20. Le maître de la manipulation.

Il n'y avait plus personne dans la vaste pièce du trône, hormis moi et la reine aux épais cheveux rouge sang. Celle-ci avait l'air subitement bien tendue. J'avais su viser juste.

- Comment connais-tu Cassius ? me demanda-t-elle, essayant de contrôler le tremblement de sa voix. Rien que la mention de son frère semblait lui être douloureux. Je haussai les épaules, prenant plaisir à faire désirer ma réponse.

- Pourquoi congédier toute votre Garde ? Ils ne sont pas au courant ? demandai-je d'un ton faussement innocent. Les joues de la reine s'empourprèrent, faisant ressortir les minuscules cristaux infiltrés dans sa peau.

- Là n'est pas la question, répondit-elle d'un ton brusque. Je lâchai un rire, secouant la tête, faisant mine d'être exaspérée.

- Donc si je résume, vous avez le droit de poser toutes les questions qui vous passe par la tête, et même de me forcer à y répondre... Mais quand c'est à mon tour de demander quelque chose, vous vous prenez le droit de ne pas y répondre. Ce n'est franchement pas juste, fis-je remarquer en avançant vers elle tel un prédateur. Vous êtes peut-être la reine et par ce fait vous vous octroyez tous les droits, mais que ça soit bien clair ; vous n'êtes pas ma reine. Je lançai un regard empli de défis en direction de la jeune reine.

- Non, personne n'est au courant, répondit finalement la jeune fille face à moi, la voix plus sèche qu'à l'accoutumée. Qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Je retins un sourire de satisfaction. Tout se déroulait comme je le souhaitais. Je me mis à contempler mes ongles comme si la conversation n'avait que peu d'importance. C'était si plaisant d'avoir des pions d'avance.

- Je présume qu'il serait fort déplaisant que cette information glisse hors de ma bouche par pure mégarde, dis-je en prenant une mine souriante, allant même jusqu'à la provocation. Et je crois fortement qu'en utilisant vos pouvoirs pour me faire dire tout ce que vous le désirez, il y ait des ratés et que, quelques informations confidentielles dans ce type-là, risque de s'échapper. Il serait vraiment dommage que tout le monde soit informé d'une chose tenue aussi secrète. La reine se crispa, me lançant un regard empli de fureur. Je lui envoyais un regard satisfait. Elle avait voulu se frotter à moi ? Elle ne récoltait que ce qu'elle avait semé.

- Très bien, j'écouterais les informations que tu as à transmettre sur le Rôdeur sans utiliser mes dons, si c'est ce que tu désires, concéda-t-elle. J'éclatai de rire.

- Je crois que vous ne m'aviez pas bien comprise. Au fond, je n'en ai strictement rien à faire de votre Rôdeur et de son triste sort, dis-je en haussant un sourcil. Simplement, jamais je ne veux vous voir utiliser le moindre pouvoir sur moi ! Et je me permets également de ne pas répondre à votre question, ajoutai-je en commençant à faire les cent pas devant elle. Je n'ai pas vraiment envie de divulguer ce que j'ai fait en dehors de ce château, je n'aime pas étaler ma vie privée, terminai-je avec hilarité. La reine avait bien compris que je prenais un malin plaisir à la faire chanter et la situation lui était si déplaisante qu'elle s'était mise à serrer les poings jusqu'à ce que ses jointures virent au blanc.

J'arrêtais de faire les cent pas, me plaçant face à son trône où la reine était installée. Plaçant mes mains sur mes hanches, je repris la parole ;

- Ah et je n'ai pas fini. Au vu de tout ce que vous m'avez fait subir, vous et la Garde Royale, je vais me donner le loisir de poser quelques conditions désormais, commençai-je. Pour commencer, je ne tolérerais plus que l'on me marche dessus et que l'on me force à suivre des directives, j'ai le droit à une voix au chapitre, je ne suis pas une marionnette. Je veux également avoir le loisir de me déplacer sans une montagne de surveillance autour de moi ou même un garde. Je suis une grande fille vous savez, je pense savoir me déplacer seule dans un château sans qu'il ne m'arrive un pépin. J'aimerais également pourvoir sortir et me rendre à certains endroits de votre royaume si l'envie me vient. Bien sûr, si vous aviez trop peur qu'il m'arrive quelque chose dans votre monde hostile, libre à vous de m'accompagner, mais je ne veux aucune question. Ah et enfin, j'aimerais que vous retiriez toutes les charges que vous avez sur le fameux Rôdeur, du moins, j'aimerais réclamer sa liberté, sans qu'il n'ait de compte à vous rendre ou de réponses à vous fournir. Et j'aimerais qu'il puisse rester parmi nous afin que je puisse le voir à ma guise. Pas que je me soucie de lui, loin de là, l'informai-je avant qu'elle ne commence à se faire des idées, mais il peut m'être rudement utile dans certaines situations.

