32. Mystérieux Obscuriums.
J'étais allongée sur ce qui semblait être de la moquette. J'avais les yeux fermés et un horrible mal de tête. Je venais de revenir de ma vision avec l'Obscurium, et bien qu'elle eût été bien moins douloureuse que la précédente, je me sentais beaucoup plus mal en point une fois de retour. Peut-être était-ce dû au fait que Cassius mutait ?
Mes yeux m'étaient tellement douloureux que je me refusais à les ouvrir. Je me contentai de rester allongée, là où je me trouvais, les paupières closes.
Prenant peu à peu conscience de ce qui m'entourait, je finis par entendre des sons de voix autour de moi. La discussion semblait être animée. Faisant abstraction à mon horrible mal de crâne, je tentai de me concentrer sur ce qu'ils se passaient.
- Mais qu'est-ce qui lui est passé par la tête ! cria une voix que je reconnus comme étant celle d'Orso. Elle ne se réveille même pas.
- C'est une écervelée ! Qui irait toucher un Obscurium de son propre plein gré ? lâcha Nérée.
- Et le Rôdeur qui s'obstine à garder le silence ! C'était quoi vos messes basses avant qu'elle ne touche ce monstre ? continua Orso, s'adressant visiblement à Kalidas.
Il semblait hors de lui.
- Cela fait déjà des heures, elle ne se réveillera pas, commenta une nouvelle fois Nérée.
- Comment toi et la Terrienne pouvez-vous connaître Brennan ? Pourquoi vous cherchait-il ? s'époumona Orso, s'adressant toujours à Kalidas.
Son ton ne me plaisait pas. Il se prenait pour qui à s'adresser aux gens de cette manière ?
- Ils sont venus au Soldarum auparavant, répondit Brennan.
Je sentis la rage affluer. Il ne pouvait pas se taire ?
- Vraiment ? Et pour quoi faire ? grinça l'Animalis.
- La Terrienne, elle avait eu l'idée absurde de...
- De vouloir découvrir cet endroit, le coupa Kalidas.
Je fus surprise par son intervention. Le Rôdeur mentait pour me couvrir, mais dans quel intérêt ?
Il fallait que j'ouvre les yeux et intervienne avant que ce Trivial ne dévoile tout à la Garde Royale. Mais je me sentais comme vidé de mes forces, impossible de bouger. Ma tête me cognait trop pour le moindre effort.
- Pour découvrir cet endroit ? se moqua Orso. Un endroit qu'elle ne connaissait même pas de nom ? Qu'est-ce que vous avez à cacher tous les deux ? cracha-t-il, s'énervant de plus en plus.
Je réussis à serrer les poings, contrôlant ma colère face aux propos du jeune homme. J'avais beaucoup de mal à le supporter.
- Ce n'est pas vraiment le moment de se questionner là-dessus, intervint Rox, il faut s'occuper d'Eudora.
L'Animalis ricana.
- S'occuper de la Terrienne ? Jeter son corps dans une fausse ou l'emmener à l'asile, c'est tout ce qu'on peut faire pour elle désormais.
- Je ne...
- La ramènes pas Rox, on sait tous ce qui arrive à ceux touchant un Obscurium, la coupa Orso. Mais on sait également que ce Rôdeur nous cache quelque chose et il y a belle lurette qu'on aurait dû s'occuper de son cas. Depuis quand on laisse un fugitif en liberté ? Depuis quand on ne punit pas un hors la loi pour ses crimes ? Il faudrait peut-être remettre un peu d'ordre dans vos priorités, même les lois de notre monde sont passées à la trappe.
J'entendis des bruits de pas. Orso marchait d'un pas rageur.
- Peut-être que tout irait déjà mieux si on s'occuper de ceux qui transgressent la loi comme ils le méritent. À garder ce Rôdeur avec nous, c'est aller à notre perte, railla-t-il avant d'arrêter de marcher. Tu crois que je n'ai pas saisi ton petit jeu, le bandit ? Je sais très bien que l'unique raison pour laquelle tu ne prends pas la fuite, c'est par ce que tu récoltes des informations à notre détriment. On ne peut pas se fier à ceux de cette race-là, surtout quand ils sont déjà commis des actes illégaux.
