4. Un royaume hors du commun.

Le clown ailé finit par me déposer dans l'herbe, une fois qu'on fût sortie des marais.

- C'est difficile de te porter tout en volant, m'expliqua-t-elle, on ferait mieux de continuer la route à pied. De toute façon, ce n'est pas très loin.

- J'espère bien, lâchai-je d'un ton sec. Je n'ai pas envie de traîner ici encore longtemps. Le clown ignora ma remarque, avançant déjà droit devant elle. Je finis par la suivre, ne voyant pas l'utilité de traîner à faire des histoires. Plus vite, je trouverais le moyen de rentrer chez moi, plus vite, je pourrais me venger avant de retourner à ma paisible routine. 

La blonde ailée me conduisit vers un village que l'on devait visiblement traverser. Je le voyais au loin, se rapprocher petit à petit de nous. Les habitants étaient-ils tous aussi délurés que le clown qui me servait de guide en cet instant précis ? Je ne l'espérais pas, mes yeux n'avaient pas besoin de ce spectacle.

Approchant des habitacles, je remarquai qu'ils étaient pour le moins atypiques. De forme ronde ou ovale, les briques étaient brunes de la même nuance que la couleur de la terre. Les vitres, semblables à les vitraux des églises, étaient également rondes et la porte en couple était encadrée d'un mur de briques d'un gris cendré. Le toit était peut-être le plus fascinant, du moins quand on aimait ce qui sortait de l'ordinaire, ce qui n'était pas mon cas. S'élançant d'abord en pointe, telle un toit en forme de triangle, la pointe se courbait et bouclé, comme si on avait mis un bigoudi à la toiture pour obtenir un tel résultat. La couleur du toit était verte, on aurait dit qu'elle était de mousse et je me demandais si par ce fait, elle était réellement solide.

On entrait dans le village en suivant une route de terre et je fus heureuse de constater que le village était désert. J'avais déjà trop vu de chose sortant de l'ordinaire pour en accepter encore d'autre. Car qui sait à quoi, ils pouvaient bien ressembler ? Si la blonde avait des ailes d'aigle, je pouvais imaginer sans mal une fille rousse avec un bec de canard. Quoi que tout compte fait, je ne préférais pas le visualiser. Cette idée me paraissait bien trop nauséeuse. J'avais toujours détesté tout ce qui sortait du raisonnable et de l'ordinaire. Le rationnel était bien plus rassurant et logique.

Mais j'avais parlé trop vite. On traversa une place où à son centre, trônait une fontaine. L'endroit était bondé.

- Baisse la tête, m'intima la fille ailée, qui m'avait expliqué qu'il ne fallait pas qu'on découvre que je venais de la Terre. J'obéis plus pour ne pas voir à quoi ressemblait ces villageois que pour lui faire plaisir. Pourtant, je ne pus fermer les yeux sur ce que je venais de voir. Finalement, j'aurais amplement préféré tomber nez à nez avec une fille rousse au bec de canard.

L'homme face à moi que j'avais perçu avant de me mettre à contempler mes pieds telle une pauvrette avait un genre peu commun. Le crâne chauve et lisse, une corne rappelant vaguement celle des rhinocéros était enfoncée dans son front. Sa peau de la couleur du bronze semblait luire au niveau de la mâchoire comme si on l'avait saupoudré de paillettes. Ses yeux quant à eux était tout bonnement extraordinaire, et dans mon vocabulaire, ce n'était pas un compliment. Je détestais l'extraordinaire. Ses iris étaient d'un rose saumon.

J'avais hâte de sortir d'ici. Ce côté hors du commun me hérissait le poil des bras. Ce monde n'était pas mon monde. Je n'avais rien à faire ici. Le clown ailé allait me le payer.

Ne regardant pas devant lui, un jeune habitant du village me fonça droit dans l'épaule. Je manquai perdre l'équilibre, mais la blonde aux ailes d'aigle me rattrapa et ajusta la capuche sur ma tête.

- Pardon, s'excusa le garçon. Je ne voyais pas son visage, mais sa peau bleu électrique parcourt d'éclair me donna la chair de poule. Mais l'indignation l'emporta sur tout le reste, j'ouvris déjà la bouche pour incendier l'imprudent et le remettre à sa place quand le clown me devança.

- Ce n'est rien, le rassura-t-elle avant de me tirer fermement dans un lieu à l'abri de toute indiscrétion.

- Qu'est-ce que tu fais ! m'indignai-je. Laisse-moi remettre ce gam...

- Je crois qu'on va rapidement remettre les pendules à l'heure, me coupa-t-elle. Primo, tu te tiens tranquille, ne commence pas à attirer l'attention ! Secondo, tu ne montres pas ton visage, tu ne défies pas les gens du regard et tu ne prononces pas le moindre mot et tertio, tu regardes devant toi lorsque tu marches.

