0. Aicard.

NDA : Hey ! Oui, me revoilà déjà ! Étant donné que j'ai posté il y a deux jours, faites attention de bien avoir vu la notif précédente et d'avoir lu le chapitre d'avant, avant de lire celui-ci !

Voilà voilà, bonne lecture !

*

- Elle ne nous aidera pas, assura Sandra. Aicard, cette fille n'est pas normale. Il y a quelque chose chez elle qui me cri de me méfier.

Je me pris la tête entre les mains, réfléchissant à vive allure. Tout allait trop vite. Nous avions trop peu de temps devant nous. C'était une course contre la montre. Une course contre la mort.

Sandra avait été la première à prendre sa forme d'Obscuras. Vive d'esprit et préférant rentrer dans l'action plutôt que fuir, elle s'était aventurée en terrain ennemi pour soulever les mystères des Obscuriums au lieu de fuir dans le royaume pour se construire une vie. Dans sa quête de réponse, elle n'avait pas tardé à découvrir les monstrueuses machinations qui se cachaient dans l'ombre de tous. Nous étions en danger, rester dans le Soldarum, dans ce royaume, ne nous mènerait qu'à la mort. Parce que nous avions touché l'éternel. Parce que l'immortalité valait la peine de mort. Parce qu'ici, nous n'étions vu que comme de perfides cobayes.

Je me sentais encore faible, fragilisé par la transformation en Obscuras, mais je n'avais pas le temps de m'apitoyer sur mon état. Il y avait plus urgent. Tant pis si mes jambes cédaient sous l'effort, si mon corps ne suivait pas la course, mais il fallait que je les protège.

Marin.

Eudora.

Ce n'étaient que des bébés. Ils méritaient une chance de vivre et de grandir dans un monde où le danger ne les guettait pas à chaque coin de rue. Et ce monde, ce n'était pas Obscuratium. Avant même de découvrir l'existence de ces monstres, appelés Darknils, ce royaume était tout sauf idyllique. La racisme, l'inégalité, la misère, la pauvreté... tant de choses allait de travers. C'était un avenir que je refusais à mes enfants. Ils se devaient de grandir dans un environnement propice au bonheur.

Il fallait fuir. Quitter ces terres. Partir vers un monde meilleur, et si l'utopie n'était qu'un fantasme, si l'utopie était impossible, inexistant dans toute la galaxie, il allait falloir choisir une planète où nous pourrions nous adapter, y vivre, et créer un quotidien joyeux loin du chaos. Et la planète y correspondant et possédant l'accès la plus simple n'était autre que la Terre.

Malgré ma détermination, partir était un crève-cœur. Contrairement à Sandra, j'avais grandi en Obscuras, j'avais créé des liens avec ceux vivants autour de moi. J'avais eu une vie, construit des souvenirs, des liens sentimentaux. Les adieux n'étaient jamais simples. Mais de toute façon, plus rien ne me retenait ici. Je n'avais plus d'amis, plus de famille, plus rien. Ils avaient été tous tués pour ce que j'étais. Parce que j'étais un Obscurium, qu'ils s'intéressaient de trop prêt à ce que je devenais, ils avaient été tués. Et la plaie béante qu'avait causé cette découverte continuait de me faire souffrir. Mais je n'avais pas le temps de pleurer mes morts, je n'avais pas le temps pour les lamentations. Si je voulais sauver ce qui me restait, j'allais devoir tenir le coup. Et j'étais déterminé à y parvenir.

Il ne me restait que mon frère, Simo. Il avait miraculeusement échappé au courroux des Darknils. Il avait échappé à leur radar. Simo et Kairos étaient partis de leur côté, chercher Jana, l'épouse de Kairos. Ils se connaissaient depuis l'enfance et partageaient un lien fusionnel. Mais Jana était tombée malade en grandissant, une maladie que personne n'avait pu expliquer ou soigner. Une maladie qui lui serait un jour fatale, la dévorant petit à petit. Lorsque Kairos avait commencé à se changer en Obscurium, il avait perdu pied. Et il l'avait caché à celle qu'il aimait. Il craignait qu'en le découvrant, en découvrant qu'il allait périr, d'une certaine manière, Jana ne se laisse emporter par la maladie. Il avait alors menti. Assuré qu'il partait pour un très long voyage dans le but de la guérir, de trouver une solution à sa maladie, et qu'il ne reviendrait pas tant qu'il n'aurait pas la solution à ses maux. Puis, il était parti au Soldarum et avait attendu ce qui était pour lui un semblant d'agonie, se transformant en Obscurium, entouré de ces êtres déjà déshumanisés.

