21. Don du vide.

Mon réducteur tomba contre le sol dans un bruit métallique. Mon regard ne quittait plus le Darknil. Au lieu de me jeter sur lui pour lui faire payer toutes ses horreurs, je m'emparai des chaînes d'Aleth et la libérai.

Des bruits retentirent dans les couloirs de terre, les renforts arrivaient. On devait se tirer d'ici tant qu'on en avait encore l'occasion.

Aleth se releva lentement et je l'aidai à se défaire de son réducteur. Le Darknil aux mains de lames poussa un cri rageur et se jeta sur nous, les lames à la place des bras. Occupée à retirer le réducteur, je ne fus pas en mesure de me défendre. Rox reprit forme humaine, s'empara des chaînes échouées sur le sol et tira dessus au moment où le Darknil s'avança pour nous planter sa lame. Il se prit les pieds dans les chaînes et tomba contre le sol. J'en profitai pour retirer définitivement le réducteur d'Aleth et on rejoignit Rox avant de filer dans les couloirs de terre. Il fallait impérativement que l'on sorte de cet endroit tout droit sorti des enfers.

Les renforts venaient d'arriver, on entendit des voix hurler derrière nous. On continuait de fuir, parcourant les chemins de terre.

- On ne sait même pas où se trouve la sortie, gémit Aleth.

- Moi si, lui répondit Rox. Lorsqu'on a été emmenée dans cet endroit, j'ai simulé être inconsciente, mais je ne l'étais pas. J'ai mémorisé le chemin.

La rouquine nous fit signe de la suivre et tourna sans hésitation dans un tunnel. Les Darknils nous traquaient. Bientôt, un de leur groupe nous barra le passage, se dressant droit devant nous. Nos poursuivant firent irruption derrière nous. Nous étions cernées.

- Vous comptiez allez quelque part ? tonna la voix de Samaël tandis qu'il s'avançait face à nous. Ne croyez pas qu'on vous laissera filer aussi facilement.

Je serrai les poings, le regard incendié. Il était hors de question qu'ils nous attrapent de nouveau. La colère palpita dans mes veines. Ne sachant pas comment appeler les cendres et n'ayant pas le temps d'essayer, j'en créai l'illusion, voulant avant tout les faire reculer.

- Je te connais Diablesse, s'agaça Samaël, ce sont des illusions que tu as là.

- Tu veux prendre le risque ? le provoquai-je.

Sans prévenir, Samaël fit jaillir un jet de lave qui frappa mes cendres. L'illusion disparut aussitôt. Je retins un râle de frustration. L'acte du Lycanthrope sonna comme un ordre aux oreilles des Darknils qui se ruèrent en notre direction afin de nous reprendre sous leur contrôle. La rage pulsa dans mon sang. Je ne voulais pas retomber entre leurs mains. Il en était hors de question. La détermination enfla en moi. Je me concentrai, cherchant cette énergie familière. Voulant l'apprivoiser. Nous étions sans armes, à la merci de l'ennemi. J'étais la seule à posséder un pouvoir permettant d'attaquer. Si je n'agissais pas, nous allions tous y rester. Nous allions mourir. L'urgence de la situation, le danger planant au-dessus de nous, fit jaillir un flot d'adrénaline le long de mon corps. Je me concentrai sur cette adrénaline qui gonflait peu à peu, l'alimentant de ma rage, ma colère, mes amertumes, puisant dans tous mes sentiments négatifs pour faire grossir cette énergie. Quelques flocons de cendres jaillirent de mes mains. Je les envoyai voler vers le chef des Darknils. Il haussa un sourcil, croyant encore avoir affaire avec une illusion. Les cendres se déposèrent sur sa peau et il jura de douleur et de rage. De rage de s'être fait avoir. Malheureusement, il n'y avait pas assez de cendres pour blesser gravement.

