17. Le jeu de la provocation.
J'étais assise sur le matelas, les coudes sur les genoux, le visage dans les mains. Je poussai un soupir, retenant les tremblements de mon corps.
- Evi ? Tout va bien ? s'inquiéta une voix derrière moi.
Je me figeai, avant de redresser la tête. Ange se glissa à mon côté.
- Désolée, je ne voulais pas te réveiller, soupirai-je.
Ange fronça les sourcils et posa sa main sur la mienne, me provoquant une volée de frisson. Elle était bien la seule que son contact ne me rebutait pas.
- Tu ne m'as pas réveillé, me rassura-t-elle. Qu'est-ce qu'il y a ?
L'Obscuras me regardait avec de grands yeux, soucieuse. Je ne voulais pas l'inquiéter. Je secouai la tête, reprenant une certaine contenance.
- Rien, ce n'est pas important.
Ange me lança un regard dubitatif. Si j'avais l'habitude d'être difficile à cerner pour mon entourage, aux yeux d'Ange, j'avais parfois l'impression d'être un livre ouvert. Ange pencha la tête sur le côté, faisant glisser ses longs cheveux blancs le long de mon bras, et me regarda en silence, cherchant à comprendre ce qui me tourmentait.
- Parle-moi, Evi, m'intima-t-elle. Ne te renferme pas sur toi-même.
Je poussai un soupir et attrapai l'une des mèches de cheveux de ma voisine, me concentrant sur leur éclat blanc pour me défaire de mes pensées. A peine la Gorgone arrivait, et son aura rassurant envahissait mon atmosphère. Je me sentais déjà mieux. Mais je ne pouvais chasser des taches noires qui persistaient dans mon esprit. Je retins difficilement un frémissement.
Voyant que je n'étais pas prête à vider mon sac, Ange finit par poser sa tête sur mon épaule, ne me lâchant toujours pas la main. Je fermai les yeux, savourant son contact, voulant me vider l'esprit. Mais impossible de me défaire de tous mes démons. Les démons de mes tourments avaient planté leurs canines dans ma chair, et j'étais condamnée à me les trimballer où que j'aille. Mais s'il y avait bien une chose qui me caractérisait, c'était le répondant. J'étais peut-être scarifiée jusque dans la moelle, j'allais rendre la pareille. Il était loin le temps où je ne répliquais pas, me terrant dans le monde cauchemardesque de mon quotidien.
- Ce sont les agissements d'Eudora qui te mettent à ce point sur les nerfs ? finit par m'interroger Ange.
- Comme je m'en suis doutée, les Darknils ont mis la main sur elle, lui appris-je, profitant de sa remarque pour détourner son attention sur un tout autre sujet.
Ange se redressa, les yeux écarquillés de surprise.
- Depuis quand ? Pourquoi est-ce que tu ne nous en as pas encore parlé ?
- C'est plutôt récent, je voulais voir comment la situation évolue avant de commencer à vous ébruiter la nouvelle.
Ange fronça les sourcils.
- Tu es sûre qu'il n'y a pas une autre raison derrière ton mutisme ? Lorsque tu gardes quelque chose de ce style, confidentiel, c'est qu'un détail te préoccupe.
Ange amena ses jambes contre sa poitrine, me détaillant plus intensément. Je soupirai. La connaissant, elle allait insister.
- Revoir Samaël, même par le biais de mon ancienne version, n'est jamais une partie de plaisir. Je n'ai pas envie d'en parler.
Ange se pinça les lèvres, contemplant le matelas, les sourcils froncés. J'espérais qu'elle allait se contenter de cette réponse. Je n'avais pas envie de rentrer dans les détails. Pas pour le moment. Car Ange avait raison, la situation me préoccupait grandement. La situation me préoccupait beaucoup trop.
- Comment l'a-t-il eu ? finit par demander la Gorgone, voulant être à jour sur les événements.
- Samaël a attrapé Eudora alors qu'elle se trouvait dans le village Mystique. Il a aussi Aleth et Rox sous la main. Je ne donne pas cher de leur peau. Elles vont toutes y rester.