- Pardon ? C'est lui qui m'a foncé dedans ! Il faudrait peut-être lui acheter une paire de lunettes à ce bambin ou lui apprendre que foncer dans des inconnus ce n'est pas vraiment une chose à faire. Sa peau à beau être parcouru d'éclair étincelant, ça ne semble pas être une lumière, m'emportai-je. Puis d'abord, pourquoi devrais-je me taire ? Où est l'intérêt de garder l'information qu'une Terrienne se balade parmi vous ? La blonde ailée soupira bruyamment, visiblement, je mettais ses nerfs à rude épreuve et j'en étais fière.

- Personne ne doit savoir qui tu es et d'où tu viens, me confessa-t-elle, tu es une arme secrète.

- Une arme secrète, riai-je. Elle me prenait vraiment pour son objet.

- Oui, maintenant continuons notre chemin au lieu de perdre notre temps.

- Qu'est-ce que c'est que tous ces gens semblables à des mutants ? Lançai-je, ne bougeant pas d'un pouce, à côté d'eux, tu pourrais presque sembler normale. Dans quel guêpier est-ce que tu m'as emmené ?

- Je te promets que tu en sauras plus une fois que nous serions arrivé, mais là, ce n'est ni le lieu, ni le moment d'entrer dans toutes sortes d'explications. Je croisai les bras contre ma poitrine. C'était tellement facile... Ça se voyait que ce n'était pas elle qui était tombée dans une aventure à s'en tirer les cheveux à la racine. Si je posai des questions, c'est qu'il y avait un problème ! Je n'étais pas d'un naturel curieux, bien au contraire.

- Ok, allons-y, consentis-je, comprenant que restais ici à discuter ne rimerait à rien. Mais t'as intérêt à ne pas perdre de temps avant d'éclairer ma lanterne, autrement, tu pourras dire adieu à ton aide précieuse, dis-je, bien que je n'avais aucunement l'intention de l'aider. Mais c'était tout bonnement plus simple de lui faire croire qu'elle avait gagner la manche et qu'elle avait encore quelque chose auquel s'accrocher. Ça me permettait non seulement de gagner du temps afin de trouver une solution pour me sortir de ce piège à rats, mais également d'avoir une certaine emprise sur elle. De pouvoir contrôler à ma façon la suite des événements. Tant qu'elle me croyait apte à coopérer, elle n'employait pas la force et ne me soumettait pas à une vigilance plus accrue.

Le clown me guida une nouvelle fois en pleine foule. Croisant des êtres sortant de l'ordinaire à chaque pas, j'essayais tant bien que mal de ne pas m'interroger sur ce qui était en train de m'arriver. Partir dans toutes sortes de questions dont je n'obtiendrai aucune réponse risquait de me faire perdre la tête et ce n'était pas le moment. Je devais garder mon sang-froid dans l'adversité, sinon, comment pourrais-je le combattre ?

Je poussai le plus grand soupire intérieur lorsque l'on quitta le village. Enfin. Je n'avais plus ces visages insolites dansant sous mes prunelles.

- Nous sommes bientôt arrivées, m'intima la blonde à voix basse, nous nous rendons en direction des montagnes, vers le château. Une fois arrivé, s'il te plaît, tiens toi tranquille, me demanda-t-elle. Je ne répondis rien. Je me comporterais comme je le voudrais, elle n'avait pas de réclamation à me faire !

Je vis alors, comme elle l'avait dit, un château collé contre la façade d'une montagne de pierre grise. Le château était immense, parcourut d'escalier, de tour, de fenêtres... On se serait cru dans un compte magique avec une bâtisse hors du commun. Le château était de la même couleur que la montagne, si bien que de loin, il était facile de ne pas la remarquer, se fondant dans le décor tel un caméléon.

On se dirigea droit vers le bâtiment majestueux et on finit par déboucher sur un immense escalier de pierre grise qui menait vers la lourde porte du château. De chaque côté de l'imposante porte, se tenaient deux tours où perchait des gardes habillés de la même couleur que la bâtisse. En nous voyant arriver, ils se penchèrent en notre direction et je détournai la tête, ne voulant pas voir à quoi, ces derniers ressemblaient. J'avais déjà vu trop d'atrocité lors de ma marche.

- Laissez nous passer, demanda le clown, tu sais très bien qui je suis et pourquoi je suis ici.

- La mission secrète et le personnage clef ? demanda toutefois le garde tandis que je sentis mon cœur rater un battement à ces mots.

- Il te faut un dessin ? s'agaça la blonde. J'entendis un soupire, sûrement lâché par l'un des gardes.

- Très bien, passez, consentit-il. J'entendis comme des rouages se faire dans la porte et elle s'ouvrit lentement. Le clown ne perdit pas de temps et me guida à l'intérieur. Je n'étais pas sûre de vouloir rentrer dans un lieu pareil, mais au fond, je n'avais pas vraiment le choix.

