12. Frissons électriques.
J'ouvris les yeux et fronçai les sourcils. Je m'étais endormie dans un fauteuil dans la demeure d'Hell, pourtant, ce n'était pas là que je me réveillais. Je sentais le vent me caresser les cheveux, une odeur de plantes aromatiques me chatouillait les narines.
Puis, je compris.
Je ne m'étais pas encore réveillée.
Je dormais, mais ce rêve avait des allures anormalement réalistes.
Ce n'étais pas un rêve ordinaire, c'était un rêve contrôlé par un Inception. Je me redressai, paniquée. Même lors de mon sommeil, j'allais devoir me battre pour ma survie. Mon cœur s'emballa. Je fis un tour sur moi-même, cherchant désespérément un moyen de me réveiller avant que tout ne dégénère.
- Eudora, doucement, retentit une voix familière, c'est moi.
Je me figeai avant de me tourner vers la voix. Kalidas. Je clignai vivement des yeux, reconnaissant le décor dans lequel je me trouvais. Une terre brune, poudreuse. Des montagnes brunes se dressant au loin. Un ciel rose.
Le Rôdeur s'avança vers moi, un sourcil haussé. Je me détournai, ne voulant pas croiser son regard. Ce n'était pas que je n'étais pas contente de le revoir, bien au contraire, mais je n'arrivais pas à calmer les battements incessants de mon cœur. Peut-être que s'il n'était pas dans mon champ de vision, mon rythme cardiaque finirait par se calmer.
- Qu'est-ce que tu fais là ? finis-je par lui demander.
- Tu vas bien ? me demanda-t-il en retour.
- Tu n'as pas répondu à ma question.
- Toi non plus.
Je soupirai, contemplant le sol sous mes pieds. Le Rôdeur s'arrêta à mon côté et les battements de mon cœur redoublèrent. Il m'avait cruellement manqué.
- Tu ne devrais pas être ici, soufflai-je, Evilash peut voir tout ce que je vois et entendre tout ce que j'entends. Je ne veux pas qu'elle trouve des moyens de te toucher à travers moi.
Les doigts du Rôdeur se posèrent sur mon menton et il tourna ma tête en sa direction. Tout mon corps s'irradia à son contact. Je détestais les frissons qui me parcouraient l'échine.
- Elle ne me touchera pas, répondit-il. Mais j'aimerais que tu répondes à ma question. J'aimerais savoir comment tu vas.
Je haussai les épaules, reculant de quelques pas pour rompre tout contact.
- Ce serait plutôt à moi de te poser cette question, la dernière fois que je t'ai vu, tu étais à peine conscient.
- Je suis de nouveau sur pied, et je vais bien. Et toi ? J'ai essayé plusieurs fois de te voir lors de ton sommeil, mais c'est bien la première fois que j'y arrive.
Je serrai les poings. J'étais tellement épuisée que je n'avais pas eu assez de force pour rester sur mes gardes dans l'éventualité où un Inception s'introduirait dans mes songes. J'avais eu de la chance que ce soit Kalidas qui en profite et non un Darknil.
- Je suis en vie, répondis-je. Comment va Kairos ?
Le Rôdeur soupira, laissant un faible sourire se dessiner sur son visage.
- Il va bien, il s'est remis de ses blessures lui-aussi. Sanjana et Maève nous ont faussés compagnie. Toi, plus elles, il est un peu sur les nerfs. Il vous recherche.
Je n'étais pas surprise par une telle réponse.
- Elles sont avec moi, avouai-je. Elles m'ont rejointe.
- On s'en doutait.
- Et les autres ? demandai-je. Comment vont-ils ? Comment va Rox ?
Je détournai le regard à cette question, gênée de montrer ouvertement que je me préoccupais d'autrui.
- Elle est restée auprès de Ronan tout le temps de sa convalescence. Mais il va mieux, il est sur pied lui aussi. Ils veulent secourir ceux retenus par la reine, mais on n'a aucun moyen de leur porter secours.
- Ils ne sont plus retenus par la reine, lui avouai-je, on les a libérés.
Kalidas lâcha un petit rire. Il ne semblait même pas surpris, à croire qu'il s'y attendait. Je fronçai les sourcils.
- Tu le savais déjà ? me surpris-je.
Kalidas passa une main dans sa chevelure d'un noir sans fond.