Je canalisai toute mon énergie pour faire jaillir mes cendres en surnombre. Quelques flocons apparurent, mais ce n'était pas suffisant. Il m'en fallait plus. Il en fallait bien plus pour les vaincre. Samaël me toisa avec colère, et le regard mauvais, il fit jaillir un torrent de lave qui se rua vers moi. La lave se déversa sur mes jambes. Je tombai à la renverse en poussant un cri de douleur. Les cendres que j'avais réussi à faire apparaître foncèrent sur le toit de terre et causèrent un maigre éboulement qui eut pour seul don de faire reculer quelques Darknils. Avec la douleur de la lave ravageant la chair de mes jambes, il m'était impossible de me concentrer sur mes pouvoirs. La douleur me consumait et je ne pouvais que serrer les dents pour ne pas lâcher un nouveau cri de douleur.

Les Darknils profitèrent que je ne sois plus en mesure de les contrer pour s'avancer de nouveau, armes à la main. Nous n'avions de notre côté rien pour se défendre. On ne pouvait pas fuir. Samaël et trois de ses acolytes nous bloquaient l'accès à la sortie et cinq autres nous empêchaient de rebrousser chemin.

Difficilement, poussant des gémissements de douleur, je m'aidai du mur pour me redresser. Mes jambes avaient du mal à supporter mon poids. J'avais l'impression que je pouvais m'écrouler à tout moment. Pourtant, il était hors de question que je reste au sol, attendant qu'ils fassent de moi tout ce qu'ils désiraient. Je voulais me battre jusqu'au bout. Et je préférais qu'ils me tuent plutôt qu'ils m'enchaînent à nouveau.

Le Darknil aux bras de lames et un de ses collègues s'avancèrent vers nous avec détermination. Je puisai dans toutes mes ressources pour parvenir à faire jaillir mes pouvoirs, mais la douleur l'emportait sur tout le reste. Les lames scintillant en notre direction, le fidèle de Samaël n'hésita pas avant de se jeter vers nous. Malgré la douleur, la peur prit le dessus sur tout le reste et je sentis l'adrénaline revenir en force. Mais pas assez vite. Le Darknil s'élança, prêt à nous rependre sous son contrôle, prêt à nous tuer si besoin.

Aleth se jeta en même temps sur le Darknil, le prenant par surprise et le renversant contre le sol. Elle libéra un maigre accès vers la sortie. Aleth ne perdit pas de temps avant de nous tirer vers le passage, profitant de l'occasion pour tenter de s'enfuir. Mes jambes manquèrent céder sous l'effort, je devais lutter pour parvenir à suivre. La détermination était bien plus forte et me poussait dans mes retranchements. Poussant un cri de colère, le Darknil se redressa, tentant de nous empêcher de fuir tandis que Samaël jappait ses ordres à tout va.

- Belle mais vaine tentative, grinça le Darknil aux mains de lame.

Dans sa main gantée, il fit apparaitre une lame en forme d'étoile. Les extrémités tranchantes auraient probablement eu aucun mal à couper tout ce qui venait à sa portée. D'un geste vif, et dans un rire malsain, il la jeta droit sur Aleth alors qu'elle nous menait hors de leur prise. La lame vola vivement dans l'air avant de s'enfoncer dans sa chair, se logeant profondément dans sa gorge, lui coupant net la trachée. Aleth s'écroula au sol dans un spasme. Le sang tapissa le sol autour d'elle.

- Non ! hurla Rox en se jetant auprès de sa sœur.

Mon cœur battait trop vite dans ma cage thoracique. Aleth se vidait de son sang. Son regard perdait peu à peu toute trace de vie. Rox tentait d'empêcher l'hémorragie, en vain. Elle pressait la gorge de sa sœur, indifférente au sang qui tachait sa peau et ses vêtements. Mais elle ne pouvait rien faire. Aleth venait de se faire trancher la gorge. Elle était morte.

