24. Symbolique florale.
Mes paupières étaient lourdes. Des maux de tête me fracassaient le crâne. Du sang séché maculait mon visage. Mes doigts effleuraient lentement le sol, essayant d'identifier un peu mieux l'endroit où je me trouvais. Les évènements me revenaient petit à petit à l'esprit. Nérée. L'invasion. Les Darknils. Ils nous avaient guidés dans le repaire principal. C'était mauvais signe. Très mauvais signe. Ils n'auraient jamais pris le risque de nous mener dans leur repaire fétiche s'il y avait eu une chance qu'on puisse en réchapper.
Sous mes doigts je reconnus un sol dur, froid et poussiéreux. J'eus un frémissement lorsque mes doigts rencontrèrent quelque chose de piquant. Une texture étrange caressa mon épiderme.
Je me concentrai sur ma respiration. La douleur m'irradiait toujours, mais je me sentais plus repausée. Perdre connaissance m'avait permis de récupérer. Je n'étais pas en pleine forme, mais je n'étais plus vide de toute énergie. Combien de temps avais-je passé inconsciente ? Je n'aurais su y répondre.
Après de longues minutes à combattre la douleur, je réussis à ouvrir les yeux, lentement, un poids pesant sur mes paupières. J'étais allongée contre le sol. Des chaînes me retenaient les poings et les chevilles. Un réducteur m'enserrait le cou. Mon regard se riva sur le sol froid. De la roche grise. Je compris bien vite ce qu'était que la texture étrange et l'élément piquant qu'avait rencontré ma main. Le sol était recouvert de roses rouges complétement ensanglantées. Il y avait du sang séché sur le sol, sur les murs, sur les chaines, mais également du sang frais et l'odeur me prit à la gorge. Je voulus bouger, mais mon bras s'écrasa contre la tige des roses et les épines me perforèrent la peau. Je serrai les dents, retenant une volée d'insultes.
Mes yeux volèrent dans la pièce, cherchant des visages familiers. Je n'étais pas seule. Tout le long du mur, étaient alignés les autres membres de la patrouille. Des Lycanthropes dont je ne connaissais même pas l'identité, Circé, Maève et Kalidas. Circé était assise, le dos courbé, ses longs cheveux blonds cachant son visage. Maève, était-elle, étalée contre le sol, inconsciente. Bien que pâle, sa respiration régulière me rassura. Kalidas était celui qui m'inquiétait le plus. Inerte, il était complétement ensanglanté. Le Rôdeur était deux fois mieux enchaîné que nous tous. Il avait des chaînes au niveau du cou qui le maintenaient en position assise alors qu'il n'était même pas conscient. Il avait les poings enchaînés contre le mur, des liens lui tenant la taille et d'autre ligotant ses chevilles, ainsi qu'un réducteur. Il était trop loin pour que je puisse voir son torse se soulever, mais il avait l'air mal en point. J'aurais voulu me précipiter en sa direction. Lui crier à quel point il était stupide d'être resté. J'aurais voulu remonter dans le temps, remonter au temps de notre rencontre et faire les choses autrement. J'aurais voulu ne pas lui demander d'aide, ne pas l'impliquer dans mes histoires. Je ne voulais plus mettre les miens en danger par mes actions ou mon passé.
L'ombre d'une silhouette se dessina sur le mur de roche grise. Quelqu'un arrivait. Je me redressai lentement, serrant les poings sous la douleur. Ils n'auraient pas le plaisir de me voir faible. Relevant la tête pour voir l'ensemble de la pièce, je pris conscience de ce qui m'entourait. Les captifs ne recouvraient qu'une partie des murs de la pièce, l'autre partie était ensevelie d'objets destinés à la torture. Il y en avait tellement qu'on ne voyait même plus le gris des murs. Plus loin, une table ronde de marbre trônait. Un serpent se mordant la queue y était gravé au centre.
La silhouette que j'avais aperçu fini par entrer dans la pièce. Drapé de ses habits bleu nuit et de sa large capuche, un Darknil s'avança. Je vis ses deux diamants briller dans la semi-obscurité et un frisson me parcourra l'échine. Les bras du Darknil étaient changés en lames et du sang suintait, tombant contre le sol déjà taché de la même substance. Visiblement, nous n'étions pas les seuls captifs des lieux. Quelqu'un venait de passer un mauvais quart d'heure.
