9. Évasion.
J'ouvris la porte de ma chambre et le garde se tourna aussitôt vers moi.
- Vous désireriez quelque chose ? demanda-t-il. Il ne semblait même pas étonné que je l'accoste en pleine nuit. J'avais attendu le milieu de la nuit pour passer à l'action, ainsi, j'avais moins à redouter que l'on me surprenne.
- Y a une bestiole bizarre dans les toilettes, me plaignis-je. Le garde sembla surpris. Débarrassez-moi de ça, m'énervai-je en le voyant rester stoïque. L'homme soupira.
- La dangereuse invitée à peur des petites bêtes, marmonna-t-il, c'est bon à retenir. Je levai les yeux au ciel et le suivis dans la salle de bain intégrée à ma chambre.
- On dirait un cafard immonde, ajoutai-je d'une voix plaintive. Question cinéma, je méritais la palme d'or.
- Je ne vois rien, rétorqua le garde.
- Il y en a un gros devant moi, dis je en le désignant avant de le pousser violemment contre le lavabo et de fermer la porte avant de la bloquer avec une commode. Enfermer les gens dans une pièce semblait être devenu une passion.
Je partis en courant, hors de la pièce, me saisissant d'un chandelier au passage. Je fis une escale dans le placard à balais afin de prendre l'adhésif gris très résistant. J'en aurais besoin.
Il ne me restait plus désormais qu'à rejoindre les cellules hautement sécurisées. J'avais bien fait de balancer Kalidas pour l'empêcher de s'enfuir, car finalement, j'allais avoir besoin de lui.
Me dirigeant dans les couloirs, je marchais le plus silencieusement possible afin de ne pas me faire repérer. Heureusement que les deux gardes royales avaient enfermé Kalidas dans sa nouvelle cellule sous mes yeux, ainsi, je savais où il était enfermé. Le problème, c'est qu'il y avait des gardes.
Arrivant devant la porte de la tour aux prisonniers, je vis un garde, droit comme un I, posté devant l'entrée. Il ne m'avait pas encore vu.
Je cachai mon chandelier et mon adhésif derrière mon dos et m'avançai. Le garde se tourna vers moi.
- Que venez-vous faire ici ? me demanda-t-il d'un ton dur.
- Vous connaissez un certain Rôdeur, voleur de papiers confidentiels ? demandai-je avec innocence. Le gardien à la peau de terre fronça ses sourcils d'herbe.
- Bien sûr, c'est l'un de nos prisonniers.
- Ah bon ! m'étonnai-je, pourtant, je l'ai croisé il n'y a pas deux minutes dans les couloirs. Le garde fit un bon de surprise et parti en vitesse pour prévenir du monde, mais avant qu'il ne puisse me fausser compagnie, je l'assommai avec mon chandelier. Un bon coup dans la nuque, y avait que ça de vrai.
Je me mis ensuite à le ligoter fermement avec l'adhésif avant de le coller au mur. Je finis mon œuvre en collant un morceau d'adhésif sur sa bouche. Une fois débarrassé du premier garde, j'entrai dans la tour. Je montais les escaliers en prenant soin à ne pas faire claquer mes pieds sur les marches.
Heureusement, Kalidas n'était pas enfermé tout en haut. J'avais dû mal à croire que j'aurais réussi à puiser assez de courage pour tout monter. Les marches étaient étroites et semblaient interminables.
Arrivée au bon étage, je m'engageai dans un couloir jusqu'à la cellule du Rôdeur. Un garde se tenait devant l'entrée. Je me mis à courir vers lui, prenant l'air le plus affolé possible.
- Les gardes ont été assommés, le préviens-je, réussissant à humidifier mes yeux pour faire croire que la panique faisait monter mes larmes. Décidément, j'aurais pu me lancer dans une carrière d'actrice.
Le garde sembla stupéfait et s'avança dans les couloirs, dès qu'il fut dos à moi, je le frappai à la nuque. Son corps tomba lourdement sur le sol. Brandissant mon adhésif, je le ligotai avant de l'attacher au barreau. Heureusement que je n'avais croisé que deux gardes, j'étais à la fin du rouleau adhésif. Le dernier morceau servi à lui couvrir la bouche.
Je m'approchai de la cellule où Kalidas m'observait, les yeux écarquillés.