Je tentai de tirer Rox à ma suite. Il fallait que l'on parte d'ici. Nous n'avions pas de temps à perdre. C'était peut-être horrible à admettre, mais il fallait partir. On devait laisser Aleth derrière nous. On ne pouvait plus rien pour elle. La rouquine, tremblante, les larmes dévalant sur ses joues, finit par se laisser faire, ayant conscience que le temps nous était compté. Il fallait profiter de l'issue que nous avait offert Aleth. Mais c'était déjà trop tard.

Le Darknil aux mains de lames me saisit le bras alors que je tentais de fuir et me tira vers lui, m'empêchant de m'enfuir hors de ces lieux. Il glissa sa lame sous ma gorge.

- Si tu tentes de fuir, je l'égorge, lança-t-il à Rox.

- Cours ! lui hurlai-je, n'ayant que faire de ses menaces.

Rox avait perdu une vie, mais sa renaissance en renard immatériel avait eu pour don de la guérir de toutes ses blessures. Elle était assez en forme pour s'enfuir sans se faire rattraper. Il fallait qu'elle saisisse sa chance. Sans se préoccuper des autres.

Mais ce n'était pas dans le tempérament de Rox de partir, abandonnant les autres derrière elle. La rouquine s'arrêta, immobile, me lançant un regard écarquillé. Des larmes continuaient de ruisseler sur ses joues. La renarde était secouée. Elle venait de perdre sa sœur. Et était désormais face à un ultimatum.

Comprenant qu'elle ne partirait pas sans moi, je me mis à me débattre avec force. Le Darknil poussa un grondement d'agacement. Je me débattais tellement qu'il avait du mal à me garder maintenu contre lui.

- Tu l'auras cherché, s'énerva-t-il.

D'un geste brusque, le Darknil enfonça sa lame dans ma gorge. un cri muet tenta de franchir mes lèvres tandis qu'il me lâchait. Je tombai contre le sol. Sa lame vola une nouvelle fois, s'enfonçant droit dans mon cœur.

- Non ! Non... entendis-je Rox.

Mais au moins, cette fois-ci, plus rien ne la retenait.

Le Darknil enleva sa lame hors de mon corps. Je sombrai lentement. La douleur disparaissait petit à petit, me laissant tomber dans les bras du néant.

Alors que mes paupières se fermaient pour m'accorder un repos dont je ne me réveillerai jamais, une étrange énergie se déversa dans mon corps. La douleur disparut comme par magie. Mes blessures se refermèrent, ne laissant derrière-elles que les taches de mon sang. Une boule de lumière d'un blanc immaculé éclata dans la pièce et les Darknils furent projetés loin de moi. Sous la violence de l'impact, le couloir de terre fut pris d'un tremblement et s'écroula. Rox s'empressa de me tirer vers elle, hors de l'éboulement.

J'avais les yeux écarquillés. Je ne comprenais pas. Qu'est-ce qui venait de se passer ? J'étais en train de mourir. Je me sentais mourir. Puis, plus rien. J'avais toujours les jambes brûlées par la lave et mes blessures dû aux torturent parsemaient toujours mon corps, mais mes deux coups mortels avaient disparu.

Je lançai un regard à Rox, perdue.

- Qu'est-ce...

- Tu es visiblement sous la protection d'un Gardien, m'apprit-t-elle d'une voix faible, tout aussi ébranlée que moi.

Sous la protection d'un Gardien ? Je fronçai les sourcils d'incompréhension. Mais le temps n'était pas aux questions. L'éboulement nous avait séparé de nos assaillants, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne reviennent à la charge. Il fallait en profiter.

- On doit filer avant qu'il ne soit trop tard, soufflai-je.

Rox acquiesça, les mains tremblantes. Elle lança un regard en direction des éboulements, comme à la recherche du corps de sa sœur. Il se trouvait de l'autre côté. Les traits déchirés par la douleur, Rox détourna le regard. Je tentai de me redresser, mais mes jambes cédèrent, et je poussai un cri de douleur. Un choc retentit de l'autre côté du mur. Les Darknils s'attelaient à le détruire. Nous n'avions que très peu de temps.

- Pars sans moi, je vais te ralentir, soufflai-je à la rouquine.