Je réussis à cligner des yeux. Mon mal de tête était toujours présent, mais il commençait à se dissiper. Il fallait que je me force à bouger. A me relever. Il fallait que je le fasse taire. Rien que sa voix me faisait bouillir de l'intérieur.
Serrant les dents pour faire abstraction à la douleur, je puisais dans toutes mes forces pour me relever. Ma vue se brouilla et j'eus un violent vertige, mais j'étais belle et bien debout. Des hoquets de surprise retentirent et les visages de la pièce se tournèrent en ma direction. Retenant leur souffle. Ils devaient se demander si j'étais devenue folle.
J'avançai d'un pas mal assuré, les vertiges continuant de me frapper. Je me plaçai devant Orso, essayant de camoufler le mal qui me frappait la tête.
- Je ne sais pas ce qui est le pire, entendre ta voix dès le réveil ou toucher ces êtres affreux. Je dirais que c'est du pareil au même. Donc si tu voulais bien la fermer, tu préserverais la santé de mes tympans.
La Garde Royale me regarda, stupéfaite. Seule Alisa se retenait de rire.
- Eudora, tu vas bien ? me demanda une voix.
Je m'apprêtais à la rabrouer lorsque je me rendis compte qu'il s'agissait de Rox. Elle semblait être inquiète à mon sujet. Je me contentai d'acquiescer. Pourtant, ce n'était pas tout à fait vrai. En plus des vertiges qui ne faisaient que m'assaillir, j'avais des nausées qui s'invitaient à la fête, et mes jambes tremblaient toutes seules.
Je finis par m'asseoir sur un fauteuil, ne voulant pas m'écrouler devant quelqu'un. Il était hors de question que l'on me voit autant affaibli. C'est alors que je remarquai que je n'avais pas vu la reine, ni même entendu. Regardant la pièce dans les moindres recoins, je la vis isolée du reste du groupe, observant silencieusement. Son regard ne cessait de passer de l'Obscurium à moi. Était-elle en train de faire le rapprochement ? Je n'espérais pas.
Je posais à mon tour mon regard sur l'être en mutation. Il gigotait dans tous les sens, poussant des gargouillis étranges. Sa peau jaunie semblait pourrir. Existait-il un sort pire que le sien ?
Et pourtant, malgré qu'il eût vécu un enfer en mutant, il s'apprêtait à être le premier à revenir hors de cet état. Et je ne pouvais pas partir en le laissant là, avec tous les autres Obscuriums. Non seulement, il pouvait m'être d'une grande utilité, mais en plus, si d'autres apprenaient ce qu'il savait à propos des Darknils, il risquait de finir comme Cécilien. Je ne pouvais pas me permettre de voir un autre témoin être éliminé.
- Eudora ? m'appela une voix.
Tournant la tête vers Circé, je compris que cela faisait déjà plusieurs fois que l'on m'appelait.
- Oui ? lâchai-je sans montrer le moindre intérêt.
- On te demandait si tu ne voulais pas nous expliquer ce qu'il vient de se passer, s'énerva Orso.
Je levai les yeux au ciel face à son agacement. Il était imbuvable. C'était à se demander si son sale caractère ne faisait pas concurrence au mien.
- Il faut ramener cet Obscurium avec nous au palais, répondis-je simplement.
- Pourquoi on s'encombrerait d'un tel parasite ? s'agaça Orso.
- Pour examiner son état, comprendre ce qui lui arrive, m'exaspérai-je.
- C'est peu utile, c'est déjà ma fonction, je vis dans le Soldarum pour cela, intervint Brennan.
Je me mis à rire.
- C'est vrai que tu as été d'une grande utilité, me moquai-je, après tout, depuis ton arrivée en ces lieux, tout a évolué de façon spectaculaire. La vérité, c'est qu'avec ou sans toi, tout serait exactement pareil. Tu ne sers à rien.
- Brennan a raison, c'est son travail d'étudier les Obscuriums. Nous avons d'autres pégases à fouetter, renchérit Ronan, le jeune homme aux cheveux électriques.
