25. Une impulsivité excessive.

Nous étions rentrés tous sain et sauf au palais. Tous, sauf ceux que nous étions censés sauver. Cette mission était un sacré échec.

Nous étions tous dans le Centre de Soin, venus déposer Shaytan qui ne tenait plus sur ses pieds. Après s'être pris un violent jet de cendres dans le ventre, l'Ogre avait eu la peau grillée et la chaire à vif. Il s'était pourtant obstiné à vouloir continuer de se battre et la blessure s'était aggravée, sans même qu'il ne s'en rende compte. Avoir le pouvoir de ne pas ressentir la douleur avait aussi des mauvais côtés ; il ne connaissait pas ses limites et ne sentait pas quand il atteignait un stade critique. Désormais, il était bon pour un séjour au Centre de Soin.

On avait dû s'y mettre à quatre pour le porter jusque-là... Enfin... ''on'', je n'en avais pas fait partie, me contenant de contempler la scène. Hors de question que je touche quelqu'un ; j'avais horreur du contact humain. Et ces derniers jours, j'avais eu une overdose de contact et de sociabilisation. Jamais je n'avais autant touché, côtoyé, dialogué avec des personnes.

Je fis un mouvement de recul, sortant brutalement de mes pensées, lorsqu'une sorte d'infirmière à la peau poudrée manqua me percuter pour aller administrer les premiers soins à l'Ogre, désormais endormi. Je remarquai alors que Kalidas n'était plus dans le Centre de Soin. Pourtant, ses jambes étaient trop endommagées pour qu'il ne puisse tenir debout... Où était-il passé ? Je regardai un à un les lits, vérifiant qu'il n'avait pas échappé à ma vue la première fois, mais il n'était nulle part. Et hors de question de demander à quiconque où je pouvais bien le trouver.

La reine apparue subitement dans la pièce, suivis des membres de la Garde Royale qui ne nous avez pas accompagné lors de notre périple. La reine au épais cheveux rouge sang lança un regard à l'Ogre, semblant refouler son inquiétude et aussi ce qui semblait être de la culpabilité. Ce constat me piqua au vif. Pourquoi la reine serait-elle emplie de culpabilité ? Avait-elle quelque chose à se reprocher ?

- Et les prisonniers du sous-sol du palais ? demanda-t-elle en ne voyant personne de ceux que nous étions censés sauver.

- Ils sont morts. Nous n'avons pas pu les sauver, expliqua Orso d'une voix étonnement calme. C'était un piège, Evilash nous attendait. La reine écarquilla les yeux d'étonnement.

- Elle vous attendait ? demanda-t-elle, ahuris par une telle réponse. Mais ce n'est pas normal, pourquoi vous aurez-t-elle attendue ?

- Peut-être pour tuer les secours et faire plus de dégâts, supposa Martial, un membre de la Garde aux cheveux en plume de corbeau aux reflets bleus.

- Ou pour Eudora, intervint à son tour Alisa, ignorant les regards qui se tournaient vers elle.

- Evilash ne pouvait pas savoir qu'Eudora serait de la partie, elle ne la connaît même pas, fit remarquer Orso empruntant un ton comme s'il rabrouait les propos absurdes d'un enfant. Alisa croisa ses bras contre sa poitrine, visiblement agacée par l'attitude du jeune homme.

- Alors comment tu expliques le fait qu'elle ait isolé Eudora de nous tous ? Qu'elle semblait vouloir s'en prendre uniquement à elle ? insista Alisa.

- Qu'est-ce que j'en sais ? Eudora semblait peut-être plus fragile et sans défenses étant dépourvus de pouvoirs, contrairement à nous.

- Fragile ? m'indignai-je. Je vais te filer une droite et on verra après ça, qui parait fragile ! Puis, sans défense... je te rappelle tout de même que je suis la seule à pouvoir survivre à ses cendres, et que sans moi, certains d'entre vous serez désormais dans le même état que Shrek, dis-je en désignant l'Ogre à la peau mauve.

