7. Evilash et la symbolique des yeux.
Kalidas avait été transféré dans un lieu beaucoup plus sécurisé. Même Houdini n'aurait jamais réussi à s'enfuir d'un tel endroit. Il devait bien me haïr désormais.
Depuis, je cheminais aux côtés des deux êtres atypiques qui m'emmenaient voir la reine. J'espérai en finir au plus tôt, tous ces événements commençaient sérieusement à me gaver.
- Vous l'avez retrouvée ! s'écria la fille poisson d'un ton soulagé. Au son de sa voix, les autres membres de la garde royale arrivèrent dans le couloir. Voyant le clown ailé arriver parmi eux, mon sang ne fit qu'un tour. Sans réfléchir, je me jetai sur elle.
- Toi ! Je vais te tuer ! hurlai-je en la faisant basculer au sol par la force de mon poids. Je tombais lourdement sur elle, sous les cris de ceux nous entourant. Malheureusement, mon geste était précipité, je n'avais aucune arme sur moi. Je me contentai donc de tirer ses cheveux de soleil avec force. Je sentis des bras solides se refermer autour de ma taille et me tirer en arrière. L'imposant adolescent à l'œil unique et la peau mauve me maintenait fermement hors de ma prise. Je me mis à hurler comme un beau diable tandis que ma proie se relevait avec grâce.
- Lâche-moi gros thon que je lui règle son compte ! hurlai-je en donnant de puissant coup de pied dans le corps du géant. Mais celui-ci ne vacilla même pas.
- Calme-toi, grinça le garçon mauve entre ses dents.
- Non ! Je vais lui faire payer ! continuai-je. Elle m'a ridiculisée pour son bon plaisir.
- Je n'ai pas cherché à te ridiculiser, juste à te montrer que tu n'étais pas le monstre que tu prétends être, intervint le clown. Je savais que tu en serais incapable. Avant que je ne puisse sortir un flot d'insultes, le jeune homme à la peau mauve me plaqua sa main contre ma bouche pour me faire taire. Je lui mordis la paume, mais il ne broncha même pas.
- Ce n'est pas que votre conversation ne m'intéresse pas, mais nous perdons du temps. La reine nous attend, annonça mon détenteur d'une voix grave. Il me souleva comme si je n'étais qu'un poids de plume et entra dans la grande pièce au tapi bleu somptueux. La reine était assise dans une chaise de velours aux trèfles d'or. J'en restais les yeux écarquillés.
Je m'attendais à ce que la reine soit plus âgée, devant avoir l'âge de ma mère ou peut-être même de la reine d'Angleterre, mais pas du tout. Elle avait mon âge, plus ou moins. Elle possédait de longs et épais cheveux rouges qui tombaient en boucles sur son dos. Sa peau d'albâtre semblait être emplie de minuscules cristaux tellement elle scintillait. Ses yeux dorés me détaillaient dans le plus grand silence. Encore des yeux dorés. Les mêmes que ceux de la fille aux écailles de poisson et le garçon aux cheveux électriques.
La reine portait un diadème d'argent sur la tête où un motif de serpent se trouvant au centre, s'enroulait autour d'une lune allongée.
Elle pouvait sembler incroyable, voir même intimidante avec un tel physique et une telle carrure. Si ce n'est qu'un détail détonnait sur tout le reste. La reine mangeait des bananes amenées sur un plateau et nous regardait la bouche pleine.
- Nous l'avons retrouvée, lui annonça l'homme mauve d'une voix respectueuse en me levant légèrement comme pour le prouver. À croire que la reine ne pouvait pas se rendre compte elle-même de ma présence. Au fond, elle était peut-être trop occupée à manger ses bananes...
- Repose là et libère là, ce n'est pas des manières de se comporter ainsi, s'indigna la reine en direction du géant mauve après avoir avalé le contenu se trouvant dans sa bouche. Je sentis la main du géant se décoller de ma bouche et libérer sa prise à ma taille. Mes pieds retrouvèrent le sol. Une fois libre, l'idée de me jeter une nouvelle fois sur le clown était bien tentante, il fallait tout de même admettre que ça ne mènerait nulle part. Ils étaient trop nombreux, ils m'empêcheraient d'arriver à ma proie et avec ces conflits, jamais je ne retrouverai mon quotidien.
- Elle veut s'en prendre à Circé, la prévient le type à la peau mauve. Alors comme ça, le clown ailé avait un nom... Un nom mythologique en plus de ça...
- Et comment le lui reprocher ? Je vous la laisse sous votre responsabilité pendant une heure et vous trouvez le moyen de semer la discorde ! C'est à se demander si on peut vous faire confiance.
- Mais... bredouilla le géant qui me dépassait de trois têtes.
- Il n'y a pas de ''mais'' qui tienne, le rabroua-t-elle. On reparlera de cette histoire plus tard. Son regard se posa sur moi. J'imagine que beaucoup de questions doivent t'embrumer l'esprit...
- Enfaite, pas tant que ça, la coupai-je, voulant m'épargner son baratin. J'aimerais juste rentrer chez moi. La garde royale sembla indignée par mon manque de politesse. La reine reposa sa peau de banane sur son plateau avant de me regarder paisiblement.