- Je suis d'accord avec Eudora, ramenons l'Obscurium au palais, retentit subitement la voix de la reine d'un ton décisif. Non seulement, nous avons à faire à un cas intriguant, mais en plus de ça, il nous faut comprendre pourquoi Eudora s'en est tirée indemne après son contact.
- Quoi ? Tu veux ramener ce monstre avec nous ? Mais ça ne va pas la tête ! s'écria Orso. On ne sait pas ce qui transforme les Obscuras en ces êtres dégoûtants, ça pourrait même être contagieux.
- Je suis d'accord avec Orso, c'est dangereux ! approuva Nérée.
- Dangereux ? rigolai-je, vous ne croyez pas que si c'était contagieux, Brennan serait l'un des leurs depuis belles lurettes ? Parfois, je me demande ce que vous avez à la place du cerveau.
Orso me fusilla du regard.
- Peut-être que certains sont plus sensible que d'autres, lâcha-t-il d'un ton sec. Et il pourrait très bien s'emparer des mains de l'un d'entre nous à notre détriment.
- Met tes mains dans tes poches si t'as trop la frousse, cinglai-je.
Orso me lança un regard empli de haine, mais avant qu'il ne puisse répliquer, la reine intervint.
- Ma décision est prise, il n'y a pas à discuter. L'Obscurium vient avec nous.
- Mais... bredouilla Brennan, depuis que je suis ici, je n'ai jamais rien vu de tel. J'aimerais l'observer et savoir ce qu'il lui arrive.
- On te donnera des nouvelles si tu y tiens, mais il vient avec nous, se buta la reine avant de se tourner en direction de Martial, Ronan et Naïa. Ligotez bien l'Obscurium pour le priver de ses mouvements et transportez-le.
Les trois membres de la Garde Royale s'inclinèrent et exécutèrent les ordres de la reine. Brennan les regarda faire, l'air dépité.
Ne voyant plus l'utilité de rester à l'intérieur, je fus la première à sortir des lieux. Rox me talonna, se glissant à mon côté.
- L'Obscurium, c'est Cassius, pas vrai ? me chuchota-t-elle afin que notre échange reste privé.
- Comment l'as-tu compris ? lui demandai-je, surprise qu'elle en soit si convaincu.
- Tu as déjà fait mention de Cassius lorsque la reine a voulu utiliser son pouvoir sur toi et dans la Scaremountain, j'ai été surprise de découvrir que tu le connaissais pas seulement de nom. Il est Obscurium depuis si longtemps, c'était improbable. Puis aujourd'hui, voilà que tu te mets à toucher un Obscurium sans dommage et qu'en plus, Brennan nous apprend que ce n'est pas ta première venue. Sachant que les Obscuriums produisent des visions, je me suis dit que tu avais dû parler à Cassius en touchant ses mains. Puis, ça expliquerait comment tu arrives à faire chanter la reine et pourquoi elle tenait tant à emmener l'Obscurium. À mon avis, elle a compris de qui il s'agissait.
- Tu as tout juste, admis-je, surprise par sa perspicacité.
Rox resta pensive quelques secondes.
- Pourquoi est-ce que toi, tu tiens tant à emporter Cassius avec nous au palais ? me demanda-t-elle.
Je restais silencieuse, me demandant si je devais lui répondre. Je n'avais pas pour habitude d'expliquer ce qui me traversait la tête. Je n'avais d'ailleurs pas pour habitude de discuter aussi paisiblement avec quelqu'un.
- Il serait dommage qu'il lui arrive quelque chose, finis-je par répondre sous mon plus grand étonnement.
Rox avait le don de me mettre à l'aise. C'était un sentiment tout à fait dépaysant. La renarde me regarda avec perplexité.
- Pourquoi devrait-il lui arriver quelque chose ? Il t'a dit être en danger ? s'étonna-t-elle.
- Pas vraiment, non, répondis-je. Mais ça ne serait pas la première fois qu'un Obscurium se verrait tué. Charles m'a appris que Cécilien avait été assassiné lorsqu'il était Obscurium.
Ma camarade écarquilla les yeux.
- Pourquoi voudrait-on assassiner les Obscuriums ? Ça n'a aucun sens, lâcha-t-elle, visiblement perdue.