- Elle n'a pas tort, admit Alisa. Orso lança un regard agacé en direction de la jeune fille aux cheveux étoilés.

- Mais on ne peut nier qu'Evilash a désormais repéré Eudora et qu'elle semble s'y intéresser de très près. Autrement, elle ne serait pas venue en personne dans les lieux, annonça Circé.

- Attends... Quoi ? s'étrangla la reine, tandis que ceux ignorant tous des événements nous regardaient avec les yeux exorbités. Evilash s'est matérialisée ?

- Non, pas entièrement du moins. Mais elle était là, lui répondit la blonde.

- Qu'est-ce que ça change qu'elle soit là où non ? m'agaçai-je.

- Evilash est insaisissable, m'expliqua Rox, la fille renarde. On ne la voit jamais, on ne l'entend jamais, on ne sait rien d'elle. Lors de ses attaques, elle se tient toujours à distance et les rares personnes à l'avoir approché de près n'ont plus jamais revu la lumière du jour.

- Le fait qu'elle se soit montrée, même sous sa forme cendrée, est aussi étrange qu'étonnant. Il y a quelque chose qui nous échappe, marmonna Ronan, le jeune homme aux cheveux électriques.

- Tout vous échappe, me mis-je à rire. Vous avez une menace présente depuis des années et vous ne savez toujours rien d'elle hormis que c'est une fille au pouvoir de cendres. Vous ne savez rien de ses motivations, de sa vie, son but... Rien. Alors, excusez-moi de vous le dire, mais tout vous échappe. Orso poussa un profond soupire.

- Qu'est-ce qu'elle fait là celle-là ? s'agaça-t-il. Elle ne ferait pas mieux de nous attendre dans la chambre qui lui a été désignée ? Elle ne fait pas partie de la Garde et je ne lui fais absolument pas confiance.

- Comment veux-tu pouvoir lui faire confiance, si tu ne lui laisses pas faire ses preuves ? s'énerva Alisa. Vous ne pouvez pas faire venir quelqu'un contre son gré pour le congédier dès que cela vous plaît.

- Alisa, on ne t'a rien demandé, ferme-là, la rabroua Orso d'une voix sèche. Je plissai les yeux, silencieuse. Les propos d'Orso ne m'avaient pas plus et me restaient en travers de la gorge, mais ce qui m'interpellait davantage, fut le comportement d'Alisa. Sans cesse, elle se voyait remise à sa place, comme si elle n'avait pas le droit de donner son opinion, et pour une raison que j'ignorais, elle ne cessait de vouloir prendre ma défense.

- Ne parle pas ainsi à ma sœur, ce n'est pas un animal, s'agaça Ronan en se plaçant entre Alisa et Orso. Je fronçai les sourcils, enregistrant le moindre de leurs faits et gestes.

- Il faudrait peut-être que tu apprennes à ta sœur à garder sa langue dans sa bouche, cracha Orso.

- Assez, ce n'est pas le moment de lancer les hostilités ! intervint la reine en envoyant un regard désapprobateur au membre de sa Garde. Ronan s'excusa en reculant d'un pas et Alisa détourna le regard. Orso, lui, abordait un regard indéchiffrable. Voyant que le calme revenait peu à peu, la reine soupira.

- Que s'est-il passé au juste lors de votre mission ? demanda-t-elle, semblant s'adresser davantage à Circé.

- Nous nous sommes fait attaquer lorsque nous sommes arrivés dans le sous-sol. Le plafond s'est écroulé, expliqua la fille aigle. Bizarrement, j'ai plus la sensation que c'est Eudora qui intéressait Evilash. Ce qui semble invraisemblable, vu qu'elle la voyait pour la première fois. A moins qu'elle ne l'ait vu le jour où on l'a retrouvé, elle et le Rôdeur, au marché. Il se pourrait qu'Evilash l'ait perçu se prendre un jet de cendre et en sortir indemne, supposa la blonde. Lors de l'attaque, Evilash semblait vouloir principalement isoler Eudora, c'est devant elle qu'elle s'est matérialisée. Je ne sais pas pourquoi et dans quel but. La reine fronça les sourcils, semblant réfléchir à vive allure. Alisa se tourna vers moi.

