37. Punching-ball.
Je tirai les rideaux pour la cinquième fois de la journée, découvrant une nouvelle fois le corps de l'Obscurium, reposant dans le lit du Centre de Soin. Je serrai les poings.
- Tu sais, ce n'est pas en tirant sans cesse les rideaux que d'un coup, l'Obscurium va guérir et revenir à lui, commenta Martial.
Il avait raison, je le savais, mais sa remarque m'énerva. Je voulais parler à Cassius. Je voulais lui poser toutes les questions que j'avais dans ma panoplie. Mais lui, il restait là, sans guérir, mettant ma patience à rude épreuve.
- Si je lui touchais les mains, je n'aurais pas besoin d'attendre, fis-je remarquer à Rox à voix basse, afin qu'elle seule puisse entendre mes propos.
La rouquine soupira.
- Tu sais bien qu'il vaut mieux éviter, me résonna la renarde, son état est trop instable. Pour la première fois, je suis capable de ressentir les émotions d'un Obscurium et je n'avais encore jamais rien ressenti d'aussi contradictoire, d'aussi tempétueux et d'aussi tourmenté. C'est assez poignant.
Je rivai mon regard sur l'Obcurium, retenant un énième soupir d'exaspération. Comment pouvais-je résoudre toutes les énigmes qui venaient comprimer mon quotidien si je n'avais absolument aucune information capitale en ma possession ?
Mais au moins, l'état de l'Obscurium avait évolué.
Après avoir pris un aspect encore plus repoussant qu'un Obscurium habituel, Cassius était redevenu le mutant qu'on avait l'habitude de voir. Puis, sa peau molle et cadavérique avait peu à peu repris des couleurs. Il abordait maintenant une peau blanche extrêmement pâle où semblait briller des petits diamants. Son crâne normalement lisse où des veines bleutées avaient pour habitude de séjourner avait laissé place à un crâne parsemé de petits points rouge pâle, comme si ses cheveux étaient sur le point de repousser. Lorsque l'Obscurium se réveillait et s'agitait telle une bête déchaînée, j'avais pu voir une pupille noire dans les yeux habituellement entièrement blanc. Personne ne pouvait plus le nier, il n'était plus vraiment un Obscurium, il semblait redevenir un Obscuras.
Mais sa transformation n'était pas assez rapide à mon goût. Non seulement, j'avais besoin de lui pour connaître toutes les informations qu'il était susceptible d'avoir et dont il n'aurait pas pensé à me faire part, mais je savais également qu'il était de la race des Guérisseurs. Et je voulais qu'il soigne Kalidas. Mais c'était un souhait que j'avais décidé de garder exclusivement pour moi, je ne voulais pas que quelqu'un sache que je m'inquiétais du sort du Rôdeur. J'avais déjà moi-même du mal à l'accepter.
Shaytan fit subitement tomber le plateau repas à côté de lui, me tirant brusquement hors de mes pensées. Je le foudroyai du regard. L'Ogre se ratatina sur lui. Shaytan venait enfin d'être déclaré apte à sortir du Centre de Soin. Les cendres qui lui avaient brûlé la chair jusqu'à l'os n'avaient pas eu raison de lui.
L'Ogre était actuellement assis sur un large lit, balançant ses pieds dans le vide à un rythme régulier et nous contemplant de son unique œil avec curiosité. A chaque fois que je lui lançai un regard, il détournait rapidement le visage, l'air paniqué. Visiblement, il avait toujours autant peur de moi. Et c'était une situation qui me plaisait fortement.
En comptant l'Ogre, Martial, Rox et moi-même présent dans le Centre de Soin, il y avait également Kalidas. Ce dernier avait été vérifié que le fait de forcer sur ses jambes encore fragiles ne les abîmait pas plus qu'autre chose. Mais j'avais comme pressentiment que même si ça avait été le cas, le Rôdeur aurait refusé de rester inactif.
Bien que je reconnusse intérieurement m'être attachée au Rôdeur, je n'en restais pas moins méfiante à son égard. Je ne savais rien de lui. Il possédait une immense demeure avec un terrain à perte de vue, sans oublier ses élevages d'animaux. Personne ne semblait connaître la localisation d'un tel lieu. Et comment s'était-il procuré de telle richesses ?