La renarde me lança un regard qui m'apprit qu'il en était hors de question et vint m'aider à me redresser. Je serrai les dents pour passer outre la douleur. J'arrivais à marcher, à courir, mais c'était un effort herculéen. On n'avait de toute façon pas le choix. On courut dans les couloirs, vers la sortie de ces galeries de malheur. J'avais conscience de nous ralentir, je ne courrais pas assez vite.

On réussit toutefois à sortir de l'antre, retrouvant l'air frais de l'extérieur. Je plissai les yeux sous la lueur du jour. Rox continuait de me soutenir, de courir. On franchit un petit boisement aux arbres rabougris. J'avais de plus en plus de mal à tenir l'allure. Rox, elle, ne semblait plus vouloir s'arrêter. Comme s'il était impératif de mettre le plus de distance possible entre nous et cet endroit de malheur. Comme si s'en éloigner pouvait effacer tout ce qu'on avait vécu. Les oreilles de la renarde remuèrent subitement et elle fronça les sourcils.

- J'ai entendu la voix de Martial, s'étonna-t-elle. Les autres sont ici ?

Bien que sa phrase sonnât comme une question, c'était plus un constat qu'autre chose. La rouquine changea de cap, se dirigeant vers les bruits qu'elle percevait. Mes indications lors de mon échange avec Kalidas lors de mon sommeil les avaient permis de se rendre sur les lieux... Ils devaient probablement nous chercher...

On sortit du boisement et Rox s'arrêta net, tremblante. Cessant de fuir, la réalité de la situation la frappa à nouveau et c'était désormais des mains tremblantes qui me maintenaient debout. Mes jambes me brûlaient atrocement.

Je vis devant nous, dans un terrain à découvert, Martial, Ronan, Kalidas, Cassius et Tenshi qui discutaient vivement. Les autres ne devaient pas être très loin. Martial nous aperçut et se figea. Son changement d'attitude alerta les autres qui se tournèrent en notre direction. Leur visage se métamorphosa. Ronan n'attendit pas une minute avant de s'élancer en notre direction. Les autres le suivirent.

Je m'écartai de Rox, m'appuyant contre un arbre esseulé, encore secouée par tout ce qui venait de se produire. On venait de trouver les autres. Mais malgré tout, je ne me sentais pas sortie d'affaire pour autant.

Ronan prit aussitôt Rox dans ses bras. La rouquine se laissa faire, tremblante, les joues de nouveau humides.

- Où est Aleth ? s'inquiéta Cassius.

Ma gorge se noua. Rox enfouit son visage dans l'épaule de Ronan. Je serrai les poings. Ne trouvant pas les mots pour verbaliser ce qui venait de se produire, je me contentai de secouer la tête. Cassius se figea, les yeux agrandis. Il eut un mouvement de recul.

- Où est Aleth ? répéta-t-il d'une voix paniquée, ne voulant pas accepter la vérité.

- Cassius, lui souffla Tenshi, vient.

Le Prophète prit le Guérisseur avec lui et le mena à l'écart tout en lui parlant. Kalidas s'avança vers moi, le regard inquiet.

- Eudo, tes jambes, s'étrangla Martial.

Le Rôdeur suivit son regard et ses yeux s'agrandirent.

- Va rappeler Cassius, demanda-t-il au Guerrier.

Ce dernier acquiesça et ne perdit pas de temps avant de faire demi-tour.

- Attends ! le retins-je. Les Darknils se sont lancés à notre suite, il faut trouver un endroit sûr. Où sont les autres ?

- Nous nous sommes séparés pour couvrir plus de terrain, m'expliqua le Rôdeur. Cassius va te guérir et ensuite, nous retrouverons les autres pour quitter cet endroit.

Je serrai les poings, non satisfaite par ce plan. Je m'en fichais de guérir, tout ce qui comptait, c'était fuir Samaël. Il ne devait pas nous rattraper.

