19. Libre arbitre.
Kalidas avait été emmené dans une sorte d'infirmerie où les trois membres de la Garde Royale l'avaient rejoint afin de guérir leurs brûlures.
Pendant ce temps, j'attendais devant l'infirmerie, surveillée par deux gardes. Circé m'avait conduit ici directement après être arrivé au palais, mettant en priorité la guérison des blessés.
J'étais la seule à m'en être sortie indemne. Les deux dragons aussi avaient dû subir divers soins. Ils étaient dans le même état que le dragon de jais que j'avais emprunté à Kalidas. Au fond, heureusement que la Garde Royale était venue dans le village à dos de dragons, ça leur avait sauvé la vie.
Après un temps qui me parut interminable, Circé sortit de l'infirmerie. Elle était seule et des marques rouge vif coloraient encore son corps. Elle se tourna vers moi.
- Suis-moi, je dois aller voir la reine. Son ton autoritaire m'irrita aussitôt. Bien que je ne voulusse pas me l'admettre, je ne voulais pas partir sans avoir de nouvelles de Kalidas. Sur le dragon, le Rôdeur avait fini par perdre connaissance. Et depuis, il ne faisait que hanter mon esprit. Et ça m'énervait. Pourquoi je m'inquiétais au juste ? Je ne l'aimais même pas. Mais je finis par obéir à la fille ailée sans protester. Pas que je voulais lui faire plaisir ; j'avais plus envie de lui arracher la tête qu'autre chose, mais mon plan consistait à infiltrer leur groupe. Du moins, brièvement.
La fille aux ailes d'aigle et à l'accoutrement ridicule me guida à travers les couloirs. Aucune de nous deux n'échangea le moindre regard à l'autre et pas un mot ne franchit nos lèvres. On pouvait le dire, c'était l'amour fou entre nous.
Arrivée devant la grande porte, Circé toqua avant d'entrer.
- Circé ! Vous êtes rentrés, s'écria la reine, visiblement soulagée. Des rumeurs circulent comme quoi, Evilash aurait attaqué le village. Pas de blessé ?
Circé me fit signe d'entrer et la reine sembla surprise par ma venue. La fille ailée referma la porte derrière elle.
- Ronan et Naïa sont à l'infirmerie, ils ont été bien atteints par les cendres, mais leurs jours ne sont pas comptés. Nous avons aussi emmené le Rôdeur qui s'était évadé de sa cellule, il est dans un sale état, ajouta la blonde avant de me jeter un regard. Et comme tu le vois, nous avons retrouvé Eudora. La reine acquiesça, enregistrant les informations une par une.
- Elle a donc accepté de vous suivre.
- Elle n'avait pas vraiment le choix, si elle tenait à la vie, fit remarquer Circé. Je me retins d'intervenir. Bien sûr que j'avais le choix, on l'avait toujours !
- Je vois que tu as encore des marques dû aux cendres, constata la reine aux épais cheveux de sang. Mais Eudora n'est pas blessée ? C'est étonnant.
- Encore plus étonnant quand on sait qu'elle a surgi pour faire bouclier humain et qu'elle s'en est sortie indemne, commenta Circé. La reine en resta béate de surprise. De mon côté, je commençais à m'impatienter. Leur petit échange était bien mignon, mais j'aurais pu très bien m'en dispenser.
Sans crier gare, la géante porte s'ouvrit, laissant d'autres membres de la Garde Royale entrer. Shaytan, l'ogre à la peau tirant vers le mauve et à l'unique œil brun, et Rox, la fille aux oreilles et à la queue de renard, pénétrèrent dans les lieux.
- On nous a dit que Naïa et Ronan étaient blessés et qu'Eudora avait été retr... Shaytan s'interrompit en me voyant et fit un mouvement de recul.
- C'est exact, mais tu serais prié de toquer avant d'entrer la prochaine fois, le sermonna la reine. L'Ogre se mit à marmonner diverses excuses.
- Qu'est qu'on fait du Rôdeur ? demanda Circé, une fois que Shaytan eut fini de marmonner son pardon. Sa question piqua mon attention.
- Déjà, attendons qu'il guérisse et qu'il s'en remette, nous aviserons ensuite.
- Et Naïa et Ronan ? Ils sont gravement blessés ? s'inquiéta l'Ogre.