Les membres de la Garde Royale avaient également laissé sous-entendre que le Rôdeur avait commis des crimes, mais quel genre de crimes ? Était-il en réalité un hors-la-loi dangereux qui cachait son jeu à ravir ? Je savais également qu'il connaissait autrefois Circé, et malgré ça, s'il ne m'en avait pas informé, jamais je n'aurais pu le concevoir. Autrefois amis, Circé se comportait désormais avec lui comme s'il n'était qu'un simple inconnu. Et personne ne semblait connaître les pouvoirs individuels du Rôdeur, ni même son prénom. Circé l'ignorait également ? Mais si elle l'avait autrefois connue, elle aurait pourtant dû le savoir et en informer ses camarades. Le Rôdeur et tout ce qui planait autour de lui était un mystère. Encore un mystère en plus.
Et même si j'avais voulu passer outre tous ces questionnements à son encontre et laisser toutes traces de méfiance à son égard, je ne pouvais pas oublier le fait que j'avais découvert qu'Evilash et lui possédaient les mêmes dons individuels. Deux dons en commun. Déjà un don, c'était extrêmement rare, mais deux... Y avait-il une explication à cela ? Etaient-ils liés entre eux d'une façon ou d'une autre ?
Je ne savais presque rien sur le Rôdeur... C'était un mystère à lui tout seul. Et pourtant, j'étais convaincue que lui, savait énormément de chose à mon sujet. Lorsque je l'avais rencontré pour la première fois, il avait été surpris en train de mettre son nez dans des dossiers confidentiels. Il avait dû lire la raison de ma venue, la cause de ma particularité... Et c'était peut-être même parce qu'il connaissait tout ça, qu'il avait décidé de m'aider à sortir du palais et de m'héberger... Mais qui était-il ? Et qu'est-ce qu'il y avait au juste dans cette tour ?
Rox m'avait conseillé de m'introduire dans cette tour si je voulais des réponses à mes questions. Mais je ne l'avais jamais fait. Ce n'était pas l'envie qui m'en manquait... Toutes ces questions en plus de me taper sur les nerfs, commençaient à animer un feu ardent au fond de mon être. Mais je ne savais pas où se trouvait cette tour et je n'avais tout simplement pas vraiment eu l'opportunité de chercher. Surtout, j'en avais marre de chercher. Pourquoi fouiller toujours partout pour la moindre réponse si je pouvais les avoir cache ? Depuis ma crise de panique, une haine viscérale s'était incrustée dans ma chair. Je haïssais ce monde et ces mystères, je haïssais qu'on m'ait imposé ma venue, je haïssais tout et la goutte d'eau avait fini par déborder du vase une bonne fois pour toute. Je comptais bien mettre fin à toutes ces interrogations. Voir émerger un peu de lumière. Mais j'attendais la venue d'Evilash.
Une semaine s'était écoulée. Une semaine depuis sa proposition d'alliance. J'étais convaincue qu'elle tiendrait parole. J'étais convaincue qu'elle viendrait, qu'elle saurait où me trouver. Elle semblait tout savoir. Tout connaître. Si elle comptait vraiment me voir rejoindre son côté, elle avait plutôt intérêt à me dire toute la vérité. C'était mon compromis. Mais bien évidemment, je ne lui faisais pas confiance...
- Il se passe quoi ici ? Il y a une réunion dans le Centre de Soin et on ne m'a pas convié ? lança subitement Nérée en passant la tête dans la salle, surpris de voir autant de monde.
Sa venue me sortit hors de mes pensées. Comme si on l'avait invité à nous rejoindre, Nérée entra tranquillement dans la salle, les mains derrière le dos.
- Qui t'a autorisé à nous rejoindre ? lui lançai-je d'un ton sec, à force de voir du monde arriver dans la pièce, on va finir par manquer d'oxygène.
Nérée, regarda autour de lui, cherchant visiblement quoi me répondre. Il passa subitement un bras autour des épaules de Martial qui fit une grimace exagérée.
- Martial a besoin de ma compagnie. Sans moi, son monde est dépeuplé, se justifia le jeune homme aux yeux orange.
