je finis par m'arrêter d'arpenter l'allée lorsque je vis une silhouette familière se dessiner dans l'une des cellules. Aleth était là, étendue sur le sol, couverte de sang. Mais lorsqu'elle me vit, ses yeux s'ouvrirent et s'écarquillèrent de surprise. Elle voulut parler, mais ses mots se changèrent en toux et elle se mit à cracher du sang.
- Eudora ? s'étonna une voix derrière moi, mais... c'est impossible ! Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je me retournai lentement, cherchant un visage à mettre sur cette voix si familière. Cassius était dans la cellule face à celle d'Aleth et bien qu'il fût couvert d'hématome, il semblait en bien meilleur état que ses congénères. Il put même se redresser et se mettre debout, ne parvenant toutefois à cacher une grimace de douleur. Il se rapprocha des barreaux. Je m'avançai vers lui et sortis l'amétrine que je possédais avant de la faire glisser sur la plaque, ouvrant la porte. Cassius était de plus en plus surpris face aux événements qui se déroulaient sous ses yeux. Il voulut faire un pas pour sortir, mais manqua s'écrouler au sol. Je le rattrapai et le Guérisseur s'aida du mur pour se stabiliser. M'assurant qu'il n'allait pas s'écrouler une seconde fois, je partis ouvrir la cellule d'Aleth.
Maève, qui avait attendu les Sanjana qui transportaient Alisa, choisit ce moment pour nous rejoindre, augmentant la surprise du Guérisseur. Les deux Sanjana arrivèrent à leur tour, Alisa dans leurs bras.
Elles furent rapidement suivies par mes pantins, dont celui qui avait eu pour mission de me ramener de quoi libérer les prisonniers de leurs réducteurs. Le cavalier me donna un étrange outil. Je le contemplai entre mes mains, les sourcils froncés. Il s'agissait d'un fin bâton plat et lisse, de couleur doré. Ce bâton plat possédait deux petites ailes de libellule aux reflets arc-en-ciel.
- Tu veux que je m'en charge ? me proposa Cassius, voyant que je ne savais pas comment m'en servir.
Je le lui tandis aussitôt. Le Guérisseur s'approcha de sa sœur, cahin-caha, et s'accroupit à son côté. Il enfonça le bâton plat dans un creux du réducteur et comme s'il venait d'enfoncer une clef dans un serrure, les deux morceaux s'emboitèrent dans un clic. Cassius appuya ensuite sur les ailes arc-en-ciel et le réducteur s'ouvrit, libérant sa captive. Cassius fit la même chose avec Alisa, puis me tandis la clef ailée.
- Il faut que tu me le fasses, m'expliqua-t-il, je n'arriverai pas à me libérer moi-même.
Poussant un soupir, me voyant déjà galérer, je finis par obtempérer. J'enfonçai le bâton plat dans le creux, comme j'avais vu Cassius le faire un peu plus tôt, mais rien ne se produisit.
- Je crois que tu l'as mis à l'envers, me souffla Sanjana, retenant un sourire moqueur.
Je serrai les poings d'agacement. En effet, je l'avais mis à l'envers. Lorsque j'eus essayé l'autre côté, j'entendis le clic retentir. La suite fut beaucoup plus simple que je ne l'avais pensé et bientôt, Cassius fut à son tour libéré.
- Tu peux guérir les autres ? lui demandai-je.
- Je ne suis pas dans ma plus grande forme, mais je peux toujours essayer, acquiesça-t-il en s'approchant de sa sœur.
- Et tu ne saurais pas où se trouve le Guerrier ? lui demandai-je alors, espérant ne pas avoir à le chercher partout.
Cassius poussa une grimace.
- Je ne l'ai pas croisé depuis plusieurs jours, je n'ai aucune idée de ce qui lui est arrivée, m'apprit-il.
Je sentis l'impatience et l'énervement m'avaler d'un coup. A bout de nerf et ne supportant pas l'idée de jouer à cache-cache avec le dernier otage, j'empoignai violemment l'un des cavaliers sous mon contrôle avant de le projeter contre le mur. Je l'enlevai de mes filets, lui rendant son libre arbitre, avant de poser la lame d'un de mes poignards sous sa gorge. Désorienté, le cavalier ouvrit de grands yeux, cherchant à comprendre ce qu'il venait de lui arriver.
- Dis-moi, est-ce que tu tiens à la vie ? lui demandai-je d'un ton mauvais.
Le cavalier déglutit, me regardant avec des yeux terrorisés.
- Mais, Eudora, qu'est-ce que tu fais ? s'étonna Maève, tu ne vas quand même pas le tuer ?
- S'il ne me donne pas ce que je veux, bien sûr que si, lui répondis-je. Détourne les yeux, tu n'as pas besoin de voir ça.
- Mais... protesta Maève, sa voix trahissant l'horreur qu'elle éprouvait.
Je l'ignorai, reportant mon attention sur le cavalier qui était toujours tétanisé.
- Où se trouve le Guerrier ? lui demandai-je d'une voix sèche.
- Je... marmonna le cavalier, je ne sais pas.
- Bien sûr, m'agaçai-je, tu crois vraiment que je vais avaler une chose pareille ?
J'appuyai sur la lame, écorchant la gorge du cavalier, lui montrant que s'il s'entêtait à se taire, j'allais lui trancher la gorge.
J'entendis des bruits de pas derrière-moi et Aleth, qui venait d'être soignée par son frère, se plaça à mon côté.