- Ce qui est entièrement compréhensible, admit-elle. Mais nous avons besoin de toi...
- J'en ai rien à faire, la coupai-je de nouveau. Je n'ai rien à y gagner, en plus, je ne vous ai rien demandé.
- Ton point de vu à beau être honorable, laisse-moi finir avant de te rebuter, s'agaça la reine en prenant une nouvelle banane.
- Faites vite alors, je sens déjà un bâillement m'engourdir, raillai-je. La reine ne releva pas ma remarque.
- Tu dois probablement te demander ce que tu fais là et qui sommes nous, commença la reine. Nous sommes des Obscuras et tu es dans Obscuratium. Je n'en avais que faire de ce qu'ils pouvaient bien être, mais je ne le lui dis pas. Autant en finir au plus vite. La reine reprit : Depuis quelques années, nous subissons le chaos et le sang. Un être maléfique, survenant de nulle-part et surnommé par l'ensemble des habitants ; Evilash, sème la terreur et la mort. Nous avons tout essayé pour stopper ce mal, en vain. Tu restes notre dernier espoir.
- Il n'y a rien d'étonnant au fait que vous ne parvenez pas à stopper cet Evilash quand on sait que ce royaume est gouverné par une enfant, fis-je remarquer, bien qu'elle devait avoir mon âge. Et je peux savoir en quoi je vous serais d'une quelconque utilité ? De plus, je n'ai pas envie d'être emporté dans une guerre.
- Je le conçois, mais cette guerre ne nous concerne pas seulement. Toi aussi, tu risques d'en être touchée dans un proche avenir si nous ne faisons rien, m'apprit-elle. Tu penses sérieusement qu'Evilash s'arrêtera à la conquête d'Obscuratium ? Non, elle voit bien plus loin que ça. Maintenant qu'elle a notre royaume entre ses mains, il n'est plus qu'une question de temps avant qu'elle n'envahisse la Terre. Nous avons besoin de toi, non seulement pour sauver notre royaume, mais également pour sauver le tiens.
- Et comment pourrais-je vous être de la moindre utilité ? m'agaçai-je. Je ne suis qu'une Terrienne et en plus de ça, je n'en ai rien à faire de votre survie. Seule ma routine et ma petite vie ont de l'importance.
- Ta routine ? Elle n'existera plus si nous n'agissons pas. Evilash réduira ta vie en cendre.
- Ça ne répond pas à ma question, fis-je remarquer. La reine fit une petite grimace.
- C'est parce que je n'ai pas de réponse à te fournir... avoua-t-elle.
- Pardon ?
- Nous savons que tu possèdes un don, une particularité, qui nous permettra de prendre le dessus sur Evilash, mais nous ignorons quoi. J'eus un fou rire. Plaquant mes mains contre mon ventre, je riais, n'ayant aucune gêne à me moquer de la reine et de ses disciples.
- La reine des bananes et en train de me dire qu'elle a misé la survie du monde sur une Terrienne sans savoir comment cela permettra d'éradiquer le mal ? Et après ça, vous pensez sérieusement que je vais accepter de vous aider, entrant dans une guerre, sans savoir comment tirer profit de la situation ?
- La reine des bananes ! s'offusqua la fille poisson devant mon irrespect envers sa reine.
- Laisse tomber Naïa, intervient le clown Circé, si tu t'arrêtes à toutes ses petites piques, on n'en aura jamais fini.
- Pour répondre à ta question, reprit la reine en ne touchant désormais plus à ses bananes, je me doutais que tu n'accepterais pas aussi facilement. Mais il faut que tu comprennes que ça te concerne personnellement. Non seulement, ta chère et tendre routine risque d'en prendre un coup si nous laissons Evilash régner, mais en plus, elle risque de s'en prendre à toi. Elle finira par elle aussi découvrir que tu as la capacité de la détruire et dès lors, elle voudra te tuer. Rester avec nous pour éliminer la menace te donnera une certaine sécurité. Nous veillerons à ce qu'il ne t'arrive rien. Je dus admettre que sur ce point, elle était bien convaincante. J'en avais peut-être rien à faire du sors d'autrui, mais le mien, c'était une autre histoire. Je ne voulais pas mourir.
- Tu es consciente, dis-je en tutoyant la reine, que partir éliminer votre menace mettrait ma vie en péril ? Je ne veux pas risquer ma vie.
- Ici ou chez toi, tu seras en danger. Tu n'as au fond pas le choix, malheureusement. Tu dois choisir entre combattre ou te cacher en attendant que la mort vienne te chercher, car jamais Evilash ne te laissera la vie sauve. Je donnai un coup de pied rageur dans le tapis. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ?
- Vous avez un plan ? demandai-je.
- Pour l'instant, notre seul plan et de t'adapter à notre monde, répondit la reine. Et pour ça, il faut que je t'informe des principales caractéristiques.
- Est-ce vraiment nécessaire ? l'interrogeai-je. Je n'ai pas vraiment envie d'apprendre vos coutumes. Ça ne m'intéresse pas et à mes yeux, vous ne resterez que des indigènes délurés.