- Peut-être que certains d'entre eux savent quelque chose qu'ils ne devraient pas savoir, glissai-je.
Rox s'arrêta net. Je me tournais vers elle, ne comprenant pas sa réaction.
- Ou il serait vraiment dérangeant qu'on en apprenne davantage sur les Obscuriums. Il se peut que leur état ne soit en fin de compte pas un mystère pour tout le monde, mais que certains s'attellent à le garder secret.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demandai-je, me doutant que Rox ne fut pas du genre à faire des suppositions sans preuve à l'appui.
- Quand j'étais petite, je me souviens que les Guerriers de la reine avaient déplacé des centaines de corps d'Obscurium. Ils étaient sanguinolents. Quand la reine Junon m'a surpris en train de regarder en douce ce qui se passait, elle m'a expliqué qu'ils s'étaient mangés entre eux. J'ai toujours trouvé sa réponse étrange, mais il est évident qu'elle m'avait menti. Ils avaient dû retrouver les corps froidement assassinés.
- Tu n'as pas une idée de qui aurait pu faire une chose pareille ? l'interrogeai-je.
Rox resta silencieuse, pensive. Elle observa les Obscuriums du Soldarum gigoter comme des larves, semblant réfléchir à vive allure.
- Pas vraiment, finit-elle par admettre, mais il n'y a rien à tirer de la mort d'un Obscurium. Une fois qu'ils ont muté, ils finissent leur vie en état déshumanisé. A moins qu'on nous ait caché la vérité sur les Obscuriums et qu'on ne veuille pas que l'on la découvre. Je suis prête à parier que l'état des Obscuriums n'est pas qu'une question de maladie et que si on décide de les faire taire alors qu'ils ne sont même plus en mesure de parler, c'est qu'en fin de compte, on se trompe à leur sujet.
Fronçant les sourcils, je contemplai un Obscurium rampant en notre direction. Même les zombies étaient plus attirants et chaleureux que ces êtres. J'avais du mal à voir ces anomalies autrement que comme des monstres repoussants, et pourtant, ils semblaient cacher un secret qui me dépassait. Et je me demandais même s'ils étaient au courant du stratagème qui se jouait autour d'eux. Visiblement non. En tout cas, Cassius n'en avait jamais fait allusion.
- Rejoignons les dragons, on ne va pas tarder à partir, me souffla Rox. Je la suivis sans discuter. Je n'avais aucune envie de rester auprès de ces êtres repoussants.
- Comment connais-tu Cassius ? finis-je par demander à la renarde une fois que l'on fut arrivé auprès des dragons.
Bien que la Scaremountain m'avait appris pas mal de chose au sujet de la rouquine, je voulais en apprendre davantage.
- J'ai grandi auprès de lui, d'Aleth et de Ronan. J'ai été trouvée bébé, dans un panier jeté à la rivière. La reine Junon m'a recueilli.
- Ronan ? Et pas avec sa sœur Alisa ?
- Non, elle n'est pas de Sang Royal. Elle voyait son frère bien sûr, mais elle n'était pas pleinement présente dans le palais et se tenait éloignée du Dôme.
Je fronçais les sourcils face à ce terme.
- Le Dôme ? répétai-je, l'ayant déjà entendu dans la vision de Cassius.
- C'est là où sont regroupés les descendants de Sang Royal dans l'éventualité où ils deviendraient les futurs rois. Ayant été recueillie par la reine, je voyais davantage les membres du Dôme.
- Et tu n'as pas grandi auprès de Naïa ? m'étonnai-je, me rappelant qu'elle aussi avait les yeux dorés.
- Son cas est un peu plus compliqué, elle n'a pas grandi dans le Dôme, m'expliqua vaguement la renarde.
- Votre fonctionnement m'a l'air particulièrement étrange, avouai-je.
Rox rigola à l'entente de ma remarque.
- C'est vrai que ça doit bien te changer de la Terre, consentit-elle. Mais si tu veux t'acclimater à ce monde et mieux le comprendre, je peux t'y initier, me proposa-t-elle.
J'abordai un sourire en coin.
- Parce qu'il faut un entraînement pour cela ?
Rox se mit à rire.
