2. Une intruse et des rebelles.

Je n'avais jamais été aussi fatiguée de toute ma vie. Il fallait dire que j'avais très mal dormi. Après la visite du clown ailé, je n'avais pratiquement pas réussis à fermer l'œil de la nuit. Cette rencontre ne cessait de me torturer l'esprit et j'avais beau me dire que c'était sans importance, je n'arrivais pas à me défaire de mes pensées.

Arrivée devant mon lycée, mes problèmes s'envolèrent d'eux même. Je ne devais pas avoir l'air soucieuse, c'était vitale. Je devais être intimidante.

À peine rentrée, ma garde de "toutou" vinrent me saluer. Je remarquai aussitôt que Maève n'en faisait pas partie. Pour la première fois de ma vie, l'adolescente que je côtoyais depuis la primaire réussis à m'épater. Je n'avais pas pris ses propos au sérieux la veille, je pensais simplement qu'elle n'aurait jamais eu le cran de le faire. Elle aurait presque réussi à sous-tirer mon respect si je ne m'étais pas bien vite rappelé qu'elle était pathétique. Son départ ne changeait absolument rien à mon existence, j'étais bien trop entourée par des filles lui étant semblable.

- Tiens ! Eudora ! Ça va ? me demanda une fille ronde et aussi gras qu'un porc sorti du four. Je lui fis un maigre sourire montrant tout mon désintérêt à cette Brandie qui me collait aux baskets depuis deux ans. À moins qu'elle ne s'appelait Brithney... Peu importait de toute façon. J'avais autre chose à faire que de me soucier d'elle et des autres.

Marchant dans les couloirs sans me soucier des regards qui se posaient sur moi, je marchais en direction de mon prochain cours. Je stoppai brusquement en voyant une silhouette apparaître à l'autre bout du couloir. Vêtu d'une longue cape camouflant ses ailes d'aigle et d'une robe trop ample et de couleur sombre, le clown ailé s'avançait lentement en ma direction.

Les autres élèves ne semblaient même pas étonnés de voir débarquer une fille inconnue et vêtue de cet accoutrement ridicule. Au contraire, ils semblaient aux anges. Je ne savais pas ce qu'elle venait faire ici, mais visiblement, elle n'avait pas renoncé à m'empoisonner l'existence et sa chute de ma fenêtre n'avait pas semblé la décourager. Le clown ailé s'arrêta devant moi, j'entendis mon fan-club pousser des jappements de surprise.

- Je ne l'ai jamais vu avant aujourd'hui, elle doit faire partie d'une autre classe, supposa une fille au visage plus boutonneux qu'une calculatrice.

- Tu la connais ? me demanda Brandie, si elle s'appelait bien ainsi...

- No...

- Tiens, salut Eudora, me lança la blonde aux ailes d'aigle, comme si nous étions de bonnes amies.

- Oooh, lâchèrent les filles autour de moi, fascinées. Je sentis la rage me consumer. Je ne comprenais pas leur réaction. Ne voyaient-elles pas que cette fille n'avait rien de normal ? Déjà qu'elle paraissait peu équilibrée... Avec un regard mauvais, je fis un geste en direction du clown ailé pour la désigner.

- Ah oui... elle et moi nous sommes rencontrés hier. Mais bon, rien de plus, d'autant plus qu'elle ne semble pas avoir toute sa tête et il n'y a qu'à regarder son aspect pour comprendre qu'elle n'a aucun style, annonçai-je avec un grand sourire sur les lèvres. Contrairement à d'habitude, mes paroles ne provoquèrent aucune réaction dans mon assemblée. La boulotte qui avait un nom commençant par B fronça les sourcils.

- Je la trouve très branchée moi, me contredit-elle. Je la fusillai brusquement du regard.

- C'est vrai que tu t'y connais toi, avec tes bourrelets dansant l'orientale. La fille gras comme un porc devint subitement toute rouge. Je sentis qu'on m'attrapait le bras et la blonde aux ailes d'aigle me tira dans une salle de classe déserte. Elle ne semblait pas avoir apprécié ma remarque. Mais je n'en avais que faire.

- Tu connais la sympathie et l'entraide ? me siffla l'inconnue.

- Tu me prends pour qui ? Je ne suis pas un saint-bernard, rétorquai-je. De quoi se mêlait-elle celle-là ? Elle ne pouvait pas tout simplement disparaître de mon existence ? La blonde laissa un soupir franchir ses lèvres.

- On m'avait dit que tu étais d'un tempérament difficile, mais ce n'était qu'un euphémisme.

- On ? Quoi que tout compte fait, ça ne m'intéresse pas ! Je ne veux plus te voir et à moins que tu ne veuilles revivre ton grand plongeon, tu ferais mieux de ficher la paix. Je tiens à préciser qu'une chute de deux étages sera beaucoup plus douloureux. La fille ailée croisa les bras contre sa plate poitrine. Ce qu'elle ne semblait pas saisir, c'était que j'étais bien plus en colère qu'elle.

- Je ne compte pas partir et si tu as l'intention de me pousser de nouveau par la fenêtre, tu ferais mieux d'y réfléchir à deux fois car cette fois-ci, tu le paieras cher. La blonde s'approcha de mon visage, un air de défi brillant dans ses prunelles. Et oui, moi aussi, je sais employer les menaces. Si elle croyait que j'avais peur d'elle, elle se faisait des idées. Le clown ailé ne semblait pas de rendre compte que je pouvais être un vrai danger public. D'un geste désinvolte, je me dirigeai vers la sortie.