Dès que Kairos était sorti de son état d'Obscurium, avec l'aide de Sandra, il n'avait eu qu'un prénom à la bouche ; Jana. Il était conscient qu'il nous fallait fuir, partir de ce royaume pour éviter la mort, mais il avait été catégorique ; il ne partirait pas sans elle !

Et on n'avait pas pu aller à l'encontre de son souhait. C'était compréhensible.

J'avais rencontré Kairos sous ma forme d'Obscurium, alors qu'il m'était impossible de communiquer autrement que par le toucher et le partage de sensations. Etrangement, malgré les restrictions pour communiquer, nous étions parvenus à créer des liens forts. Des affinités s'étaient construites. Car contrairement à ce que l'on pensait, les Obscuriums n'étaient pas tant dépourvu de vie et d'humanité. Nous étions simplement coincés dans notre propre esprit, incapable de voir et d'interagir avec le monde. On voyait le monde à travers des éclats de couleurs difformes, on communiquait avec ces mêmes couleurs et avec des sensations. C'était différent de ce que l'on connaissait en tant qu'Obscuras, mais pour l'avoir vécu, c'était tout aussi intense et profond. Simplement un moyen différent d'appréhender le monde.

- On fait ce que je t'ai dit, s'entêta Sandra, tournant en rond tel un lion en cage.

- On aura besoin de Zara pour quitter ce royaume, lui fis-je remarquer, je sais que tu ne lui fais pas confiance, mais elle m'a assuré pouvoir nous dégoter la pierre qu'il nous faut pour la téléportation.

- Cette Triviale put l'insécurité, protesta Sandra, il y a cette lueur dans son regard qui hurle à la trahison. Elle se joue de nous. Fait confiance en mon instinct, je sais qu'il n'est pas tout le temps fiable, que j'ai la méfiance exacerbée, mais là, je suis sûre de ne pas me tromper.

J'acquiesçai, prenant en compte son ressenti.

- Comment veux-tu dégoter cette pierre sans elle ? Je sais bien que je suis un Rôdeur, mais je suis aussi en cavale, voler les membres royaux risque de nous compliquer encore plus la vie.

- On n'a pas le choix, on va devoir s'en charger nous-même, se borna-t-elle. De toute façon, la mort nous court déjà après, alors enfreindre une règle de plus ne changera rien à la situation.

Je finis par acquiescer, me reposant sur son jugement. Nous ferons les choses à sa manière. Sandra posa un doigt sur mon torse, ses yeux d'étoiles me dévisageant avec intensité. Elle avait un côté sauvage et imprévisible qui ne la rendait que plus belle.

- Vole aussi les Artéfacts, m'intima-t-elle.

J'écarquillai les yeux.

- Tu n'es pas sérieuse ? m'ébahis-je.

Mais je n'avais pas besoin de réponse pour comprendre qu'elle était tout ce qu'il y avait de plus sérieux. Son regard brûlait d'intensité.

- Vole-les, s'entêta-t-elle, ce sera un moyen de pression suffisant pour qu'on ait la vie sauve. Et cela permettra également de leur mettre des bâtons dans les roues et d'entraver leurs projets.

Je ne pus cacher un sourire qui démangeait mon visage.

- Je vois, ce n'est pas bête, admis-je.

Sandra haussa un sourcil, satisfaite que nous tombions d'accord. Elle lança un regard hésitant au fond de la pièce dans laquelle on s'était réfugiés avant de porter son regard sur la porte menant à l'extérieur. Son attitude m'interpella.

- Qu'est-ce que tu as en tête ? me raidis-je.

- Va faire ce qui est convenu, je m'en vais retarder les Darknils.

Je me figeai, le cœur battant.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ?