La Gorgone ne put retenir un frisson à cette annonce. Elle serra les lèvres, comprenant par elle-même le problème qui se posait. Je savais qu'Eudora finirait entre les mains de Samaël. J'avais voulu lui éviter une telle tragédie en l'alliant à mes côtés, mais trop bornée, elle s'était entêtée à vouloir jouer seule de son côté. Elle ne faisait qu'obtenir le résultat de ses mauvaises décisions. J'étais agacée de perdre un si bon atout. Un espion de son genre aurait pu m'être fort bien utile. Mais en plus, elle précipitait d'autres Obscuras dans sa chute. Les Clandestins, si je pouvais toujours les appeler ainsi, me laissaient complétement indifférente pour la plupart. Pourtant, la situation ne me convenait pas du tout. Et je voulais m'empêcher d'y penser. Chasser cette réalité de mon esprit. Mais plus les pensées s'accumulaient dans mon esprit, plus les voies s'ouvraient vers une seule conclusion. Si les choses continuaient ainsi, j'allais devoir intervenir.
Je serrai les poings à cette pensée. Je m'étais promise de ne pas me mêler de ce qui se produirait. Tant pis si de son côté, le désastre survenait. Mais je n'avais auparavant pas pensée à cette éventualité... Si les choses continuaient en ce sens, je devrais agir. Au dernier moment. Je ne pouvais pas me permettre de rappliquer maintenant, c'était une perte de temps considérable face à toutes les menaces que je devais contrer et surtout c'était une grosse prise de risque.
Ange se redressa, me tirant hors de mes pensées. Elle se dressa face à moi, m'étudiant lentement.
- Je sais que la situation te tracasse, mais il existe toujours des solutions. Ne reste pas muette de la sorte, plongée dans tes tourments, me demanda-t-elle en se rapprochant, tu n'es pas seule et on affrontera l'adversité ensemble.
Je retins un sourire face à cette tentative pour me rassurer. Elle était beaucoup trop adorable. Je me redressai, lui faisant face, les yeux pétillants.
- Ne t'en fais pas, lui intimai-je, j'ai toujours su rebondir. Il ne faudrait pas que tu l'oublies.
Ange se pinça la lèvre, penchant légèrement la tête sur le côté. Lorsqu'elle abordait cette attitude, je devais me faire violence pour rester maitre de mes émotions. Elle avait un côté irrésistible envers lequel je ne pouvais lutter. Ange était un être si contradictoire. Elle était douce, altruiste, mais à la fois forte, redoutable et prête à tout pour atteindre ses objectifs. Elle avait deux facettes complétement opposées, ce qui surprenait et déroutait les personnes ne la connaissant pas. J'avais moi-même était surprise par sa personnalité opposée lors de notre rencontre.
Un sourire se dessina sur mon visage lorsque je me remémorai notre première rencontre. Ce n'était pas un jour particulièrement joyeux, pour aucune de nous deux, c'était plutôt un jour relevant de l'horreur, mais savoir que ce jour sinistre m'avait amené à croiser son chemin suffisait à l'embellir un peu.
Ange faisait partie des personnes de ce royaume qui avait le plus souffert. A cause de sa race. Comme beaucoup en fin de compte... La race des Gorgones était loin d'être appréciée. C'était une race qui suscitait le rejet des villageois, poussant ceux possédant ces gênes à vivre hors de toutes civilisations. Le pouvoir qu'il détenait faisait peur. Les Gorgones étaient des êtres redoutables. Leur pouvoir de statufier d'un simple regard leur adversaire était un pouvoir puissant mais effrayant. Ange, en plus de posséder ce don, accumulait les pouvoirs phénoménaux. Tellement qu'elle était presque intouchable.
C'est une chose qu'elle avait mis longtemps à réaliser. S'emprisonnant elle-même dans ses doutes et dans la peur. Pourtant, si elle s'était rendue compte plus tôt de ses capacités, elle aurait pu échapper au triste sort qui lui avait été offert.