- Tenshi a eu une vision. Il vous a vu, toi et Sanjana, dans le château de la reine. On ne savait pas si vous étiez sorties...
Les yeux du Rôdeur brilla d'une étrange lueur. Je fronçai les sourcils à ce constat et m'approchai face à lui, penchant la tête sur le côté.
- Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogeai-je.
Kalidas passa une nouvelle fois sa main dans ses cheveux abyssales.
- La vision de Tenshi n'était pas très rassurante, expliqua-t-il. Il a vu Sanjana voler contre une vitre qui a explosé sur elle, avant de te voir toi, éjectée contre un mur, à la merci des cavaliers.
Le Rôdeur afficha un petit sourire, se passant encore une fois la main dans les cheveux avant d'avouer ;
- J'ai eu peur pour toi.
Mon cœur n'était définitivement plus opérationnel. J'ouvris la bouche dans un son muet, les joues rosies. Je ne voulais pas qu'il s'inquiète pour moi.
- Je me suis bien fait éjecter et une vitre s'est bien brisée sur Sanjana, mais on s'en est sortie, finis-je par articuler. Rose a volé à notre secours.
Le Rôdeur écarquilla les yeux.
- Rose est avec vous ? s'étonna-t-il.
- Elle nous a rejoint au château, acquiesçai-je. Mais tu n'as plus à t'inquiéter, on est sortie d'affaire.
- Vous êtes où ? Vous avez trouvé un lieu sûr ?
J'opinai de la tête, espérant qu'Hell était réellement digne de confiance et que les cavaliers n'allaient pas se mettre à fouiller les domiciles des civiles.
Kalidas me regarda longuement dans le plus grand silence. J'avais la sensation qu'il avait une question en tête, sans trop oser l'aborder.
- Quelque chose ne va pas ? finis-je par lui demander.
Kalidas lâcha un soupir, semblant hésiter.
- Je voulais savoir si tu avais eu vent de ce qu'il s'est passé dans le village de la Fontaine d'Argent, finit-il par lâcher.
Je haussai un sourcil.
- Non, pourquoi ? Il s'est passé quelque chose ? demandai-je, me doutant déjà de la réponse.
- Il y a eu une attaque, tout le monde en parle. Ce n'est pas une attaque d'Evilash, personne ne sait vraiment de qui il s'agit. Un brouillard noir a envahi le village, beaucoup d'Obscuras ont disparu, beaucoup d'autre sont morts. On raconte que le brouillard était habité par des êtres de l'ombre. Ils les ont appelés les Furies de l'Ombre.
Je restai immobile. J'avais très bien compris de qui il s'agissait.
- Ce sont les Darknils, soufflai-je.
- Je le pense aussi.
- Je ne le pense pas, le rectifiai-je, j'en suis sûre. Dans le château, j'ai entendu parler d'une attaque prévue contre les civils. Il s'agit des Darknils et les membres royaux en sont complices.
Le Rôdeur me contempla en silence, assimilant mes propos. J'en profitai pour poursuivre ;
- C'était la première attaque, mais je doute que ce soit la dernière. Ils veulent réduire la population, faire un massacre en masse.
- Dans quel but ? me demanda le Rôdeur, les yeux agrandis par l'horreur.
- De faire un monde à leur image, selon eux, ricanai-je. C'est du grand n'importe quoi.
Kalidas fronça les sourcils, pensif. Je le contemplai en silence, me demandant à quoi il pouvait bien penser à cet instant précis.
- Tu as entendu la nouvelle au sujet des yeux dorés ? finit-il par me demander.
Je secouai la tête, ne voyant pas de quoi il parlait. Qu'est-ce qu'il se passait encore ?
- Les enfants aux yeux dorés disparaissent un à un, m'apprit-il. C'est une nouvelle qui affole tout le monde. C'est une hécatombe. Chaque nuit, une vingtaine d'enfants sont portés disparus dans le château.
Je restai muette face à cette annonce. Bien sûr... Ronan m'avait appris que déjà auparavant, des enfants aux yeux dorés mouraient mystérieusement durant leur sommeil. Qu'ils étaient dans le collimateur des Darknils. Sachant que les membres influents du château étaient des complices, ils leur étaient facile de s'en prendre aux enfants de Sangs Royaux.
- Evilash ne mentait pas lorsqu'elle a annoncé que tout allait s'accélérer, constatai-je.