- Je suis venue te libérer, lui dis-je allant droit au but, mais j'aurais besoin d'un service en retour. Le prisonnier fronça les sourcils.
- J'ai le droit de m'inquiéter lorsque tu parles de service ? demanda-t-il d'un air soupçonneux. Puis, au fond, ça serait la moindre des choses que tu me libères, étant donné que si je suis ici, c'est entièrement de ta faute. Je haussai les épaules.
- Tu n'avais qu'à pas être aussi crédule et raconter tes plans d'évasion au premier venu, me défendis-je. Prends ça comme une leçon de vie. Kalidas souris, laissant une fossette creuser sa joue droite.
- Une leçon de vie ?
- Bien sûr, la prochaine fois ça t'évitera d'être retenu prisonnier, ajoutai-je.
- Qui te dit que je suis retenu captif ? me demanda-t-il, les yeux pétillants. Je fronçai les sourcils.
- Au cas où tu aurais un problème de perception, tu es en ce moment même enfermé dans une prison, les mains attachées derrière le dos et fixées au mur de pierre, analysai-je. Le Rôdeur éclata de rire et fit passer ses mains devant lui, les agitants. Elles étaient libres. Il se releva, s'approchant de la grille qui nous séparait.
- Comment ? demandai-je, ouvrant de grand yeux.
- Je suis un Rôdeur, il ne faut pas me sous-estimer, m'apprit-il en haussant un sourcil. D'ailleurs, pour ta gouverne, je me doutais que tu me balancerais, mais j'avais envie d'analyser tes réactions. Par contre, je ne m'attendais pas à te voir revenir, réclamant une faveur. J'en restais figée. M'analyser ? Où était l'intérêt ? Pourtant, c'est une toute autre question qui franchit mes lèvres ;
- Si tu as les capacités de sortir d'ici, pourquoi ne pas l'avoir fait ? Kalidas passa une main dans sa chevelure noir, tellement sombre, qu'on aurait dit que sa main plongée dans le néant.
- C'est un peu des vacances ici, rester dans le château me repose, répondit-il dans un sourire. Il était fou. Il n'y avait pas d'autre explication. Qui était assez demeuré pour préférer passer son temps dans une cellule humide ? À moins qu'il ne bluffait... ? Comment le savoir ?
- Je ne te crois pas, avouai-je alors. Cette prison est loin d'être le synonyme de confortable. Kalidas haussa les épaules.
- Je suis logé, nourrit... Que demander de mieux ? Il prit une pause, me détaillant de ses yeux rouges. Enfin, je ne suis pas sûr qu'une fille gâtée puisse comprendre une telle chose.
- Gâté ! commençai-je à m'énerver.
- Sinon, pourquoi es-tu là ? De quoi as-tu besoin ? demanda le Rôdeur, ignorant ma remarque. Je tentai de calmer mes nerfs, sachant éperdument que ça ne mènerait a rien de m'énerver maintenant. J'avais besoin de lui.
- Arrête-moi si j'ai mal compris, mais un Rôdeur, en plus d'être un excellent voleur est aussi un maître de l'évasion ? Tu es un peu le Houdini d'Obscuratium.
- Je ne sais pas qui est Houdini, mais je suis flatté que tu connaisses enfin le lieu où tu te trouves. Mais en gros, oui, on peut dire cela comme ça. Et alors ?
- J'aurais besoin de tes dons pour me faire sortir d'ici. Par ''ici'', je parle du château, expliquai-je sous son regard ahuri.
- Mais... mais pour quoi faire ? s'étonna-t-il. Je levai les yeux au ciel, excédée.
- Ce sont mes affaires, tu n'as pas à le savoir.
- Si je dois t'aider à t'évader d'ici, si on peut formuler les choses ainsi, je tiens à savoir pourquoi, s'entêta le détenu. Je soupirai bruyamment pour bien lui faire comprendre qu'il me gavait.
- Bon, d'accord, acceptai-je finalement. Je n'ai pas confiance en ces gens, en toi non plus d'ailleurs, et je refuse qu'ils m'utilisent pour leurs petits besoins.
- Pour leurs petits besoins ? s'offusqua le Rôdeur. Tu ne sais même pas ce qu'ils veulent !