- Tu n'as rien remarqué de spéciale ? me demanda-t-elle. Je fus surprise par sa question direct. Habituellement, la Garde avait plutôt tendance à agir comme si je n'étais pas là et à parler de moi à mon insu, jusqu'à ce que je réagisse.

- Non, répondis-je d'un ton froid. Alisa me détailla de ses yeux gris, semblant attendre une réponse plus constructive. Elle pouvait attendre longtemps.

- C'était une erreur de l'emmener dans notre mission, je l'avais bien dit, intervint subitement Orso. Si nous ne l'avions pas pris avec, Evilash ne serait pas intervenue. Tout le monde serait encore en vie. Il serait peut-être temps de se rappeler qu'elle ne fait pas partie de la Garde et qu'ici, elle n'est qu'une invitée. Elle va tous nous mettre en danger.

- On est déjà constamment en danger ! lui rappela Alisa. Nous avons besoin d'elle pour nous en sortir, mais pas à son détriment. Tu ne peux pas forcer quelqu'un à nous aider en la traitant comme si elle était exclue et là que pour remplir ce qu'on attend d'elle. Orso fusilla Alisa du regard.

- Je ne t'ai pas demandé il y a deux minutes de te taire ? Tu n'as pas ton mot à dire là-dessus, je te rappelle, alors il faudrait peut-être que tu apprennes à rester à ta place ! s'emporta-t-il tandis que les autres membres de la Garde semblaient prêts à s'indigner face à ses propos. Mais ils ne furent pas les plus rapides. Mon poing s'écrasa en plein dans le nez d'Orso, qui manqua s'échouer au sol. Du sang s'échappa de son nez.

Des hoquets de surprise et de stupeur retentirent. Orso essuya le sang d'un geste rageur et me foudroya du regard. Ses yeux, d'un bleu extrêmement clair, étaient emplis de haine. Je soutenais son regard sans broncher. Il ne m'intimidait pas. Je n'avais absolument pas peur de lui et il allait vite le comprendre.

- Tu vas me le payer ! hurla-t-il.

- Orso ! s'écria la reine, le rappelant à l'ordre. Mais Orso semblait être plongé dans une colère noire et les mots de sa supérieure n'eurent aucun effet. Subitement, le jeune homme se changea en grizzly et l'animal poussa un grognement avant de charger vers moi, renversant les quelques lits sur son passage. Il semblait prêt à me faire subir un mauvais quart d'heure, et pourtant, la peur refusait de s'infiltrer en moi. Je le regardai, le visage indéchiffrable, mes yeux rivés droits dans les siens. L'ours se mit à pousser un puissant grondement, se hissant sur ses pattes arrière.

- Le nounours fait une crise de colère ? me mis-je à me moquer. Vas-y frappe-moi, puisque tu sembles en mourir d'envie, le provoquai-je sous les regards stupéfaits de la Garde. Ils devaient me prendre pour une folle. Mais il était simplement inconcevable que je perde la face devant quiconque.

- Orso, cela suffit, lui lança Naïa, la fille poisson, les yeux écarquillés. Elle posa une main sur le grizzly, se voulant rassurante. L'animal poussa un grondement agacé, mais redevint humain. Orso sortit du Centre de Soin d'un pas vif et Naïa se lança à sa poursuite. Je me retins de sourire devant ma victoire. Je lui avais fait perdre son sang-froid et j'en étais fière. Cela dit, ça ne semblait pas compliqué à faire. Qualifier Orso d'impulsif semblait être un euphémisme.