Je frôlai du bout des doigts la veste à écaille noire que portait le Rôdeur. La veste qu'il avait conçu de ses mains en hommage au dragon qu'il avait eu autrefois. Kalidas me regarda faire, me contemplant de ses yeux si déstabilisants. Je clignai vivement des yeux pour me sortir de l'envoutement que la présence du Rôdeur avait sur moi.
- J'espère que vous vous êtes mis en sûreté, finis-je par murmurer, n'arrivant pas à refouler mon inquiétude.
- Nous n'avons pas vraiment d'endroit où aller, mais nous avons su trouver un lieu où nous passons plus inaperçus.
Je ne savais pas si cette réponse était satisfaisante...
- On pourrait se rassembler, proposa alors le Rôdeur. Ce n'est pas la meilleure chose à faire que de se disperser. On ferait mieux de se regrouper.
Je secouai vivement la tête de manière négative.
- Je l'ai déjà dit, c'est hors de question. Je suis un espion d'Evilash à mon propre insu, il est hors de question que je sois sa petite caméra de surveillance lui retransmettant vos moindres faits et gestes. Je ne veux pas côtoyer quelqu'un et risquer de le mettre en danger. Si je ne suis pas seule actuellement, c'est parce qu'il était nécessaire de sauver ceux retenus par la reine. Maintenant qu'ils sont sortis d'affaire, je devrais retourner tracer ma route, seule... Seulement...
Je m'interrompis, une boule dans la gorge. Je ne cessais de refouler une réalité qui m'était insupportable.
- Seulement ? répéta Kalidas d'une voix douce.
J'expirai lentement, douloureusement.
- Seulement... Maève va mourir, je le sais. Je n'arrive pas à me faire à l'idée de partir ne me disant que je ne la reverrai jamais, qu'elle sera peut-être morte dans une semaine, ou peut-être dans un mois. Je sais qu'elle ne va pas bien. Elle ne dit rien, mais elle n'est pas au meilleur de sa forme. Je n'arriverai pas à partir tant qu'elle sera en vie.
Maève allait mourir parce que sa version du présent était morte et qu'elle ne pouvait vivre si la version actuelle d'elle-même était morte. Je n'arrivais toujours pas à accepter cette réalité. Je serrai les lèvres, essayant de chasser l'atroce mal de ventre que me causait cette pensée. Kalidas attrapa une mèche de mes cheveux et la glissa derrière mon oreille.
- Ne te sens pas obligé de te couper du monde à cause des propos d'Evilash, m'intima-t-il. Franchement, je doute que tu sois réellement un danger pour nous.
Je restai interdite.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? le questionnai-je.
- Je pense qu'avec tout ce qu'il se passe en ce moment, Evilash a d'autre chose à faire que de se préoccuper de nous. Les Darknils sont apparus au grand jour, les enfants aux yeux dorés disparaissent un à un, la reine continue de traquer quiconque s'oppose à elle. Elle a déjà beaucoup à faire avec eux. Même si elle est informée de ce qu'il se passe de notre côté à travers toi, je ne pense pas qu'elle fera quoique ce soit.
Le Rôdeur passa une main dans sa chevelure d'un air pensif.
- Déjà sans toi, elle arrivait à être au courant de tout, reprit-il. Evilash est naturellement douée pour trouver ce qu'elle cherche et tirer les ficelles. Avec ou sans toi, si elle décide de nous retrouver pour nous faire la misère, ta présence n'y changera rien. C'est vrai qu'elle te prive d'une certaine intimité, mais si elle t'a révélé un tel fait, je pense que c'était surtout pour que tu t'éloignes de nous et te retrouves isolée. C'est ce qu'elle a toujours voulu.
Je fronçai les sourcils à ses mots. Kalidas me regarda droit dans les yeux. Ses yeux rouges. Ses yeux si envoutants.
- Evilash voulait depuis le début que tu prennes tes distances avec les Clandestins, poursuivit Kalidas. Si son but était de nous espionner à ton insu, jamais elle ne t'aurait révélé pouvoir voir et entendre à travers toi, elle l'aurait gardé pour elle afin de l'user à son avantage.
Je restai perplexe. Kalidas n'avait pas tort sur ce point... Mais il ne semblait pas en avoir fini.