- Et pourquoi j'accepterais tout ça ? me demanda-t-elle. Tu connais le nom de Cassius, c'est formidable, mais ce n'est pas avec un simple prénom que tu vas réussir à me faire plier. Tu en demandes beaucoup trop, je ne peux accéder à ta requête. Je soufflai bruyamment, lui montrant tout mon agacement. Il était plus que normale qu'elle essaye de se défendre alors que je me jouais d'elle, mais si elle croyait une seconde qu'elle allait pouvoir l'emporter, c'est qu'elle se croyait au pays des licornes. Après réflexion, il fallait que je revoie ma comparaison... Il y avait des licornes dans ce monde de fou...

- À parce qu'il faut que j'entre dans les détails en plus de ça, dis-je d'un ton agacé. C'est que je tenais à vous préserver, je ne voulais pas faire rejaillir de mauvais souvenirs, m'amusai-je. La reine me contemplait, se demandant ce que je savais réellement à son sujet.

- Assez joué, soit tu me dis ce que tu sais vraiment, soit cette conversation s'arrête maintenant. Et quand je parle de s'arrêter, c'est de continuer là où on s'était arrêté avant que je ne renvoie la Garde. Je croisais mes bras contre ma poitrine, secouant la tête d'exaspération.

- Aleth... Aleth... dis-je, l'appelant par son prénom sans aucune gêne. Sérieusement, je ne pense pas que ça soit une bonne idée, dis-je en haussant un sourcil, ignorant son regard surpris face au fait que je connaissais son prénom. Je sais bien plus de choses que j'en ai l'air, tu n'as pas idée. Et je pense qu'il serait vraiment déplaisant pour toi que toutes ces informations s'échappent autour de moi. Alors ne tente pas le diable, lui conseillai-je avant de prendre un ton comme pour entrer dans les confidences. Puis, franchement, tes menaces, je n'y crois pas. Au fond, combien de fois as-tu tenu parole ? Fin, c'est vrai, je dis ça, mais je ne te connais à peine. Quel toupet. Mais je suis sûre que ton frère serait du même avis. Après tout, ne lui avais-tu pas promis de voler à son secours et de le sortir de son enfer ? Et où est-il en ce moment même ? Dans le Soldarum au milieu de centaine d'autre Obscuriums. Il n'y a pas à dire, tu t'es sacrément mouillée pour le secourir.

La reine contracta la mâchoire, serrant les dents avec force pour garder une contenance. Il n'y avait pas à dire, je lui avais cloué le bec et j'en étais fière. Je lui lançai un regard provocateur, la sachant déjà emmêlée dans mes filets. Si elle voulait s'en sortir mieux valait pour elle qu'elle accepte mes conditions, car je n'étais pas à cours d'informations, loin de là. J'étais continuellement pleine de ressource.

- Comment en sais-tu autant ? demanda la reine, desserrant les dents pour lever le voile sur ce qu'elle ne comprenait pas. J'avais parfaitement conscience que j'étais en possession d'informations privés que je n'aurais même jamais dû savoir. Lors de la vision de Cassius, Aleth lui avait promis de l'aider et de ne pas le laisser tomber, mais ils étaient en petit comité et il était donc inconcevable pour la reine que je sois informée d'autant de détails.

- Le pourquoi du comment n'a aucune importance, dis-je en regardant autour de moi. D'ailleurs, ce n'est pas ici que tu as vu ton frère pour la dernière fois, mais c'était belle et bien dans une salle de trône, fis-je remarquer en me remémorant les détails alentour de la scène. Il n'existe donc pas qu'un seul château ? À moins que vous n'ayez eu l'idée absurde de créer plusieurs salles de trône ce qui n'aurait aucune logique. Mais j'avoue ne pas être surprise de découvrir que tu as toujours vécu dans un château et dans le luxe, une vraie petite princesse. Mais bon, passons aux choses importantes, c'était dans quel château que vous vous êtes dit adieu ? Tu as trop peur depuis, d'y mettre les pieds ? demandai-je d'un ton innocent, comme si j'avais décidé de jouer avec ses nerfs. Pourtant, au fond, la réponse m'intéressait réellement. C'était dans ce château, là où elle lui avait fait ses adieux, que les infirmations au sujet des Darknils étaient venu aux oreilles de Cassius.