On déboucha dans une cour toujours de la couleur de la pierre de la montagne. Existait-il une once de couleur dans ce lieu ? Je commençai à en douter.

Le clown me fit traverser la grande cour et je contemplai mes pieds, ne voulant pas m'intéresser à autre chose que mes chaussures. Qui étaient couverte de vase. Son monde ne me regardait pas.

La blonde aux ailes d'aigle ouvrit une porte de pierre et me fit passer dans un long couloir. Les couleurs éclatèrent alors sous mes yeux, contrastant avec le gris du dehors. Le carrelage du couloir était d'un noir luisant emplis de cristaux d'un bleu nuit étincelant. Les dalles étaient encadrées de blanc nacré. Les murs ocres et brillants comme emplis de minuscules paillettes étaient ornés de chandelier en or où était gravé plein de petit dessin dont depuis où je me trouvais, je ne pouvais définir ce qu'ils représentaient. Des tableaux emplis de coloris et des statues atypiques décoraient le long couloir. Le plafond en petite coupole d'un blanc cassé possédait plusieurs lustres où pendaient des cristaux de toutes les couleurs, chatoyants sous la lueur de la lumière des bougies.

- Impressionnant, n'est-ce pas ? me lança la blonde en surprenant mon regard.

- Je ne savais pas qu'on pouvait créer un lieu aussi laid, dis-je avant tout pour l'agacer. Bien qu'au fond, je n'aimais pas ce lieu. Il était trop différent de ce que je connaissais. Le clown leva les yeux au ciel et ne s'arrêta pas sur ma remarque. Elle me conduisit vers une porte qui menait à un autre couloir plus vaste.

- Les gardes ont probablement dû annoncer notre arrivé, on doit nous attendre, m'expliqua la fille. Je haussai les épaules, lui montrant que peu importait. Je voulais simplement en finir avec tout ça. Le clown s'arrêta devant une porte ovale d'une couleur tirant vers le rouge et s'empara d'un anneau en or fixé à la porte pour toquer. Le coup résonna. Je haussai les épaules, lui montrant que peu importait. J'avais senti la présence de personne au fond de la pièce et par réflexe, j'avais bien vite baissé la tête vers mes pieds dégueulasses de vase. On avançait le long d'un joli tapis bleu foncé en direction des personnes nous y attendant probablement. Le clown ailé fit une jolie révérence et d'un coup de coude, elle m'intima à en faire de même. Je la repoussai d'un geste brusque. Je n'étais pas venue ici pour faire des galipettes devant des personnes aux physiques étranges. D'ailleurs je n'avais même pas demandé à venir en ce lieu.

- Elle n'est pas très commode, commenta la blonde pour me justifier de mes impolitesses.

- C'était à prévoir, répondit une femme d'une voix douce. Ma langue me démangeait, j'avais envie de leur répondre d'une voix cinglante, mais je ne voulais pas relever la tête. Pas si je devais découvrir un physique à en faire vomir. Tout ce qui touchait au surnaturel avait pour habitude de me rendre malade, alors ces événements risquaient bien vite de me conduire à l'hôpital.

- Eudora, tu peux enlever ta cape à présent, me lança le clown. Je me mis à rire.

- Non, je suis dégueulasse de vase. Tu n'avais qu'à pas nous faire atterrir dans un marais, râlai-je. Je pue tellement que j'ai l'impression de porter ton odeur. Et sur ces mots, je me mis à essuyer mes pieds sur le joli tapis, le tâchant d'une substance verdâtre. Ce geste ne parut pas plaire à la femme à la voix douce qui sortit un petit bruit animal.

- Bon ramène là dans les loges qu'elle puisse se changer, nous reprendrons notre entretien après ça, consentit-elle. Je fus alors encadré par différentes personnes et le clown me guida dans une autre pièce.

Elle avait voulu me mener ici contre mon gré ? Elle allait devoir supporter mes humeurs.

***

NDA : Hey, me revoilà avec un nouveau chapitre :3

Si vous avez reçus une notif de publication hier, c'est ''normal''... Mon tél n'a pas arrêté de buguer pendant ma relecture et après avoir fait défiler mon écran et changé mes mots, il a publié tout seul le chapitre --" (heureusement personne n'était là pour voir ma tête de décomposé.)

Brefouille, petites questions :

- Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

- Que pensez-vous de ces physiques hors du commun ?

- Que pensez-vous de la réaction d'Eudora une fois arrivée dans le château ?

- J'ai fais des modifications sur la couverture et j'ai rajouté un ''sous titre'', un avis ?

Merci pour ceux qui y répondront (mine de rien les commentaires aident pas mal pour me donner un autre aperçu de l'histoire ^^)

PS : /!\ si je ne réponds pas tout de suite aux commentaires c'est normale, mais Wattpad à un nouveau bug bien énervant : ils suppriment les réponses des commentaires --". /!\

Kissy kissy et à la semaine prochaine !❤️

#Nakijo.

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