Martial leva les yeux au ciel.
- Désolé, mais mon cœur est déjà pris... N'est-ce pas Eudora ? me lança-t-il en me faisant un clin d'œil.
Je sentis la colère monter d'une flèche tandis que Nérée se mettait à rire. Ils se croyaient drôles ces deux guignols ? Mon poing parti tout seul s'enfoncer dans le visage de Martial.
- J'espère que ce geste témoigne assez de tout l'amour que je porte à ton égard, cinglai-je, tandis que le jeune Guerrier tombait à genoux, un filet de sang à la commissure de ses lèvres.
- Bordel ! s'écria Nérée, surpris.
Il fit un bond en arrière afin de s'éloigner de moi. Martial se mit à rire. Je le fusillai du regard. Ça ne lui suffisait pas ? Qu'est-ce qu'il y avait de si drôle ?
- On peut dire que tu as l'amour vache, ricana-t-il.
Je serrai les poings de rage. Était-il sérieusement en train de me provoquer ? Il ne tenait clairement pas à la vie. Mon pied vola dans ses côtes.
- Eudora, arrête ! s'écria Rox.
- Puis tu as de la chance que ce débile de Martial ne riposte pas, tu serais déjà à terre, commenta Nérée, les yeux écarquillés.
Je le fusillai à son tour du regard. Martial ricana une fois de plus, se relevant lentement.
- C'est vrai qu'il ne faut pas sous-estimer un Guerrier, renchérit-il, mais j'aime bien servir de punching-ball. Ça me rend plus résistant aux coups.
Reculant d'un pas, je regardai le jeune Guerrier, retenant une grimace. Il était complétement fêlé...
Nérée balança un tissu qu'il venait de prendre dans une armoire du Centre de Soin au visage de Martial qui s'en servit pour nettoyer le sang qui s'était échappé de sa bouche. Le Guerrier s'avança vers moi, passant une main dans ses cheveux en plumes de corbeau.
- Mais ne t'inquiètes pas, notre passion ne mènera nulle part, me souffla-t-il, mon cœur est réellement pris par une autre, m'avoua-t-il dans un sourire malicieux.
Je serrai les poings. Que cet être était exaspérant... Pourtant, sa phrase eut le don de mettre Nérée mal à l'aise. Il se tordit les doigts, le regard fuyant. Le visage de Shaytan s'était assombri. Qu'est-ce qu'ils leur prenaient ?
- Mec, faut que tu tournes la page, lui souffla Nérée.
Le sourire de Martial disparu. Il se tourna vivement vers son camarade, les mains tremblantes.
- Que je tourne la page ? Je ne peux pas faire comme si elle n'avait jamais existé ! Elle existera toujours pour moi. Il n'y aura personne d'autre qu'elle !
La voix du jeune homme tremblait de colère.
- Tu ne peux pas rester tourné dans le passé ! insista Nérée, tu...
- Tais-toi ! Je n'en ai rien à faire. Je l'attendrai toujours. Il n'y a qu'elle...
- Mais elle est morte ! s'écria subitement Nérée.
Martial envoya son poing s'écraser dans le visage de son camarade. Ce dernier chancela, s'aidant du mur pour ne pas s'écrouler. J'écarquillai les yeux tandis que Shaytan s'attelait à séparer les deux adolescents qui étaient prêts à se battre.
- Tu ne crois que ça ne me fait rien à moi ? s'écria Nérée. Tu crois que je ne souffre pas de son absence ? Sa mort m'a également anéanti !
- Comment est-elle morte ? demandai-je à Rox à voix basse.
La renarde contemplait la scène d'un air peiné.
- Elle faisait partie de la Garde Royale de l'ancienne reine. Alors que la reine était partie dans un village accompagné de sa Garde, Evilash a attaqué le village et l'a tué, ainsi que la reine.
- Evilash a tué l'ancienne reine ? m'étonnai-je, entendant pour la première fois la cause du décès de la mère d'Aleth.
La renarde acquiesça.