Le Darknil aux mains de lame s'arrêta à quelques mètres de moi. D'un simple regard, je lui envoyai toute la haine que je contenais. Mes ressentiments coulèrent sur le mur de son indifférence et dans un haussement d'épaule, il se baissa pour ramasser une rose ensanglantée. Un petit rire s'échappa de ce monstre, semblant se remémorer un souvenir personnel. Prenant la fleur par la tige, il commença à m'agiter la plante sous le nez. Je détournai la tête avec dégoût, refusant que le sang poisseux de la fleur ne vienne rencontrer mon visage. J'étais déjà assez sale comme cela.
- Sais-tu que l'on possède une salle emplie de roses, que l'on fait pousser dans une vaste serre, m'apprit le Darknil de sa voix robotique qui camouflait son véritable timbre.
Je lui lançai un regard froid.
- Je n'en ai strictement rien à foutre.
- Les roses sont sans conteste mes fleurs préférées, continua le Darknil, indifférent à ma réplique. Les roses font parties de la famille des Rosacées, et aucune de ces plantes ne parcourent les terres d'Obscuratium. Comme la majorité des plantes de votre monde, les roses n'existent pas ici. Mais j'en suis tombé sous le charme lors de mon tout premier séjour sur Terre et depuis, j'ai décidé d'en importer ici pour en faire ma propre culture.
Je me mis à bailler par pur provocation.
- Bon, la Bête, ton histoire de rose est fascinante, mais tu m'endors. Je n'ai clairement pas envie de me taper la discussion avec toi, alors va t'occuper de tes fleurs avant qu'elles ne se fanent de lassitude et perdent tous leurs pétales.
Le Darknil saisit mon menton entre ses doigts gantés et me força à le regarder. La fleur qu'il tenait de son autre main me caressa la joue.
- Je n'ai pas fini mon récit alors tu vas la fermer et m'écouter jusqu'au bout, me cracha le Darknil.
Je voulus répliquer, lancer une réplique acerbe, mais il accentua la pression sur mon visage, m'enserrant la mâchoire, me donnant l'impossibilité de prononcer le moindre mot.
- J'imagine que tu n'es pas sans savoir que sur Terre, des significations étaient données en fonction des couleurs des fleurs, reprit le Darknil. Si la rose rouge symbolise la passion et l'amour, j'aime y voir une symbolique plus sanglante. Pour moi, elle présage la mort et la torture, car ces deux mots sont la passion qui m'anime. J'en offre à tous ceux à qui je souhaite faire passer un message. Un message de mort imminente, de douleur éternelle. Ceux qui reçoivent l'une de mes roses sont marqués à vie. Destinés à être un jour où l'autre mes victimes.
Le Darknil me lâcha la mâchoire pour me prendre la main et me donna sa rose, me forçant à la prendre entre ma main et à la serrer. Les épines s'enfoncèrent dans ma chair mais je ne bronchai pas.
- C'est ta mère qui m'a donné l'idée de rendre ces fleurs symboliques, m'intima-t-il.
Je fus piquée au vif. Malgré mon désir de ne rien laisser paraître, le Darkil comprit qu'il avait capté mon attention. Il poursuivit ;
- Ta mère savait que j'affectionnais ces fleurs, elle m'en a offert lors d'une occasion. Des fleurs jaunes. Un bouquet entier. Je ne vais pas te cacher que son geste m'a étonné. Nous n'avions jamais eu d'excellent rapport, des rapports cordiaux peut-être, et encore. Puis, elle a détaillé son geste et tout a pris sens.
Le Darknil lâcha un rire.
- Sais-tu qu'à l'époque victorienne, les roses jaunes symbolisaient la jalousie ? Personnellement, autrefois, je l'ignorais. Jusqu'à ce que ta garce de mère me l'apprenne avant de me souffler que cette couleur me sciât à ravir et de partir dans un clin d'œil moqueur. Mais ce que ta mère semblait ne pas savoir, c'est qu'elles symbolisaient aussi la trahison. J'ai sifflé l'idée à Samaël de lui en offrir une, sans que je ne lui explique la signification, histoire de symboliser sa future trahison.
Le Darknil recula de quelques pas pour me contempler de haut en bas.
- Puis, reprit-il, je lui ai offert des roses rouges provenant d'un destinataire inconnu. C'était une semaine avant que je ne l'égorge. Et aujourd'hui, c'est à ton tour de recevoir mon cadeau. Cela faisait tellement longtemps que j'attendais de t'en offrir une.