- Je les ai déjà prévenus, intervint une voix qui me fit sursauter.

Je me tournai vers Sanjana, ne l'ayant pas vu plus tôt.

- Normal que tu ne m'ais pas vu, répondit-elle à mes pensées, je montais la garde. Nous étions en terrain découvert, fallait bien quelqu'un pour ouvrir l'œil. Nous avons divisé nos groupes en trois, mes deux autres moi se sont chargées de prévenir les deux autres groupes, expliqua-t-elle en s'approchant de moi.

La Sirène avait du mal à dissimuler son inquiétude à mon égard. Cassius, rappelé par Martial, s'approcha pour guérir mes blessures. Ses yeux étaient rougis et il serrait les lèvres, refoulant un perceptible mal-être. Au même moment, les deux autres groupes arrivèrent dans les lieux. Avant que quiconque ne puisse s'atteler aux retrouvailles, Martial se jeta sur sa hache et la brandit devant lui.

- Y a de flippants messieurs encapuchonnés qui arrivent, nous alerta-t-il, équipé de sa vue extensible.

Aussitôt, tous furent en alerte.

Une explosion retentit et un jet de lave inonda les lieux. La lave s'éleva telle une vague et se précipita vers moi, Rox et tous ceux nous entourant. Alors qu'elle allait nous frapper de plein fouet, elle se fit happer par un trou noir qui venait d'apparaître. Hell nous rejoignit, les bras brandit, faisant apparaître d'autre trou noir engloutissant la lave.

- On se tire ! lâcha-t-il d'une voix forte.

Kalidas m'aida à marcher afin de s'éloigner des jets de lave tandis qu'Hell s'attelait à les mettre hors d'état de nuire. Cassius n'avait pas eu le temps de guérir mes blessures et il était désormais trop tard pour ce genre de chose.

Les Darknils apparurent, prêts à contrer Hell et son pouvoir du néant. Rose partit lui prêter main forte.

- Rejoignez les montures, nous cria-t-elle, on va gagner du temps.

Hell s'occupa d'avaler la lave à l'aide de son pouvoir tandis que Rose faisait jaillir des jets de terre pour éloigner les Darknils qui voulaient envahir les lieux. Alors qu'elle faisait jaillir des racines propulsant l'ennemi loin d'elle, des fils d'un noir goudron jaillirent autour d'elle et se jetèrent sur elle, la saisissant par la gorge. Rose fut suspendue dans les airs, ses mains agrippant les fils qui l'empêchaient de respirer.

- Rose ! hurla Martial en s'élançant vers elle.

Tout dégénéra.

Rose, suspendue dans les airs par le cou, ne pouvait plus user de son pouvoir. Les Darknils purent arriver sans dommage. Martial se lança vers les fils noirs et tenta de les couper avec sa hache, mais le choc de la lame contre les fils de goudron eut pour effet de l'éjecter brutalement en arrière, sans même qu'il ne parvienne à libérer sa copine. Le visage de Rose s'était empourpré sous le manque d'air. Pendant ce temps, un jet de lave réussit à toucher Hell et ses trous noirs disparurent tandis qu'une vague de lave s'élevait dans le ciel.

Circé se changea en aigle et piqua vers Rose, maintenue par les fils. Les serres du rapace s'emparèrent des fils qu'elle tenta d'éloigner de l'Obscuras. Kalidas disparut de mes côtés et se téléporta aux côtés d'Hell alors qu'une vague allait le frapper. Il le tira de justesse hors de la lave.

Alisa fit apparaître un torrent de flammes et maladroitement, elle l'envoya frapper les fils de goudron. Mais rien à faire. Je serrai les poings, essayant de ressentir le pouvoir de la Banshee pour appeler le mien à la rescousse. Le feu galopa dans mes veines. L'adrénaline me parcourut.

Mais ce n'était pas assez rapide. Rose suffoquait. Hell se changea en Faucheur, et de sa faux, il frappa les fils. Les fils de goudron ne purent résister à la lame d'un Faucheur et disparurent. Rose fut libérée et chuta. Martial la rattrapa avant qu'elle ne touche le sol. L'Obscuras peinait à respirer, elle avait le visage rougi.