- Ils s'en remettront assez rapidement. Mais j'aimerais que tu remplisses la tâche que devait accomplir Ronan, histoire de ne pas perdre de temps, lui demanda la reine.
- C'est vrai que c'est embêtant, la Garde Royale se retrouve à présent au nombre misérable de trois, commentai-je d'un ton mielleux, aillant marre que l'on fasse comme si je n'étais pas là. Visiblement, Circé m'avait emmenée dans le seul but de garder un œil sur moi.
- Nous ne sommes pas que cinq. Tu n'as simplement encore jamais rencontré les autres membres, m'informa Circé, visiblement agacée par mon intervention.
- En parlant d'Eudora, intervint Rox, la fille renard. Maintenant qu'elle est là, que...
- Pour le moment, j'aimerais simplement savoir où elle se cachait depuis tout ce temps et comment elle et le Rôdeur sont parvenus à s'enfuir, la coupa la reine.
- Vous n'êtes pas très polie, fis-je remarquer. Non seulement, vous coupez la parole à l'un de vos plus loyaux disciples, mais en plus, vous parlez de moi comme si je n'étais pas là. La reine me regarda, le visage indéchiffrable. Mais une phrase dans sa remarque plus tôt m'alerta. Elle ignorait comment Kalidas était parvenu à s'enfuir. La reine et la Garde Royale n'avaient pas connaissance des pouvoirs de Kalidas ? Et Circé, n'était-elle pas autrefois proche du Rôdeur ? Elle, aurait dû le savoir, non ?
- Si tu tiens tant à ce que l'on s'adresse à toi, peut-être accepterais-tu de nous dire où tu te trouvais ? me demanda la reine. Je haussai les épaules.
- Ici et là, dis-je prenant un plaisir intense à rester vague dans mes réponses.
- Ne perdons pas de temps, fais-lui cracher la vérité, s'impatienta Circé, visiblement peu ravie de devoir de nouveau me supporter. Je me demandais bien ce qu'elle pouvait entendre dans le fait de me faire cracher la vérité...
- Ce ne serait pas une bonne idée, comment veux-tu instaurer un certain climat de confiance si tu prives une personne de son libre arbitre ? intervint Rox. Sa remarque m'interpella aussitôt. Circé voulait me priver de mon libre arbitre ? Cette nouvelle me fit voir rouge.
- Dans tous les cas, il est hors de question que j'utilise mes dons si ce n'est pas dans un cas d'extrême urgence, trancha la reine.
- C'est un cas d'urgence, la contredit Circé. Il y a de forte chance pour que le Rôdeur ait hébergé Eudora. Savoir où elle se trouverait nous permettrait de mettre enfin la main sur son repaire et de comprendre ce qu'il complote. Je ne pense pas devoir aller plus loin dans les détails pour que tu comprennes l'importance de ces informations. La reine fronça les sourcils, semblant reconsidérer la question. Après les mots de Circé, je restai silencieuse, interdite. Ils soupçonnaient le Rôdeur de manigancer quelque chose de visiblement illégale... Ce constat me cloua sur place. J'avais pensé à tort que Kalidas était un villageois modèle, bien que voleur à ses heures perdues. La reine finit par acquiescer, acceptant le point de vu de Circé.
- Attendez ! les arrêtai-je. Qu'est-ce que vous comptez faire au juste ? Il était hors de question que ces demeurés me privent de mon libre arbitre.
- Te forcer à dire la vérité, afin de ne pas perdre de temps à te voir nous mener en bateau, expliqua la reine. Mon don individuel me permet de déceler les mensonges et d'obliger qui je veux à me dire tout ce qu'il sait, selon mes questions. J'écarquillai les yeux. Il était hors de question que quiconque entre dans ma tête pour me forcer à dire ce que je ne voulais pas divulguer.
- Et vous en faites quoi de la vie privée ? m'emportai-je. Il est hors de question que quiconque utilise ses pouvoirs sur moi ! J'ai quand même mon mot à dire, vous ne pouvez pas débarquer et vouloir tout contrôler, explosai-je. J'avais entièrement le droit de partir où je le désirais sans avoir en plus des comptes à vous rendre, je ne suis pas votre prisonnière.
- Tu as fait évader un détenu, il est normal que l'on te demande ta coopération pour arrêter ses plans illégaux, rétorqua Circé.
- Demander et exiger sont deux choses bien différentes. Circé soupira d'agacement. La reine leva la main pour l'empêcher d'intervenir une nouvelle fois et se tourna vers moi.