- Transformer le plus d'Obscurium possible, me répondit-elle, une flamme intense brûlant dans ses prunelles, je les sortirai de leur état pour leur donner une chance d'échapper à l'emprise de ces monstres. Avec autant d'immortels en fuites, ils ne sauront plus où donner de la tête, on aura une chance de plus de notre côté pour parvenir à leur échapper.

Je me crispai. Cette fois, je ne pouvais pas adhérer à son projet.

- Tu sais très bien ce qu'il se passe lorsqu'un Phénix transforme trop d'Obscurium, protestai-je, surtout lorsqu'il en transforme beaucoup dans un si court lapse de temps. Tu vas détruire ton esprit, briser ta mémoire. Tu nous as déjà transformé il y a peu, il faut que tu te préserves.

Sandra secoua la tête. Elle était bornée, et lorsqu'elle avait une idée en tête, il était impossible de la dissuader.

- Je ferai attention. J'ai encore l'énergie nécessaire pour pouvoir accomplir cette tâche sans en subir de conséquences. Je transformerai le nombre qu'il faut avant de franchir la limite qui me ferait du tort. Je n'en transformerai pas un de plus, ni un de moins. Ne t'inquiète pas, je le sens lorsque j'atteins la limite.

Je ne pouvais m'empêcher d'être inquiet.

- N'oublie pas que tu dois également transformer Jana, nous l'avions promis à Kairos.

Sandra acquiesça.

- Je la prendrai en compte, ne t'en fais pas.

Elle me caressa doucement la joue, espérant chasser toutes mes angoisses. Mais c'était impossible. Tant que ma famille serait en danger, je ne pouvais détendre mes membres. J'étais une boule de nerf et d'anxiété. Je voulais les protéger. Tous. Tant que je serai vivant, je me promettais de jamais laisser quiconque leur faire du mal.

- Soit, consentis-je, mais on ne peut pas laisser les enfants seuls. C'est trop dangereux.

Sandra lança une nouvelle fois un regard hésitant en direction du fond de la pièce où se trouvait Marin et Eudora. Ils étaient calmes, ne criaient pas, ne pleuraient pas, comme si instinctivement, ils avaient compris l'importance qu'avait la discrétion en ce moment même.

- Nous n'en aurons pas pour longtemps, ils seront en sécurité ici. Le repaire de Kairos est un endroit sûr pour le moment.

Elle n'avait pas tort, d'autant plus que Simo et Kairos n'allaient plus tarder à revenir en compagnie de Jana. Mais les laisser seuls, même quelques minutes, me serrait le cœur. J'avais besoin d'être auprès d'eux, pour veiller sur eux, et pour m'assurer qu'il ne leur arrivait rien. Mais nous n'avions pas le choix, alors, je finis par acquiescer. Sandra me fit un rapide baisé avant de quitter les lieux dans un nuage de cendres. J'inspirai lentement, comprenant que je devais moi aussi y aller. Le temps était compté.

Je m'approchai de mes deux enfants. Eudora s'était endormie. Elle abordait un air si paisible que mon cœur s'allégea d'un coup. Marin, lui, était éveillé et me contemplait avec de grands yeux. Du haut de ses trois ans, c'était un enfant plutôt calme et observateur. Il pleurait peu. Parlait peu. Une lueur d'intelligence brillait dans ses pupilles. Je posai ma main sur sa tête, un sourire paternel sur les lèvres.

- Papa revient bientôt, lui intimai-je, soyez sage tous les deux, d'accord ?

Marin, me contempla de ses grands yeux stellaires et hocha lentement la tête. Je lui souris, sentant tout l'amour que je portais pour eux affluer en moi, et quittai les lieux.

Il me fallut un plus de temps que prévu pour m'introduire dans le palais royal, mais rapidement, mon instinct prit le dessus et je me sentis alors dans mon élément. M'introduire dans les lieux sans me faire remarquer, être une ombre dans le décor, survoler les lieux, escalader les murs, c'était dans ma nature.