Ange n'avait pas eu la chance de pouvoir fuir, vivant loin de la civilisation, comme ceux de son espèce. Petite, sa mère, une simple Trivial, l'avait vendu à un cirque, ne supportant pas cette race qu'elle jugeait infecte. Ange avait alors séjourné dans une cage, attachée à des chaînes, la retenant par les poings, par le cou. Elle était présentée comme un vulgaire animal de cirque. Et encore, les animaux étaient mieux traités. Ils lui avaient enfilé un réducteur autour du cou, l'empêchant d'user de son pouvoir, et avaient joué avec son corps comme s'il s'agissait d'une attraction. Comme si son corps n'était qu'un simple objet qu'elle ne possédait même pas, servant à assouvir les désirs d'Obscuras tordus et abjectes.
A cette époque, Ange ignorait tout de ses pouvoirs individuels. Jamais elle ne s'était doutée posséder un pouvoir spécial, la rendant si unique. Comment aurait-elle pu s'en douter ? Comment aurait-elle pu imaginer qu'elle avait le don d'être invulnérable à tous les pouvoirs existants ? Que ce don concernait aussi les réducteurs ? Car Ange était à ce jour, la seule personne de ma connaissance, à être insensible aux influences de cet inhibiteur de pouvoirs.
Elle avait pris des années avant de s'en rendre compte. Le déclic avait fini par se faire et même sous l'influence du réducteur, elle avait changé des dizaines d'Obscuras en état de pierre, cédant à la peur face à ce qu'ils lui faisaient subir. Elle nous avait sauvé la vie, à moi, comme à Ekaterini.
Et depuis qu'elle était à nos côtés, Samaël était dans l'incapacité de nous atteindre.
La scène à laquelle j'avais assisté à travers Eudora revint me frapper l'esprit. Samaël voulait éliminer Ange de l'équation pour pouvoir agir en toute liberté. C'est un fait que j'avais déjà compris par moi-même, mais le voir, l'entendre, c'était différent. C'était terrifiant. Il était hors de question qu'on me l'enlève. Je ne voulais pas la perdre.
Et j'allais y veiller de très près.
Fallait-il encore que Samaël ait le pouvoir de nous atteindre. Cela faisait des années qu'il essayait de nous débusquer, de nous tuer. On n'était peut-être pas assez puissantes pour les arrêter, mais eux n'avaient pas les capacités de nous éliminer. Nous étions à force égale. C'était un état stagnant. La seule chose qui aurait pu faire pencher la balance en la faveur des Darknils, aurait été qu'ils récupèrent les Artéfacts ainsi que le globe. Pour parer à cette éventualité, je m'en étais emparée avant lui. J'avais bien fait. Vu le déroulement des événements, si je ne l'avais pas fait, il serait parvenu à les récupérer auprès des Clandestins. Enfin, des anciens Clandestins. Car désormais, ils n'étaient plus rien.
Mon regard se posa sur le globe, perché sur le meuble au coin de la pièce. Depuis que je l'avais en ma possession, j'avais tenté de découvrir son importance, ce en quoi il pouvait être utile à Samaël, en vain.
Ce n'était qu'un simple globe. Un globe comme on peut en trouver des milliers sur Terre. Je l'avais regardé sous toutes les coutures, cherché une région, un pays qui aurait été changé pour cacher une indication, mais rien. Il s'agissait d'un simple objet terrien. J'étais frustrée de ne rien avoir pu en tirer, cela faisait des jours et je ne comprenais toujours pas l'importance de ce globe. Comment un objet aussi banal pouvait susciter un désir aussi ardent que celui des Darknils à le retrouver ? Il devait y avoir autre chose, il y avait forcément autre chose.
Je posai mes doigts sur le meuble, le regard songeur. Ange intercepta mon regard et sembla deviner le fil de mes pensées. Elle prit le globe dans ses mains, l'examinant une nouvelle fois sous toutes ses coutures.
- On va bien finir par trouver son utilité, lâcha-t-elle dans un haussement d'épaule.
- J'espère bien, grinçai-je. Je doute que Samaël viendra de lui-même nous donner l'information face à notre échec.
Ange serra les lèvres.