- Elle voulait que tu la rejoignes, que tu quittes les Clandestins. Elle a déjà autrefois essayé de t'en éloigner en révélant la vérité sur la Garde Royale Clandestine et leur condition d'hors-la-loi, puis en te faisant croire à tort que j'étais son allié et que Sanjana et Kairos n'étaient pas ceux auquel tu pensais. Mais son plan n'a pas fonctionné. Cette fois-ci, elle s'y est prise autrement. Elle a joué la carte de l'affectif en comprenant que si ta présence pouvait nous mettre en danger, tu t'éloignerais toi-même.
Je déglutis à l'entente des propos du Rôdeur.
- Sans moi, Evilash ne t'aurait jamais enlevé pour nous attirer dans cette grotte. Elle a su où te trouver à travers moi.
Kalidas secoua la tête, visiblement pas d'accord avec mes dires.
- Elle m'a trouvé chez moi, tu y es peut-être déjà venue, mais c'était à ton arrivée. A ce moment-là, je doute qu'elle pouvait déjà voir et entendre à travers toi. Je te l'ai dit, Evilash est douée pour récolter les informations qu'elle désire. En réalité, je suis convaincu que cela faisait déjà quelques années qu'elle savait où je vivais.
Je détournai le regard, devant admettre qu'il avait raison. C'était finalement logique. Mais comment pouvais-je décrypter le comportement de mon double ? Elle ne cessait sans cesse de jouer avec moi et je ne la voyais même pas venir !
- Comment se fait-il que tu habites dans un si immense endroit et que tu possèdes autant de choses ? lui demandai-je alors, m'arrêtant sur ce détail.
Un sourire en coin apparut sur son visage.
- Pour résumer, on pourrait parler d'héritage, m'apprit-il d'un ton mystérieux.
Déroutée, je lui envoyai un regard interrogatif.
- Un héritage ? répétai-je. Mais de qui ? Je pensais que tu n'avais que ton père et que ce dernier vivait dans un petit village avant de mourir, et non une grande ferme coupée de tout.
- C'est vrai, admit-il, je ne parlais pas de mon père en évoquant le terme héritage. De toute façon, il ne m'aurait jamais rien légué, même s'il avait été l'Obscuras le plus riche du royaume.
- Mais qui alors ? m'impatientai-je.
- Un Dompteur. Je l'ai rencontré alors que j'errais de village en village. Il m'a surpris en train de voler ses dragons.
Je retins un rire, lui envoyant un regard amusé.
- Le talentueux voleur s'est déjà fait prendre la main dans le sac, remarquai-je. C'est que tu n'es pas aussi doué que tu le prétends.
Kalidas ria à ma remarque, faisant apparaitre son unique fossette.
- Il a été surpris de voir que je ne volais pas les dragons par simple profit, reprit-il, que je savais m'en occuper et que je prenais grand soin de ces bêtes.
- Il ne t'en a pas voulu ? m'étonnai-je.
- Pas du tout. Il a vite compris que j'étais un enfant des rues. Ce n'est pas quelque chose de rare ici. Il m'a emmené dans sa boutique et m'a dit qu'il ne tiendrait pas compte de mon délit si je travaillais pour lui pour un temps. J'ai nourri ses dragons, m'en suis occupé et en échange, il m'a même donné de quoi manger. Au fil du temps, nous sommes devenus très proches. Il a refusé que je continu à dormir dehors et m'a emmené chez lui. Il possédait une grande ferme, la ferme que tu connais, dans un lieu isolé de tous.
Un petit sourire se dessina sur le visage du Rôdeur en se remémorant ses souvenirs.
- Il m'a appris que ce lieu à l'écart de tout était autrefois le repaire secret des dragonniers et qu'il en était désormais le seul possesseur. J'ai vécu avec lui et il a tenu à ce que ce lieu soit le mien comme le sien.
- Et il est où désormais, ce Dompteur ? lui demandai-je.
Le regard du Rôdeur s'assombrit.
- C'est devenu un Obscurium, m'avoua-t-il d'une voix plus lointaine. Lorsque les gens du village où il travaillait ont compris qu'il se transformait, ils l'ont envoyé de force dans le Soldarum alors même qu'il était encore majoritairement Obscuras. Il doit toujours y être à l'heure actuelle, à moins qu'il ne soit mort. J'ai essayé de le retrouver, de lui rendre visite, mais je ne l'ai jamais revu.