- Laisse-moi faire, m'intima-t-elle.
Je haussai un sourcil et m'écartai un peu, lui permettant de se tenir face au cavalier. Aleth planta ses yeux dans ceux du cavalier et haussa un sourcil.
- Où se trouve Martial ? lui demanda-t-elle, utilisant son pouvoir de vérité pour lui soutirer les informations convoitées.
- Il... il a disparu il y a trois jours, bafouilla-t-il. La reine était furieuse. On a passé les alentours de fond en comble, mais on n'a pas réussi à remettre la main dessus.
J'écarquillai les yeux de surprise. Je n'étais pas la seule.
- Il a disparu ? Comment c'est possible ? m'étonnai-je.
- Il a dû s'évader, en conclut le cavalier.
- Martial ne serait jamais parti sans nous ! protesta Aleth. Il s'est forcément passé quelque chose... Tu n'es au courant de rien d'autre ?
- Non, sa disparition était soudaine, personne n'a compris ce qu'il venait de se produire. Il a disparu en salle de torture, alors que la reine était présente dans la pièce. Elle a tourné le dos et lorsqu'elle lui a fait de nouveau face, il n'était plus là.
Je restai immobile, interloquée. Comment Martial avait-il fait ?
- Tu ne sais rien d'autre à ce sujet ? insista Aleth.
- Non, juré, répondit le cavalier.
A l'entente de ces mots, j'enlevai le poignard que j'avais placé sous sa gorge et empoignai le cavalier avant de le jeter violemment dans la cellule vide. Le cavalier dérapa et se cogna le crâne contre le sol dur. Il perdit connaissance. Je refermai la grille, emprisonnant le cavalier dans la cellule.
Je me tournai, faisant face aux autres fugitifs. Cassius venait de finir de guérir Alisa, mais il semblait à bout de force.
- Tu ne peux pas te guérir toi-même ? lui demandai-je.
Le Guérisseur me lança un regard avant de secouer la tête.
- Je ne peux que guérir les autres. Un Guérisseur ne peut pas utiliser ses pouvoirs de guérisons sur lui-même.
Je retins un soupir. Ce côté-là de son pouvoir était franchement nul. De plus, les choses se compliquaient. Voilà que maintenant, nous apprenions que nous avions un otage volatilisé. Je ne savais pas quoi faire... Devait-on partir avant de traîner trop longtemps et de se faire prendre la main dans le sac ou devions-nous chercher Martial dans le château, dans l'éventualité où la reine Zara avait orchestré sa disparition dans un but malsain ?
Mais on n'avait pas le temps pour tergiverser, on risquait de se faire prendre à n'importe quel moment... On allait devoir partir sans Martial.
Je fis signe aux autres de me suivre et je m'avançai dans les couloirs. Il fallait que l'on sorte d'ici.
- Où est-ce qu'on va ? me demanda Aleth, on ne part pas sans Martial quand même ?
- Il n'est pas là, répliquai-je, je ne vais pas commencer à rechercher un fantôme.
- Mais...
- Soit tu me suis et on se tire d'ici, soit tu restes là, mais tu te débrouilles toute seule, la coupai-je, ne voulant pas commencer à perdre mon temps.
Aleth décida de se taire, me suivant avec mauvaise humeur. On continua d'avancer quand je vis Maève chanceler. Je m'arrêtai net et me dirigeai vers elle alors qu'elle se retint au mur pour ne pas tomber. Sanjana eut le même réflexe. Les autres fugitifs nous regardèrent, surpris. Maève se massa les tempes, affichant une grimace de douleur. Elle s'était mise à saigner du nez.
- Assis-toi deux minutes et respire calmement, lui conseilla Sanjana, il faut que tu te reposes un peu.
Maève secoua lentement la tête.
- Ce n'est pas le moment de se reposer, protesta-t-elle.
- Et ce n'est pas le moment de nous claquer entre les doigts, riposta Sanjana, assis-toi petite tête.
Maève finit par obéir et se laissa glisser au sol, attendant que son mal de tête passe. Je m'accroupis à son côté, la regardant avec inquiétude. Maève mourrait petit à petit. Lentement. Le savoir était insupportable.
Personne ne protesta sur le fait qu'on s'était imposé une pause, personne ne parla. Les trois captifs qu'on était venu libérer ignoraient ce qu'il se passait, mais avaient eu l'intelligence de se taire et j'en étais soulagée.
- Quelqu'un arrive, finit par lâcher Cassius en entendant des bruits de pas.
Je me figeai, entendant à mon tour des bruits de pas, arrivant droit vers nous. Je me redressai, les poignards en main.
Mais avant que je ne puisse décider de faire quoi que ce soit, Martial fit irruption dans le couloir. Il s'arrêta net en nous découvrant et ouvrit grand la bouche sous le coup de l'étonnement.
***
NDA : Hey me voilà déjà de retour avec le chapitre suivant !
Vous en avez pensé quoi ?
- Cette Obscuras serpent qui prétend avoir promis de ne pas faire de mal à Eudora, une idée de pourquoi et à qui elle a fait une telle promesse ?
- Martial qui avait disparu de la circulation avant de réapparaître de lui-même, où était-il et que s'est-il passé d'après vous ?
- Pour l'instant le sauvetage de déroule sans encombre, vous ne trouvez pas ça trop simple ? 🙄
C'est tout pour aujourd'hui ! Kissy kissy 💙 et à ce week-end !
#Nakijo.
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