- J'entendais par-là que je te ferais découvrir les mœurs d'Obscuratium. Tu pourrais par exemple venir avec moi à la nursery du palais pour coucher les enfants pour commencer.
Je fronçai les sourcils ne voyant pas en quoi cela allait me permettre de mieux comprendre leur mécanisme.
- Je n'ai aucun feeling avec les enfants, lui avouai-je. Pour moi, ce ne sont que des êtres baveux et criards, plus qu'agaçant qu'autre chose.
On se tut lorsque l'on vit que les membres de la Garde portant l'Obscurium venait d'arriver. Ils se mirent à ligoter le malade sur un dragon. Visiblement, nous n'allions pas tarder à partir, à mon plus grand soulagement. Je n'aimais pas ces lieux étranges. De plus, cela faisait déjà longtemps que nous avions quitté le palais, tellement qu'il faisait désormais nuit.
Un détail dans le ciel attira subitement mon regard. Plus loin, au-dessus d'une forêt, des particules sombres semblaient voler et se détacher du ciel noir. Je ne tardai pas à comprendre qu'il s'agissait de cendres. Evilash était donc de nouveau passé à l'action. Mais pourquoi en pleine forêt ? Si j'avais bien compris, elle attaquait principalement les villages. Là où il y avait du monde. Quel intérêt de frapper dans un lieu non peuplé ?
Je m'avançais de quelques pas, cherchant une explication à tout ça.
- Tu n'as plus rien à la cheville, remarqua subitement Rox, surprise.
J'acquiesçai silencieusement, contemplant le ciel de cendre. Ma réaction interpella la renarde qui ne tarda pas à me rejoindre. Elle vit à son tour les cendres voler au-dessus des arbres.
- Evilash, marmonna-t-elle. On ferait mieux de ne pas traîner.
- Ça ne te paraît pas étrange qu'elle attaque cette fois-ci une forêt et non un village ?
- Récemment, elle a attaqué un palais, chose qu'elle n'avait jamais fait. On ne peut pas prévoir les actes d'Evilash. Elle est autant imprévisible qu'elle est insaisissable.
- Mais là, c'est un lieu inhabité, fis-je remarquer.
- Il y a peut-être des Obscuras qui vivent dans la forêt. Chaque personne est libre de vivre où il le désire tant que ce lieu n'est pas déjà habité et qu'ils respectent les lois royales.
- Je vais voir ça de plus près, lâchai-je, refusant de rester dans le flou.
Rox écarquilla les yeux.
- Mais tu es folle, si elle te voit, tu pourrais y rester.
- Elle a déjà eu l'occasion de me tuer, mais ne l'a pas fait, fis-je remarquer. Puis je n'ai pas peur d'elle.
Sur ces mots, je partis sans attendre la moindre protestation. Je courus en direction de la forêt. Rox s'élança à ma suite, se changeant en renard pour courir plus rapidement.
La Garde Royale devait se demander ce qui me traversait encore l'esprit, mais ça me laissait indifférente. Je voulais comprendre Evilash. Savoir ce qu'elle avait derrière la tête. La cerner. La connaître pour savoir comment la saisir et tourner les choses à mon avantage.
Arrivant dans la forêt, je ne tardai pas à trouver les lieux réduit en cendres. Rox reprit sa forme initiale afin de ne pas toucher les cendres de ses pattes. Il y avait bel et bien une maison dans la forêt.
Enfin, je pouvais davantage la qualifier de cabane. Une cabane en bois. Habité visiblement. Enfin, quand les habitants étaient encore en vie.
Contre les planches cendrées de la maison, reposait un corps complètement cendré, comme carbonisé, le bras tendu devant lui. Impossible de dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Il ne s'agissait plus que d'une carcasse sans cheveux, sans yeux dans les orbites, la bouche grande ouverte dans un cri d'horreur. Sans trait physique. Juste une silhouette d'un corps carbonisé. Réduit en cendres.
- Pourquoi Evilash aurait voulu attaquer une maison isolée de tout, s'étonna Rox qui s'attendait visiblement à une attaque visant plus de monde.
- Peut-être qu'elle avait une dent contre eux, supposai-je en m'approchant de la cabane.