- Je peux toujours réveiller un Inception et lui demander de rendre une petite visite à nos adversaires, mais je ne suis pas convaincue que ce soit concluant. Ils savent parfaitement comment contrer ce genre d'attaques.
- On va devoir se débrouiller de notre côté, me résignai-je. Commencer à s'intéresser ouvertement au globe viendrait à avouer qu'il est en notre possession.
Ange se mordilla la lèvre, l'air embêté.
- Je pense que ce ne se sera plus un secret dans très peu de temps. Si les Darknils ont mis la main sur Eudora, Rox et Aleth, l'information va rapidement fuiter. Ils savent comment faire pour soutirer toutes les informations qu'ils désirent.
J'acquiesçai, ayant pleinement conscience de ce fait.
- On va devoir le mettre en sûreté, là où ont été mis les Artéfacts. Je ne veux pas prendre de risque. Tant pis si le mystère du globe demeure non élucidé.
Ange regarda une dernière fois le globe reposant entre ses mains avant de le reposer sur le meuble à côté d'elle. Elle s'adossa contre le mur derrière elle dans un soupir.
- Faudrait mettre la main sur Tenshi, lui, pourrait être utile pour résoudre ce mystère, remarqua-t-elle.
Je haussai un sourcil devant cette remarque.
- Mettre la main sur Tenshi ? répétai-je.
- Son pouvoir individuel permet de lire le passé d'un individu à sa guise, expliqua Ange. S'il était avec nous, il pourrait se rendre dans les rêves d'un Darknils avec l'aide d'un Inception et se charger de fouiller dans ses souvenirs. Mais à vrai dire, je doute que Tenshi soit très coopératif si on venait à lui faire une telle requête.
- Je t'avoue que je n'y avais même pas pensée, lui soufflai-je, un petit sourire se dessinant. C'est une idée qui pourrait être exploitée si nous ne voyons pas d'autre alternative. Je serais embêtée de devoir faire appel à lui, malgré tout. Je n'ai pas vraiment envie que quelqu'un, hors de notre cercle, commence à posséder des informations sur nous, l'ennemi, ou nos projets.
- De toute façon, je ne suis pas sûre qu'il obéisse à une telle demande, renchérit Ange. Il n'a pas l'air d'apprécier lorsqu'il lui faut utiliser son don.
Je haussai les épaules.
- Ce n'est pas un problème, répliquai-je, j'ai toujours été douée pour convaincre autrui de m'obéir. Surtout s'ils ont quelque chose à perdre.
Ange tritura une mèche de cheveux à cette évocation. Je savais qu'elle n'approuvait pas toutes mes méthodes. Elle avait un côté pacifique que je ne possédais pas. Mais s'il fallait que j'en vienne à toucher aux proches du Prophète pour percer le secret du globe, j'étais prête à le faire.
- Je suis sûre qu'on peut trouver un autre moyen que de faire de nouveaux otages, tenta Ange.
- Qu'est-ce que tu proposes ? lui demandai-je, ouverte à une autre idée.
Ange avait de bonnes idées, mais n'osait pas toujours les exposer par manque d'assurance.
- Je te l'ai déjà dit, je trouve inutile de se battre sur tous les fronts. Convaincre Tenshi de l'utilité de notre requête serait plus morale.
- Le convaincre ? Après ce qu'il s'est passé avec Naïa ? ricanai-je. Tu as des idées bien trop utopistes.
- Ce que je veux dire, c'est qu'au fond, on veut la même chose. Ils veulent retrouver la paix et la stabilité dans le royaume et nous voulons la fin du règne des Darknils. Nos souhaits sont compatibles.
- Nos souhaits, peut-être, mais pas nos méthodes, ripostai-je. Ils sont beaucoup trop dans l'optique de ne faire de tort à personne pour pouvoir avancer. Ils se prennent pour les sauveurs de tous. Mais pour mettre fin à ce chaos, on ne peut pas se permettre de vouloir préserver le monde entier. Il faut savoir faire des sacrifices.
Je soupirai.
- De toute façon, je doute qu'on ait un jour besoin de leur service. Je trouverai une autre solution.