- Soit, advienne que pourra, dis-je en sortant. Marchant dans les couloirs avec un air digne, je me rendis bien vite compte que quelque chose clochait. Ma troupe d'admirateurs était inexistante. Personne ne m'encadrait. Fronçant les sourcils, je me tournai et vis mon groupe, discutant près de la bée vitrée. Un dilemme s'offrit alors à moi. J'avais bien trop de fierté pour aller les voire de mon plein gré, mais d'un autre côté, je voulais savoir ce qu'il se passait. Elles n'avaient pas le droit de me laisser seule.

- Eudora ? Tu es seule ? On peut se parler ? me demanda alors un garçon qui me souriait sans cesse en cours. Les cheveux gras et des lunettes mangeant l'intégralité de son visage... On ne pouvait pas dire qu'il était très attirant.

- Non, je ne suis pas seule, répliquai-je en me dirigeant vers mon groupe qui m'avait visiblement oublié. Posant les mains sur mes hanches, je les fusillai du regard.

- Je peux savoir ce que vous faîtes ? lâchai-je. La fille à la tête de calculatrice se tourna vers moi. Je vis alors le porc rondelet se faire consoler, son visage gras noyé sous un flot de larmes.

- Tu n'es qu'une garce ! cracha face de calculette. Les filles autour retinrent leur souffle. Une colère fulgurante monta en moi. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait en ce moment, j'avais comme l'impression que ma troupe se rebellait et elles allaient le regretter. Attrapant la boutonneuse par le col de son tee-shirt, je l'approchai vivement.

- Répète un peu ! dis-je d'une voix qui ne présageait rien de bon. Ma camarade sembla perdre le peu de courage qu'elle possédait et se mit à bégayer des phrases incompréhensibles.

- C'est bien ce que je pensais, qu'une bande de lâches sans personnalité. Essaye encore une seule fois de te rebeller contre moi et ton visage de laideron se changera en une horreur épouvantable. Quoi que, je ne sais pas si on peut faire pire que celui que tu as actuellement. Je la relâchai brutalement et elle sembla manquer perdre l'équilibre.

- Elle a raison, tu es une garce. Je ne sais pas ce qu'il nous a pris de respecter tes moindres souhaits, mais c'est fini. Tu es seule maintenant. Et tu le seras toujours, car au fond, personne ne reste avec toi par envie, seulement par crainte, siffla une fille qui jusque-là n'avait pas encore prononcer un mot. Je me tournai vers Poil de Carotte, prête à l'étriper. Avant que mon poing ne fut entré en contact avec son nez, une main m'agrippât le poignet.

- Stop, lâcha simplement la fille ailée en me repoussant. Avec fureur, je la repousser en arrière.

- Tout ça, c'est de ta faute ! T'introduire dans ma demeure n'était pas suffisant, il fallait en plus que tu viennes me pourrir la vie et que tu les montes contre moi ! Mais si tu cr... Le clown ailé me repoussa, m'empêchant de terminer ma phrase.

- Je crois que cette conversation mérite un lieu plus discret. Je suis sûre que nous pourrions trouver un terrain d'entente qui nous conviendra à toutes les deux, annonça-t-elle d'une voix étrangement calme. Me tirant vers les toilettes, heureusement désertes. La blonde s'apprêta à reprendre la parole, mais elle ne fut pas là plus rapide.

- Je n'ai pas envie de chercher un terrain d'entente avec un être de ton espèce ! Écoute moi bien ! Tu as intérêt à réparer ce que tu as fait et à disparaître de ma vie avant que je ne commence sérieusement à m'énerver, car croit moi, ça va causer de sacrés dégâts. Et si tu penses que je suis in...

- C'est toi qui vas m'écouter ! Si tu crois que je suis venue ici par simple plaisir, tu te leurres. Je n'avais aucune envie de te rencontrer et encore moins de te fréquenter pour la simple et bonne raison que tu reflètes tout ce que je n'aime pas. Mais je n'ai pas eu le choix, car contrairement à toi, il m'arrive de penser aux autres. Il faut que nous agissions avant qu'il ne soit trop tard et crois le ou non, tu es notre dernier espoir, autrement, on ne serait pas venu te chercher.

- C'est dommage pour vous, car ça veut dire que vous n'avez plus d'espoir. Je refuse d'avoir à faire à toi et tes sornettes et si tu essayes encore une fois de faire irruption dans ma vie, je te ferais souffrir comme jamais tu n'as souffert jusqu'à présent, la menaçai-je. La blonde poussa un long soupir, tout en secouant la tête.

- Je vois que je n'ai pas d'autres choix... annonça-t-elle comme pour elle-même. Soudain, sans que je comprenne le pourquoi du comment, je fus propulsée en arrière et la seconde d'après, je dégringolai du ciel et atterrissai dans une eau visqueuse et boueuse. J'étais dans un marais.

***

NDA : Hey ! Me voilà pour un new chapitre :3 ! N'hésitez pas à me donner votre avis et à voter, ça m'aide à avancer. ^^

D'ailleurs petites questions :

- Vous pensez qu'en début de chapitre je devrais faire un résumé des chapitres précédents ou c'est inutile ?

- Qu'avez-vous pensé de ce chapitre et du bref échange entre la fille ailée et Eudora ?

En tout cas, pour le chapitre suivant, on change visiblement de décors ;)

À la semaine prochaine ❤️ Kissy !

#Nakijo.

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