La Garde Royale semblait qu'en à elle déconcertée. Ne voyant plus l'utilité de rester dans les lieux, je sortis à mon tour.

- Eudora, où est-ce que tu vas ? me lança la reine.

- Je n'ai pas de compte à vous rendre, je ne suis pas votre prisonnière à ce que je sache ? Sans attendre de réponse, je partis errer dans les couloirs. Bien vite, j'entendis des pas derrière moi et je compris que l'on m'avait suivi. Je fus doublement agacé lorsque je me rendis compte qu'il s'agissait de Circé. Je lui envoyai un regard empli d'animosité.

- Ne t'inquiète pas, je ne suis pas venue pour jouer les gardes du corps et regarder le moindre de tes faits et gestes, mais j'aurais une question...

- Plus tard, je n'ai pas envie de te voir, la coupai-je, bien qu'au fond, je n'avais jamais envie de la voir.

- Evilash t'a-t-elle dit quelque chose ? demanda tout de même la fille aux ailes d'aigle. Je fronçai les sourcils. Oui, Evilash m'avait parlé, mais il était hors de question que je l'admette. Je ne leur faisais pas confiance.

- Vous l'avez dit vous-même ; personne ne l'a jamais entendue parler, fis-je remarquer.

- Elle n'était jamais venue voir personne auparavant non plus, alors je ne serais pas étonnée qu'elle t'ait touché un mot.

- Elle ne m'a rien dit, tu peux me laisser à présent. Circé me regarda avec attention, se demandant si elle devait me croire. M'apprêtant à partir, je lançai un regard à mes mains qui brillaient encore. Afin que personne ne découvre que je venais de la Terre, lors de notre mission, Circé avait changé la couleur de mes yeux et fait briller ma peau. Il me tardait de retrouver mon physique de Terrienne.

- Tu pourrais peut-être me rendre mon apparence normale ? lançai-je subitement. Circé soupira et s'empara de mes mains sous une grimace de dégoût de ma part. Je sentis des picotements parcourir ma peau et je fus satisfaite de constater que mes mains ne brillaient désormais plus. Sans un remerciement, je partis dans les couloirs, désireuse de m'éloigner de la blonde que je ne portais pas dans mon cœur.

En réalité, je ne savais pas vraiment où aller. Je restai donc un bon moment à errer dans les couloirs, passant en revue les décorations hideuses s'affichant de toute part. Les mots d'Evilash me revinrent bien vite à l'esprit et je serrai les poings pour contrôler mes nerfs. J'avais une semaine avant son retour. Une semaine pour me décider. Une semaine pour choisir entre elle et la Garde. Mais je n'avais pas envie de choisir. Je ne voulais faire d'alliance avec personne et ne me fier qu'à moi-même. Je n'avais aucune confiance en la Garde Royale, mais encore moins en Evilash.

Et je ne comprenais pas ce qu'elle me voulait. Elle ne semblait avoir besoin de personne et pourtant, elle tenait à ce que je la rejoigne. Elle affirmait avoir un objectif commun. Mais je n'étais même plus sûre de ce que je voulais vraiment, alors comment pouvait-elle le savoir à ma place ? Lisait-elle dans les tréfonds des pensées ? Si c'était le cas, j'avais du souci à me faire. Evilash semblait être au courant de tout. Sans exception. Et ce serait mentir que d'affirmer que cela ne m'effrayait pas un peu.

Mais je ne pouvais pas me permettre de la rejoindre. Pas en étant dans le plus épais brouillard. Mon plan initial était de découvrir davantage de chose sur les Darknill, menace invisible dont m'avait fait par Cassius. Non seulement, je les soupçonnais d'être étroitement liés avec Evilash : deux menaces invisibles et insaisissables en même temps étaient bien trop gros pour être une simple coïncidence. Mon instinct me criait qu'ils étaient étroitement liés, et je faisais confiance à mon instinct.