Je me demandais s'il y avait beaucoup de victimes à l'intérieur. Peut-être visait-elle une réunion de personnes importantes ? Mais pourquoi des personnes importantes iraient-elles se réunir dans une petite cabane cachée dans la forêt ?
Je posai ma main sur la poignée de la maison réduit complètement en cendre pour ouvrir la porte lorsque je poussais un cri de douleur au contact de la poignée cendrée. Je fis un bond en arrière, tenant ma main contre moi et essayant de retenir des bruits de douleur. La peau de ma paume de main avait viré au rouge vif, comme si je venais de me brûler à quatre-vingt-dix dégrée.
Les cendres venaient de me blesser.
Mais n'étais-je pas censée être insensible aux cendres ?
Rox m'examina la main, aussi surprise que moi. Je ne comprenais plus rien. Un coup les cendres ne me faisaient pas plus de mal qu'un flocon de neige et une autre fois, je souffrais autant que n'importe qui. Y avait-il une explication à ce phénomène ? J'avais l'impression d'être plongée dans un monde où tout relatait du mystère, sans jamais obtenir la moindre réponse. Je détestais ça.
Un gémissement attira subitement notre attention. Avançant vers le bruit, tout en faisait attention à ce qui se passait autour de moi pour ne pas être blessée, je me dirigeai vers la source du bruit. Rox me suivit de près. Je me sentais vulnérable. Vulnérable en milieu hostile. C'était une sensation que je haïssais par-dessus tout.
Derrière la cabane en bois, on découvrit une enfant couverte de crasse. Elle gémissait. Le regard rivé au sol. Les poings serrés. Elle avait l'air jeune, très jeune. Elle possédait des oreilles de lapin, ou de lièvre peut-être, de couleur gris-noir. Ses longs cheveux lisses étaient tellement sales qu'il était difficile de définir sa couleur. Ses vêtements n'étaient que des haillons crasseux. Ses mains et ses bras étaient égratignés et couverts d'une matière noire. De la suie probablement. Elle avait le visage couvert de la même substance, si bien qu'il était difficile de discerner ses traits et son regard.
La petite finit par nous remarquer, et recula, effrayée.
- Attends, on ne te veut aucun mal, tenta de la rassurer Rox.
La petite se changea subitement en lièvre au pelage sombre et détala dans la forêt. Elle allait bien trop vite, impossible de la suivre.
- Elle avait une peur bleue, je n'avais encore jamais ressenti ça auparavant, m'apprit Rox qui avait le pouvoir de l'empathie.
- Pas étonnant, sa maison vient d'être réduit à néant, les habitants avec, fis-je remarquer.
- Ce n'est pas la première fois que j'arrive sur une scène ravagée par Evilash et que je vois des survivants face au désastre, alors qu'ils ont tout perdu. Et jamais aucun d'eux n'avais eu un sentiment de peur aussi poignant et puissant que cette petite, insista-t-elle. On ne peut pas la laisser seule dans la forêt, elle est trop petite, trop apeurée...
- On n'a pas vraiment le choix, elle s'est évaporée dans la forêt et il fait nuit, nous ne la retrouverons pas. On ferait mieux de rentrer, lui répondis-je, contemplant les lieux où avait disparue l'enfant.
***
NDA : Hey, me revoilà avec le chapitre suivant qui est un peu plus long que d'habitude :3
Vous en avez pensé quoi ?
Et comme j'aime poser des questions, voilà les questions de fin de chapitre xD :
- La relation entre Rox et Eudora, quelque chose à dire là dessus ? Vous aimez ce rapprochement ?
- Rox a émis l'hypothèse que les Obscuriums ne sont pas ce qu'ils semblent paraître et qu'on veut cacher la réalité à leur sujet, vous en pensez quoi ? Et vous pensez quoi de tout ça ? Qu'est ce que les Obscuriums ont à cacher ?
- Evilash qui attaque une maison isolée dans la forêt, une idée de pourquoi elle a fait une chose pareille ?
- Eudora qui cette fois ci n'a pas été insensible aux cendres, une hypothèse là dessus ?
C'est tout pour aujourd'hui xD à la semaine prochaine pour un nouveau chapitre !
Kissy kissy ❤️
#Nakijo.
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