- Bien sûr que si ! Ils ont fini par me le dire, avant que je ne surprenne une conversation comme quoi une fois que j'aurais accompli ma tâche, ils se débarrasseraient de moi, détaillai-je en faisant passer toute ma rage dans mes mots. S'ils croient après ça que je vais les aider à vaincre leur Evilash je-ne-sais-pas-quoi...
- Tu as dû mal comprendre, ils ne feraient jamais ça ! me contredit le jeune homme.
- Je sais ce que j'ai entendu !
- Tu n'as pas dû le prendre dans le bon contexte, se buta-t-il si bien qu'il en vint à m'exaspérer au plus haut point.
- Je te dis que je sais ce que j'ai entendu, arrête de remettre ma parole en doute ! m'énervai-je. Alors, tu veux bien m'aider. J'entendis un grognement provenant de derrière moi et je me retournai. Le garde reprenait conscience. Je fis un geste de la main en direction de Kalidas pour lui faire signe d'attendre et rejoins le garde. Munie de mon chandelier, je lui taper un nouveau coup dans le crâne pour l'endormir de nouveau. Je ne voulais pas qu'il entende notre conversation... J'espérai seulement que l'autre garde était encore inconscient... Mais je devais me dépêcher, il n'y avait aucun doute là-dessus.
- Décide-toi au lieu de me faire perdre mon temps, ajoutai-je, commençant à perdre le peu de patience que je possédais.
- J'insiste sur le fait que c'est une mauvaise idée, protesta le Rôdeur. Ils ne te veulent aucun mal et c'est pour une juste cause qu'ils te demandent de combattre. Vaincre Evilash reviendrait à sauver nos deux mondes.
- Il est hors de question que je les aide dans leur mission, si le monde se meurt, tant pis. Je ne veux rien avoir à faire avec ces gens-là, dis-je en croisant les bras contre ma poitrine.
- Tu ne changeras pas d'avis, et même si je refuse, tu trouveras quand même le moyen de partir, je me trompe ? m'interrogea-t-il, bien qu'il semblait déjà connaître la réponse.
- Effectivement, avouai-je.
- Je ne vais pas te laisser vagabonder dans un monde dont tu ne connais rien, soupira-t-il, c'est d'accord. Je retiens un sourire de satisfaction à l'entente de ces mots.
- Ok, tu sais sortir de ta cellule tout seul où je récupère les clefs du garde ? demandai-je. Kalidas leva les yeux au ciel.
- Tu les crois assez stupides pour confier les clefs au gardien ? s'amusa-t-il. Mais ne t'en fais pas, je sais très bien sortir d'ici par mes propres moyens.
Sur ces belles paroles, le Rôdeur m'envoya un clin d'œil qui eut le don de m'agacer. Puis, le jeune homme se trouva à mes côtes comme par magie. Je fis un bond de surprise.
- Comment ? m'étonnai-je, frustrée d'avoir sursauté devant lui.
- Il s'agit de l'un de mes dons individuel, m'apprit-il. Mais je ne sais pas encore téléporter d'autre personne avec moi, il faut que je le travaille. Dommage... Ça nous aurait été bien pratique, mais on va devoir sortir à pied, termina-t-il.
- Et vite, avant qu'ils ne remarquent quelque chose, le pressai-je.
- Donne-moi la main, m'ordonna le Rôdeur.
- Pour quoi faire ?
- Parce que je veux t'épouser, s'exaspera-t-il. Plus sérieusement, si tu requiers mon aide pour sortir d'ici, fais au moins ce que je te demande.
À contre cœur, je pris donc sa main. Aussitôt, nous disparûmes. Nous étions désormais invisibles. Sans attendre un instant de plus, Kalidas me mena dans les couloirs.
***
NDA : Hey !
Me revoilà avec le chapitre de la semaine !
Petites questions :
- Qu'avez-vous pensé de l'échange entre Kalidas et Eudora ?
- Une réaction face à ce qu'à fait subir Eudora aux gardes ?
- Les pouvoirs de Kalidas, quelque chose à dire là dessus ? Une réaction face au fait qu'il aurait pu partir des prisons dès le début ?
Voilà, à la semaine prochaine et bonnes vacances à ceux qui ont la chance de les entamer 😭❤️ !
Kissy kissy ❤️ #Nakijo.
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