Je n'avais pas besoin d'une aide extérieur. Je m'en étais toujours sortie en ne comptant que sur mon cercle. Je ne voulais pas de ces anciens Clandestins possédant des valeurs qui me rebutaient. Ce qui les avait fait bouger et agir pour le monde, c'était mon apparition dans ce royaume, pour m'être fin à ma venue. Parce que je menaçais leur pauvre équilibre précaire, que je venais tout changer, tout chambouler. Avant mon arrivée, jamais ils n'auraient agi pour le bien être du royaume, se contentant de leur vie dans le château. Ils étaient privilégiés, alors pourquoi ce seraient-ils souciés des classes inférieures ? Du règne de leur roi ou reine qui écrasait la population ? Ils agissaient seulement lorsqu'ils se sentaient menacés. Et je n'avais pas eu peur de me confronter directement à des membres reconnus. Voilà pourquoi cette bande de rebelle existait aujourd'hui.
- Il est tard, remarqua Ange, stupéfaite de ne pas avoir vu le temps passer. Je suis censée rejoindre Ekaterini pour notre mission du jour. Je l'entends déjà maugréer face à ma ponctualité !
Je retins un rire.
- Que tu sois en retard ou non, Eka trouvera toujours un prétexte pour râler. Ce n'est pas comme si elle avait un caractère facile.
Ange arqua un sourcil.
- Elle me fait étrangement penser à quelqu'un, me provoqua-t-elle dans un sourire.
- Je ne suis pas sûre que ce soit un compliment, grimaçai-je.
J'eus le droit à un air offusqué.
- Regarde comment tu parles d'Eka ! Difficile d'imaginer que vous puissiez être aussi proche, c'est à se poser des questions. Elle est loin d'être horrible !
Je ris.
- J'en ai conscience, mais j'aime te voir monter sur tes grands chevaux pour prendre sa défense, m'amusai-je.
Ange me frappa le bras dans une moue, les joues rosies.
- Quand cesseras-tu de me taquiner ? lâcha-t-elle d'une voix se voulant plaintive.
Un sourire se dessina sur mes lèvres.
- J'aime beaucoup trop te voir rosir pour arrêter, la charriai-je, puis, ne va pas me dire qu'au fond, tu n'aimes pas. Ce serait un mensonge.
Les joues d'Ange s'empourprèrent un peu plus. Ce spectacle me régalait.
- Tu es horrible, me lança-t-elle.
Mais son regard était à l'opposé de ses propos. Ses yeux étaient pétillants et elle devait retenir un sourire qui voulait émerger sur son visage.
- Ce n'est pas pour rien qu'on m'appelle Evilash, renchéris-je.
Ange roula des yeux, ses fossettes se creusant sous le sourire qu'elle essayait tant bien que mal de retenir.
- Il faut vraiment que j'y aille, Eka va m'étriper d'impatience.
Ange s'apprêta à partir, mais je la retins, posant ma main sur son bras, un sourcil haussé.
- Au point où on en est, Eka peut attendre encore un peu, répliquai-je.
- T'aimes la faire sortir de ses gongs, m'accusa Ange.
- Je plaide coupable. Il n'y a pas plus grand plaisir que de m'amuser avec vos réactions.
Ange lâcha un rire.
- Bah voyons, s'amusa-t-elle, mais attention à ce qu'on ne fasse pas de même avec toi ou tu fais alors tout exploser. On ne t'a jamais dit d'éviter de faire aux autres ce que tu détesterais qu'on te fasse ?
- Pour me rendre la pareille, il faut déjà savoir s'y prendre. T'es sûre d'être à la hauteur ? la provoquai-je.
Ange me fit doucement reculer d'un geste de la main, mettant de la distance entre nous deux. Elle pencha la tête sur le côté, un sourire éclairant son visage, creusant deux charmantes fossettes sur ses joues. Mon cœur rata un battement.
- Tu ne serais pas en train de me sous-estimer ?
Ange s'approcha lentement de moi, tel un fauve guettant sa proie. Mon corps fut pris d'agréables frissons, mais je ne laissai rien paraître. Elle voulait me faire réagir. Je m'amusais donc à rester de marbre alors même que tout mon être brûlait de l'intérieur.