Shaytan, n'arrivant pas à calmer Martial, le porta dans les airs, au-dessus de sa tête. Martial se débattit comme un beau diable et enfonça son pied dans le nez de l'Ogre qui ne broncha pas. Visiblement, aujourd'hui, c'était la journée des coups...
- Shaytan, repose-le au sol, lui demanda Rox.
L'Ogre obéit et posa le Guerrier au sol. Martial poussa un cri de rage, mais au lieu de laisser libre court à sa colère, il préféra se laisser tomber au sol, dos au mur. Ma colère à son égard avait totalement disparu. Je m'assis face à lui.
- Tu ferais mieux de ne pas tenir compte de Nérée, il a l'air d'être du genre à sortir un ramassis de connerie, commentai-je tandis que Nérée s'offusquait. Si tu tournais la page, ça serait comme si elle n'avait jamais existé.
- Et c'est moi qui sors un ramassis de connerie ? grinça Nérée. On ne devrait pas arrêter de vivre à la perte d'un proche et ce n'est pas parce qu'il fait sa vie, qu'elle n'a jamais compté ! Mais vivre dans le passé n'a jamais ramené personne.
Je levai les yeux au ciel.
- Et c'est en lui rappelant la mort de cette fille que tu comptes l'aider dans son deuil ? Peut-être que tu devrais tout simplement lui foutre la paix !
- Je peux savoir pourquoi tu le défends ? Il n'y a pas deux minutes, tu lui enfonçais ton poing dans la gueule, fit-il remarquer. C'est mon meilleur ami, je ne vais pas rester là à le regarder vivre dans le passé.
- C'est son problème, pas le tiens.
Nérée laissa un rire aigre franchir ses lèvres.
- Je ne crois pas que tu sois assez qualifié dans le domaine de l'amitié pour venir me sortir tes beaux discours, fit-il remarquer.
Je m'avançai face à lui, le regard noir. Je l'attrapai par le col. Contrairement à Martial, Nérée ne se laissa pas faire et me repoussa vivement. Je sentis mon sang bouillir dans mes veines et je fis voler mon poing en direction de son visage. Nérée s'empara de mon poignet avant que je ne touche son visage et me repoussa violemment en arrière. Mais il ne vit pas mon deuxième poing voler en sa direction, se le prenant en plein dans la mâchoire. Il voulut me rendre le coup, mais je l'évitai de justesse. Je sentis subitement son pied faucher le mien et il me poussa au sol. Je tombai lourdement sur le derrière. Nérée recula, ne voulant subitement pas continuer à se battre. Puis, il se figea. Le regard rivé en ma direction. Plus précisément, vers mon cou.
Lorsque les autres suivirent son regard, tous eurent la même réaction ahuris. Kalidas, qui était assis sur un lit afin de reposer ses jambes, se releva brutalement à l'aide de ses béquilles. Il chancela sur le coup. Rox se précipita vers moi, les yeux écarquillés.
- Mon dieu, Eudora ! Où as-tu trouvé ça ? s'affola-t-elle. Enlève-le tout de suite !
Je fronçai les sourcils.
Puis, je compris.
Baissant les yeux, je vis que le médaillon que j'avais volé à Kalidas avait valsé au-dessus de mon tee-shirt lors de la petite bagarre. Je regardai la rouquine, sans comprendre. Kalidas se dirigea vers nous, le plus vite que ses jambes le lui permettaient. On s'échangea un regard. Il venait probablement de comprendre que je le lui avais volé le médaillon lors de mon intrusion dans sa salle personnelle.
- Eudora, enlève ce truc de ton cou, me demanda-t-il, visiblement inquiet.
- Pourquoi ? leur demandai-je, ne comprenant pas leur réaction.
- Ce médaillon est dangereux, en le portant, tu t'exposes à un risque mortel, m'apprit le Rôdeur.
J'écarquillai les yeux.
- Mais... qu'est-ce que vous me baratinez ? lâchai-je, sous le coup de l'étonnement. Si ce médaillon pouvait tuer, depuis le temps que je le porte, je serais déjà morte.
- Attends... Depuis combien de temps tu as ce truc autour du cou ? Et où l'as-tu trouvé ? s'alarma la renarde. Ce médaillon avait disparu depuis des siècles.