- Peut-être, mais le Rôdeur est un hors la loi recherché depuis des années. Va savoir pourquoi, il parvint toujours à s'enfuir. Nous savons qu'il complote quelque chose là où il vit et il est de notre devoir de l'arrêter.
- Je ne sais strictement rien de ce qu'il peut bien faire, mais je doute qu'il ait vraiment l'étoffe d'un criminel. Je ne l'ai rien vu faire d'illégale, hormis voler un lot de carotte, raillai-je, omettant volontairement de parler du vol du dragon.
- Tu ne le connais même pas, tu devrais réfléchir à deux fois avant de prendre la défense de n'importe qui. Il a non seulement volé des informations confidentielles, mais il a commis d'autres crimes qui reste dans le domaine secret. Je serrai les poings à la première remarque. Je ne cherchai pas à défendre Kalidas, pourquoi le ferais-je ? Je ne faisais juste que constater l'évidence.
- Je ne prends pas sa défense, je n'en ai rien à faire de lui et du sors qu'il encourt, mais je sais ce que j'ai vu, m'entêtai-je.
- Permets-moi d'en douter. Tu ne connais rien de ce monde, je pense même que tu n'as aucune notion de ce qu'est illégale ici, répliqua la reine. J'avais envie de lui fracasser le nez, tellement elle commençait à m'énerver.
- Alors, éclairez ma lanterne, dis-je d'une voix sèche.
- Ce sont des informations privées. Mais nous n'avons pas toute la journée, nous avons besoin de ces informations.
- Si vous utilisez vos pouvoirs contre moi, vous le paierez très cher, la menaçai-je en lui lançant un regard encore plus noir qu'une nuit sans étoiles.
- Crois-moi, j'aurais préféré que les choses se passent autrement, me répondit la reine, mais tu ne sembles pas prête à coopérer honnêtement et encore moins apte à te joindre à nous. Tu n'en as peut-être pas conscience, mais nous agissons pour une cause juste.
- Il n'y a rien de juste à forcer quelqu'un à divulguer des informations qu'il veut garder personnel, c'est de la torture ! m'écriai-je, ayant conscience que je n'avais que mes mots pour me défendre et la convaincre de ne pas aller jusqu'au bout de ses intentions.
- Je n'irais jamais jusqu'à te demander de révéler des détails de ta vie privée, voulu me rassurer la reine. Ce que je veux savoir n'a même pas d'impact sur toi.
- Et vous ? Ça vous plairez qu'on vous force à vous délier la langue ? demandai-je d'une voix sèche.
- Ce n'est pas le même contexte. Nous n'allons pas discuter ainsi éternellement ! Que l'on commence. La reine se redressa, prête à utiliser son pouvoir, mais je n'avais pas dit mon dernier mot. Il était hors de question qu'elle ait le moindre contrôle sur moi, même pour des informations si infimes. Cependant, je savais comment prendre le dessus. J'avais toujours été maître dans ce domaine.
- Et qu'en penserait Cassius ? dis-je, dans le simple but de la toucher par la simple mention du prénom de son frère Obscurium. La reine se figea tandis que la Garde la regardait, les yeux emplis d'incompréhension. La reine contracta la mâchoire et me contempla dans le plus grand des silences, semblant sous le choc.
- Sortez ! Sortez tous ! hurla-t-elle subitement. Sauf toi Eudora, je crois que nous devons parler.
Je retiens un sourire victorieux. La phase une de mon plan venait d'être enclenché.
***
NDA : Hey hey ! Bon j'ai une semaine de retard et du coup un poste de retard ^^'', j'essayerais un jour de poster deux fois dans la semaine pour me rattraper XD !
Brefons : BONNE ANNEE ! BONNE SANTE !!! LONGUE VIE ET VIVE LE CHAMPOMY !
Vous avez passé de bonne fête ? :3
Et ce chapitre ? Un avis ?
Questions Questions :
- Kalidas semble visiblement avoir commis quelque chose qui mérite de le voir enfermé en cellule, une hypothèse ? Une réaction ?
- La reine qui tente de sous-tirer la vérité par la force, un avis ? Est-ce justifié ?
Je n'ai pas trop de questions, c'était un chapitre assez court x) A la semaine priochaine ou mercredi si j'ai le temps de poster le chapitre que j'ai en retard.
Kissy kissy
#Nakijo.
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