Mais comment en savoir plus à leur sujet ? J'avais pensé qu'en rejoignant la Garde, j'en apprendrais davantage, mais je commençais à en douter. Grâce à la vision de Cassius, je savais que les Darknils avaient un lien avec les membres royaux, mais cela s'arrêtait là. J'étais coincée avec ces seules informations. Et la seule solution me venant continuellement en tête était ; Cécilien. Mais Cécilien était un Obscurium. Impossible de le retrouver dans les milliers d'être sans âmes, entassés au même endroit. Pourtant, j'avais besoin de son pouvoir, ou même de savoir comment le retrouver.

Une idée me frappa brusquement l'esprit. Je ne savais pas comment retrouver l'homme, mais peut-être que je pouvais retrouver sa trace... Kalidas m'avait raconté que tous ceux touchant les mains des Obscuriums se voyaient mourir ou plongé dans une folie irréversible. Or, j'avais échappé à cette règle. Mais j'étais l'unique exception. Non seulement, j'avais pu échapper au sort qui mettait normalement réservé, mais j'avais également pu entrer en contact avec Cassius. Si j'y étais parvenue, peut-être qu'il était en mon pouvoir de communiquer avec une personne entrée dans une profonde folie... quelqu'un ayant touché Cécilien. Je n'avais rien à perdre à tenter le coup.

- Je ne suis plus une enfant, arrête de me materner, s'agaça une voix dans une pièce voisine. Je m'arrêtai net. C'était la voix d'Alisa. Ce château était un vrai labyrinthe, alors que je pensais m'être éloigné des membres de la Garde, j'étais revenue dans les couloirs principaux.

- Tu vas t'attirer des ennuis, je n'ai pas envie qu'il t'arrive quoique ce soit, expliqua une autre voix appartenant à Ronan, le jeune homme aux cheveux électrique et aux yeux dorés.

- Je suis assez grande pour me débrouiller toute seule, tu ne pourras pas veiller sur moi éternellement. Tu commences à m'étouffer, grommela sa sœur.

- Si je n'étais pas là pour t'étouffer, comme tu le dis si bien, tu aurais déjà sur le dos tellement d'ennui qu'il te serait impossible de t'en sortir.

- Sérieux, Ronan, tu es toujours dans l'excès ! Puis laisse-moi passer, j'ai une mission d'information je te rappel.

- Puisqu'on en parle, j'aimerais que tu arrêtes de te porter volontaire pour ce genre de mission, lâcha le jeune homme d'un ton dur.

- Et tu veux que je fasse quoi ? Que j'attende tranquillement dans ma chambre que la stabilité du monde se remette en place, sans bouger le petit doigt ?

- Je préfère simplement que tu te tiennes à l'écart d'Eudora, c'est un danger public.

- C'est sûr qu'à force de se comporter avec elle comme avec un animal dangereux, elle va finir par adopter cette attitude. Tu as déjà vu une personne se comporter comme un saint, alors que tout le monde le regarde comme le suppôt de Satan ? Mine de rien, on devient ce qu'on transparait aux yeux des autres, grinça Alisa. Ronan poussa un long soupir.

- Tu ne sais pas de quoi tu parles.

- Bien sûr, comme toujours. Bon, laisse-moi passer, je pense que tu as plus urgent à faire que de jouer les troubles fêtes. Ronan poussa un deuxième soupir et parti d'un pas agacé. Alisa partit dans l'autre direction et emprunta le couloir où je me trouvais. La jeune fille aux cheveux étoilés et au teint de poupée s'arrêta net en m'apercevant. Je restai stoïque, complétement indéchiffrable. Un sourire s'élargit sur son visage.

- Eudora ! Je te cherchais, m'apprit-elle.

- Tu m'as trouvé, dis-je d'un ton froid, nullement intéressée par sa venue.

- La reine m'a chargé de t'informer que nous prendrons le repas demain à l'aube, avant une séance d'entraînement...