Je lâchai la rose qui tomba non loin de là. Rester de marbre. Ne laisser aucun sentiment transparaître. Ne pas lui donner cette satisfaction. Cet être dégénéré avait connu mes parents, je l'avais déjà compris, mais j'ignorais que cela remontait au temps où nous avions fui sur Terre. Mes parents avaient dû cacher certaines de leurs connaissances, les voyant sans jamais en parler ni à moi, ni à Marin. Il y avait énormément de choses que j'ignorais d'eux, je m'en rendais de plus en plus compte.
Mais il ne fallait pas que je laisse les propos de ce Darknil m'atteindre et me perturber. Je clignai vivement des yeux pour chasser mes pensées.
- Tout ce que je retiens, c'est que tu crevais de jalousie pour ma mère, ricanai-je dans un regard moqueur.
Le Darknil saisit ma gorge avec colère, enfonçant ses doigts dans mon cou, me coupant le souffle.
- Ne parle pas de sujets dont tu ignores tout ! Ta mère était une garce qui a mérité son sort. Je n'ai jamais compris pourquoi Samaël s'était épris de cette cruche ! Quel cliché, le prédateur tombant sous le charme de sa proie. J'ai bien cru que tout allait être compromis, mais heureusement, Samaël a su faire la part des choses et comprendre que notre lutte devait passer avant ses sentiments.
- C'est bien ce que je disais, souris-je, ta jalousie maladive crève les yeux. L'intérêt que portait Samaël pour ma mère était insupportable pour toi. Tu n'étais tout simplement pas à la hauteur pour capter l'attention de Sam alors t'as préféré éliminer ma mère tel un lâche plutôt que d'avoir une telle rivale. Je sais que j'ai raison.
Une gifle m'enflamma la joue, me confirmant mes propos.
- Tu es juste la seconde roue du carrosse, continuai-je, l'acolyte, le bon ami, le fidèle serviteur. Pathétique de rester auprès de quelqu'un, d'accomplir ses moindres souhaits dans l'espoir de briller un jour dans son regard. T'es aussi nul et désespérant que t'en avais l'air.
Une deuxième gifle m'enflamma la joue.
- Tu ferais mieux de la fermer, sale petite peste, tu ne sais même pas de quoi tu parles ! Tu sembles oublier dans quelle position tu te trouves actuellement.
Je haussai les épaules.
- Je n'ai rien oublié du tout, mais si je dois subir vos tortures, ce ne sera pas dans le plus grand silence. Ma présence te sera tellement détestable que tu finiras par te tirer une balle. Alors tue-moi, démembre-moi, fait ce que tu veux, mais je ne la fermerai pas.
Le Darknil éclata de rire, un rire qui me fit froid dans le dos.
- Tu crois vraiment pouvoir gagner contre moi ? se moqua-t-il en reculant de plusieurs pas.
Je haussai un sourcil, le regard provocateur. Il était hors de question que je courbe l'échine devant quiconque. Mon assurance vacilla lorsque le Darknil empoigna Kalidas par les cheveux, relevant sa tête pour que je puisse mieux le voir.
- Je ne suis pas sans savoir à quel point il compte pour toi. Alors pour son bien, tu ferais mieux de la boucler et de te montrer docile.
Je fus saisie d'effroi. Evidemment. Ils connaissaient mes failles. S'attacher était une faiblesse. Je l'avais toujours cru. Et aujourd'hui mon attachement pour le Rôdeur me fit perdre la face.
Mes yeux s'attardèrent sur lui. Il avait le visage tuméfié, du sang s'écoulait de ses tempes. Il battait faiblement des paupières. Contrairement à ce que j'avais cru, il était conscient. Mais bien trop faible pour bouger ou même prononcer le moindre mot. J'avais l'impression qu'on me plantait des poignards dans chaque organe, sans cesse, à répétition. Le Darknil se délecta de mon expression faciale.
- Ne t'en fais pas, s'amusa-t-il, Kalidas est vivant. Mais on ne pouvait pas le laisser en bon état, sous risque qu'il ne s'échappe. Je connais parfaitement ses talents de Rôdeur, je n'allais pas prendre le risque.
J'hoquetai à l'entente du prénom du Rôdeur prononcé de la bouche de cet individu au service de Samaël.