Je continuais de me concentrer sur le feu d'Alisa, sentant une énergie familière prendre part de mon corps. Des cendres finirent par jaillir. Je n'eus pas le temps d'en user qu'un poids me tomba dans le dos, me faisant tomber au sol. Des Darknils venaient de jaillir par derrière.

Le Darknil qui venait de me frapper s'avança droit devant moi. Il avait un fouet possédant une lame métallique entre les mains, et même à travers ses yeux de diamant, je pus discerner un regard mauvais. Il me frappa de son fouet. Je me protégeai le visage tandis que la lame s'enfonçait dans ma chair, me la coupant aussi facilement que du beurre. Alors qu'il allait donner un nouveau coup, le Darknil s'immobilisa, se raidit, avant de suffoquer et de s'effondrer contre le sol dans plusieurs spasmes. Circé s'approcha de moi et m'aida à me relever. Je clignai vivement des yeux, comprenant ce qu'il venait de se passer. Circé avait le pouvoir du poison et avait dû s'en servir sur mon adversaire afin de me porter secours.

Mes bras étaient désormais déchiquetés, j'avais les jambes brulées, me soutenant difficilement, des blessures et des hématomes sur tout le corps. Mon corps était trop affaibli, mes pouvoirs difficilement accessibles.

Un Darknil nous barra la route. Je me figeai. Ce Darknil portait une cape bleu nuit, mais ni masque, ni diamant. Il releva la tête et je pus voir son visage. Samaël.

- Il est hors de question que je te laisse en vie, me lâcha-t-il.

D'un bond, il se changea en loup. Je serrai les poings face au grand loup blanc me faisant face. Il nous montra les crocs. Samaël se jeta sur moi, mais Circé le heurta en plein flanc, lui faisant manquer sa cible. Le loup blanc se redressa, le regard furibond. Dans un grondement, il se sauta à la gorge de l'Animalis.

Au même moment, un loup gris surgit de la végétation et se jeta sur le loup blanc avec férocité. Il lui mordit sauvagement la nuque et l'envoya voler contre le sol. Une horde de loups suivirent le loup gris et se jetèrent sur Samaël. Le loup gris, lui, fit demi-tour et se dirigea vers Circé dans un petit jappement. Il lui donna un coup de museau au visage avec douceur, semblant s'enquérir de son état. J'écarquillai les yeux de surprise.

Il s'agissait du loup gris que j'avais pu voir à plusieurs reprises, j'en étais convaincue. Et ce loup gris semblait très bien connaître Circé.

Des Darknils surgirent aider Samaël, se retrouvant désormais en mauvaise posture. Le Darknil aux mains de lames transperça le cœur d'un loup noir qui agressait le chef des Darknils. Le loup tomba inerte contre le sol. Le loup gris, se trouvant auprès de Circé, poussa un cri de fureur et se jeta dans la mêlée, prêt à égorger le Darknil.

Je m'avançai difficilement, mes jambes prêtes à céder. Il fallait que j'aide. Je ne pouvais pas rester en retrait, attendant la fin de la bataille. Je ramassai un couteau échoué au sol, son possesseur l'ayant probablement perdu durant une lutte, et m'en emparai. L'arme me glissa des mains sous une force inconnue et un Darknil m'empoigna par le col.

- T'es morte, railla-t-il d'un ton lugubre.

Une lame s'enfonça dans mes côtes. J'étouffai un cri, m'agrippant aux bras du Darknil pour m'empêcher de sombrer. Le Darknil me donna un deuxième coup dans les côtes. J'en avais le souffle coupé. Le sang s'écoulait abondamment. J'essayais de puiser dans mes dernières ressources pour carboniser ce Darknil de mes cendres, mais j'étais trop faible.