À défaut de pouvoir découvrir quoi que ce soit sur Evilash, j'avais jeté mon dévolu sur les eux. Peut-être qu'il m'intéressait davantage. Je les trouvais encore plus flou qu'Evilash. Mais, je n'étais pas plus avancée. Les Darknils étaient une menace fantôme. Un mythe, une légende, ils n'étaient pas considérés comme réels et part ce fait, personne ne possédait énormément d'informations à leur sujet. Pourtant, grâce à Cassius, j'avais une piste. Une petite et insignifiante piste qui ne me mènerait peut-être nulle part, mais j'avais au moins un début. Quelqu'un en lien avec les Sangs Royaux, avait des informations à leur sujet.

De plus, j'avais du mal à concevoir qu'il puisse avoir plusieurs menaces dont on ne connaissait rien en même temps, j'étais convaincu qu'il devait y avoir un lieu entre Evilash et les Darknils. Mais cela tenait plus d'un intuition qu'autre chose.

- Quelle importance ? s'agaça la reine. Cette histoire ne te concerne pas et par ce fait, ne te regarde en rien. Je secouai la tête, réprimant un gloussement.

- Bien sûr que ça me regarde. Maintenant que je suis ici, je veux tout connaître de ce royaume dans les moindres détails. S'il existe d'autres châteaux, j'avoue que cela m'intéresserait de le savoir.

- Je ne pensais pas que tu étais aussi curieuse, répondit la reine avec suspicion.

- Je ne le suis pas, avouai-je. Simplement, je n'aime pas que les choses m'échappent et sortent de mon contrôle. Alors, ce château, où est-il ? Pourquoi ne vis-tu plus à l'intérieur ?

- Je ne vois pas pourquoi je devrais rester toute ma vie au même endroit, répondit-elle finalement. Maintenant, veux-tu bien retourner au sujet initial ? S'agaça-t-elle de nouveau, ne voulant visiblement pas parler d'elle.

- Du sujet initial ? Tu veux probablement parler de toi, qui tente de me soutirer de force des informations ? N'oublie pas alors, que tu risques de voir tes petits secrets éclater au grand jour, et pire encore, lui rappelai-je. Sans oublier que je ne vous serais plus d'aucun secours. Si quiconque tente de me faire quelque chose contre ma volonté, je partirais définitivement et tant pis si Evilash vient vous décimer, car entre nous, je m'en fiche complètement de ce qu'elle peut bien vous faire. La reine Aleth contracta la mâchoire, semblant comprendre petit à petit qu'elle n'obtiendrait rien de moi. Au contraire, plus elle m'en demandait et plus elle s'enlisait.

- Très bien, je ne te forcerais à rien tant que tu décideras de rester parmi nous, consentit la reine. Le Rôdeur pourra se joindre sous la surveillance de la Garde au lieu de retourner dans une cellule, mais portera un réducteur.

- Un réducteur ? répétai-je, ignorant de quoi cela pouvait être.

- C'est un collier permettant d'inhiber les pouvoirs. Nous ignorons quels sont les pouvoirs individuels du Rôdeur, c'est une mesure préventive.

Cette nouvelle ne me déplaisait pas au fond. Privé de ses pouvoirs, Kalidas ne pourrait pas me fausser compagnie. J'avais besoin de lui pour la suite, sa présence était indispensable. Ne faisant pas parti de la Garde, il n'avait en plus pas été convié au silence et c'était le candidat numéro un pour soutirer toutes sortes d'informations utiles.

La reine clôtura notre entrevue improvisée. Je retins un sourire de satisfaction. J'avais eu l'ensemble de ce que je cherchais à avoir ; la liberté de mes mouvements, principalement. J'allais pouvoir retrouver la trace des Darknils.

***

NDA : Hey me revoilà déjà, pour rattraper la fois où je n'ai pas posté x)

Alors un avis sur ce chapitre ?

Questions (habituelles) :

- Vous en pensez quoi du chantage d'Eudora ?

- Kalidas, privé de ses pouvoirs... Réaction ?

Brefouille, je fais pas long xD à dimanche pour la suite (si je suis dans les temps).

Kissy kissy 💘

#Nakijo.

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