- C... Comment connais-tu son prénom ? ne pus-je m'empêcher de demander, trop surprise pour réussir à me contenir.
Le Darknil éclata de rire comme si la réponse aurait dû être évidente. Il se moquait ouvertement de moi et à ce moment précis, j'avais l'impression d'être une parfaite imbécile. Mais le Darknil ne chercha pas à éclairer ma lanterne, il relâcha le Rôdeur et s'éloigna sans un mot.
Je me retins de poser une nouvelle fois ma question, sachant éperdument que cela lui ferait trop plaisir. De toute façon, s'il avait décidé de ne pas me fournir de réponses, cela n'allait pas changer.
Le Darknil s'empara d'une nouvelle rose ensanglantée et en effleura les pétales.
- Sais-tu que j'en ai offert une à ton cher Kalidas il fut un temps, me lança-t-il d'un ton enjoué, et il a cru qu'il parviendrait à me fuir éternellement grâce à ses incroyables pouvoirs. Mais je finis toujours par retrouver mes proies. Avec vous deux, je ferai une pierre deux coups, s'enchanta-t-il.
J'avais envie de l'étriper.
- Qu'est-ce qu'il a bien pu te faire pour que tu veuilles sa mort ? I...
- Il nous a volé un médaillon et un livre précieux et tu n'es pas sans le savoir !
- Et ? Fallait mieux le cacher, raillai-je.
- De toute façon, ce n'est pas la seule raison. Mais mes motivations ne te regardent pas, c'est entre lui et moi. J'ai quelque compte à régler avec ce fouineur.
J'écarquillai les yeux de surprise. Des comptes à régler ? Le Darknil se détourna, ne semblant pas vouloir en dire plus. Il caressa de ses doigts diverses objets tranchants comme s'il n'attendait qu'une seule chose ; les utiliser sur de la chair humaine.
- Je sais que tu n'es pas sans intelligence Eudora, me lança-t-il de sa voix métallique, tu sais très bien comment tout cela va se terminer.
Je le contemplai arpenter la pièce avec l'envie irrépressible de lui enfoncer le crâne contre le mur. Malheureusement, c'était impossible.
- Vos complots seront réduits à néant et Evilash vous fera la peau, dis-je dans un haussement d'épaule. Même si je meurs, vous m'aurez toujours dans les pattes. Apparemment, je ne suis plus si unique que cela depuis que j'existe en double exemplaire.
Le Darknil se tourna vers moi, la main s'arrêtant à la hauteur d'une lame aux dents de scie. Ses faux yeux de diamant scintillèrent d'un éclat glaçant.
- Tu mourras. Elle finira par te suivre. Ne crois pas que quelqu'un puisse un jour nous arrêter. Notre horde existe depuis le temps d'Astéria, il ne s'éteindra pas de sitôt.
Deux nouveaux arrivants firent irruption dans les lieux. Le Darknil aux mains de lame se détourna, m'oubliant un temps, préférant porter son attention sur les arrivants. Mon sang s'était arrêté de circuler dans mon organisme dès que j'avais reconnu le visage si familier de Samaël. Il ne se cachait pas derrière des capes amples et des yeux de diamants. C'était le seul à être vêtu d'une façon complétement différente. Lorsque je vis ce qu'il portait aujourd'hui, je manquai éclater de rire. Des vêtements de la Terre.
Samaël portait un pantalon blanc et des bretelles noires. Jusqu'ici, rien d'incroyable. Mais son pull détonnait sur le reste. Blanc et duveteux, la tête de Winnie l'Ourson y était affichée en gros plan. Comment un sociopathe pareil pouvait être à la fois si douillet et enfantin ?
- Notre Diablesse est réveillée, constata-t-il en m'envoyant un clin d'œil.
Des pulsions meurtrières crispèrent mes muscles.
- Elle est même en pleine forme, si on en juge par sa langue bien pendue, lui répondit son fidèle Darknil.
- Tu savais que ton ami Darknil-mains-de-couteaux était fleur bleue et qu'il était raide dingue de toi ? lançai-je dans un sourire narquois.
Samaël se figea avant de hausser un sourcil. Puis, il éclata de rire.
- Tu veux jouer les cupidons, Diablesse ? Venant de ta part, c'est étrange, cela ne te ressemble pas.
Je haussai les épaules.
- Je voulais juste le voir se faire éconduire. Mais bon, tu dois t'y connaître en refus, vu tous ceux que ma mère a dû te mettre. Apparemment, tu étais dingue d'elle.