Mon cœur se serra devant les yeux tristes du Rôdeur. Je regrettais d'avoir posé la question. J'effleurai de nouveau la veste à écaille, ne sachant pas quoi dire pour faire ressurgir la lueur taquine dans les yeux du Rôdeur, la troquant à cet air peiné qui m'était désagréable. Mais je n'étais pas douée pour ce genre de choses.
- Peut-être que j'arriverais à le retrouver et à le détransformer, comme je l'ai fait avec Cassius, finis-je par lâcher.
Le Rôdeur me lança un regard amusé.
- Il y a des milliers d'Obscurium dans le Soldarum, tu n'arriveras jamais à le retrouver parmi autant de monde et tu ne vas pas commencer à toucher un à un chaque Obscurium pour retrouver le bon.
Je haussai les épaules.
- Pourquoi pas ? Pour toi, je veux bien le faire.
Je me figeai en me rendant compte de mes propos et mes joues se colorèrent instantanément de rouge.
Kalidas se mit à rire en voyant la mine que j'abordais, augmentant ma gêne. Je cachai mon visage derrière mes cheveux, ne supportant plus ses yeux rouges braqués sur moi, me colorant de la même nuance. Mais le Rôdeur ne me laissa pas me défiler aussi facilement, d'un geste doux de la main, il écarta le rideau de cheveux qui me barrait le visage, me le dégageant. Une lueur amusée brillait dans ses prunelles. Au moins, j'avais réussi à chasser sa peine. Je n'étais pas si nulle en fin de compte.
Le Rôdeur me contempla, sa main retenant toujours mes cheveux pour les empêcher de tomber devant mon visage. J'avais l'impression d'être une torche qui s'embrasait et se consumait entièrement. Lentement, Kalidas passa sa main à l'arrière de ma nuque, me provoquant des frissons électriques dans tout le corps. Puis lentement, il approcha son visage du mien et m'embrassa.
Si plutôt, j'avais cru être une torche enflammée, désormais j'étais une forêt incendiée. Et j'étais désintégrée. Mais j'adorais l'être. Ses lèvres sur les miennes étaient douces, son contact était électrisant. Le monde tournait trop vite, les secondes étaient au ralenti, et j'espérais que jamais cet instant ne prenne fin.
Mais Kalidas recula, mettant fin au baiser, creusant un manque dans chaque organe constituant mon corps. C'était trop rapide. Tout mon être en réclamait davantage. Et j'étais encore plus rouge que la plus rouge des tomates.
- Tu m'avais demandé que la prochaine fois, je t'embrasse sous ma réelle apparence, me souffla le Rôdeur à l'oreille. C'est chose faite.
Et je devins encore plus rouge que précédemment, dans l'éventualité que ce soit encore possible. Je me souvenais trop bien de ce moment où, dans le couloir, je lui avais soufflé que je préférais sa véritable apparence et qu'à l'avenir, il devrait m'embrasser sous cette forme. Après, je n'avais pas assumé mes propos et m'étais enfuie dans les couloirs. C'était juste avant qu'Evilash ne me le retire. Juste avant qu'il ne disparaisse.
- J'aime te voir rougir, me lança le Rôdeur en s'écartant, me regardant avec un sourire en coin alors que je me consumais sur place.
Quand ses mots prirent sens dans mon esprit, je poussai un cri de gêne et cachai mon visage derrière mes mains, comme si ce geste pouvait me faire disparaître hors de la vue du Rôdeur.
Ce dernier éclata de rire.
Son rire eut l'effet de petits frissons électriques me parcourant tout le corps. Je voulus redresser la tête, dévorer le Rôdeur du regard alors que sa fossette creusait sa joue, mais je me sentis tirer en arrière. Le décor disparut autour de moi et je compris que j'étais en train de me réveiller.
J'aurais voulu passer ma vie à dormir.
***
NDA : Me voilà en ce dimanche pour ce chapitre tout calme (sauf pour le cœur d'Eudora, oups) j'espère qu'il a été à votre goût. Il y avait un moment qu'on n'avait pas eu le droit à un moment Kalidora 😏 (Kalidas/Eudora)
- Les yeux dorés disparaissent ! Que dire de cette nouvelle ?
- Kalidas qui est convaincu qu'Evilash n'a pas besoin d'Eudora pour les espionner et qu'il est donc inutile qu'Eudora reste seule, vous êtes d'accord ?
- Ce moment entre Kalidas et Eudora, vous l'avez vécu comment ?
Brefouille, je vous dis à la prochaine ! Kissy kissy 💙
Nakijo.
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