Quelqu'un hurla mon prénom. Je vis Kalidas se jeter vers le Darknil pour lui faire lâcher prise, mais d'un simple mouvement de doigts, il envoya le Rôdeur se tordre de douleur contre le sol.

Non.

J'agrippai un peu plus les bras du Darknil, essayant de retrouver ce feu ardent qui arrivait dans mes veines au moment de faire jaillir mes cendres. Cherchant cette énergie si familière au fond de moi, ce torrent, cet éveil qui mettait tout corps en feu, qui me revigorait de part en part. Mais rien. A la place, je sentis mes jambes se dérober sous moi.

Dans un élan de désespoir, j'enfonçai mes doigts autour de ses poignets, voulant me raccrocher à quelque chose, refusant de perdre. Un ressenti étrange me traversa. J'avais cherché à retrouver les sensations qui me frappaient lorsque j'utilisais les cendres, mais c'était sa sensation contraire qui venait me heurter.

Je me sentis vide. Projetée dans le froid, la glace, ne ressentant ni la douleur, ni les émotions, ni le monde m'entourant. Comme projetée dans un royaume parallèle. Toute mon énergie me quitta. Je ne me sentais ni bien, ni mal. Semblable à un état de transe. C'était une sensation étrange, particulière. Je me sentais sombrer et aspirer tout autour de moi. Je n'étais plus qu'un être vide.

Je sentis le regard de Samaël peser sur moi, sa stupéfaction et son affolement me parvint à travers un voile de brouillard. Il sonna le repli en urgence. Et je ne comprenais même pas pourquoi.

Tout ce que je savais, c'est que mes mains venaient de lâcher le Darknil que j'agrippais et que j'étais en train de tomber dos contre sol. Vide. J'étais entièrement vide. Dépourvue d'énergie. Je m'écroulai, ma tête heurtant la terre sans même que je ne ressente la douleur. Tout semblait être chaos autour de moi.

Puis, un silence pesant s'installa.

Plus un seul bruit ne fendait les alentours.

Comme une bouffée d'oxygène, mon énergie me revint d'un coup, telle une vague de vibration. Je me redressai, les yeux écarquillés, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. Regardant autour de moi, je me figeai.

J'ouvris la bouche sous le choc.

Sous l'horreur.

Un Obscurium rampait face à moi, tâtant le sol de ses mains cadavériques, rivant ses yeux totalement blancs en ma direction, poussant des cris pitoyables.

Cet Obscurium, cet être déshumanisé, se trouvait là où se trouvait un peu plus tôt le Darknil m'ayant planté un couteau dans les côtes.

C'était impossible.

Je regardai mes mains avec horreur, réalisant petit à petit ce qu'il venait de se passer.

J'avais changé ce Darknil en Obscurium.

J'en fus tétanisée sur place. Je regardai autour de moi avec panique. Je vis les regards des anciens Clandestins peser sur moi, effarés. Mais ce qui me marqua le plus fut tout autre. Des dizaines d'autres Obscuriums rampaient tout autour de moi, de leur corps famélique.

Je n'avais pas seulement transformé mon agresseur en Obscurium, mais tous les Darknils m'entourant de trop prêt.

***

NDA : Hey ! Oui je suis en retard de trois jours :( mais j'étais très occupée, du coup je me rattrape aujourd'hui x)
Et je vais aussi tâcher de rattraper mon retard dans les réponses des commentaires 🤔

Sinon, parlons de ce chapitre

- Aleth, morte, un mot ?

- Eudora qui se prend un coup mortel et survie grâce à la protection d'un supposé Gardien, une idée de ce que c'est que cette histoire ?

- Ces loups qui surgissent et combattent contre les Darknils, qui sont-ils ? Comment ça se fait qu'ils semblent proches de Circé ?

- Eudora qui transforme ses assaillants en Obscuriums, comment ça se fait ? Surpris ?

Voilà voilà c'est tout 🙄 c'était un chapitre assez garni ...

On se retrouve ce week-end pour la suite ! Kissy kissy 💙

#Nakijo.

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