- Tu parviendras mieux à évoluer dans un milieu que tu comprends, répliqua-t-elle. Et en attendant de découvrir la particularité qui fait que tu as le pouvoir de faire pencher la balance, nous t'entrainerons à vivre dans notre monde et nous te formerons comme chevalier royal. Je la regardais avec dégoût.
- Je n'ai pas envie de servir qui conque.
- Je le conçois, mais c'est histoire de t'apprendre à te défendre tout en ne t'éloignant pas de nous. Pour une Terrienne, ce monde peut paraître bien hostile, expliqua la reine. Tu as des questions en particulier ?
- Non, lâchai-je aussitôt du tac au tac. Je n'étais pas d'un naturel curieux et leur monde me laissait indifférente... Ou plutôt me refilait la nausée. J'étais allergique au surnaturel et au fantastique. La reine aux cheveux rouges soupira.
- Je vais donc répondre moi-même aux questions qui risquent de t'efleurer l'esprit afin que tu connaisses les bases d'Obscuratium. Dans notre royaume, vivent plusieurs races d'être humain, commença-t-elle. Chaque race possède une couleur de yeux les différenciant. Par exemple, les Ogres auront des yeux bruns, comme Shaytan, dit-elle en désignant le géant à la peau mauve. Un Ogre ? Je le regardai d'une toute nouvelle manière.
- Et il mange les petits enfants aussi ? rigolai-je. La reine haussa un sourcil.
- Bien sûr que non, il a la même alimentation que nous tous, me réctifia-t-elle avant de reprendre ; les yeux dorés, comme les miens, ceux de Naïa et Ronan désignent ceux de sang royale, apte à prendre la couronne. Les yeux bleus extrêmement clair comme ceux de Circé et Rox sont ceux des Animalis. Les yeux rouges sont portés par les Rôdeur... Et je pourrais continuer longtemps ainsi, ils existent de nombreuses races, bien trop pour que je puisse tous te les récapituler. Chaque individu, quant à lui, possède une particularité...
- Si vous parlez de votre physique, j'avais remarqué, on se croirait à Halloween, l'intérompai-je.
- Bien que le physique soit un grand indicateur chez un individu, il ne s'agit pas seulement de ça. Chacun d'entre nous possède un pouvoir qui lui est propre. Je fronçai les sourcils.
- Il va falloir détailler, conseilla la fille aux oreilles de renard en voyant mon expression. La reine acquiesça.
- Par exemple, Shaytan, est de la race des Ogres, commença la reine. Par ce fait, il a les caractéristiques d'avoir une force surhumaine et d'être insensible à la douleur, typique de ceux de sa race. Mais son pouvoir individuel, indépendant de ses origines, est qu'il est capable de lire la noirceur à travers les personnes l'entourant.
- Quand notre reine parle de pouvoir individuel, elle entend que très peu de personne vivante en même temps possède le même don qu'un autre, me détailla Rox, la fille renard aux yeux d'un bleu incroyablement clair. Souvent, un pouvoir revient à la surface lorsque son ancien détenteur à péri depuis un moment. Et encore, certaines particularités n'ont jamais rejailli. La reine acquiesça, approuvant les propos de la rousse.
- Il existe également des êtres appartenant à deux races, m'apprit la reine. C'est alors la race dominante qui prend le dessus et se reflète dans les yeux. Par exemple, Naïa, me dit-elle en me désignant la fille poisson, en fait partie. Ses yeux dorés montrent qu'elle est de race royale et apte à reprendre la couronne si le royaume se retrouvait sans personne pour gouverner, mais elle fait aussi partie des sirènes. Par ce fait, elle peut de transformer en sirène et vivre dans l'eau, pourtant, elle n'a pas les yeux orange.
- Ce sont beaucoup d'informations d'un coup, je ne suis pas sûr qu'elle ait tout retenu, intervint l'Ogre. Je le foudroyai du regard.
- Mon cerveau n'est pas de la taille d'un pois chich comparé au tien. Cependant, j'avoue que je commence à m'ennuyer, dis-je, voulant qu'on me laisse un peu seule. La solitude était ma meilleure amie et elle commençait sérieusement à me manquer.
- Elle a besoin d'être seule, expliqua alors la renarde. Je fronçai les sourcils, dévisageant la jeune fille. Je n'étais pas la seule à le faire.
- Ok, Shaytan, montre lui sa chambre, finit par clamer la reine. Vous pouvez prendre congé. Sauf toi, Circé, j'ai à te parler.
L'Ogre m'emmena hors de la pièce, suivis de l'ensemble de la garde royale.
***
NDA : Hey ! Me voilà à poster avec un jour d'avance ! ^^ Alors, ce chapitre ? Un avis ?
Petites questions :
- Que pensez-vous du fait que les yeux des Obscuras reflètent leur race ?
- Que pensez-vous d'Evilash ? (Bien qu'on en sait très peu).
- Que pensez-vous du sale caractère d'Eudora et de son manque de curiosité ? Ça vous agasse ? ^^
Merci à ceux qui répondront 👌🏼 et à la semaine prochaine ! Kissy kissy ❤️
#Nakijo.
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