- Je sais parfaitement quoi faire pour te faire réagir, me souffla-t-elle en se plaçant à quelques centimètres de moi.
Je haussai un sourcil. Mais je n'eus pas le temps de répliquer qu'Ange me saisit par le col pour me rapprocher d'elle. Sans prévenir, elle m'embrassa.
Tout mon corps se raidit au contact de ses lèvres. Peu à peu, il se détendit tandis que mes lèvres venaient répondre à son baiser. Tout mon être était en feu. S'il existait bien un sentiment parfait, mélangeant passion, flammes et douceur, j'étais en train de le vivre à cet instant présent. Et pour rien au monde j'aurais voulu que cela s'arrête. Ange serra un peu plus sa prise sur mon col tandis qu'elle accentuait le baiser. J'étais en train de succomber sur place. Je n'avais plus aucune prise sur mes émotions. Elle avait gagné.
Elle avait réussi son coup. Elle avait gagné ce jeu de provocation. J'étais totalement dépossédée de mes moyens. Et étrangement, j'adorais ma défaite. Ma perte de contrôle. Elle aurait pu faire de moi ce qu'elle désirait, je ne me voyais pas lui résister.
Parce que j'étais irrésistiblement attirée par elle. J'étais irrémédiablement tombée amoureuse de cet ange.
Ma main vint se placer derrière sa tête, tandis que je répondais à son baiser avec hâte, comme si chaque seconde était comptée, comme s'il fallait que je me dépêche d'assouvir ce besoin irrépressible de l'embrasser avant que nos deux corps ne se séparent. Avec fermeté, mais douceur, je rapprochai un peu plus son corps du miens, mes lèvres cherchant ardemment les siennes. Je la fis reculer contre le meuble derrière elle, sans pour autant me détacher de son corps.
Son corps tout près du miens, la douceur dont elle faisait preuve, ses lèvres, cette sensation folle qu'elle provoquait en moi, tout me faisait succomber. Je vivais le grand huit. J'étais dans une attraction provoquant encore plus de sensations que tout ce qui pouvait exister. Je ne m'étais jamais sentie aussi vivante.
Dos contre le meuble, toujours agrippée à mon col, Ange semblait elle aussi avoir perdu tout contrôle sur ses émotions. Finalement, nous avions peut-être toutes les deux perdues. Elle m'avait fait céder, mais m'avait suivie dans ma chute. Après tant de temps à se tourner autour, après des années à jouer au chat et à la souris, à se provoquer, se rapprocher pour se détacher, à jouer chacune avec les nerfs de l'autre, on avait fini par céder en même temps. Je m'étais promise de ne pas plonger la première, cruel échec. J'avais perdu ce jeu de provocation. Tout comme elle. Mais j'avais la sensation d'avoir gagné bien plus derrière cet échec.
Nos gestes, peut-être devenus un peu trop brusques, firent trembler le meuble derrière nous. Je n'y fis pas attention jusqu'à voir le globe chuter au sol. Il s'écrasa à nos pieds.
Je m'immobilisai, rompant cet échange passionné. Le globe, en tombant, venait de se casser. Enfin, casser était un bien grand mot... S'ouvrir en deux aurait été plus adéquat.
- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? s'ébahit Ange, les yeux rivés sur le globe.
Car le mystère du globe venait d'être résolu. Ce n'était pas le globe en lui-même qui intéressait Samaël, mais ce qu'il contenait. Je me baissai, les sourcils froncés, découvrant ce qui se cachait depuis des années à l'intérieur de cet objet. Mon sang se glaça dans mes veines.
***
NDA : Hey me voilà avec la suite 😏 j'espère qu'elle vous a plus !
- La relation Evilange (Evilash/Ange) vous la trouvez comment ?
- Le passé de Ange dans un cirque, un mot ?
- D'après vous, qu'est-ce que contient le globe ?
Voilà c'est tout ! Je posterai probablement un bonus durant la semaine sur le tome 2 🙄
Bon weekend !
Kissy kissy 💙
#Nakijo.
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