J'écarquillai une nouvelle fois les yeux. Mais qu'est-ce que Kalidas faisait avec ce médaillon en sa possession ?
- Je... je l'ai trouvé dans la vase, lorsque Circé m'a téléportée dans votre monde, mentis-je. Rox parut complétement ahuri. Mais qu'est-ce qu'il a de si particulier ? demandai-je, commençant réellement à me poser des questions.
- Il appartenait à Astéria, me répondit Nérée. Il n'a eu qu'elle comme propriétaire. Personne d'autre n'a pu le porter depuis tout ce temps. A la mort d'Astéria, le médaillon a été maudit et tous ceux le portant on fit par mourir, brûlé de l'intérieur jusqu'au dernier organe.
Je fronçai les sourcils.
- Qui est Astéria ?
- Une déesse pour les Obscuras, expliqua Nérée. Elle a vécu il y a bien longtemps, amenant l'équilibre dans le royaume. On raconte même qu'elle a changé des Obscuras en être immortel, mais c'est une rumeur peu probable. L'immortalité est une chose impossible.
- Enlève ce médaillon maintenant, insista le Rôdeur.
Je secouai la tête. Pourquoi devrais-je l'enlever ? Je ne me sentais pas brûler de l'intérieur.
- Je ne vois pas pourquoi je l'enlèverais.
Rox me lança un regard consterné et saisi le médaillon entre ses mains pour me le retirer. Mais elle fit un mouvement de recul lorsque ses doigts touchèrent le bijou. Ses doigts avaient subitement rougi. Le médaillon venait de la brûler. Pourquoi pas moi ?
Tous semblaient ne plus rien comprendre. Après mon insensibilité aux cendres d'Evilash, étais-je également résistante à ce collier tueur ? Pourtant, ce que seul moi et Rox étions au courant, c'est que je n'étais pas réellement insensible aux cendres... Dans la forêt, les cendres avaient détruit une maison. Et je m'étais blessée la paume en les touchant.
Le médaillon se mit subitement à me brûler la chair. S'enfonçant dans ma peau, en dessous du sternum. Rox se mit à jurer, cherchant un moyen de m'enlever l'objet. Pourtant, ce n'était pas la première fois que le médaillon me brûlait. Mais ça ne durait jamais très longtemps. La douleur se dissipa subitement.
- Retire-moi ce médaillon ! lâcha Kalidas d'un ton plus brusque que dans ses habitudes.
Il semblait inquiet, mais aussi furax. Probablement parce que je lui avais volé son bijou visiblement unique en son genre.
Je n'eus pas le temps de faire quoi que ce soit qu'une explosion retentit, faisant trembler tous les murs.
- Qu'est-ce que c'était ? paniqua Shaytan.
Une autre explosion retentie, des fissures apparurent sur les murs du Centre de Soin. Rox s'empara de mon bras et me leva de force. Martial aida Kalidas à reculer loin du mur. Nérée se positionna devant nous et fit apparaître un bouclier. Au même moment, une autre explosion retentie et le mur vola en éclat, percutant le bouclier du jeune homme avec force. Des cendres se mirent à voler dans toute la pièce et des boules de cendres vinrent percuter le bouclier qui nous protégeait.
Evilash.
Comme convenu, elle était venue me voir pour acquérir ma décision. Et visiblement, elle s'amusait à détruire le château au passage.
Malheureusement, le bouclier rectangulaire de Nérée n'était pas assez large et ne nous protégeait que de face. Les cendres frappèrent par-derrière. Shaytan cria de panique et esquiva de justesse une boule de cendre. Un jet de cendre vola vers Martial, qui l'esquiva lui aussi de justesse. Mais un autre jet lui frappa les jambes et le Guerrier tomba à la renverse. Un jet de cendre fit exploser le toit et des meubles s'écroulèrent dans le Centre de Soin. Nérée utilisa son bouclier pour empêcher les meubles de s'écrouler sur nous. Evilash en profita pour attaquer le jeune homme. Avant qu'un jet de lui frappe le dos, je fis barrage de mon corps. Les cendres me percutèrent sans que je ne souffre. Je ne pouvais pas la laisser attaquer Nérée, on avait besoin de son bouclier.