Samaël haussa de nouveau les sourcils et s'avança en ma direction, veillant bien à ne pas regarder le sang qui tachait le sol. Il s'arrêta face à moi et sortit de sa poche un mouchoir en tissu d'un blanc de nacre. Il l'humidifia de sa salive et commença à essuyer mon visage maculé de sang. Dans une grimace de dégoût, je voulus me débattre, mais d'une poigne ferme, Samaël me maintint immobile.
- Tu es couverte de sang Diablesse, c'est écœurant, laisse-moi tout arranger.
Lorsque le résultat lui fut satisfaisant, il recula en me contemplant dans un hochement de tête.
- Voilà qui est mieux ! commenta-t-il.
- Tu es taré !
Samaël roula des yeux.
- Tu devrais plutôt me remercier de t'avoir décrassé, répliqua-t-il avant de me sourire à pleine dent. D'ailleurs, pour en revenir à ce que tu disais plus tôt ; non, je ne me suis pas fait éconduire.
Je fronçai les sourcils.
- Tu n'étais pas amoureux de ma mère ?
- Qui te dit qu'elle m'a repoussé ?
- Elle était avec mon père ! m'offusquai-je, ils étaient très fusionnels !
Samaël ricana.
- Visiblement pas autant que ce que tu croyais.
J'avais le tournis.
- Ma mère est quelqu'un de fidèle, elle n'aurait jamais agi au détriment de notre père.
- Le fait qu'elle puisse m'aimer et si difficile à croire ?
- La famille était sacrée à ses yeux, elle n'aurait jamais tourné le dos aux siens. Elle aimait mon père, elle avait fondé une famille avec lui...
Le sourire de Samaël s'élargit. La situation m'échappait. Je commençais à paniquer.
- Tu sembles si convaincue que vous étiez tous reliés par le sang, c'est plutôt amusant que l'hypothèse qu'il en fut autrement ne t'ait pas encore traversé l'esprit.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Ton père n'est peut-être pas ton père... me chuchota-t-il malicieusement.
Mon cœur avait cessé de battre.
- Tu... quoi ? bafouillai-je.
Samaël me caressa doucement la joue, son sourire ne le quittant pas.
- Et oui ma Diablesse, tu es ma fille. Ta mère n'était pas aussi fidèle que tu aurais aimé le croire.
Ma tête me tournait. J'avais envie de vomir.
- Non... lâchai-je presque silencieusement.
- On forme plutôt une famille intéressante, tu ne trouves pas ? s'amusa Samaël en jouant avec mes cheveux de cendre.
- Tu... tu déconnes, marmonnai-je alors que la terre semblait s'effondrer sous mes pieds.
Le feu de l'enfer allait m'avaler tout cru alors que le monde se mettait à tourner à l'envers. Ma vie n'était qu'une succession de désastre et l'univers s'amusait à me torturer, à se foutre de moi.
- Mais bien sûr que je déconne ! ria Samaël, ta mère était tout ce qu'il y avait de plus fidèle. Mais voir ta tête se décomposer était exaltant, hilarant, à mourir de rire.
Samaël éclata de rire jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.
- Il n'y a jamais rien eu entre ta mère et moi, rassure-toi. Je l'aimais beaucoup, elle avait une place particulière à mes yeux, mais ce n'est jamais allé plus loin.
J'avais l'estomac retourné. J'avais envie de l'étriper pour sa blague de mauvais goût ! La frustration d'être enchaînée et de ne pas pouvoir lui envoyer mon poing en pleine face me scinda en deux.
- Imbécile, grinçai-je.
Un sourire éclaira de nouveau son visage.
- J'adore te voir énervée, me confia-t-il.
Je serrai les poings, retenant une volée d'insultes.
- Bon, maintenant qu'on a bien rigolé, passons aux choses sérieuses, tonna-t-il en tapant dans ses mains. Pour commencer, j'ai un petit message à faire passer à notre chère Evilash originelle.
Dans un sourire enfantin, il me contempla de haut en bas, les mains jointes dans le dos, se balançant d'avant en arrière.
- Nérée, un ami que tu as en commun avec la reine, a récemment informé celle-ci que tu étais reliée à ton autre version. Apparemment, notre petite Evilash voit tout ce que tu vois et entend tout ce que tu entends. Comme c'est pratique !