Après quelques minutes qui me donnèrent des sueurs froides, la peur au vendre à l'idée de me faire prendre sans rien accomplir, je parvins à mon but. A peine eussè-je les Artéfacts entre les mains que je les rendis imperceptibles grâce à mon pouvoir de rendre translucide ce qui se trouvait sous mon regard. Alors que j'avais tout ce que j'étais venu chercher et que je m'apprêtais à m'en aller, retrouver ma famille, pour quitter une bonne fois pour toute ce royaume de morts et de souffrances, une voix emplie de douleur s'éleva.

Je me figeai, hésitant entre partir en ignorant l'être qui souffrait dans une pièce voisine ou m'y rendre pour lui porter secours au risque de me faire prendre. Me maudissant intérieurement, je fis le choix de l'ignorer. Je devais rejoindre mes proches, nous n'avions que peu de temps avant que l'on nous retrouve. Nos vies en dépendaient. Je ne pouvais pas sauver tout le monde.

Un nouveau cri de douleur me parvint, ébranlant ma conscience. Que valais-je si je laissais un être souffrir, dans une parfaite indifférence ? Serais-je alors à l'image de mes bourreaux ?

L'esprit torturé par cet ultimatum, je finis par rebrousser chemin en quête de la pièce où émanait ces sons. Je finis par déboucher dans une salle de torture. Un jeune Obscuras était suspendu à des chaines, fixées à un mur. Il avait le visage tuméfié et semblait souffrir au niveau des côtes. Je m'approchai prudemment. Son regard se porta sur moi, m'entendant arriver.

- Je vous en prie, aidez-moi, supplia-t-il d'une voix emplie de désespoir.

Je fronçai les sourcils.

- J'ignorais que cette partie du château abritait des salles à l'usage aussi monstrueuse, avouai-je. Pourquoi vous a-t-on enfermé ici ?

Le prisonnier déglutit difficilement, les traits crispés par la douleur.

- J'ai vu des choses que je n'étais pas censé voir, avoua-t-il en regardant autour de lui telle une bête traquée. Qui êtes-vous ? Vous ne venez pas du palais, c'est évident.

Je restai impassible, méfiant quant aux réponses à lui fournir.

- Je... effectivement, je ne suis pas d'ici. Qu'avez-vous vu qui vaut un tel traitement ?

Le prisonnier hésita, puis secoua la tête, apeuré des représailles qui pourraient lui tomber dessus en dévoilant son savoir.

- Que vous me le racontiez ou non, votre situation ne pourra pas s'aggraver, fis-je remarquer, mais j'aimerais savoir à qui j'ai affaire avant de libérer un inconnu.

A l'évocation de sa libération, son regard s'illumina d'espoir.

- J'ai... balbutia-t-il, j'ai découvert une machination autour des Obscuriums. J'ai des proches qui se sont changés et j'ai voulu enquêter. Je ne pensais pas découvrir ce que j'y ai découvert. Il y a des choses pas nettes qui se déroulent dans ce royaume, m'intima-t-il, on est tous en danger.

Mon sang avait cessé de circuler dans mes veines. J'hésitai. Puis, je me saisis de ses chaînes pour faire sauter la serrure. Je n'avais pas le temps de jauger cet individu, de savoir si je pouvais lui faire confiance, mais nous étions dans le même bateau et je ne pouvais pas le laisser à son sort. Je ne me le serais jamais pardonné.

Seul le temps nous dirait s'il était digne de confiance, en attendant, je comptais bien le tenir à l'œil.

- Merci, souffla l'inconnu.

- Tu ne seras pas en sécurité tant que tu seras dans ce monde, suis-moi, lui intimai-je.

L'inconnu obéit sans protester, nerveux au moindre bruit, comme soucieux d'être repéré par ses bourreaux.

- Je m'appelle Aicard, lui lançai-je alors qu'on s'éclipsait ensemble du palais.

L'ex-prisonnier me répondit d'un signe de tête avant de se présenter à son tour ;

- Samaël.

Et le loup entra dans la bergerie.

*

NDA : Et voilà, ce tome est terminé ! Mais bien entendu, le début du dernier tome arrive très prochainement !

- Ce nouveau point de vu, vous l'avez trouvé comment ?

Je compte poster demain une partie sur ce tome pour vous présenter le dernier tome et vous donner toutes les informations nécessaires ! Donc on se dit à très bientôt !

Kissy kissy 💙

#Nakijo.

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