- Une séance d'entraînement ? la coupai-je, tu penses sérieusement que je compte m'y rendre ? Plus je me tiendrais loin de vous et mieux je me porterais, finis-je d'un ton sec. Aller m'entraîner avec ces guignols ? Et puis quoi encore ?

- Je me doute, le contraire m'aurait plutôt étonné et je ne compte pas te forcer à venir. Je ne fais que transmettre les messages. Mais je tiens tout de même à t'informer que même si le mot entraînement peut être barbant, vu les menaces qui planent au-dehors, c'est toujours un plus de savoir se défendre. Puis, tu pourrais peut-être en apprendre un peu plus sur ce monde par la même occasion. Pour toute réponse, je me mis à rire.

- Tu crois vraiment que j'en ai quelque chose à faire de ce royaume ? m'amusai-je. Alisa haussa les épaules.

- Bien évidemment que non, admit-elle. Il est évident que seule ta personne t'intéresse, du moins en apparence, et c'est justement pour cela que je pensais qu'en apprendre davantage t'intéresserait. Je ne vois pas comment tu pourrais sauver ta peau tout en restant dans la plus totale ignorance. Je restai silencieuse, tandis qu'Alisa haussa un sourcil, attendant mon éventuelle réponse. Elle n'avait pas tort, et je le savais déjà... mais devoir côtoyer la Garde pour arriver à mes fins me semblait tout bonnement insupportable. Mais je n'avais au fond pas vraiment le choix.

- Ok, je viendrais. Mais qu'entends-tu par ''en apparence'' ? demandai-je en relevant ses propos, n'appréciant pas le sous-entendu qu'elle y avait glissé.

- On connaît le plus souvent une personne que par sa surface, on cache tous un fond plus profond, rétorqua-t-elle.

- Où se trouve la salle d'entraînement ? répondis-je en ignorant sa remarque. Alisa ne releva pas mon changement de sujet.

- Si tu veux, je peux t'y conduire demain. J'acquiesçai, bien que sa compagnie ne m'enchantât pas plus que cela. Pourquoi avoir frappé Orso ? me questionna-t-elle subitement. Je sentis l'agacement monter, j'avais horreur des questions.

- Je l'avais pourtant prévenu plutôt, que je lui enfoncerais mon poing dans sa face et qu'à ce moment, c'est lui qui semblerait fragile. Il n'avait qu'à se méfier davantage, dis-je d'un ton cinglant avant de me détourner pour rejoindre ma chambre. Au moins, là-bas, j'étais sûre d'être enfin tranquille.

- Je ne sais pas si cela t'intéresse, mais Kalidas a quitté l'aile médicale, m'apprit subitement Alisa. Je me figeai. Je devais retenir ma bouche de déverser un flot de questions à son sujet. Allait-il mieux ? Où était-il ? Avait-il gardé l'usage de ses jambes ? Me détestait-il enfin ?

- Super, me contentai-je de lâcher d'un ton froid.

- Il se rétablit plutôt vite, Aleth, enfin... la reine, a jugé qu'il pouvait sortir et se joindre à nous sous étroite surveillance, m'apprit-elle. Je fis taire la pointe de soulagement qui grossissait dans mon être et partis dans les couloirs sans demander mon reste. Le lendemain, j'allais avoir droit à une cession d'entraînement et je n'avais pas hâte. Mais alors pas du tout.

***

NDA : Hey, comme prévu, voilà un autre chapitre pour rattraper mon mini-retard x)

Un avis ?

Et hors histoire ; vous êtes quand en vacances vous ?

Questions :

- La réaction explosive d'Orso, un mot à dire là-dessus ?

- Que pensez-vous d'Alisa ?

- Kalidas, sorti du Centre de Soin, content ?

- Eudora qui est conviée à l'entraînement, vous le sentez comment ?

À ce week-end pour le chapitre suivant ! Kissy kissy ❤️ #Nakijo.

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