Je me figeai. Nérée montait un peu plus dans ma liste mentale de ceux que je voulais voir morts.
- Coucou Diablesse numéro un ! chantonna Samaël en faisant un coucou de la main juste devant mes yeux.
J'aurais voulu lui arracher les doigts un à un.
- Enfaite, tu es un peu comme sa caméra de surveillance, ricana-t-il, ses yeux de lave pétillant d'amusement.
- Va te pendre, sifflai-je.
Samaël prit un air faussement offusqué avant de décider de m'ignorer.
- Evi, Evi, Evi... j'ai quelques petits mots à te dire, annonça-t-il, sa tête se rapprochant bien trop près de la mienne à mon goût.
Il croisa les bras contre son torse, mimant la colère.
- J'aimerais bien récupérer le globe que tu m'as dérobé, commença-t-il. Je sais très bien que tu ne comptes pas me le rendre, mais tonton Samaël est très mécontent tu sais. Tu n'as pas été très sage et tu sais ce qu'on fait aux enfants pas sages ? On les puni !
Samaël se rapprocha un peu plus, comme s'il me prenait pour un micro.
- J'espère que tu vois bien ce qu'il se passe par ici, car j'aurais un autre message à te faire passer par la suite, déclara-t-il avec un petit sourire. Voilà, c'est tout pour le moment, merci Diablesse d'avoir fait la commission.
Il me tapota le haut du crâne, comme si j'étais son chien. Sa tête toujours face à la mienne et son souffle, me caressant le visage, me répugnaient. Je tirai une grosse grimace de dégoût qui n'échappa pas à Samaël.
- Oh, ne t'inquiètes pas Diablesse, si je suis aussi proche de toi, ce n'est pas pour t'embrasser ! Cela me tenait à cœur de capter l'attention de ton double.
Puis, il éclata de rire, fier de sa blague foireuse. Samaël finit par reculer, à mon plus grand soulagement.
- T'as une haleine de phoque ! m'agaçai-je.
- J'ai mangé du camembert et du saucisson à l'ail juste avant de venir, s'amusa-t-il. J'ai été faire les courses sur Terre, leur création et plats me manquaient beaucoup trop. Demain c'est hamburger, dommage que je ne puisse pas t'inviter, je sais que tu adores ça.
Je préférai ne rien répondre, laissant Samaël continuer son petit cinéma. Le chef des Darknils s'arrêta aux côtés des deux autres Darknils se tenant en retrait de la pièce. Il me lança un nouveau regard, son sourire ne quittant pas son visage.
- Voici mon deuxième message destiné aux deux Eudora : le fait que vous pouvez voir toutes les deux ce qui se passe est un avantage que je ne compte pas négliger. Si je peux vous torturer en faisant du deux en un, je ne vais pas m'en priver. Evilash, tout ce que tu me verras faire ici, sera en ton honneur. Je sais bien que malgré que tu te fasses passer pour un cœur de pierre, il y a encore des gens auquel tu tiens ici. Je te laisse réfléchir à ces mots pendant que j'adresse un message à la seconde Eudora.
Samaël fit signe à son fidèle aux mains de lame d'avancer. Le Darknil s'arrêta aux côtés d'un Lycanthrope en face de moi. Il lui empoigna les cheveux, leva sa tête et changea son autre main en une épée tranchante.
- Ici, reprit Samaël, c'est moi qui aie le dernier mot et on joue selon mes règles. Ce que je déteste par-dessus tout, c'est que l'on me mette des bâtons dans les roues. Alors contemple bien ce Lycanthrope, car c'est le sort que je vous réserve à tous. Et Diablesse, tu passeras en dernière, avec le poids de toutes ces vies éteintes pesant sur ta conscience.
Samaël se banda les yeux et le Darknil aux mains de lames trancha la gorge du Lycanthrope.
*
NDA : Hey !
Bon je suis encore en retard de deux jours mais on a l'habitude !
Bref j'espère que vous avez apprécié ce chapitre en compagnie de Samaël !
- Le Darknil aux mains de lame qui connait le nom de Kalidas, une idée de pourquoi ? Quel compte a-t-il à régler avec lui ?
- La blague de Samaël vous a plu ? Comment vous qualifierez son comportement ?
Voilà voilà !
On se dit à bientôt pour la suite chaotique des aventures d'Eudora !
Kissy kissy 💙
#Nakijo.
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