Une tornade de cendre se forma subitement sous mes yeux et démolie les murs nous entourant. Laissant les décombre voler dans la pièce et s'échouer çà et là, réduit en vulgaire tas de cendres. On était coincé au milieu de la tornade, sans rien pour nous défendre. Et la tornade ne faisant que se rapprocher de nous. Petit à petit. Prête à nous emporter. Et au milieu de tant de cendres, il était clair que j'allais être la seule à m'en sortir vivante.
Et c'était ce que voulait Evilash. Elle me voulait moi, vivante. Elle en avait que faire des autres.
Et je ne pouvais pas la laisser les tuer.
Contractant la mâchoire, je sentis l'adrénaline palpiter dans mes veines. Et sans attendre une seconde de plus, je me jetai dans la tempête de cendre, bravant la tornade. Je fus emportée dans cette dernière. Les cendres virent me frapper le visage avec force, me privant d'une bonne partie de mon oxygène.
Un nuage de cendre me propulsa subitement hors de la tornade et je tombai lourdement sur le carrelage, haletante.
Une silhouette constituée entièrement de cendres se matérialisa devant moi.
- Eudora, laissa échapper une voix étouffée par les cendres. Comme on se retrouve.
Je me relevai, faisant face à la silhouette.
- Je suis là, tu peux arrêter la tempête, lâchai-je, serrant les poings avec force.
Evilash se mit à rire.
- Ne me dis pas que tu t'inquiètes pour eux, lâcha-t-elle, visiblement amusée.
- J'en ai besoin, grinçai-je.
- Besoin ? ricana-t-elle. Ils ne font que te mentir depuis le début, tu ne peux pas te fier à eux. Mais puisque tu y tiens tant, je n'enverrai pas ma tornade les engloutir.
La silhouette de cendres s'avança lentement vers moi. Je restai stoïque. Hors de question de faire un pas en arrière. Je n'avais pas peur d'elle.
- Alors ? Qu'as-tu décidé ? me demanda Evilash. Te joindre à moi et combattre le vrai ennemi de ce royaume ou rester avec ta petite Garde Royale qui ne te révèle même pas la vérité ?
Je plissai les yeux, abordant un sourire moqueur.
- Parce que toi, tu vas me la dire cette vérité ? ricanai-je. Puisque tu tiens tant à me faire remarquer qu'ils se jouent de moi, c'est que tu as quelque chose à me révéler ? Au fond, tu es exactement comme eux, m'énervai-je, tu joues avec moi sans rien me dire de concret. Tu veux que je m'allie à toi ? Raconte-moi tout ce que je dois savoir et révèle-moi l'identité de ce ''véritable ennemi'' que tu veux combattre et j'aviserai ensuite.
Evilash se mit à rire.
- Je te raconterais bien tout ce que tu veux savoir, mais tu ne me croirais pas, fit-elle remarquer. Tu devrais peut-être voire tout ça de tes propres yeux.
- De mes propres yeux ? répétai-je. Et comment ?
- Demain, rends-toi au village de la Fontaine d'Argent. Tu y découvriras l'essentiel.
Et sur ces mots, l'insaisissable menace disparue, emportant ses cendres avec elle.
***
NDA : Hey me revoilà en temps et en heure pour un nouveau chapitre ! Après celui-ci, on peut dire que les chapitres à venir sont le finale du tome 1 😅😇
Et du coup les questions habituelles de fin de chapitre :
- Martial qui nous apprend qu'Evilash a tué sa copine, un mot là-dessus ? Une réaction face au fait qu'il ne parvient pas à faire son deuil ?
- On en apprend plus sur le médaillon que porte Eudora, le fait qu'il tue son porteur, c'est inquiétant non ? XD Et Eudora qui refuse de l'enlever... Une idée de pourquoi le médaillon ne l'a pas tué ?
- Le retour d'Evilash, qui conseille à Eudora de se rendre dans un village bien précis, bonne idée ou pas ? Devrait-elle s'y rendre ?
Et voilà ! Je pense poster mercredi peut-être 🤔 on verra bien x)
Kissy kissy ❤️
#Nakijo.
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